Chapitre 26 : Désillusion
Write by Auby88
Arnaud da SILVA.
Inquiets, Judith et moi sommes. Sibelle a disparu depuis hier et bien évidemment Margareth aussi.
Quand le chauffeur s'est ramené la veille sans elle, Judith a immédiatement pensé à Margareth. Mais moi, je ne voulais point l'accuser sans preuve. Je l'ai donc appelée, mais son numéro était indisponible. Je suis allé à son cabinet, puis chez elle, mais elle n'y était pas non plus. Le concierge m'a juste dit qu'elle était sortie le matin avec une valise en main.
C'est à partir de ce moment que j'ai commencé à paniquer, en me posant mille et une questions. Aurait-elle découvert que Sibelle est sa fille et fuit avec elle ?
Mon Dieu ! Ce serait une catastrophe, en particulier pour mon épouse qui angoissait depuis quelques jours. Comment lui annoncer cela ? Il me fallait d'abord en être certain. J'ai donc contacté la seule personne qui semble assez proche d'elle : le Docteur David N'KOUE.
Il m'a avoué qu'elle savait tout, qu'elle a fait sa petite enquête auprès de l'orphelinat ainsi qu'un test ADN qui s'est révélé positif.
Sur le coup, je n'avais qu'une seule envie : lui crier toute ma colère, lui demander pourquoi il n'a rien dit de tout cela. Mais je me suis ravisé. Il n'y était pour rien et ne savait même pas que Margareth prévoyait faire une telle bêtise.
Au final, je l'ai remercié et je suis rentré bredouille chez moi...
- Arnaud, il faut qu'on appelle la police.
- La police ! Je ne pense pas.
- Mais elle nous a volé notre fille !
- Oui, Judith mais elle est aussi sa mère. Elle a autant de droit que nous sur Sibelle, même si la loi ne le lui reconnaît pas.
- Comment peux-tu la défendre ?
- Il vaut mieux que tu te calmes. Elle l'aime et je doute qu'elle lui fasse du mal. Je suis sûre que notre fille va bien.
- Moi, je ne pense pas que Sibelle puisse aller bien. Elle n'a jamais passé une nuit loin de moi. Elle est en classe d'examen et Dieu seul sait combien de cours elle aura à rater. Comment une soi-disante mère peut-elle être autant irresponsable ? Et toi tu oses la défendre !
J'essaie de la toucher, mais elle me rejette.
- Laisse-moi. Tu ne souffres pas autant que moi, Arnaud. On dirait que la disparition de Sibelle ne t'affecte même pas !
- Comment peux-tu parler ainsi ? J'ose croire que c'est ta peine qui te fait sortir des mots autant insensés !
- Pas insensés, mais véridiques. La seule qui souffre ici c'est moi.
- Il vaut mieux que tu ailles te reposer, Judith. Tu divagues.
- Je ne compte pas m'endormir avant de revoir ma fille.
- Tu vas te faire du mal. Pourtant il te faudra être en pleine forme à son retour.
Je m'approche d'elle, l'entourant de mes bras.
- Tout ira bien. Gardons la foi.
Elle continue de pleurer.
- Je parie qu'elle lui a tout dit sur ses origines. A présent, Sibelle doit nous détester.
- Sibelle nous aime, Judith. Je ne pense pas qu'elle gardera un grief contre nous.
- Que Dieu t'entende !
- En tout cas, je m'attelerai à les retrouver et ramener Sibelle dans sa maison.
- Je l'espère vraiment parce que je ne pourrai pas vivre sans elle !
Judith da SILVA
La sonnerie retentit dans la maison. Nous n'attendons personne. Afi se dépêche d'aller voir.
Il ne manquait plus qu'elle. Ma belle-mère. Elle s'est hâtée de s'amener, sûrement pour me cracher son venin au visage.
- Bonsoir maman, dis-je en allant sa rencontre.
- Ne t'approche surtout pas de moi. Si tu n'étais pas une rivière tarie, rien de tout cela ne serait arrivé !
- Maman, intervient Arnaud, ne recommence pas s'il te plaît ! On souffre déjà beaucoup.
- Si Sibelle était vôtre, sa mère biologique ne vous l'aurait pas reprise. Mon fils, reconnais que ta femme n'est qu'une bonne à rien !
Je n'en peux vraiment plus. Je fonds en larmes.
- Oui, pleurniche comme d'habitude. Tu n'es qu'une faible femme. Car les femmes fortes ne pleurent pas à tout bout de champ.
Je ne la supporte vraiment plus. Je quitte précipitamment le salon. Arnaud me suit.
- Reviens mon fils, nous n'en avons pas fini.
****"
A Allada
Margareth IDOSSOU
Beaucoup plus calme, Sibelle est. Mais pas complètement rassurée. Elle ne me le dit pas, mais je sens que ses parents adoptifs lui manquent, en particulier Judith.
Cela me fait mal, mais j'aurais dû m'y attendre. Je pensais que sa grande admiration et affection pour moi rendraient les choses plus faciles, mais je me suis trompée. Rien ne peut remplacer toutes les années qu'elle a passées avec Judith et Arnaud.
Je soupire longuement.
De toute manière, je ne compte pas abandonner. Je m'efforcerai jour après jour de les remplacer dans son coeur.
Elle est là près de moi, mais je la sens triste.
- Les jeux sur la tablette t'ennuient ?
- Un peu, répond-t-elle.
- Tu voudrais autre chose ?
- Oui, rentrer chez moi.
- Mais tu es chez toi ici.
- Non, tata Margareth.
- Tata ! m'insurge. Arrête de m'appeler ainsi. Je suis ta maman, bon sang !
- Je n'ai qu'une seule maman : Judith da SILVA ! dit-elle en se levant précipitamment de la chaise.
Elle va se réfugier dans la chambre et saute sur le lit. Je la suis et m'asseois près d'elle.
- Je suis ta maman, Sibelle. Que tu le veuilles ou pas. Les da SILVA ne sont rien pour toi !
- Tu ne peux pas m'obliger à t'appeler maman ou à t'aimer comme tel !
- Fais au moins l'effort, Sibelle. Fais semblant. Mais arrête de me faire autant mal avec tes mots et ton attitude.
J'essaie de la toucher. Elle esquive mon geste et tourne la tête.
- Laisse-moi tranquille. Je veux dormir.
- D'accord, dis-je en sortant de la chambre.
Je me laisse tomber sur le carreau du salon, le visage ruisselant de larmes.