Chapitre 27 : Soirée barbecue chez Cynthia
Write by Sandy BOMAS
VANESSA
Cynthia organisait une soirée barbecue chez elle. Elle avait invité des anciens du lycée avec qui elle avait gardé contact et quelques-uns de ses collègues avec qui elle s’entendait bien.
« -Viens ma co ! Ça te fera du bien de voir du monde au lieu de rester tout le temps enfermée seule chez toi ! » Avait insisté Cynthia.
Je n’avais pas trop la tête à faire la fête mais j’avais accepté l’invitation de ma combi. Elle avait raison, il fallait que je me change les idées. Et puis revoir certaines têtes me ferait plaisir.
La soirée commençait timidement. Les invités arrivaient par vague. Pour ne pas paraitre antipathique, j’échangeais quelques mots avec certains anciens du lycée. Après trois minutes de conversation avec certains, c’était toujours les mêmes questions qui revenaient « Qu’est-ce que tu deviens ? Tu es marié ? Tu as combien d’enfants ? ». J’avais l’impression de participer au concours de celui qui avait le mieux réussi sa vie. Ma vie me semblait tellement chaotique depuis le départ d’Olivier et dès qu’on cherchait à en savoir un peu plus sur ma situation familiale actuelle, ça me donnait juste envie de m’enfuir à toute vitesse.
J’étais au bar en train de me servir une booster pinacolada, quand Yves un ancien camarade du lycée, fit son entrée, avec à ses côtés un canon de beauté digne d’une actrice de Nollywood. La jeune femme arborait un joli ventre arrondi. Ils étaient tellement beaux, on aurait dit un couple sorti tout droit d’un magazine people. J’étais tellement bluffée par le spectacle qui se jouait devant moi que je sentis une pointe de jalousie me ronger quelque part à l’intérieur.
Yves c’était mon soupirant en classe de quatrième. Si on m’avait dit que ce garçon peu sûr de lui binoclard et couvert d’acnés juvénile deviendrait ce jeune cadre dynamique sûr de lui et avec à son bras une belle femme, je ne l’aurais pas cru une seconde. « Comme quoi la vie nous réserve bien des surprises ! »
En bonne kongosseuse, Cynthia me qui avait quasiment couru vers moi abandonnant ses amis avec qui elle était en train de discuter me souffla à l’oreille.
-Vanou tu as vu Yves ?! WOooO le gars est devenu poncé oh !
-Oui je vois je ne suis pas aveugle …
-Pardon ne sois pas aigrie, est-ce que c’est moi qui t’avais dit de le boucher* (de refuser ses avances) à l’époque.
Elle rit de son rire sarcastique qui m’énervait.
-Je ne suis pas aigrie ! Tchiipp
Je la toisai.
-Et sa go mamoo ! Un dernier mérou* Hein !… (Un canon) Pôpôpô !
-Chuuut ! Sois un peu discrète gué toi aussi ! Tu ne vois pas qu’ils arrivent vers nous ?
Comme ils s’approchaient de nous et que Cynthia continuait ses messes basses, je lui donnai un léger coup de coude pour qu’elle cesse de cancaner.
-Aie !
-Souris à tes invités !
J’affichai un sourire qui se voulait aussi vrai que les contrefaçons de grandes marques vendues au marché Mont Bouet.
On se saluait poliment.
-Je vous présente ma femme Carla. Dit Yves en la regardant amoureusement.
-Enchantée Carla, fis-je faussement enjouée
« Hummm Vanessa ne fais pas ton aigrie pardon les pauvre gens ne sont pas responsable de tes problèmes avec Olivier »
-Bonsoir Carla et bienvenue dis Cynthia plus qu’enthousiaste. Je vois que vous attendez un heureux événement là ! Félicitations !
-Oui nous attendons des jumeaux, dit-elle en posant sa main sur son gros ventre.
« Comme quoi il y en a qui arrive à être heureux dans Mpoungou* (Libreville)…. »
Avant que les questions ne pleuvent, j’inventai une excuse et je m’éclipsai dans la maison.
« Ah enfin à l’abri…. Et dire que j’avais accepté de venir à cette soirée parce que je voulais décompresser un peu, mais tout ici me rappelait que j’étais seule et malheureuse. Allez ! Je vais me servir quelque chose histoire de noyer mon chagrin.»
-Bonsoir…
Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Je m’étouffais à moitié et avalai travers et renversai mon Bailey’s sur le carrelage.
« Lui, ici ?! »
En proie à des des bouffées de chaleur soudaines, je me retournai timidement.
-Bonsoir …Stanley….
« Ouf ! J’ai réussi à prononcer son prénom sans bafouiller »
-Tu ne m’offres pas à boire ?
Je me rendis soudain compte que j’avais pris la place de la barmaid. Normal qu’il me demande de le servir.
-Euh ….Si….Qu’est-ce que tu veux boire ?
-Quelque chose de non alcoolisé si possible…Je prendrai bien un coca s’il te plait.
- Mince, il n’y a plus de Coca ici, je vais regarder à l’autre bar, dehors….Je reviens dans deux minutes…
-Ok…
Cynthia était en pleine conversation avec ses convives. Je la saisis par le bras et l’entrainai à l’écart.
-Cynthia ! Commençai-je, Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu as invité mon banquier ?
-Ton banquier c’est même qui ?
Je la fusillai du regard
-Mon banquier c’est qui comment ?! Ce n’est pas le moment oh ma co !
-Oh quoi on ne peut plus blaguer ?
-Mais pourquoi tu ne m’as pas dit que tu avais invité Ya Bovenga… Heu… enfin Stanley…
-Ah c’est vrai ! Ça m’est complètement sorti de la tête…
-Menteuse !…
-Bon c’est vrai ! Je l’ai invité y a quoi ? Pourquoi tu te mets dans tous tes états comme ça ?
-Parce que tu ne m’as rien dit !
-Bon tu veux que je fasse quoi ? Tu veux que je lui demande de repartir chez lui ? Ecoute Vanou, je me suis dit que ça te ferait plaisir de le voir… Il m’a juste emblé que tu l’aimais bien, maintenant si tu ne veux pas lui parler c’est toi qui vois….
-Ne pas parler à qui ?
« Merde ! Il m’a suivie ! Je lui avais pourtant dis que je revenais dans peu de temps….Remarque il devait s’ennuyer tout seul là –bas…»
-Hé ! Stanley je ne t’ai pas vu arriver !
Dans une joie exagérée Cynthia serait vigoureusement la main de Stanley qui avait l’air amusé par ce côté le côté becté de ma copine.
-Bonsoir Cynthia.
-Bon j’espère que tu ne vas pas t’ennuyer tout le monde ici est cool, n’hésite pas à faire connaissance avec les autres. Tiens ! J’ai un ami avec qui tu pourrais bien t’entendre, tu vois le monsieur qui est à côté de la jeune dame enceinte là-bas ?
Elle désigna Yves de loin tout en poursuivant.
-Il travaille à UGB* (Union Gabonaise de Banque) vous aurez certainement des choses à partager. A moins que tu préfères rester là avec Vanessa….
« Cynthia ! »
Je lui fis de gros yeux
-Oui Vanessa tu veux me dire quelque chose?
Me répondit-elle avec cette pointe d’ironie qui m’agaçait. Stanley aussi attendait interrogateur et amusé à la fois.
-Non rien… Me contentais-je de dire…Vaincue….
-Bon bein je vous laisse, je vais accueillir les autres invités.
Avant que je ne rajoute quoique ce soit Cynthia s’en alla à toute vitesse consciente que je n’avais qu’une seule envie : celle de l’étrangler.
Les pousses enfoncés dans les passants de son jean qui moulait ses cuisses à la perfection, Stanley plongeait son regard dans le mien.
« Qu’est-ce qu’il est viril dans son jean !...Mon Dieu il faut que je trouve une échappatoire tout de suite sinon je suis foutue ! »
-Bon bein….Commençai-je hésitante…Je vais enfin te servir ce fameux coca.
Je me dirigeais vers le bar qui était à quelques pas de nous, dans le fut juste à côté de moi je plongeai ma main dans la glace pilée à la rechercher d’une canette rouge.
« En voilà une ! »
Quand je lui tendis la canette de coca cola ses doigts tièdes effleurèrent les miens qui s’étaient légèrement engourdis au contact de la glace. Ce contraste chaud froid libéra dans mon corps une armée de fourmis affamées. « Seigneur dites-moi que je vais sortir de cette soirée vivante ! »
-Alors ?... Comment s’est passée ta semaine ?
« Ah il s’est enfin décidé à parler… »
-J’ai eu une semaine chargée… comme d’habitude. Avec le quarantième anniversaire de la banque on a beaucoup de travail, d’ailleurs tu es bien placé pour le savoir avec toute la communication qui est à la charge de JVP & Co.
-Oui c’est clair…
Il sourit…
-Et sinon toi ça va mieux ?
-Oui …
Il me regarda, interrogateur, comme s’il attendait que j’en dise plus.
-Ça a ira avec le temps…En fait je n’ai pas trop envie d’en parler…
-Désolé…
-Je t’en prie…il n’y a pas de problème…
Il ne rajouta rien comme s’il avait peur d’être maladroit. Et c’est à ce moment que Cynthia revint.
« Sauvée par le gong ! »
-Alors on fait bande à part ?
-C’est toi qui nous abandonnes et tu parles de faire bande à part.
-Roooh tout de suite les grands mots est-ce que je vous ai abandonnés ? Je suis juste allée accueillir ceux qui viennent d’arriver. Venez ! On va se rapprocher des autres.
Stanley était amusé par cet échange entre Cynthia et moi. On allait retrouver Yves, sa bombasse de femme « oui je fais le mauvais cœur » et quelques anciens du lycée : Yannick, Zita et Jessica. Zita n’arrêta pas de faire des œillades en direction de Stanley. Il ne semblait qu’il n’avait rien remarqué de son manège. On parlait de tout et de rien, de politique, de football et je ne sais plus trop comment nous avons été amenés à parler de mariage, de famille et d’enfants. Ce qui me mit mal à l’aise une fois de plus. Heureusement que Cynthia avait perçue ma gêne à ce moment, elle inventa une fausse excuse pour m’éloigner de ses convives et du sujet de la discussion que j’aurais pu intituler : « regardez comme nous sommes heureux »
Elle me demanda de l’aider à disposer les plats sur le buffet. Je m’exécutais en silence en proie à des pensées noires. Je repensais à Olivier et à cet enfant qu’il m’a fait dans le dos. « Je me demande comment certaines femmes arrivent à surmonter ce genre crise… »
Une fois le buffet dressé, je m’éloignais du brouhaha et de la musique assourdissante.Une vague de mélancolie m’envahie. Je chassai rapidement des larmes que je sentais venir.
-Alors comme ça on fait bande à part ?
Je me retournais lentement et souris à Stanley qui m’avait visiblement suivie.
-Tu….Tu n’es pas resté discuter avec les autres ?
-Si mais ils sont en train de se remémorer leur années lycée alors je me sentais de trop, et comme je ne connais que deux personnes ici, vue que la première est très occupée il ne me restait qu’une option.
-Je suis donc une option ?
Je pris un air sérieux.
-Mais non ce n’est pas ce que je voulais dire…
-Je te fais marcher !
-Tu m’as eu !
On rit de bon cœur.
« Un discours ! Un discours ! Un discours ! »
-Tiens ! On réclame un discours à Cynthia ! Il ne faut pas rater ça !
« Heu ….J’ai rêvé où il vient de me tenir par la taille ? Ça doit être l’effet de la pinacolada c’est sûr ! Je vais arrêter d’en boire pour le reste de la soirée.»
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