Chapitre: 28

Write by MoïchaJones

Elle arrive dans peu de temps et je ne réussis pratiquement plus à maintenir mon excitation. Un rayon de soleil dans ce monde obscur. Je regarde par la fenêtre, parce que je veux être la première à la voir. J’ai tiré les rideaux sur le côté, et je me tiens là, impérieuse, dans ma prison dorée. Imani… Mon bébé. Trois semaines que je ne l’ai pas vu. Presque deux mois que mes yeux n’ont pas croisés les siens, rieurs, plein de joie. J’ai hâte de la prendre dans mes bras.


Le portail s’ouvre et la berline noire de Jomo rentre silencieusement. Je porte instinctivement une main sur ma poitrine. Je me retiens de courir à la porte. J’ai des larmes aux yeux. Sa silhouette frêle apparaît enfin. Il la porte et lui dit quelque chose. Je la vois qui secoue la tête en regardant la maison. Qu’est-ce qu’elle a maigri. Ils s’avancent et disparaissent sous le porche. Je laisse mon regard se balader plus haut sur la rue. Une voiture est garée dans une allée. Pas d’âme qui vive. Toutes les maisons se ressemblent et brillent par leur luxueuse pelouse entretenue avec soin. A voir cela, on se croirait dans un conte de fée.


Je laisse échapper un rire sans joie en pensant à mon propre conte de fée. Tu parles d’une arnaque.


La clé tourne dans la serrure et je retiens mon souffle. J’aurai rêvé que ça ne m’aurait paru plus beau et irréaliste.


- Maman ?


J’étouffe un sanglot en me retournant lentement. C’est bien elle. Mon poussin. Elle me regarde elle aussi, comme si elle n’en revient pas. Peut-être qu’elle a du mal à me reconnaître. Ma main remonte instinctivement sur mon visage. Mes pommettes saillantes doivent être effrayantes. Je n’ai pas de maquillage, je dois vraiment être affreuse.


- Maman ? Elle répète en faisant un pas vers moi.


Je veux parler, mais le son qui s’échappe de ma gorge m’est étranger. Je dois m’y prendre à deux reprises pour dire quelque chose de censé.


- Imani.


Oui. C’est tout ce que j’ai trouvé à dire. En trois enjambées je suis devant elle. Je me courbe à temps pour recueillir ses larmes avant qu’elles en quittent son visage. Qu’est-ce qu’elle m’a manqué. Je lui ouvre les bras et elle s’y jette en pleurant. L’explosion dans mon cœur est sans précédent.


- C’est bien toi ? Je chuchote en la palpant partout.


Ses petits bras sont accrochés à ma nuque et je peux sentir ses lèvres sur ma peau sensible de mon cou. J’en ai des frissons. Mon Dieu, faites que ce ne soit pas un rêve.


- Comme c’est touchant.


J’ouvre les yeux et ils tombent dans l'abîme des siens. Il est devant la porte, les mains dans les poches, avec son air condescendant qui ne le quitte pratiquement jamais. Je me reprends et essuie mes yeux d’un geste rapide. La scène doit effectivement être touchante. Moi, sur mes talons en plein milieu de la chambre, tenant une Imani en pleur dans mes bras. Mais venant de lui, cette phrase sonne comme une menace.


Je détourne le regard. J’inspire profondément son odeur, bien que ce ne soit plus vraiment la sienne. Elle dégage un mélange de fraîcheur et d’alcool, typique des hôpitaux.


- Tu vas bien ?


J’essaie de me défaire d’elle, mais n’y arrive pas.


- Ne me laisse pas.

- Plus jamais. Je réponds, émue.


Si tu savais mon bébé.


- Ca va ?


Elle secoue la tête en silence et je lui fais plein de bisous dans les cheveux. Elle les porte court maintenant.


On se lève et je la prends dans mes bras. Je nous installe sur le lit et je la garde serré contre ma poitrine. Nous restons ainsi pendant une quinzaine de minutes et Jomo se rapproche du lit.


-          Imani ma chérie, vient. Laissons maman se reposer.


Je lui lance un regard supplicateur, mais il fait mine de ne rien voir. Je secoue la tête de gauche à droite, tout en le priant silencieusement de ne plus me l’arracher, mais il vient la tirer par le bras.


- Non. Maman, ne me laisse pas.


Ca me fend le cœur, et je m’accroche à sa robe.


- Jomo s’il te plait, pas maintenant. Juste quelques minutes de plus, je t’en prie. 

- Je ne vais pas courir le risque de vous laisser dans la même pièce toutes les deux. On sait très bien où ça nous a mené la dernière fois.

- C’est ma fille, je ne tenterai rien. Je t’en supplie.


Ses lèvres s’étirent dans un sourire froid.


- Je sais que tu ne tenteras rien ma belle, elle ne sera pas avec toi. C’est ma garanti.


Il la soulève d’un geste brusque, manquant de déchirer la robette toute neuve. Je me retrouve assise par terre, à observer la porte se refermer, douloureusement, derrière ma fille effondrée.


Il réussit toujours à me vider un peu plus de mon énergie. Pendant les trois semaines qui viennent de s’écouler, je pensais avoir touché le fond. Quand j’y repense, j’ai juste envie de mourir.


**


*


Flash-back trois semaines plus tôt !


Il se tient devant la porte, en robe de chambre. La convoitise dans son regard a fini de m’alerter. Ses yeux ne me lâchent pas une seule seconde pendant qu’il avance à petits pas. Je retiens ma respiration en espérant que mon vœu se réalise et que par un coup de magie, je me retrouve à des milliers des kilomètres de lui.


- Nous revoilà encore une fois, tous les deux, dans la même chambre. Prêt à partager un moment inoubliable.


J’ai envie de pleurer, mais je crois que mon puit a tarit sans que je ne m’en rende compte.


Il referme derrière lui et laisse tomber la soie fine qui le recouvre. Il porte un caleçon gris, qui ne cache rien de son désir. Une légère chaleur me chatouille les joues et je relève les yeux gênés vers son regard. Il m’étudie avec une mine hilare. Un coup d’œil rapide autour de moi, me fait comprendre que je n’ai aucune issue. Il fait plus que me tenir, il me possède.


Ses pas, indéniablement l’emmène près de moi. Je tente de l’en dissuader, sans grande conviction. Mais la détermination dont il fait preuve me contraint d’arrêter. D’un geste lent, il retire le dernier rempart qui nous sépare. Comme un fauve, il monte sur le lit par le bas. Ses mains sur mes chevilles de donnent un frisson de dégoût, qui s'accroît au fur et à mesure qu’elles remontent sur mes cuisses. Je ferme les yeux, et retient le cri naissant dans ma gorge. Je ne lui ferai pas cette joie-là.


Mon esprit s’évade pendant que le sien, je suppose, vit l’extase d’une vie. Il abuse peut-être de mon corps, mais qu’est-ce donc un corps sans esprit. A cette pensée, j’ai presque un sourire sur les lèvres. Comme ce jour, très lointain où, pour la première fois je voyais la mer. Cet étendue d’eau salée, si calme et pourtant si tumultueuse. Avec mon père, on était allée à Limbé. Une petite ville à 1 heure environ de Douala. Je ne sais plus très bien pourquoi on n’y allait, mais je n’oublierai jamais l’immense émotion qui m’avait saisi. En une seconde, j’avais vécu l’un des instants les plus magiques de ma vie. Sorti du néant, elle était apparue devant nous. J’avais juste retenu mon souffle, et quand j’ai repris une respiration normale, cette odeur humide et salée m’avait envahi. J’en ai presque le goût sur mes lèvres, tellement ça me semble réel.


- Tu finiras par aimer ça de nouveau.


Sa voix me sort de ma rêverie. Jomo est assis sur le rebord du lit, un pied par terre. Il est en sueur et une odeur de sexe flotte dans l’air. Il passe son pouce sous mon œil droit et y efface une larme.


Je détourne précipitamment la tête quand il se penche vers moi. Sa main d’acier prend mon menton et ramène ma bouche devant la sienne. Il me mord doucement la lèvre inférieur, avant de m’embrasser. Je réponds à son baiser par une morsure moins douce, qui lui arrache un cri de surprise et de douleur.


- Sorcière !


Du sang coule et je me délecte de son goût métallique.


- Tu me le payeras. Finit-il par dire en se levant et en ramassant son linge.


Il marque un temps d’arrêt et je le défi du regard. Puis il sort en claquant la porte.


Je laisse mon esprit repartir, car je me doute bien que c’est la première fois, mais pas la dernière que ça arrive.


Effectivement durant les trois semaines qui ont suivi ce jour, il m’a visité un nombre incalculable de fois. Il lui est même arrivé un jour de venir deux fois. Je me suis toujours laissée faire, pas que j’avais le choix, mais ça me conforte un tout petit peu de me dire que j’ai choisi de subir passivement que de mettre en danger mes chances de revoir mon bébé.


**


*


- Maman?

- Oui ma chérie.

- Quand est-ce qu'on rentre chez bibi?


Nous sommes assises par terre dans ma chambre. Je suis dos au mur et elle est dans mes bras. Ses cheveux lui font une belle petite touffe, dans laquelle je ne me lasse pas de passer mes doigts. Imani tient un livre dans ses bras, mais je sais qu'elle ne le lit pas vraiment. 


Je la retourne lentement pour l’avoir en face. Son petit visage émacié retrouve petit à petit des couleurs. Je lui fais un sourire doux en lui caressant les joues de mes deux mains. 


- Imani, mon cœur. Tu sais, on n’y retournera peut-être jamais.


Je le dis, très lentement. D'une voix hésitante. Je ne sais pas comment lui annoncer que nous sommes prisonnières de son oncle, et que son père est complice de tout ça. Comment on dit ce genre de chose a une fillette de 7 ans ?


- Pourquoi ? Elle me demande les larmes aux yeux.

- Shut… ne pleure pas. Maman n’aime pas quand tu pleures ma chérie.

- Je n'aime pas être ici.  Tonton Jomo est méchant. Et… je veux voir papa. 


Elle tord sa petite bouche dans une mimique adorable, mais ça me fend le cœur de la voir triste.


- Arrête de pleurer. Tu sais, je n'ai jamais voulu qu'on vienne ici. Tu sais ça,  hein mon bébé. 


Elle secoue la tête en silence.


- Je vais tout faire pour nous emmener loin d’ici.

- Tu promets?

- Oui. Mais il ne faut pas le dire, sinon tonton Jomo va nous en empêcher.

- C'est notre secret? 


J'acquiesce avec un petit sourire de connivence. Elle se retourne et reprend sa lecture,  pendant que moi je replonge mes doigts dans ses cheveux. Deux heures plus tard, Joséphine vient la chercher et je me retrouve à nouveau seule avec mes pensées. 


**


*


- J'ai une faveur à te demander. 


Il me regarde, sa fourchette en l'air. J'inspire profondément avant de me lancer. 


- L'anniversaire  d'Imani approche et... Je.me demandais si....


J'hésite en le regardant mâcher au ralenti.


- Tu te demandais si... lance-t-il un sourcil plus haut que l'autre.

- Je me demandais si tu pouvais lui organiser un petit truc. Un truc simple, rien d'extraordinaire...

- D'accord!

- un déjeuner en ville, un tour de manège, je ne.... pardon?


Je m’arrête pour reprendre mon souffle et le regarde surprise. J'ai peur d'avoir mal entendu. 


- Tu es d'accord?

- Bien sûr, ça lui fera du bien. Elle est devenue trop renfermée cette petite.


La faute à qui?


- C'est quand?

- Dans 10 jours.  


Il secoue la tête et se remet tranquillement à manger. J’observe la viande sèche dans mon plat, avec les haricots verts, mais je n'ai pas d'appétit.


- Tu ferais mieux de manger, tu n'as plus que la peau sur les os. 


**


*


J'arpente lentement les allées du magasin, en jetant de temps en temps un regard discret derrière les vitres illuminées. Je suis de plus en plus fatiguée, j'ai du mal à faire des distances courtes. Je me force à manger, mais rien ne passe. Je continue de maigrir, je suis frileuse et d'humeur versatile. Nous sommes venus prendre un cadeau à Imani, son anniversaire c'est demain. Bien évidemment, c'est lui qui paye. A cause de lui,  je n'arrive pas à savourer ces moments qui étaient si particuliers il n'y a pas longtemps.


- Tu te sens bien ?


La voix de Jomo me sort de ma rêverie.  


- Tu es toute pâle, on dirait un fantôme.

- Ca va ! Je réponds simplement. 

- Non ça ne va pas. Vient on va s'asseoir une minute.


Il me prend par la main et m'entraine vers des bancs qui font face à un aquarium. Les poissons évoluent, sans évidement se soucier de nous. Imani aurait été émerveillée devant ce spectacle.


- Tu veux boire quelque chose ?


Je réfléchis vite et lui réponds par l'affirmative. Plus pour me débarrasser de lui qu'autre chose. 


Il se lève,  fait quelques pas puis s'arrête et se retourne vers moi, suspicieux. 


- Tu ne bouges pas de là.

- Tu détiens ce que j'ai de plus cher au monde.


Il sourit.


- De toute manière je te retrouverais bien vite.


Je détourne le regard et me concentre sur les poissons multicolores. Je me sens lourde, j'ai envie de m'allonger. L'air se raréfie de plus en plus, mais je n'éprouve pas le besoin de faire plus d'effort. Je me laisse aller doucement. Je ferme les yeux. Juste pour une seconde. Je me sens glisser lentement sur mon siège, mais ne fait rien non plus pour y remédier. Mes jambes sont flageolantes de toute façon, elles ne pourraient pas supporter le poids de mon corps.


- Belinda ?


Mon nom me semble lointain. Des mains fermes me saisissent et me secouent sans douceur.


- Belinda... Merde !


Sa voix me suit comme une aura fluide, je n'y prête pas vraiment attention. Une envie me dicte de m'y accrocher mais, je préfère la torpeur dans laquelle je baigne. C'est doux, c’est silencieux, c'est reposant. Je vais juste profiter un peu, pour me ressourcer. Je dois recharger mes batteries, parce que ma fille compte sur moi. Je vais la sauver. Je dois le faire. C'est mon devoir. 


Mes yeux tombent sur la silhouette sombre, recroquevillée sur la chaise bien trop petite. Il est endormi, ses traits sont si… Paisibles, qu’on oublierait volontiers le monstre qu’il est. Comment ai-je pu le confondre un jour avec Uhu ? C’est vrai qu’ils se ressemblent, mais tout s’arrête sur le physique. Et même, c’est pour les moins avertis. Avec le temps, j’arrive à déceler une différence significative entre eux. 


Uhu a cette petite ride au coin yeux, qui s’accentue quand il rit, pendant que son frère a les traits les plus froids que j’ai jamais eu l’occasion de voir sur le visage d’un être humain. Les lèvres d’Uhu son charnue, mais celle de son frère aussi. Sauf qu’elles le sont moins et du même coup moins agréable à embrasser. Quoi ? J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises, surtout ces derniers temps, d’y gouter. J’ai bien le droit de comparer. 


Je dois être en train de devenir folle. Mon esprit déraille complètement. Je ferais mieux de me préoccuper d’autres choses plus importantes, comme ma santé. J’ai une aiguille dans le pli du coude droit, reliée  à un liquide jaune foncé. Des électrodes sur la poitrine et un bip incessant et irritant en fond sonore. La pièce est dans la pénombre, seule une veilleuse éclaire de sa lumière blanchâtre. 


J’essaie de parler, mais aucun son ne franchit ma gorge. Je me la racle, et le bruit réveille le dormeur en sursaut.


- Ah tien… La belle au bois dormant. 


Sa voix est rauque. Il se redresse et passe une main sur son visage. 


- Comment tu te sens ?

- Ca va. Je dis faiblement.

- Je vais chercher le  médecin. Dit-il en se levant précipitamment.

- Attend !


Il se retourne et je lui montre le verre d’eau sur la table de chevet. Il veut m’aider à boire, mais je le stoppe du regard. J’ai peut-être perdue connaissance, mais pas la mémoire. Je prends le verre d’une main tremblante et le porte à mes lèvres  pendant qu’il sort de la pièce pour revenir moins de 5 minutes plus tard avec une infirmière. Elle s’affaire autour de moi en me posant des questions auxquelles je réponds d’une voix monocorde. Quand elle finit, elle s’en va chercher le médecin. 


- J’ai faim. 


Il me regarde, étonné, et je soutiens son regard calmement. 


- Ca ne peut pas attendre ?  demande-t-il les bras croisés.

- Excuse-moi d’avoir espéré une once de changement en toi. 

- Te voilà de nouveau en forme. 


Comme pour me donner raison, mon ventre gargouille bruyamment à ce moment. Je remercie le ciel en silence. 


Il pousse un soupir en se levant.


- Qu’est-ce que tu veux ?

- Des pâtes carbonara. 


Le sourcil qui se lève manque de me faire éclater de rire. 


- Elle fait sa diva en plus. Où est-ce que je vais trouver cette connerie à une heure aussi tardive ?

- Je pense que dans toute cette ville tu trouveras bien un restaurant italien ou ce qui s’y rapproche le plus. 


Il sort son portable et compose un numéro. 


- J’ai mal à la tête s’il te plait, peux-tu aller dehors ?


Il me regarde suspicieux et se rapproche, menaçant. 


- Ne pense pas que tu auras l’occasion de me fausser compagnie. Je t’ai à l’œil. 

- Je suis parfaitement au courant, en passant, le stress te donne des rides dégueulasses. Tu devrais aller te débarbouiller. Tu risques d’attendrir tout le monde avec ce nouvel air que tu as. 


Ses narines se dilatent et mon sourire s’élargit. 


- J’aime mieux ça. Lâche-t-il après un silence pesant. Te savoir en forme.


Il fait probablement une de ses nombreuses allusions sexuelles, mais je n’en ai cure. Je veux juste qu’il disparaisse de ma vue le plus longtemps possible. 


Il sort, le téléphone toujours fixé à l’oreille. Je ferme les yeux et profite du calme. 


- Madame Kibaki ?


Un jeune homme noir se tient debout face à moi. Sa blouse immaculée m’informe que c’est surement mon médecin. 


- Oui docteur.

- Comment vous sentez vous ?

- Je vais mieux. Qu’est-ce que j’ai eu ?

- Votre mari s’est déplacé ? Dit-il sans répondre à ma question.

- Ce n’est pas mon mari, et je ne souhaite pas qu’il soit informé de quoi que ce soit me concernant. 


Il me regarde surpris. Je ne lâche pas son regard un seul instant pour lui signifier à quel point je suis sérieuse. 


- Mais…

- Il n’y a pas de mais qui tienne. Je suis consciente et en pleine possession de mes facultés mentales. Vous n’avez aucun droit de divulguer des informations concernant mon dossier médical, contre mon avis. Je suis avocate, je vous préviens et je suis réputée pour être une tueuse. 


Je ne sais pas où je suis allée puiser cette force, mais me suis montrée assez convaincante. La main qu’il passe sur son menton,  en signe de réflexion en témoigne. 


- Euh… D’accord. 

- Alors ?


Avant qu’il ne puisse parler, Jomo rentre précipitamment dans la pièce, la main tendue. 


- Bonsoir Docteur. Qu’est-ce qu’elle a ma femme. 


L’homme en blouse semble perdu un instant, mais mon regard insistant ne le quitte pas. 


- Les analyses que nous avons faites ne sont pas vraiment concluantes. Tout est parfaitement normal, mais avant de conclure à coup de fatigue passager, nous aimerions compléter le bilan. 

- Elle pourra sortir aujourd’hui ? demande-t-il encore, plein d’espoir. 


Un coup d’œil rapide vers moi et le brillant homme devient mon héro.  


- Non, je préfère la garder par mesure de précaution. 

- Mais… C’est l’anniversaire de ma fille demain. Comment on va faire ?


Ma bouche dit le contraire de mes yeux, pendant que mon cœur se perd en prière pour que le praticien comprenne que c’est juste pour la forme. Je ne peux pas rater pareille occasion d’être loin de ma prison dorée. 

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