Chapitre 28 : Trokpo Agossou

Write by Moktar91

Chapitre 28 : Trokpo Agossou



Grand-Popo


Hôtel Coco beach



Le Père Florent se tenait devant l'individu. Il avala sa salive une nouvelle fois. Depuis déjà plus d'une heure de temps, il avait relaté ses mésaventures à l'homme. Il lui avait conté comment il s'était retrouvé mêlé à toutes cette Histoire, comment il se devrait d'être le prochain chef de la secte. L'individu n'avait longuement écouté mais ce qu'il n'avait pas compris comment il avait continué à vouloir se mêler de toute cette histoire après la mort du patriarche Amoussou. La mission qu'il lui avait assigné quelques mois plutôt était claire : Éliminer le patriarche qui faisait office de crédible candidat du parti politique au pouvoir et de dauphin du président actuel aux prochaines élections présidentielles. Lui, ne venait qu'en deuxième position derrière Maurille. Il était encore plus jeune et bien plus vigoureux. Il représentait le futur du parti et il ne pouvait attendre encore avant de se faire porter candidat du parti aux prochaines élections. Il n'y avait pas d'issue, sinon éliminer Maurille. Il avait trouvé en Florent, le parfait imbécile qui pouvait accomplir cette sale besogne sans que jamais on ne remonte à lui. Il avait vu en ce jeune homme, prêtre à se heures perdues, de l'ambition et la même fougue qu'il dégageait quelques années plutôt mais aussi cette haine qu'il avait pour Maurille.


Trokpo tira sur sa cigarette et rejetta la fumée dans la chambre. Son homme de main, lui remit son verre de whisky qu'il avala d'un trait. 

Florent baissa la tête et se tritura les mains. Son pantalon gris semblait instantanément plus grand et plus large que lui. 

Il se tenait sur sa chaise, léger comme une plume. 


L'homme se leva et fit un tour de la chambre.


-<<Quels sont les dégâts ?>>

L'homme se retourna lentement vers le prêtre. Il transpirait malgré la climatisation dans la chambre.

Il aimait s'admirer devant ce pouvoir qu'il avait sur les hommes. Il se trouvait grandit et développait presque un orgeuil imbu chaque fois que les muscles des visages tremblaient quand il prenait la parole. Il est presque sûr que Florent se pisserait dessus s'il le touchait à l'heure actuelle.


-<<Alors ? >> 


Sa voix rauque fit trembler Florent qui sursauta sur sa chaise. Il leva la tête et se décida à affronter le Mastodonte qui se tenait devant lui. Il chercha ses mots et se dit qu'il fallait les sous-peser avant de s'ouvrir la bouche.


-<<Aucun dégât, finit-il par articuler. En dehors de cet inspecteur qui détient maintenant d'énormes preuves contre nous.. pardon, contre moi je voulais dire, votre grandeur.>>


Il s'inclina presque devant l'homme. Ce dernier fronça les sourcils.


-<<Cet inspecteur ? >> Questionna le Ministre ennse tournant vers lui, sa cigarette en main. 


-<<Oui, l'inspecteur Amos Zinsou. Il ne lâche pas l'affaire. J'ai comme l'impression qu'il en fait une affaire personnelle.>>


Le ministre essaya de fouiller dans sa mémoire. L'évocation de ce nom lui rappelait bien quelqu'un. Mais qui ? Lui qui avait une mémoire si fidèle. Comment pouvait-il ne pas se souvenir de ce nom ? De cet inspecteur ? Quand l'avait-il connu. Il chercha quelques minutes avant de se tourner vers son homme de main. Ce dernier opina de la tête, semblant avoir compris l'ordre muet de son maître. Il pianota sur sa tablette quelques minutes avant de tendre l'appareil à son chef.


Quand il vit le visage qui s'affichait dans le moteur de recherche Google sur l'écran, le ministre tituba avant de s'accrocher au lit, qui d'habitude, servait de couches aux amoureux d'un soir qui venait de perdre dans les ébats délictueux de leurs pulsions non refoulées.


Il regarda de plus près la photo, défilant rapidement l'article qui narrait comment ce brillant inspecteur avait mené à bien une affaire qui avait capoté à la dernière minute et avait fait plusieurs victimes dont une civile innocente: la fille de l'homme d'affaires qu'il était dans le temps.


Tour lui revint alors. Cet inspecteur qui avait failli l'avoir six années plus tôt. Il le savait téméraire. Il savait qu'il sortait avec sa fille défunte. Il savait aussi qu'il ne lui laisserait aucune chance si jamais il le savait mêlé à tout ceci. 

Quand il releva la tête de ce portable, son regard incendiaire se posa sur Florent. 

Quel imbécile, se dit-il.


Il fit un geste à son homme de main. L'homme vint se planter devant lui.


-<<Je veux le grand ménage dans ce commissariat. Pas de traces. Lui intima-t-il>>


L'homme prit son portable, discuta quelques minutes avant de raccrocher.


-<<Bien! >>


Florent comprit que l'entretien était fini. Il savait que son sort ne tenait qu'à un fil et qu'il lui était impossible à l'heure actuelle de savoir ce que ferait  le ministre de lui.

Il se leva et claqua la porte après une révérence au ministre.


Quelques minutes après, le ministre s'engouffra dans bson véhicule avec ses gardes du corps.


À hauteur de Comè, l'ORTB diffusa un flash spécial. Le commissariat central de Cotonou était en feu. L'unité des Sapeurs pompiers n'avait pas encore put maîtriser le feu. Plusieurs évadés mais surtout un dégât matériel immense. Rien n'était récupérable.


Le Ministre sourit à son homme de main qui le regardait à travers le rétroviseur, fier d'avoir encore été si efficace à son chef.


Le Ministre se servir un verre de whisky une fois encore dans le bar de son véhicule. Il était satisfait. Toutes les preuves qu'avaient pu acquérir Amos et ce commissaire avait enfin disparu. Il pouvait en toute quiétude se concentrer sur les primaires au sein de son parti politique.


Il repensa à sa vie, à tout ce qu'il avait fait et à tout ce qu'il avait accumulé comme biens matériels. Il regarda sa main et pensa à tout ce sang qui le souilllait. Au-delà de tout, celui de sa femme et de sa fille le hantait chaque jour. Il eut une pensée pour sa belle Suzane, sa Suzy qui l'avait fait cocu avec son propre frère. Il l'aimait cette femme, il l'adorait presque. Son cœur se serra quand il pensa à toutes le courbes voluptueuses et ses seins retombant. Depuis, il n'avait trouvé femme à combler ses ardeurs sexuelles. Son regard se mouilla. Pleurait-il ? Lui le grand Agossou ? Le probable futur président de la République du Bénin ? C'était la preuve qu'il se ramollissait. Pour la première fois, il parut déçu d'avoir sacrifier sa fille. À qui irait toute cette richesse et cet immense pouvoir ?

Il se rassura presque de savoir qu'il allait laisser son nom dans les annales du Bénin, qu'ils se ferait conter par les plus grands historiens du pays quand il aura accéder à la magistrature suprême.

Cette pensée lui fit faire un sourire.


La sonnerie de son portable le tira de ses rêveries. Il écouta quelques secondes et raccrocha.


Ce Amos était introuvable depuis l'incendie.

Il caressa sa barbe blanche et se rassura de la longueur d'avance qu'il avait maintenant sur ce jeune inspecteur qu'il devrait éliminer.


Le véhicule filait à vives allure... Bientôt, la ville de Kpomassè s'ouvrit à eux.


Il ordonna au chauffeur de garer sur le bas côté, vers le marché de Kpomassè. Il allait faire quelques achats et s'offrir un bain de foules en serrant quelques mains.

C'était aussi ça la politique.


Et pourtant l'homme cachait des cadavres dans ses placards.


En descendant de rutilante voiture, il se décida de ranger le problème Amos dans un coin de sa tête. Pour l'instant, il redevenait l'homme du peuple...

Demain, le reste viendra...

Meurtres au paradis