Chapitre 29

Write by Mayei

Chapitre 29



...Paul Desoto...


Boum boum boum ! Boum boum boum !

“ papa ! Papa !”

Je me réveillais en sursaut en entendant les coups frappés à ma porte ainsi que Morelle qui ne cessait de crier en m’interpellant. Je me levais brusquement et ouvris ma porte. Je trouvais ma fille en pleurs. Immédiatement mes sens se mirent en éveil.

Moi : qu’est-ce qu’il y’a Morelle ?

Morelle (pleurant) : papa Leslie je bouge plus...j’ai essayé...j’ai essayé de la réveiller mais elle ne bouge pas. Son lit est rempli de sang.

Moi : qu’est-ce sur tu racontes ?

Je me précipitais dans la chambre de Leslie le cœur battant. Je pense que cette fois-ci mon cœur s’arrêta pendant un bref instant devant le spectacle qui s’offrait à moi. Ma fille ! Mon trésor était couché dans son lit, complètement pâle...le visage paisible comme si elle dormait. Je ne pouvais ignorer ces taches de sang sur le lit. Mon cerveau m’envoya une information que je refusais de comprendre. Je m’approchais d’elle et la pris dans les bras. Son corps était complètement froid. La encore, je refusais cette information envoyée par mon système nerveux.

Moi : Morelle ! Tu restes ici...je l’envoie à l’hôpital

Morelle : je ne reste pas ! Je ne reste pas

Je sortais de la chambre lorsque Elizabeth se montra dans sa robe de chambre, suivie de sa fille.

Elizabeth : il y’a un souci ?

Moi (hurlant) : dégage le passage ! Merde !

Pour une fois elle n’avait pas ouvert la bouche pour me prendre la tête. Je n’avais que le bas de mon pyjama comme vêtement, même aux pieds je n’avais pas de sandales. Je demandais à Morelle de prendre la clé de la voiture. J’installais Leslie sur la banquette arrière et le temps que Morelle s’installe, je démarrais. Je conduisais à vive allure pour arriver rapidement à l’hôpital. Je franchis l’entrée du bâtiment médical avec ma fille toujours dans les bras. Je criais afin d’alerter quelqu’un qui pourrait nous aider. Aussitôt les infirmiers ou docteurs je ne sais pas, vinrent à ma rencontre.

Moi (anxieux) : ma fille ne va pas bien ! Aidez-nous s’il vous plaît.

Lui : laissez-nous la voir s’il vous plaît.

Ils installèrent ma fille sur ce lit à roulette. Il se pencha sur elle et plaça deux doigts dans son cou puis à son poignet. Il utilisa son instrument et écoutait son cœur. Il leva les yeux vers moi, des yeux remplis d’impuissance. Son visage était d’une gravité. Il secoua la tête en me regardant.

Lui : monsieur vous êtes arrivés trop tard

Moi : comment ça ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

Lui : elle n’est plus !

Morelle : nooooooon

J’avais ressenti la douleur de Morelle dans ce cri qu’elle venait de pousser avant de se laisser choir dans la chaise en pleurant. Mon être tout entier était secoué par cette nouvelle. Il venait de dire que ma fille avait rendu lame. Ma gorge était sèche tout à coup et une grosse boule de douleur se forma en moi prête à exploser.

Moi : où sont les toilettes s’il vous plaît !

Lui : prenez le couloir à droite

Je marchais, torse nu, pieds nus dans cet hôpital jusqu’aux toilettes. Je me sentais perdu ! J’avais perdu ma mère et la douleur avait été effroyable. Pourtant ce que je ressentais en ce moment, était tout simplement indescriptible. C’était une douleur asphyxiante. Je ne pouvais plus respirer. J’avais terriblement mal. Pour un homme de ma trempe, j’éclatais en sanglots dans ces toilettes. Merde ! Je pleurais comme un gamin. Ma file ! Ma princesse ! Elle n’avait que vingt-deux ans. Elle avait tellement à découvrir pourquoi on me l’attachait maintenant. C’était tellement difficile. Je fermais les yeux mais son image se présenta à moi aussitôt. Elle avait perdu toutes ses couleurs. Ses yeux fermés donnaient l’impression qu’elle dormait, faisant un beau rêve. Mais elle était tout simplement partie pour ne plus revenir.

Je ne reverrai plus jamais ma fille ! Elle s’en était allée. Elle ne faisait plus partie de ce monde. Je ne sus combien de temps je passais dans ces toilettes mais j’avais déversé une quantité de larmes dont je ne me savais pas capable. Je me passais de l’eau sur le visage et sortis retrouver mon autre fille qui n’avait pas bouger de sa place. Les médecins s’occupaient de la dépouille de Leslie. Il fallait encore qu’ils déterminent la cause du décès. Je m’assis tranquillement et pris Morelle dans mes bras. Je la serrais très fort contre moi. Je ne voulais pas qu’elle m’échappe elle aussi.

Le temps s’écoula rapidement et l’on nous informa des conditions de sa mort : un avortement qui avait mal tourné. Je tombais des nues...j’étais choqué d’apprendre ça. Je décidais de ne pas m’attarder là-dessus. Elle était déjà morte à quoi cela servirait encore de remuer le couteau dans la plaie ? Je m’occupais des formalités et nous regagnions la maison. Je me rendis immédiatement dans ma chambre.

Elizabeth : qu’est-ce qui se passe ?

Moi (sans émotions) : elle est morte !

Elizabeth : hein ?

Je quittais devant elle. Je n’étais pas humeur à discuter de quoi que ce soit. Il fallait que j’annonce la nouvelle à sa mère (respirant fort) et aussi à mes parents. Ça a été vraiment difficile de composer le numéro de Anne-Marie

Anne-Marie : oui Paul ?

Moi : comment tu vas ?

Anne-Marie : on a connu mieux mais je suis la...

Moi : tu es ou comme ça ?

Anne-Marie : à la maison pourquoi ?

Moi : tu peux passer à chez moi s’il te plaît

Anne-Marie : il y a quoi là-bas ? Les filles-là ont encore fait quoi ?

Moi : viens seulement !

Anne-Marie : d’accord

Je raccrochais et appelais mon père, ma sœur et les garçons. Je souffrais mentalement ! C’était très difficile surtout lorsque les parents arrivaient et me demandaient de garder le courage. Je devais me faire violence pour ne pas pleurer devant tout le monde. Puis La mère de Leslie arriva. Je pense qu’elle devina qu’il y’avait un problème à la minute où elle a mis les pieds au salon et croisa les visages décomposés. Son sac tomba à même le sol.

Anne-Marie (Me regardant) : Paul ou est mon enfant ?

Moi : ... ...

Anne-Marie : Leslie ! Lesliiiiiie ! Ou est ma fille Paul ?

Nicole (la mère de Morelle) la prise dans ses bras et essaya de la calmer.

Nicole : c’est Dieu qui a donné et c’est encore lui qui a repris

Anne Marie (se dégageant) : qu’est-ce que tu dis même ? Je veux voir ma fille

Elle s’écroula au sol et de mit à pleurer toutes les larmes de son corps.

Anne marie : seigneur pourquoi tu me fais ça ? Pourquoi moi ? Ma fille ! Vingt-deux ans...seulement. Paul ma fille a eu quoi ? qu’on me dise ce qu’elle a eu. Elle ne peut pas partir comme ça.

Nous étions en cercle restreint comportant uniquement que les membres de ma famille alors je donnais la cause de sa mort.

Anne-Marie : tu la séquestrais dans ta maison comme une prisonnière mais tu n’as pas été en mesure de constater que ta fille était enceinte ? Paul tu m’as bien eue. Tu m’as eue ooooh. (Se jetant sur moi) tue moi aussi comme ça je pars avec elle.

Mon cœur se déchira, rien qu’en voyant Anne Marie se traîner au sol et pleurant. J’avais souvent jugé ces personnes qui se comportaient ainsi dans les funérailles mais aujourd’hui c’était mon tour et je voyais dans cet acte, le désespoir d’une maman qui venait de perdre son enfant. Ma douleur est immense alors je n’ose même pas imaginer ce que Anne Marie ressent. Elle l’a portée dans son sein pendant neuf mois. L’amour d’une mère est si grand. Face à ce spectacle je ne pouvais rester de marbre. Je laissais mes larmes se montrer devant tout le monde. Ma sœur s’est immédiatement dirigée vers moi et me consolait. Elizabeth se tenait à l’écart de tout ce qui se passait.

... ... ...

Je m’étais réveillé ce matin avec le cœur meurtri. La première chose que je fis, fut de me rendre dans la chambre de Leslie. Elle n’y était pas. Ce n’était donc pas un rêve mais la réalité, DIEU seul sait combien j’aurais souhaité être dans un rêve en ce moment. Je retournais dans ma chambre afin de me brosser les dents. Elizabeth que j’avais laissée endormie il y’a quelques secondes était maintenant assise sur le lit. Je la dépassais sans la saluer et me brossais les dents avant de prendre mon bain. J’étais de retour dans la chambre lorsque madame entreprit de me poser des questions.

Elizabeth : c’est quoi la suite ?

Moi : c’est à dire !

Elizabeth : du programme...quand et où est-ce qu’on l’enterra ?

Moi : dis-moi Elizabeth ! Est-ce que tu ceci t’intéresse vraiment ?

Elizabeth : pardon ?

Moi : pas une seule fois je n’ai lu la tristesse sur ton visage. Les questions que tu viens de me poser la, on en avait discuté hier lorsque la famille était là. Tu étais assise juste à côté ce qui veut dire que, comme toute personne concernée, tu aurais dû entendre ce qui avait été décidé. Mais tu t’en fou n’est-ce pas ? Tu n’as jamais porté mes enfants dans ton cœur alors comment pourrais-tu partager ma douleur ?

Elizabeth : mais Paul...

Je quittais devant elle et m’habillais sans lui accorder mon attention. Les garçons rentraient demain et l’enterrement allait se faire le samedi qui suivait. Je voulais en finir le plus rapidement possible et me reposer. Mon mental est soumis à une rude épreuve et j’ai besoin de calme pour récupérer...pourrais-je même y arriver ? Arrive ton à oublier la mort de son enfant ?

...Kevin Kébé...

Mehdi : à demain patron

Moi : à demain

Après que tout le monde s’en soit allé, je restais un moment à faire les comptes avant de prendre la route pour rentrer chez moi. La vie est compliquée. Je ne savais pas que ça aurait été aussi difficile de décrocher ne serait-ce qu’un entretien de travail à plus forte raison le boulot lui-même. J’étais fatigué de dépenser mon argent dans les cyber café ou dans le transport pour aller chercher le boulot à longueur de journée surtout sous cette canicule. Mon ami avait promis me rappeler mais jusque-là pas de nouvelles de son côté. A mes appels, il ne répondait plus. Je ne pouvais pas lui en vouloir...chacun sa vie.

C’est comme ça que j’avais décidé de faire un lavage auto. Cette zone regorgeait de transport en commun tout comme les personnels. C’était un carrefour décisif et plusieurs véhicules passaient par là. Je n’allais pas faire à un coup élevé, juste
Mille cinq cents francs le lavage pour les petites voiture et deux mille pour les grosses. J’ai mis le matériel que je pouvais avec mes moyens et engagés trois jeunes hommes qui avait un pourcentage sur le nombre de voitures qu’ils faisaient par jour.

Je pouvais me faire 30 mille francs par jour. Un petit bénéfice qui restait nettement meilleur que de ne rien avoir. Je puisais dans cet argent pour participer aux dépenses de la maison. A mon âge vivre dans la maison de mes parents était tout de même contraignant et honteux. Je participais donc pour ne pas être une charge de plus. Je comptais économiser pour une caution de sorte à ce que nous quittions ce quartier avec les parents.

« Kevin »

La voix de Julie me fit réaliser que j’étais déjà arrivé dans mon quartier. Julie était une jeune fille qui se débrouillait en vendant la nourriture. Elle quitta sa table de fortune et vint vers moi avec un large sourire sans oublier cette démarche qui se voulait chaloupée. J’arrêtais mes pas et attendais qu’elle soit à mon niveau.

Julie (me touchant le bras) : Hum Kevin tu es baraqué deh… mais c’est comment ? tu rentres tard aujourd’hui hein

Moi : j’ai eu plus de boulot

Julie : ah je vois mais est-ce que tu as pu manger même ? Laisse-moi te faire un plat comme ça tu n’auras pas à chercher

Moi : ne te donne pas cette peine. Je vais me débrouiller

Julie (s’en allant) : je ne veux rien entendre ! Reste là, je vais chercher la nourriture pour toi.

Il fallait vraiment être aveugle pour ne pas se rendre compte du fait que cette fille soit dingue de moi. Ça se voyait à des milliers kilomètres. Elle n’avait trouvé nul autre moyen de me prouver son amour que de me servir des petits plats à chaque fois. Lorsqu’elle ne me voyait pas en route, elle faisait livrer la nourriture chez moi. C’était un petit quartier et tout le monde connaissait la maison de chacun. Julie est revenue avec les assiettes contenant la nourriture. Elle en avait aussi mis de côté pour ma mère. Je la remerciais et pris la route jusqu’à chez moi. Mon père était encore dans le quartier avec ses amis. J’embrassais ma mère après avoir posé les assiettes au sol.

Maman : d’où viennent ces assiettes ?

Moi : de chez Julie

Maman : hum...dis-moi en même temps si c’est ma belle-fille.

Moi : mais non maman

Maman : dans ce cas c’est quoi cette histoire de toujours apporter la nourriture ?

Moi : elle est juste gentille.

Maman : quand ça va pourrir on va sentir

Elle est bien drôle ma mère. Je pris ma douche avant de déguster les plats de Julie, qui au passage étaient très bons. Je ne tardais pas à m’endormir.

[...]

Ce matin je fus réveillée par l’appel de l’un des petits du lavage auto. L’inquiétude dans sa voix m’a fait me lever immédiatement de mon lit. Je n’ai même pas eu le temps de me laver. Lorsque j’arrivais sur mon lieu de travail ou de moins de débrouille, mon morale descendit à zéro ou même moins que ça. Tout l’endroit avait été cassé pas la mairie. Je n’arrivais pas à croire ce qui se passait. Une histoire d’assainissement des voies.

Je mis la main sur la tête. Je n’avais reçu aucun document m’informant d’une telle action de la mairie. Je n’avais pas été la seule victime. Plusieurs autres personnes en avaient payé les frais. L’envie de pleurer me prit sur le coup et je ne pus empêcher mes larmes de couler. Je réunis ma petite équipe et les informais de l’arrêt de nos activités. Tout le monde était abattu. Il faut comprendre que c’était des jeunes hommes pour la plupart issus de milieux défavorisés. Ce petit boulot était une sorte de stabilité pour eux. Je m’en allais tout triste chez moi à la maison. Ma mère vint immédiatement vers moi.

Maman : qu’est-ce qu’il y’a ? Pourquoi tu rentres à cette heure ?

Moi (pleurant) : c’est fini maman ! C’est fini

Elle s’empressa de défaire son pagne et d’essuyer mes larmes avec le bout. Elle ne cessait de le répéter qu’un homme ne pleure pas.

Maman : attrape ton cœur ça va aller...

Moi : je pense que je suis en train de payer pour ce que j’ai fait maman. Je mérite tout ce qui m’arrive.

Maman : de quoi tu parles ?

Moi : j’ai fait du mal autour de moi maman...


...Huguette...

Moi : pourrais-je avoir de l’eau en attendant que les autres arrivent ?

Le serveur : bien sûr Madame

Je retirais mes lunettes de soleil ! Comme il faisait chaud ! J’avais hâte de recevoir ce verre d’eau fraîche. Je posais mon sac sur la chaise à côté et bu mon verre. J’avisais l’heure à ma montre. J’étais venue en avance de toutes les manières. Lorsque je levais la tête, je croisais le regard de Windi, elle était avec Marlène. Je me levais pour faire la bise à chacune d’entre elle. Elles se sont assises et ont passé la commande pour les boissons.

Moi : on m’attend plus que ma sœur

Marlène : et comme toujours madame est en retard

Windi ne dit not, elle se contenta de sourire. Elle avait fini par donner l’ordre qu’on relâche ma sœur. Et aujourd’hui j’avais demandé qu’on se rencontre pour parler d’un sujet important qu’on avait survolé. Quelques minutes plus tard, Dominique arrivait enfin. Elle salua et ignora Windi puis s’assit près de moi. Je prie alors la parole.

Moi : si j’ai demandé qu’on se réunisse aujourd’hui c’est par rapport à cette affaire de femme stérile. Je ne sais pas pour vous mais je ne compte pas sacrifier ma fille pour une histoire d’argent de famille ou je ne sais quoi.

Windi : moi non plus !

Marlène : personne ici ne désire une telle chose

Moi : alors il faut que nous agissions. J’ai entendu parler d’une congrégation chrétienne. Je pense que c’est la seule solution qui nous reste.

Windi : je suis partante du moment où on peut se débarrasser de cette histoire.

Dominique : il ne faut rien dire alors aux parents

Marlène : pour une fois je suis d’accord avec toi.

Voilà qui était dit. Chacune commanda sa nourriture et nous mangions dans la bonne ambiance. En quittant le restaurant, je pris la route pour rejoindre la congrégation. Je demandais à parler à un responsable dans le but d’expliquer mon problème. On me fit patienter puis je rencontrais la personne. J’expliquais tout dans les moindres détails ou du moins comment cela m’avait été expliqué.

Berger Wilfried : je vois ! Il s’agit là de liens ancestraux. Ce ne sera pas chose aisée. Je vous conseillerais de rentrer chez vous. De notre côté nous allons soumettre cette requête à Dieu par la prière et je vous contacterai.

Moi : eh berger s’il vous plaît ne m’oubliez pas

Berger : mais non ! Nous vous contacterons

Moi : d’accord

...Morelle Desoto...

Toc toc !

Moi (faiblement) : oui ?

« Momo c’est moi ! Julien »

Moi : rentre !

Julien (ouvrant la porte) : c’est l’heure d’y aller !

Moi (me levant) : ok

Je passais devant le miroir et regardais ce pagne dans lequel était cousu ma robe. La chemise de papa, de Julien et Ludovic étaient aussi dans le même pagne. Ce pagne de funérailles ! J’avais prié au fond de moi...je m’étais lamentée. Je ne voulais pas voir se lever ce jour mais hélas chaque jour finissait pas se montrer. Aujourd’hui on enterrait ma sœur, ma complice, ma moitié. J’avais tellement mal. Quelle douleur affreuse
!

Les garçons étaient arrivés hier. Depuis qu’ils étaient partis pour les études, ils n’étaient plus venus pour les vacances. Avec Leslie nous avions une belle vision de comment nous les aurions accueillis à leur retour. Malheureusement la joie n’était pas au rendez-vous ! Leslie était partie avec une partie de ce qui était prévu.

Je rejoignis le reste de la famille dans la voiture de papa et nous prîmes la route pour les pompes funèbres. Personne n’avait osé dire un mot durant tout le trajet. Cette situation était beaucoup trop importante pour que quelqu’un dérange ce silence. Papa se gara devant l’endroit et marqua un temps d’arrêt. Je le vis respirer très fort

Papa : nous y sommes !

Nous sommes descendus de la voiture pour rejoindre cette salle à l’écart, uniquement réservée aux parents proches. Formant un cercle, nous sommes chacun à notre tour passer devant la dépouille de ma sœur. Je n’arrivais pas à croire qu’elle soit couchée là, inerte dans ce cercueil. Elle avait l’air si paisible. Chacun fit un tour autour du cercueil puis l’on le sortit devant tout le monde. Je tenais le cadre dans lequel se trouvait la photo de ma sœur souriante. Je marchais à pas lent tandis que mes larmes coulaient à flot. Julien passa son bras sous le mien et marcha tout aussi lentement.

La mère de Leslie était inconsolable. Qui pouvait le blâmer du fait qu’elle exprimait son désarroi. Mon père avait les yeux tous rouges et se les essuyait dès qu’une larme menaçait de couler. Il se tenait droit comme un piquet. A ses côtés se trouvait Elizabeth qui avait dû confondre ce moment de deuil à un défilé de mode. Sa tenue noire et moulante sans oublier son grave chapeau. La levée de corps se fit et le corbillard prit la route du cimetière, la dernière demeure de toute personne sur cette terre. Maman Nicole marchait derrière le cercueil en pleurant.

« Ma fille oh ! Seigneur remets moi ma fille ! Prends-moi à sa place. C’est Leslie qui devait m’enterrer et c’est moi qui l’enterre aujourd’hui. Seigneur si j’ai fait quelque chose qui t’a offensé dis-moi et je déchire mes habits pour te demander pardon. Accepte mon pardon et réveille ma fille. Elle était tout pour moi ooooh ! (Touchant ses seins) elle a tété ici...c’est trop tôt seigneur...c’est trop tôt »

Ses paroles me déchiraient le cœur...ma mère et maman Françoise la tenait pour ne pas qu’elle s’écroule et se fasse mal. Nous avions assisté à la mise en terre puis avons pris la route pour la maison. J’étais exténuée mais mentalement. J’étais surprise de trouver Luna assise au salon. Elle se leva lorsqu’elle nous vit.

Luna : j’ai appris pour votre perte monsieur Desoto. J’étais en voyage et j’ai couru ici dès que mon avion a atterri.

Papa : merci c’est vraiment gentil d’avoir fait ce déplacement. (Se tournant vers les garçons) je vous présente mes fils, Ludovic et Julien. Les garçons je vous présente Luna une amie à la famille.

Eux : enchantés madame

Luna : de même

Lorsque Elizabeth qui suivait derrière arriva, elle traversa le salon sans accorder la moindre considération à Luna. Orlane au moins s’était arrêtée pour saluer. De mon côté, je me jetais dans les bras de Luna. Elle m’accueilli en me caressant les cheveux. Elle essaya tant bien que mal de me remonter le moral. Je les laissais au salon et regagnais la chambre de Leslie. Je comptais y passer toutes mes nuits à partir de maintenant

[...]


Bientôt deux semaines que Leslie n’est plus de ce monde. La maison est complètement triste. Ça va faire également deux semaines que papa n’est pas parti au boulot. Les garçons sont toujours là. Ils comptent retourner en début de la troisième semaine. Aujourd’hui c’est le premier jour des vacances alors j’ai hâte que ce professeur nous laisse. La nouvelle de la mort de Leslie avait fait le tour de l’université. J’avais droits à des regards de pitiés et à des présentations de condoléance à chaque fois. C’est donc avec joie que je sors de la classe quand soudain je suis accostée par Allan. Je vois rouge immédiatement.

Allan : on peut s’éloigner s’il te plaît

Moi : non !

Allan : s’il te plaît Morelle !

Moi : pas besoin de s’éloigner ! On peut parler ici et maintenant

Alla : je n’ai pas eu l’occasion de te présenter mes condoléances. Ça m’a tellement surpris…était-elle malade ?

Moi : malade ? La seule maladie qu’elle a eu c’est toi Allan ! Si elle ne t’avait jamais rencontré, elle n’allait pas se retrouver enceinte et obligée d’avorter parce que tu n’es pas assez homme pour assumer une grossesse. Tu peux être âgé que moi, des classes en plus que moi mais tu ne nous arrivais même pas à la cheville. Ne perds pas mon temps s’il te plaît et dégage de ma vue. Nooon moi-même je m’en vais.

J’avais envie de revenir sur mes pas et lui asséner une belle gifle mais me retint. Comment osait-il se tenir devant moi et me demander la cause de la mort de ma sœur ? Un imbécile de première génération. Le chauffeur était déjà là, lorsque je sortais du portail de l’école. Dans la voiture, Karl m’appella.

Moi : allo ?

Karl : c’est quoi cette voix ? Qu’est-ce qui se passe ?

Moi : ce n’est pas Allan qui m’a énervée ! S’il te plaît parlons d’autre chose.

Karl : je suis en train de rentrer à la maison comme ça, je t’écris dès que j’arrive.

Moi : ok pas de soucis.

Karl : je t’aime madame ! Ne sois pas triste.

Moi : je t’aime aussi 

Karl avait commencé à travailler depuis le mois passe. Il a dit été présent pour moi tout le temps. Il restait au téléphone à m’écouter pleurer mon chagrin sans m’interrompre ou raccrocher. Que demander de plus. Il était un cadeau dont toutes les filles rêveraient sûrement. Dommage, il est déjà à moi. Le chauffeur gara dans la cours. Je le remerciais avant de descendre et rejoindre la maison. Papa était au salon avec les garçons. Je saluais chacun et montais me débarbouiller. J’avais pris la chambre de Leslie en otage, histoire de me sentir quelque peu proche d’elle. Je m’assis sur la chaise de son bureau et me mis à ranger tout ce qui se trouvait sur la table. Je tombais par hasard sur son journal intime. Je n’étais pas curieuse mais je savais que j’allais rire en le lisant et me sentir encore plus proche d’elle. Je décidais de lire ce qu’elle avait écrit avant de nous quitter.

Mon visage qui était au préalable éclairé par un large sourire s’assombrir tout à coup. Mes mains se mirent à trembler. Je me levais subitement en prenant avec moi le journal intime. Je me mis à crier en sortant.

Moi (criant) : ou est-elle ? Orlane ! (Frappant à sa porte) sors de cette chambre tout de suite.

Elle ouvrit la porte complètement paniquée. Je ne réfléchis pas et lui administrais une gifle. Je me ruais sur elle. Elle essayait de se débattre mais j’étais tellement en colère que je ne sentais pas ses coups à elle. Nous nous battions à nous déchirer les vêtements lorsque mon père monta accompagné de mes frères. Elizabeth aussi sortit de sa chambre. Elle se mit à crier en voyant l’état dans lequel se trouvait sa fille.

Elizabeth : Paul parle à ta fille ! Quelles sont ces bêtises ? Elle ne fait que s’acharner sur elle chaque fois qu’elle a un souci. Il faut régler son problème de sauvagerie.

Julien : madame vous allez parler de ma sœur autrement !

Elizabeth : sinon ? Ai-je dit quelque chose de faux ? Voyez-vous comment elle se bat comme un animal.

Julien : votre fille est alors un animal puisqu’elle se bat aussi

Papa (grondant) : je peux savoir ce qui se passe ici ?

Moi : il se passe que c’est Orlane qui a tué ma sœur (ramassant le journal) voilà ce qu’elle a écrit avant de nous quitter.

Je me mis à lire ce qui était écrit à haute voix.

« Je pense avoir trouvé la solution à mes problèmes. Orlane m’a assurée que ce médicament m’aidera à faire passer la grossesse sans soucis. Je tente le tout pour le tout avant que papa ne se doute de quelque chose et me tue de ses propres mains. Même si ça tourne mal, et que le pire arrivait, ça reviendrait au même puisque papa va se charger de me tuer »

Tous les regards étaient braqués sur Orlane !

Elizabeth : ça ne veut rien dire ! Qu’est-ce qui prouve que ce n’est pas toi-même qui a écrit ça ?

Papa (ignorant Elizabeth) : Orlane est-ce vrai ce que ma fille vient de lire à haute voix ?

Orlane : non ce n’est pas vrai !

Papa : Ludovic, appelle le commissaire Kouakou nous allons tirer ça au clair et très vite. Il y a des personnes qui vont passer le reste de leurs vies en prison.

Orlane (se mettant à pleurer) : je ne veux pas partir en prison oooh ! Je ne savais pas…c’est maman qui m’a donné le médicament. C’est elle qui m’a dit de tout faire pour que Leslie l’utilise. Je ne savais pas qu’elle allait mourir sinon je ne lui aurais pas donné.

Papa : Eli...Eliza...(la main sur la poitrine) aaaarrrrgh

Il ne termina pas sa phrase qu’il s’écroula au sol, complètement inerte.

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