Chapitre 3
Write by Benedictaaurellia
Chapitre 3
Edmund.
A ces mots, une larme coule sur ma joue. Je ne m’en rends pas compte jusqu’à ce qu’Ainara l’essuie de sa main. Elle aussi est en larmes.
Heureusement que les enfants sont au lit.
Je regarde les autres et vois que personne ne semble indifférent.
Je vois Stella et Abigaël qui versent elles aussi des larmes.
Sébastien a le visage fermé mais ne semble pas surpris. Serait-il déjà au courant ?
Adriel comme toujours semble calme mais on peut lire de la douleur sur son visage. Quelques secondes plus tard, quand je le regardai à nouveau, son visage était redevenu impassible.
C’est surprenant comment il garde toujours son calme. Franchement, je n’aimerais pas être dans les parages le jour où il va perdre les pédales. Ça ne sera pas du tout joli à voir.
Nous réconfortons Ruth du mieux que nous pouvions.
Elle se calma et repris son récit après quelques minutes de pause.
Ruth.
Je pleure.
Oh ! J’ai mal.
La douleur est trop forte.
Mon cœur saigne.
C’est donc vrai. Toutes ces images qui tournent en boucle dans ma tête.
Quand je ferme des yeux, je vois plusieurs hommes qui me prennent avec violence à tour de rôle.
Je me revoyais allongée sur ce lit pieds et mains attachés aux montants du lit, jambes écartées. Je les voyais former un cercle autour de moi. Ils étaient tous nus et tellement nombreux. Je n’avais même pas pu les compter. Même si je le voulais, je n’aurai pas pu. Pas dans l’état ou je me trouvais. D’un côté, je remercie le ciel de ne pas avoir été totalement consciente pendant ce moment. La douleur aurait été pire, j’imagine.
Je voulais crier mais aucun son ne sortait de ma bouche. Mes cordes vocales ne répondaient plus. Mes larmes n’arrêtaient pas de couler. Ces hommes n’arrêtaient pas. Tour à tour, ils montaient sur moi.
Quand le premier a forcé mon intimité, j’ai crû mourir tant la douleur était grande. Il l’a fait d’un coup sec, sans ménagement. Quand il eut fini, le second a pris la relève, et ainsi de suite.
La douleur physique, je ne saurais la décrire. J’avais les entrailles en feu. Au bout d’un moment, je ne ressentais plus rien. Je crois que j’ai tellement eu mal que j’ai dépassé le seuil de douleur qu’on peut ressentir. J’ai fini par perdre connaissance.
Je croyais ou plutôt, j’espérais que ce serait un cauchemar. Jusqu’à ce que mon père me le dise de vive voix.
Je suis détruite.
Anéantie.
Je me réservais pour mon mari. Je voulais connaitre les plaisirs de la chair avec mon futur mari. Je voulais lui offrir ma virginité. Mais maintenant, je n’ai plus rien. Je ne ressens que dégout. Ces hommes m’ont pris bien plus que ma virginité, ils m’ont pris mon honneur, ma dignité.
Et ma cousine dans tout ça ? Elle m’aurait donc tendu un piège ? Elle m’a drogué pour que ces hommes fassent de moi leur chose ? Dans quel but ? Je ne lui ai jamais rien fait. Au contraire, j’essayais toujours de la couvrir auprès des parents.
Je pleurais pour moi, je pleurais pour elle. Pour ce par quoi elle m’oblige à passer. Comment est-ce que je vais pouvoir me relever après ça ? Comment surmonte-on cela ?
Je n’ai pas besoin de parler. Papa me comprend. Idem pour maman.
Ils me regardent tous les deux pleurer. Je sais qu’eux aussi souffrent. Maman ne fait que pleurer. Papa, lui non, mais on peut lire toute la peine qu’il ressent sur son visage.
Ils me réconfortent du mieux qu’ils peuvent.
Mais nous savons tous que ça ne pourra pas passer. Pas comme ça. Ça restera une blessure à vie qui cicatrisera avec le temps, peut-être.
Papa : Calme-toi ma fille. Je sais que tu as mal. Pleure autant que tu veux. Soulage-toi. Ça te fera du bien. Un temps pour les larmes.
Mais après, tu te relèveras, tu dresseras fièrement la tête. Ils t’ont eu aujourd’hui mais ils n’auront pas le dernier mot. Le Seigneur lui-même se chargera de leur sort.
Après cela, j’ai pleuré. J’ai passé le reste de la journée à pleurer. J’ai pleuré pendant plusieurs jours.
Les jours qui ont suivi, je vivais dans le déni. Je refusais d’accepter cela.
Non, Je ne pouvais pas accepter cela.
Non, cela ne pouvait pas m’arriver à moi.
Je suis sûre que c’est juste un cauchemar. Mon père se trompe surement.
Je vivais dans le déni.
J’ai tout refoulé.