Chapitre 3: Le Cabaret de ma mère

Write by Victoria04

-Excusez-moi.

Tellement pressée, je manque de renverser le petit panier de la vieille vendeuse de colas.

-Ah Malaïka ! Où vas-tu si pressé ?

N'ayant pas le temps de m'arrêter pour lui répondre je lui crie ma réponse.

-Je dois voir ma mère!

De loin je l'entend se plaindre.

-Ah elle va tuer la petite! Toujours là à lui en demander trop ! Eh Natou.

Et ça c'est trop dire.

Je continue ma course.

Arrivée au cabaret je ralentis et c'est toute transpirante et essoufflée que je pénètre à l'intérieur de la case qui sert de cabaret.
Le regard que ma mère m 'adresse ensuite en dit long.

-Hum tu es là!

Je tente de me justifier pour éviter qu'elle me gronde face à ce monde.

-Excuse-moi maman je..

Malheureusement elle m'interrompt.

-Oh tais-toi ! Sers les clients. 
Idiote !

Couverte de honte, je baisse la tête.

-Dis-lui de me servir pour deux cent.

-Eh Malaïka tu es sourde ?  Crit ma mère.

Je m'exécute rapidement. 
Je prend un petit bol pour servir le Dolo dans une calebasse que je remet ensuite au client.
Puis je pars m'arrêter au coin de la case pour éviter tout ces regards pervers.

-Exceptionnellement aujourd'hui je prendrai le Dolo de tanti Natou pour deux milles francs.

-Anh Modibo! S'exclame ma mère.

Tellement matérialiste celle-là. 
C'est comme si sa colère avait disparu.

-Remercie ta belle fille .

Il m'adresse un clin d'oeil.

Sale vieux pervers.

-Ah Malaïka tu as entendu . Tu as un admirateur.

Je sais déjà où elle veut en venir.
Si ça ne tenait qu'à elle depuis l'âge de seize ans je serai déjà dans un foyer, fanée comme une vieille fleur.
Je remercie mon père pour sa fermeté.
Pour lui je dois être libre de mes choix.

-Ah je remercie Allah j'ai eu une belle fille au moins.  Sinon côté intelligence elle ne vaut rien.
Moi-même je suis plus maligne qu'elle.

Au fond de moi je bouillonne et le pire je n'ai pas le droit à la parole.
Mais  pourquoi aime t-elle me rabaisser ainsi?
Ne suis-je pas sa fille ?

-Ah bon ?  De toutes façons une femme ne doit pas être intelligente . Elle doit être soumise et c'est tout .
L'école des blancs là est venu tout mélanger dans nos traditions .

Seigneur tu me destines donc à ce genre d'hommes de la quarantaine?

-Ah Malaïka est une bonne femme. Elle sera soumise à tout homme qui voudra d'elle .

J'ai tellement peur que tout mon avenir se joue face à une calebasse de Dolo.

-Moi je la veux. Si tu veux après-demain même je dépose la dot.
Ce genre de diamants ne se laisse pas à la vue de tous.

Mon Dieu ! Faîtes que..

-Pas de problèmes ! Répond ma mère.

Je manque de vaciller.

En fait qu'est-ce qui t'étonne ?

-Je vais en parler à son père.

-Et moi à mes épouses.
J'en ai deux ,la première à trente-cinq ans et la deuxième vingt-quatre ans.
Nous avons onze enfants. 
Malaïka sera la bienvenue. Façon je la vois ainsi elle doit être très fertile.

Onze enfants et deux épouses ! Je ne peux absolument pas intégrer un enfer comme ça.
J'ai aussi de la valeur moi!

-Ah oui c'est quand même ma fille. Elle te fera même quinze enfants.

Ils se mettent ensuite à rigoler.

-Je suis chanceux hein!

Ne supportant plus ces bêtises je disparais à vive allure de la case mais les échos de leur conversation me parviennent quand même.

-Eh où va t-elle ?

-Ah laissez là! Elle fait sa capricieuse.

Je cours,je cours vers une destination inconnue.
Je veux juste être en paix.


L'histoire que vous lisez

Statistiques du chapitre

Ces histoires vous intéresseront

Un Mariage D' enfer