Chapitre4: Matt

Write by Victoria04

Le souffle coupé,les yeux rougis par les larmes je finis par arrêter ma course près du marigot.
Je m'effondre ensuite sur le sol boueux.

Je me déteste tellement !

Je déteste tellement ma vie !

À bout,je crie ma peine au Seigneur.

-Pourquoi moi mon Dieu ? Pourquoi ?Prend ma vie que ça finisse!

Je me remet à pleurer.

Pourquoi depuis toute petite je souffre ? Pourquoi je n'arrive pas à vivre, à connaître le bonheur comme tous habitants sur cette terre ?
Pourquoi ai-je une mère aussi méchante ? Pourquoi passe t-elle son temps à me dénigrer et me rabaisser?

Elle ne m'aime tellement pas qu'elle est prête à m'offrir au dernier imbécile du monde. 
Si je ne fuis pas je suis sûr qu'elle me donnera en mariage à cet idiot du  cabaret.
Il faut à tout prix que Madou fasse quelque chose pour moi sinon le peu d'avenir que j'ai s'en ira.

À nouveau j'implore le Seigneur.

-Oh Seigneur! Je vous en prie !
Si vous existez vraiment alors aidez moi.

Du revers de la main j'essuie mes larmes.
C'est bon j'ai assez pleuré.

Je me relève du sol boueux et je m'avance vers le marigot. 
Je joue avec l'eau en y plongeant mes doigts. 
La sensation de fraîcheur qui m'envahit par la suite me procure du bien à tel point que j'ai envie de me baigner dans cette eau comme je le faisais lorsque j'étais âgée de dix ans.

Je retire rapidement mon t-shirt et je dénoue mon pagne me retrouvant donc en sous-vêtements prête à plonger dans cette eau.
J'entre un pied puis le deuxième ensuite j'avance jusqu'au milieu me retrouvant donc les hanches sous l'eau. 
À l'aide de mes mains je récupère de l'eau que j' asperge sur mon torse. 
Ça me fait un bien fou.

Satisfaite,je rejoins donc la terre ferme puis je prend mon pagne pour m'essuyer tout en chantonnant un poème que notre maîtresse du CE2 nous faisait réciter.

Ma maman à moi

Elle est brillante comme le soleil

Printanière comme la rosée du matin

Solide comme les arbres de la forêt

Délicate comme un flocon de neige

Douce comme le velours de la pêche

De nous tous, elle..

J'interromps brusquement mon chant.
J'ai entendu le craquèlement de feuilles sous le poids d'un pas.
Instinctivement je couvre ma poitrine avec le pagne.
Je me retourne à la recherche d'une quelconque personne.

-Qui est là?

Aucune réponse.

Inquiète,je récupère rapidement mon t-shirt que j'enfile à la hâte.

-Salut. Dit une voix masculine.

Mon cœur rate un battement.
Je ne prend même pas le temps de regarder en arrière je sais juste que c'est un homme et ça me suffit.

Mon Dieu! Dans ce village de fous !

Eh Malaïka fuis!

Telle une fusée je noue mon pagne autour de ma taille.

-N'ayez pas peur. Redit à nouveau cet homme.

Paniquée je me met à courir mais maladroite comme je suis je trébuche sur une pierre et je me retrouve ensuite  à terre toute couverte de boue.

-Hey je vous avais bien dis de ne pas avoir peur.

J'entends ses pas qui se rapprochent de moi. 
Je tente de me relever mais je glisse à nouveau.

-Mademoiselle vous êtes très têtue.

Il me retourne brusquement pour que je lui fasse face.
Voulant crier de peur je me ravise,trop intimidée par sa beauté.

Mon Dieu je n'ai jamais vu un homme aussi beau !On dirait un dieu.

Un visage parfaitement sculpté avec 
de fins yeux surmonter de touffus sourcils. 
Un nez parfaitement dessiné,des pommettes saillantes et de belles lèvres  invitant au pêché.

Donc la perfection existe vraiment dans ce monde!

-Ça va, vous allez bien ?

Je suis complètement déstabilisée par sa voix rauque.
Elle m'a comme électrochoqué.

-Laissez-moi vous aider.

Il saisit délicatement ma main couverte de boue pour m'aider à me relever.

-Comment vous appelez-vous?

Je reste occupée à admirer sa taille. 
C'est fou comme il est grand,je dirai environ un mètre quatre-vingt-dix en plus il a de larges épaules. 
J'ai presque envie de me réfugier dans ses vigoureux bras.

-Euh votre nom.

Je me ressaisis pour répondre à sa question.

-Mm..Malaïka !

Il étire ses belles lèvres.

-Malaïka c'est magnifique.

J'écarquille les yeux. 
C'est la première fois que l'on complimente mon prénom.

-Merci.

-Qu'est ce que vous faites ici ? C'est dangereux,quelqu'un de mal intentionné aurait pu vous agresser.

Soudainement consciente de mon erreur je décide de rentrer chez moi.

-Euh excusez-moi, je vais m'en aller.

Il empoigne ma main.

-Non ne partez pas.

Je fronce les sourcils, surprise.

-Pourquoi ?

-J'aime bien votre compagnie et en plus j'ai envie de discuter avec vous.

Je suis tellement surprise par sa déclaration que je me met à bégayer.

-Mmmoi? Quu'est- ce que j'ai d'intéressant ?

-Oh au contraire vous êtes la meilleure personne que j'ai rencontré dans ma vie.

《Meilleure personne 》je me le répète plusieurs fois en tête .

Comment ça peut-être possible ?

- On vient juste de se connaître. Pourquoi ?Euh  comment ? Vous ne connaissez rien sur moi à part mon prénom .

À nouveau il étire ses lèvres.

Je crois que je vais fondre comme de la glace.

- Et si on commençait à faire connaissance ? Le voulez-vous ?

Une partie en moi voudrait répondre OUI et l'autre me dit de fuir,fuir très loin même .
Mais j'ai tellement envie de rester avec lui pour me noyer dans ses beaux yeux.

Aïe Malaïka tu es malade.

Oui malade de ce bel inconnu.

On en voit pas si souvent ici et si je profitais pour discuter avec lui.
Après tout c'est pas un crime.

-Excusez-moi vous êtes un inconnu et moi je suis là à parler avec vous .
Que faisiez-vous ici ? Vous ne ressemblez pas à quelqu'un de ce village.

-Oui effectivement je viens de la capitale.

Anh la capitale tout explique son accent,son langage et sa beauté. Ah donc en ville ils sont tous aussi beaux ? Vivement que Madou m'y emmène.

Mais lui que fait-il dans ce village paumé ?
Je m'empresse de lui poser la question.

-Que faîtes-vous ici?

-Je suis en tourisme.

-Tourisme ici ? Y'a rien d'intéressant.

-Ça c'est vous qui le pensez.
J'ai quand même pu vous rencontrer donc ce coin n'est pas si horrible.

Je croise les bras.

-Moi je préfère la ville. Ici c'est ennuyant puis les gens ont des mentalités rétrogrades.

-Hum je viens à peine d'arriver donc je ne vois pas trop de quoi vous parlez.

-Croyez-moi c'est horrible ici.

-C'est pour ça que vous pleuriez?

Je reste figée pendant un moment comprenant qu'il m'espionnait.

-Je vous ai entendu pleurer avant de vous voir plonger dans cette eau.

En plus il a suivi toute la scène. 
Comme j'ai si honte !

-En fait je me baladais juste et je suis venu ici par pur hasard et j'ai vu une belle demoiselle en pleurs. Vous m'avez intrigué.

Mon Dieu!  Il a donc tout entendu.

Eh Malaïka!

-Dites-moi pourquoi pleuriez-vous? Un malheur ?

Je secoue la tête.

-Donc quoi? Vous me paraissiez si triste limite pas loin du suicide.

-Suicide ? Quoi? Non jamais.
Peu importe je supporterai toujours la douleur.

-De quelle douleur parlez-vous? Qui vous a fais du mal?

Je ne peux pas me confier à un inconnu ce n'est pas possible ça. 
Je préfère largement mentir.

-Personne rien d'important .

Sa mine se défait.

-Ok comme vous voulez.

Donc il se soucie vraiment de moi.

Mais pourquoi moi ? Je ne suis pas une fille de ville, belle ,bien maquillée et sophistiquée.

Cette question là il faut que je la lui pose.

-Pourquoi vous vous souciez d'une personne que vous venez à peine de connaître ?

-Je l'ignore mais je ressens des choses que je n'ai jamais ressenti avec autres personnes.

Ressentir des choses ? Quelle est cette expression ? Ah décidément  les gens de la ville.

- Vous me rendez tout bizarre.

-C'est à dire ?

-Je ne sais pas comme si je ressentais des petits papillons dans mon ventre.

J'éclate de rire.

Comme il est si drôle avec ses expressions de citadins.

《Des papillons dans le ventre! 》 Et puis quoi encore?

-Vous trouvez ça drôle ?

Les sourcils froncés il me regarde rire.

-Je ne vois pas trop le sens de cette hilarité mais bon.

Voyant son air triste je tente de lui expliquer mon acte.

-Non non! Juste que vos expressions sont assez rigolotes.

-Ah d'accord. 
Donc vous aimez rire? Ne vous inquiétez pas je passerai mon temps à vous faire rire! 
Moi Matt je vous le promet !

Je reste bloquer sur le《Matt》avant de poser la question...

-Matt c'est votre prénom?

-Oui bon c'est un surnom en réalité je me nomme Matthieu mais je préfère Matt.

"Matthieu " ça sonne très français mais je préfère Matt ça fait plus joli.

-On peut se tutoyer?

-Oui bien sûr.

-Ok! Dis-moi tu n'as pas d'autres coins à me faire visiter ici dans ton si beau village.
Je suis fatiguée de ce marigot et ses moustiques !

Je le regarde chasser les moustiques du revers de la main.

Le pauvre,nous les villageois nous sommes déjà habitués.
Ah ces gens de la ville ! Ils sont tellement privilégiés !

Ne supportant plus ce spectacle je me relève et je saisis involontairement sa main.
Ce geste ne manque pas de le choquer.

C'était à vrai dire assez étrange.Moi attraper la main d'un inconnu?Oh lala..

Je suis brusquement ramenée à la réalité par la voix du beau Matt.

-Merci de m'avoir sauvé d'une invasion de moustiques.

Il termine sa phrase en m'adressant un clin d'oeil.

Discrètement je secoue légèrement la tête.
Tout ça pour des petits moustiques de rien du tout!

- Euh où m'emmènes tu?

-Je ne sais pas..voyons voir..

Je me demande bien où puis-je amener un jeune citadin en quête de tourisme dans un village pauvre et reculé?

Malheureusement il n'y'a pas de site touristique ici.

Bon peut-être au plus grand maquis du village.
Il pourra y voir l'ambiance des bars de chez nous.

Finalement sûre de mon choix je lui exprime mon idée.

-Je crois dans un maquis.

Il secoue la tête.

-Non je préfère un endroit calme où nous pourrons discuter.

-Je n'en connais pas désolé.
Le marigot est le seul endroit.

-Bon voulez-vous me raccompagner à mon lieu de résidence ?

-Euh pourquoi faire ?

-C'est un lieu un peu éloigné mais assez calme et idéal pour discussion.

Au fond de moi il y'a cette voix qui me déconseille de le suivre mais mon Dieu j'ai tant envie de passer plus de temps avec lui.
Comme il est si beau!

Oh non Malaika tu es si têtue !

Mais c'est la première fois que je rencontre un homme aussi beau,civilisé,charmant et intellectuel.

Je veux passer mon temps à me perdre dans ses si beaux yeux.

-Bon allons juste nous balader! Dit il finalement.

Je pousse un ouf de soulagement.


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