Chapitre 31
Write by Djelay
- Je crains que vous n’ayez guère le choix. C’est soit ça (Luc m’intime de me taire)… Soit rien du tout.
Comme si j’allais l’écouter. Un silence s’abattit dans le bureau. Tous, attendons la décision de tonnerre. Le cœur battant, je prie pour qu’il accepte. C’est ma seule chance, il faut que je la saisisse coûte que coûte. Les quelques secondes de silence semblent durer une éternité pour moi. Affichant un air serein comme toujours, j’observe Luc qui a l’air de retenir sa respiration. Il s’agit quand même de dix millions de franc CFA. Peut-être plus pour lui.
- - C’est d’accord, vous m’informerai du jour et de l’heure exacte.
- - Bien évidemment Tonnerre. Répond Luc soulagé.
- Je ne te parlais pas à toi Luc mais au caméléon. Pour cette mission je souhaiterais être directement en relation avec lui alors envoie moi son contact et passe lui le mien. Sur ce je vous dis au revoir… Caméléon ?
- Oui monsieur !
- Je vous aime bien ! Luc n’a pas tort de vous désigner comme son successeur.
Donc il le sait déjà.
- Merci monsieur. Vous m’honorez !
Luc se détendit peu après que Tonnerre est raccroché, Djédjé également.
- Caméléon, tu es incroyable ! Lance Djédjé admiratif en tendant son verre dans ma direction. A ta santé mon pote !
Je me contente de hocher la tête. Je termine mon verre avant de prendre congé me félicitant pour cette performance digne d’un vrai acteur. Les choses sérieuses peuvent à présent commencer. De retour la maison, je trouve Lili assise sur notre lit. Je la connais que trop bien pour savoir qu’il y a quelque chose qui la tracasse.
- Bonsoir P’tite poupée.
Je prends place près d’elle puis l’embrasse à pleine bouche. Lorsque mes mains s’aventurent sous son chemisier, elle m’arrête net. Elle sait pourtant que je déteste cela. Sans doute remarque-t-elle ma contrariété car elle s’empresse de me présenter des excuses. Ses excuses je m’en contrebalance, ce que je veux savoir c’est pourquoi se refuse-t-elle à moi ?
- J’ai quelque chose à te dire avant qu’on ne continue Mike.
Je sens que je ne vais pas aimer alors je préfère l’arrêter.
- Ma réponse est NON.
Elle ouvre grandement les yeux puis me regarde d’un air méchant.
- Tu ne sais même pas ce que je veux te dire.
- Ou me demander…
Je peux lire la surprise sur son visage.
- Je te connais plus que je ne me connais moi Lili alors peu importe ce que tu veux me demander ma réponse est non puisque demain tu pars pour l’Angleterre.
- Quoi ? S’écrie-t-elle abasourdie. Comment ça je pars pour l’Angleterre demain ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
- Tu veux peut-être que je te fasse un dessin ?
Je m’estomaque lorsqu’elle se lève subitement et me pousse violemment. Je finis allongé sur le dos. J’aurais dû me mettre en colère et la punir de sorte que la simple idée de recommencer ne lui traverse plus jamais l’esprit. Mais au lieu de ça, je suis pris d’un fou rire.
- En plus ça te fait marrer ? S’emporte-t-elle. Tu reviens je ne sais d’où et comme si tu en avais le droit, tu décides que je dois m’en aller pour je ne sais où ! Qu’est-ce que tu crois ? Que je suis ta chose ? Je n’irai nulle part tu m’entends ? Mets-toi ça dans le crane !
Là, c’en est trop. Ma crise d’hilarité s’estompe comme par magie. Je me lève d’un bond, la saisis par l’avant-bras et l’entraîne jusque devant le miroir.
- Arrête ! Tu me fais mal ! Se plaint-elle
- Regarde ! Lui intimé-je en l’obligeant à regarder dans la glace. Tu vois cette fille là ? Eh bien oui, elle m’appartient et donc j’ordonne et elle obéit. Si je décide qu’elle part en Angleterre, alors elle part sans rouspéter. C’est pigé ?
J’ignore les larmes qui ruissellent sur ses joues rendant triste son si joli visage. Je n’aime pas la traiter de cette façon mais il le faut. Je jure que c’est la dernière fois que le fais. Quand toute cette histoire sera terminée, je trouverai le moyen de me faire pardonner.
- J’ai demandé si c’était pigé ?
Le haussement de mon ton la fait tressaillir. D’une voix tremblotante, elle me répond oui. Je la lâche alors et sors de la chambre. J’espère que tu me pardonneras mon ange. Dis-je tout bas en longeant le couloir. Après deux heures passées au téléphone avec Hamed, je sors de mon bureau les oreilles en feu. Tous les détails du plan ont été revus, il ne reste plus qu’à attendre et prier pour que je m’en sorte vivant. Au cas où ce ne serait pas le cas, j’ai déjà pris toutes les mesures afin de nommer Lili, seule bénéficiaire de toute ma fortune. Mes parents ont suffisamment de quoi vivre pour le restant de leur vie, alors je ne m’inquiète pas pour eux. Lili doit s’être calmée à l’heure qu’il est. Je remonte donc dans la chambre avec pour but de m’excuser et de lui exposer la situation. J’y ai bien réfléchi et je crois qu’il faut qu’elle soit mise au courant à présent. Il est fort probable que je m’en sorte pas vivant. De ce fait, ce serait juste et sage de lui dire la vérité en ce qui me concerne, du moins une partie de la vérité. Comme si je m’y attendais, Lili est couchée dans le lit en chien de fusil. Ses pleures ont cessé, tant mieux. Je déteste la voir pleurer. Je me rends compte que j’ai agi comme un connard. J’aurais dû l’écouter.
- P’tite poupée…
Je m’approche d’elle et l’enlace par la taille. Sa crispation me brûle le cœur mais je l’ai bien cherché. Cependant, je ne compte pas en rester là.
- Je suis désolé. Finis-je par dire !
C’est fou comme l’homme peut changer. Il y a quelques mois à peine je ne connaissais pas l’existence du mot ‘’désolé’’. Me voilà aujourd’hui en train de le dire naturellement comme si ç’a toujours fait partie de mon vocabulaire.
- Je sais que je n’aurais pas dû m’emporter. C’est juste que je suis très stressé en ce moment et aussi j’ai peur qu’il t’arrive quelque chose.
A ces mots, Lili se retourne brusquement et nous nous retrouvons face contre face. Son souffle chatouille mon visage et sa bouche si près du mien me donne envie de l’embrasser à n’en point finir.
- Comment ça tu as peur qu’il m’arrive quelque chose ? Que se passe-t-il ? Et de grâce ne me dit pas rien, s’il te plait.
- Non Lili, tu es en droit de savoir ce qui se passe. Je ne me défilerai pas cette fois-ci.
- Mike… Murmure-t-elle douloureusement. Tu me fais peur.
- N’aies pas peur mon ange…(Je pose un baiser sur ses lèvres)… Je te protégerai.
- J’ai peur pour toi pas pour moi.
C’est ma Lili ! Toujours à se préoccuper des autres en premier.
- Tu as sans doute remarqué ou du moins deviné que je traîne dans des affaires pas très nettes. N’est-ce pas ?
Elle hoche la tête. Je peux voir la peur dans ses yeux. Lili n’est pas stupide. Elle a déjà compris que ma vie était en danger.
- Je fais partie d’une organisation de trafic de drogue depuis huit ans déjà. Ne me demande pas comment cela est arrivée car c’est une tout autre et longue histoire. Si Je suis encore en vie dans huit jours, je te la raconterai.
Ses larmes que mes mains essuient machinalement sont plus significatives que des mots. Je m’attendais à ce qu’elle se mette à paniquer, à crier, à me demander de ne pas faire ce que je m’apprête à faire mais non. Elle pleure juste en m’écoutant. Au fond d’elle, elle sait qu’il faut que je le fasse.
- J’ai été découvert par la brigade des stupéfiants. Comment ? ça aussi je te le dirai dans huit jours. Je crois que tu as déjà compris n’est-ce pas ?
- Ils te demandent de leur livrer tes complices. Dit-elle d’une voix à peine audible
En plus d’être belle, Lili est très intelligente. Des fois je me demande si un homme tel que moi mérite une femme comme elle. Elle a toutes les qualités que puisse espérer une femme.
- Oui et j’ai accepté parce que…
- Tu n’as jamais aimé faire partie de cette organisation. Je l’ai compris tu sais.
Etant agréablement surpris par tant de perspicacité, je reste sans voix. Me connaîtrait-elle si bien ? L’idée me remplit de joie.
- Oui. Avoué-je sans la moindre honte. Tu comprends pourquoi je veux que tu ailles en Angleterre ? J’ai besoin de te savoir en sécurité.
Je l’embrasse à nouveau désirant sentir la douceur de ses lèvres. Je voudrais pouvoir garder cette agréable sensation lorsqu’elle sera loin de moi.
- Je comprends... Dit-elle lorsque je mets fin au baiser.
Je suis alors soulagé qu’elle soit si compréhensive
- … Mais je n’irai pas en Angleterre. Encore moins maintenant que je suis au courant du danger que tu cours. As-tu idée de l’angoisse que je ressentirais ? Sans compter la peur de te perdre ?
- Lili…
- Je reste Mike. Avec moi ici, tu feras en sorte de revenir vivant et d’assurer ma sécurité. Tu n’auras pas d’autres choix.
- S’il te plait mon ange ne fais…
- J’ai pris ma décision Mike. Si tu m’y emmènes de force, je ferai connaître à tes complices par tous les moyens l’endroit où je me trouve et ils viendront me chercher.
- Lili…
- Je te jure que je le ferai ! Dit-elle fermement.
Je reste là à observer ma petite poupée. Aucune autre femme ne serait prête à faire cela par amour. A risquer sa propre vie. Emu jusque dans l’âme, je la prends dans mes bras et l’enlace de toutes mes forces.
Je ne n’arrive toujours pas à croire que j’ai accepté que Lili organise ce fichu bal. Son insistance et sa détermination ont fini par me faire céder. Cependant il y a une condition : Elle devra dorénavant être accompagnée par deux gardes du corps et elle n’assistera pas au bal parce qu’il aura lieu le même jour que l’opération. Ce qu’elle accepta sans protester. Six jours ont déjà passé durant lesquels je n’ai vu Lili que rarement. Elle partait très tôt le matin et ne rentrait que tard le soir. Six jours que nous n’avons eu aucun rapport sexuel, Six jours que j’appréhende la journée de demain. Il est déjà dix-neuf heures à ma montre. Pourquoi ai-je l’impression que quelque chose se trame dans mon dos ? Serait-ce mes idées qui me jouent un mauvais tour ? Oui c’est sans doute cela. Epuisé par cette dernière réunion avec Luc et Djédjé, je me décide enfin à rentrer.
- Tu pars déjà ? Me demande Luc.
- Oui, il faut que je sois en forme pour demain.
- Bien fiston. Je te remercie pour tout ce que tu apporté à l’organisation. Et je suis certain que tu feras un chef meilleur que moi. Tu me rends fier.
Pourquoi ces paroles me touchent-elles ? Il faut vite que je dégage d’ici.
- Passez une excellente nuit. Je vous dis à demain ! Dis-je.
- Et vive nos dix millions. Ajoute Djédjé.
Je souris malgré moi avant de prendre congé. Pour une fois depuis près d’une semaine je trouve Lili à la maison. A chaque fois c’est pour moi un soulagement de la voir rentrer. Je me dépêche de la rejoindre dans le canapé du salon pour retrouver sa chaleur.
- Tu m’as énormément manqué p’tite poupée.
Lili,
Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, chaque fois que je vois Mike. Je ne peux m’empêcher de m’inquiéter lorsqu’il sort et les questions se bousculent dans ma tête. Va-t-il bien ? A-t-il été démasqué ? Va-t-il me revenir en vie ? Je ressens comme une boule au niveau de mes poumons qui m’empêche de respirer normalement. Demain est le grand jour. Je ne cesse de prier pour qu’il s’en sorte vivant, je mourrais sinon.
- Tu m’as manqué aussi mon amour.
Mike m’embrasse tendrement puis pose la tête sur mes jambes. C’est la première qu’il fait ça. Comme s’il recherchait du réconfort. Oh le pauvre ! Il a dû tellement souffrir. Se retrouver dans un tel monde étant si jeune. Pourquoi ses parents ne l’ont-ils pas aidé ? Pourquoi l’avoir abandonné à son sort ? Je ne sais pas ce qui s’est passé mais je leur en veux. Même s’ils n’y sont pour rien, ils auraient dû se douter que quelque chose n’allait pas avec leur fils. Les parents ne sont-ils pas censés sentir ces choses-là ? Je suis morte de peur à l’idée de le perdre. Mon angoisse ne cesse de grandir. Raison pour laquelle j’ai décidé d’assister au bal de demain. Je trouverai le moyen d’y aller sans que mes gardes ne s’en aperçoivent. Rester à la maison à attendre sachant que Mike court un grand danger me rendrait folle.
- Tout va bien se passer. Murmuré-je en caressant ses cheveux.
Je sentis aussitôt son corps se détendre. J’avais raison, il avait juste besoin d’être réconforté. Et ce soir je ferai plus que le réconforter. La servante est en congé. Kevin est dehors avec les autres hommes à monter la garde. Il n’y a donc que nous dans la maison. Je réussis à me lever malgré sa protestation. Couché dans le canapé, il ne s’attendait surement pas à me voir retirer mes vêtements. Ses yeux s’arrondissent de surprise. A ce sentiment qui n’est désormais plus nouveau pour lui se mêle le désir.
- Tu es consciente que nous sommes dans le salon et que Kevin pourrait entrer et nous surprendre.
- Prions donc pour ne pas qu’il entre maintenant. Dis-je en lançant sur lui le dernier vêtement qu’il me restait, c’est-à- dire ma petite culote.
Cette situation nous excite tous les deux ; Le risque d’être découvert. Doucement je m’approche de lui qui s’est déjà mis en position assise.
- Non reste où tu es. M’ordonne-t-il avant de commencer lui aussi à enlever ses habits.
- Maintenant, caresse-toi.
Je ne suis point choquée de l’entendre me demander cela bien qu’il s’agisse de ma première fois. En fait, Je m’attends toujours à tout avec lui. C’est mon fou à moi seule. Je veux que cette soirée reste gravée dans nos mémoires alors j’obéis. Lentement j’applique de délicieuses caresses sur mes seins. Pendant ce temps lui fait monter et descendre sa main le long de son sexe. Lorsque mes mains arrivent à mon entrejambe je le vois accélérer son mouvement.
- Viens maintenant. Grogne-t-il.
Je le rejoins sans perdre une minute de plus
et m’empale sur lui. Nos mouvements sont bestiaux, sauvages, impatients et
rapides. J’ai comme le pressentiment que Mike me dit Adieu et ça je ne l’accepte
pas. Je nous oblige donc à changer de rythme. Je le chevauche beaucoup plus
lentement, lui en bon amant s’adapte et ensemble nous atteignons le sommet de l’orgasme.
Mike me porte jusque dans notre chambre. Nous prenons une douche avant de
redescendre dîner. Tout se déroule dans le silence ce qui me brise le cœur.
Pourquoi ne dit-il rien ? Pourquoi mettre ce mur entre nous alors que nous
devrions être plus unis que jamais ? De retour dans notre chambre, je le
rejoins dans le lit après m’être brossée les dents. Il m’enlace et me dit de ne
pas m’inquiéter, que tout ira bien. Je m’endors donc sur ces paroles
apaisantes.
Fin du trente et unième chapitre. Bizbi.