Chapitre 32: Les lois Jones

Write by Lalie308

— Qu'est-ce que c'est que ça et surtout comment elle arrive à faire ça ? demanda avec stupéfaction Brad en fixant tout comme ses compagnons l'hologramme sur la table.

Ils étaient tous debout au tour du long comptoir installé dans le coin-cuisine, fixant l'espèce de bête représentée sur la table : il ressemblait à un être humain, mais ses veines étaient exagérément ressorties, son corps beaucoup trop musclé et ses yeux injectés de sang étaient mis en relief par son teint rougeâtre.

— La particularité de Fiona en tant que nelcalienne est de pouvoir jouer avec les esprits, elle peut révéler ou faire croire des choses, mais aussi ça la rend apte à révéler de manière plus physique ce qu'elle possède dans son esprit, expliqua Nerdy en guise de réponse à la deuxième question du roux.

Fiona qui fixait silencieusement l'hologramme décida de prendre la parole :

— C'est l'œuvre de Peter. Puisqu'il avait réussi à manipuler l'esprit des humains, il a pu atteindre ce stade en les transformant en bêtes assoiffées de sang. Il a réadapté mes pouvoirs.

Elle insista sur le « mes », un éclair de colère traversant ses yeux noirs qui n'avaient pas retrouvé la couleur verte spécifique aux yeux des nelcaliens.

— Les enfants aussi ? Et qu'en est-il des nelcaliens ? demanda Luz en analysant visuellement l'hologramme.

— Les enfants possèdent une âme trop innocente pour subir cette transformation, de plus, Peter se nourrit d'une partie de leur énergie. Etant donné qu'ils sont jeunes, ils possèdent une vivacité qui peut être utile, autant les enfants nelcaliens que ceux humains. Les nelcaliens n'ont jamais aimé ou obéi à Peter, donc il ne peut pas se servir d'eux sauf pour se nourrir de leur énergie. Pour qu'il ait le contrôle sur quelqu'un, il faut une certaine faille dans l'esprit, que la personne le veuille même si c'est involontaire. Les nelcaliens et les humains restants ont été enfermés, le temps qu'il trouve une solution pour les asservir, termina Fiona.

— Ces nouveaux soldats n'ont rien à voir avec les humains, ils sont possédés et ne peuvent pas venir à la raison à moins que Peter Jones ne perde toute sa suprématie, la seule solution serait de les tuer, déclara amèrement Célesta.

— Si l'on met la main sur Peter Jones, tout cessera, affirma Luz comme si elle venait d'avoir la révélation.

— Le plan sera donc de retrouver Peter. On va devoir braver les obstacles pour l'atteindre. Alors, je propose que nous fassions de petits groupes. Fiona et Luz doivent être celles qui iront principalement à la recherche de Peter alors que nous nous chargerons de ralentir les soldats. Cody, Nerdy, Brad et Lohita se chargeront d'une partie ; Célesta, Hongust et moi d'une autre. Mais n'oublions pas que l'objectif principal est Peter. Il faudra se déplacer le plus vite possible, ne pas perdre le temps sur les soldats et viser Peter. Dès qu'un groupe tombera sur lui, il devra avertir les deux autres, heureusement que Nerdy, Célesta, Fiona et Luz peuvent communiquer mentalement, se prononça Paul Jones.

— Paolo prévoit de ramener toutes les deux races dans le village où ses pouvoirs sont décuplés. Il conduit les derniers humains restant dans la cité au village dans une semaine, nous devons nous infiltrer. Nous ne pourrons pas nous téléporter parce qu'il faut économiser de l'énergie d'après nunuche Célesta, déclara Fiona avec un énorme gout de regret.

Sachant que Fiona avait préféré téléporter tout le groupe au village directement, Célesta avait tenté de l'en dissuader puisqu'ils avaient besoin d'être au maximum de leur forme. Paul Jones se détacha ensuite du groupe, accompagné de Cody et ils revinrent quelques minutes après avec quatre énormes mallettes. Fiona avait finalement fait disparaître l'hologramme et s'était adossée contre un mur, les bras croisés sur sa poitrine. Les deux hommes déposèrent les mallettes sur la table puis elles s'ouvrirent instantanément. Trois petites étagères pleines d'armes se dressèrent.

— Voici mes petits bébés qui vont servir d'armes à Brad, Cody, Hongust et moi étant donné que nous n'avons pas de pouvoir. Placez chacun vos mains sur une mallette, indiqua Paul Jones.

Ils s'exécutèrent, les mallettes se rétrécirent et se transformèrent en une sorte de bracelet électronique entourant leur poignet. Paul Jones appuya dessus et un tableau virtuel affichant toutes les armes contenues dans sa mallette s'affichait devant lui, il fit défiler puis posa son index sur une des images, l'arme apparut directement dans sa main. Il sourit fièrement avant de prendre la parole :

— Je suppose que vous avez compris.

Ils hochèrent la tête en signe d'approbation. Ils savaient tous les quatre comment manier des armes étant donné qu'ils ont tous reçu une formation militaire avancée.

— La ligue des combattants dans la place, s'extasia Brad en faisant un clin d'œil à Lohita qui sourit doucement.

— Pas de surnom stupide le roux, rabâcha Fiona en le toisant.

— Aucun humour, on dirait Nerdy en version féminine, se plaignit Brad en roulant des yeux.

— Sauf que Nerdy n'a pas ma prestance et ma beauté, corrigea Fiona en souriant fièrement au nelcalien qui la regardait de travers.

— Donc ce sera le jour décisif, soit on gagne, soit on perd tout, ajouta Hongust déterminé.

— Moi je ne perds pas, je suis une gagnante donc calme toi papi, rétorqua Fiona alors que tous éclatèrent de rire.

*

Cody et Luz étaient allongés dans le lit d'une des cabines insonorisées de la cabane, des couvertures recouvrant leurs corps nus qui la veille s'étaient de nouveau rencontrés. Ils venaient de se réveiller, aucun d'eux ne parlait, se contentant d'observer le plafond. Luz avait sa main sur le ventre de Cody qui y dessinait de petits cercles avec son index. La veille, ils avaient décidé de passer un dernier moment ensemble, un moment précédant la grande tempête, peut-être pour se donner de la force ou simplement se dire au revoir si le plan n'aboutissait pas.

— J'ai tellement hâte d'en finir avec ce porc, affirma Luz en se passant la langue sur ses lèvres sèches.

Elle avait senti le corps de Cody se raidir, ce dernier ne prononçant aucun mot.

— Tu n'es pas impatient que tout cela se termine ? demanda-t-elle en se couchant sur le ventre pour regarder Cody qui n'osait pas affronter son regard.

— Oui, évidemment que je rêve d'enfin un peu de calme, mais...

Luz plissa les yeux et l'incita à continuer.

— Je ne suis pas sûr de vouloir de cette bataille, avoua-t-il dans un souffle.

Il se redressa, s'adossa au mur derrière lui, son torse nu taillé à la perfection se révélant à la vue intriguée de Luz. Cette dernière se redressa aussi, se couvrant de la couverture et lui fit face.

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ? l'interrogea-t-elle, la méfiance logée dans le regard.

— Je viens juste de retrouver mon père et j'aurais préféré avoir plus de temps avec lui parce que nous ne savons rien de ce qui va se passer une fois sur le terrain. J'ai ce mauvais pressentiment, Luz et je ne veux plus perdre quelqu'un, la mort m'effraie à un point que tu n'imagines pas. J'ai perdu ma mère avant même d'avoir eu l'âge de reconnaître ses beaux sourires que je n'ai eu le droit de voir qu'en photo, j'ai vécu toute ma vie avec un tordu alors que mon père se trouvait à quelques kilomètres et je ne suis pas sûr de vouloir risquer de perdre le peu qui me reste, confessa-t-il.

Luz le considéra un moment avant de soupirer.

— Quoi ? Et tu préfères rester ici à te tourner les pouces alors que tout va de mal en pire ?

Le ton de sa voix s'était élevé parce qu'elle ne croyait pas ce qu'elle entendait.

— Non, non. Je veux bien que tout s'arrange, mais je me suis battu toute ma vie pour sauver les autres, mais personne n'a jamais été là pour sauver ma mère, pour me sauver des griffes de Peter alors je pense que chacun son destin. Il est beaucoup plus fort que ce que vous pensez et je ne sais pas si même si toutes les races se liguaient contre lui, elles pourraient le vaincre. Si vous voulez vous tuer, c'est votre choix, pas le mien.

Luz cligna plusieurs fois des yeux et secoua sa tête.

— Ils méritent tous qu'on se batte pour eux, nous n'avons pas besoin de connaître l'avenir pour prendre des risques. Moi je ne peux pas me la couler douce à sachant que deux races, deux peuples entiers se feront asservir, grogna Luz d'une voix sévère.

La peur rongeait le cœur de Cody, la peur de la mort, la peur de l'échec parce qu'il tenait beaucoup trop à chaque membre de ce groupe pour voir leurs corps gisants dans du sang ou encore que ce soit lui, le mort. Il ne répliqua rien, se contentant de fixer un point invisible devant lui.

— Je ne savais pas que tu étais si lâche, cracha Luz en se levant maladroitement.

Elle se changea à la va-vite et sortit de la cabine. Il ne bougea pas pour la retenir parce qu'il ne pouvait pas lui dire ce qu'elle voulait entendre. Il avait toujours eu le contrôle de la situation, de ses émotions, mais c'était comme si toute la peur et la crainte qu'il avait accumulées refaisaient surface et voulait l'empêcher d'évoluer. Il avait beau se répéter que Luz aussi avait énormément souffert, mais que pourtant, elle se battait mais rien ne changea, rien ne calmait le tourbillon de peur qui lui broyait les intestins. « Après tout, tu es comme ta mère, fragile et inutile ». « Tu n'es qu'un moins que rien ». Les paroles de Peter Jones le giflaient en pleine face. Comment ne pouvait-il pas être lâche si toute sa vie on lui avait chanté qu'il ne valait rien et qu'il était inutile ? À quoi servait-il si après tout ? À rien, son existence ne rimait à rien. Il plaça sa tête dans ses mains, se remémorant incessamment ses souvenirs douloureux. Le problème avec les mauvais souvenirs, c'est qu'en se rappelant d'un seul, tous les autres se déchaînaient sur vous, tels des monstres en quête de destruction.

— Cody, tu sais ce qui ne va pas avec Luz ? Elle a l'air sacrément remontée, déclara Paul qui se trouvait au seuil de la cabine.

Il s'y invita et s'installa près de son fils.

— C'est parce que je suis un lâche, un moins que rien, s'apitoya-t-il en relevant la tête, ses yeux injectés de sang plongeant dans ceux inquiets de son père.

Son père le considéra pendant un long moment puis un petit sourire se glissa sur ses lèvres.

— Un lâche n'aurait pas autant donné pour défendre les humains, un lâche ne se serait jamais autant battu pour une fille, un lâche n'aurait jamais conquis le cœur d'une déesse, déclara Paul en le regardant fièrement, tu fais juste l'erreur de regarder les côtés sombres de ta vie alors que la lumière te fait de l'œil depuis que le monde est monde.

Cody fronça les sourcils, il se rappelait de toutes les fois où il s'était opposé aux délires de Peter Jones, des fois où il s'était battu pour Luz, des fois où il avait pu lire de la reconnaissance dans les yeux de ceux qu'ils aidaient. Il se demanda, « Qu'ai-je obtenu après tout ça ? » Mais en même temps, à chacune de ces fois, il s'était senti si utile, si courageux. Ce n'était pas en se concentrant sur les épines de la rose, qu'il allait en voir la beauté. Il souffla et sourit faiblement à son père.

— Je suis sûr que c'est Pierre qui t'a fait croire le contraire de qui tu es. Moi je ne te connais en vrai que depuis quelques jours, une semaine et quelques miettes précisément, mais j'ai déjà cerné l'être extraordinaire que tu es, termina Paul.

Cody se sentit bête que les paroles de l'homme mauvais qu'était Peter Jones l'affectaient autant, il se pinça les arrêtes du nez et secoua sa tête avant de reporter son attention sur Paul Jones.

— Tu as raison, je vous rejoins dans quelques minutes.

Paul Jones lui donna une légère tape sur l'épaule avant de se lever.

— Ça c'est mon fils, affirma-t-il avant de sortir.

*

— Vous êtes prêts ? demanda Paul Jones.

Ils hochèrent la tête. Luz avait un air sombre sur le visage, la colère face au comportement de Cody lui rongeant les organes.

— Je suis prêt, déclara ce dernier en pénétrant dans la pièce.

Luz lui lança un regard soulagé alors qu'il lui sourit timidement. Le poids colérique qui pesait sur le cœur de Luz s'évapora.

— On va se téléporter près d'un des points où passera le groupe, heureusement que nunuche Célesta a retrouvé la raison et a accepté tout au moins cela, déclara Fiona avec un ton sarcastique.

— Attendez.

Ils pointèrent tous leurs regards sur celle qui semblait auparavant atteinte de mutisme.

— Je voudrais placer une petite protection sur nous, un truc que ma mère m'a appris, déclara Lohita.

— Lettera(D'accord), répondit Célesta.

Lohita les invita à former un cercle et à se tenir par la main.

— Luna, prutegge u vostru pòpulu, vi salvi i vostri paesi( Lune, protège ton peuple, nous allons sauver ton peuple).

Après avoir prononcé ces paroles, elle prononça quelques paroles indescriptibles et une aura lumineuse entoura le groupe puis se dissipa quelques secondes après. Ils sortirent de la cabane. Une fois à l'extérieur, Fiona la rendit de nouveau invisible. Ils formèrent de nouveau un cercle alors que les trois déesses les faisaient disparaître. Ils allaient défier les lois de Pierre Jones.








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Lalie


La planète aux yeux...