Chapitre 33

Write by EdnaYamba

Chapitre 33 :


Grace Jeannie MOUKAMA 

Après la scène de la cuisine, j’étais allée m’enfermer dans ma chambre, apeurée.

S’il approchait, je crierai.

Je crierai tellement fort que les voisins viendront.

Il n’était pas revenu non plus.

Tantine Mireille venait d’arriver et je me sentais à présent en sécurité.

- Grace, viens ! mais pourquoi tu t’enfermes comme ça ?

- Pour rien, tantine Mireille. 

- Comment ça pour rien, intervint tonton Dean. Il faut même lui retirer cette clé ! ces derniers temps-ci, elle est tellement ailleurs qu’on n’est jamais trop prudent.

- Tu as même raison, approuva tantine Mireille en retirant la clé de la serrure.

Elle va se changer et mettre l’enfant sur lit.

Je retourne m’allonger peu sereine, même si à l’idée de savoir tantine Mireille dans la maison, je doute que tonton Dean puisse tenter quelque chose.

« Promets-moi s’il te plait que tu vas faire attention, je me sens impuissant et tellement loin.» m’écrit Jonathan.

Le cœur angoissé, j’éteins ma lampe de chevet et cherche  le sommeil.

Au milieu de la nuit, je suis réveillée par la présence de mon oncle au-dessus de moi.

J’ai à peine le temps de comprendre ce qui se passe qu’une main s’abat sur ma bouche m’empêchant de crier.

«  Chut ! »

J’essaie de me débattre comme je peux. Étouffée, je tapote des pieds sur le lit alors que de sa main libre, il s’en va fouiller dans mon intimité.

Les larmes coulent de mon visage.

Je suis vierge et il n’est pas question que ma première fois se passe ainsi.

J’essaie à nouveau de me débattre en lui mordant. Il grimace de douleur mais maintient sa main.

Avec ma main, je cherche tout ce que je peux pour me défendre quand enfin je prends la lampe de chevet que j’abats sur sa tête.

Il pousse un long cri de couleur, la main sur sa tête ensanglantée alors que je quitte du lit et m’enfuit de la chambre.

Le bruit que je fais en courant à l’aveugle réveille tantine Mireille qui bientôt apparait en peignoir.

- Qu’est-ce qui se passe ? 

Haletante, je lui réponds :

- C’e…st…ton…ton….Dean. il a …il a ….

Les mots se refusent à sortir de ma bouche.

Elle regarde alors en direction de ma chambre où tonton Dean gémit de douleur.


Mireille MOUKAMA 


Alertée par les bruits, j’enfile le peignoir et je sors de la chambre.

Je vois Grace debout toute haletante et tremblante.

Je ferme le peignoir et m’approche d’elle.

- Qu’est-ce qui se passe ?

- C’est…c’est…tonton Dean, bégaye-t-elle

- Quoi tonton Dean ? demandé-je alors que je vois la  porte de sa chambre entre ouverte et que j’entends les gémissements de douleur de Dean.

Elle n’a pas le temps de me répondre que je me précipite dans sa chambre où je trouve Dean la tête ensanglantée.

- Oh Mon Dieu ! 

J’accoure ramassant au passage une serviette trainante pour la poser sur sa tête que je tiens.

- Cette idiote est devenue folle ! enrage-t-il 

- Qu’est-ce qui s’est passé ? demandé-je en remarquant qu’il se tient en caleçon. Et puis pourquoi tu es en caleçon dans sa chambre ?

- Je n’aime pas ça Mireille ! s’énerve-t-il, tu veux m’accuser de quoi ? je l’ai entendu crier dans son sommeil, elle devait faire un cauchemar alors j’ai accouru pour regarder ce qui se passait

Il dégage énervé ma main qui retient la serviette sur la blessure.

- Si c’est pour commencer à croire que je veux violer ta nièce, ça commence à bien faire ! 

Il se lève toujours fâché et sort de la chambre.

Alors qu’interdite, je reste là ne sachant quoi penser.

Je l’entends claquer la porte de la chambre ce qui ne manque pas de réveiller la petite qui dormait.

- Grace ! l’appelé-je.

Bientôt elle apparait.

- Viens dormir ! lui dis-je

Elle s’avance apeurée.

Je n’ose pas croire qu’il se soit vraiment passé autre chose que ce que Dean a dit. Elle est tellement traumatisée par la perte de ses parents que ça peut être une réaction psychologique.

Dean avait toujours aimé les jeunes femmes. D’ailleurs j’étais moi-même jeune quand on s’est rencontré. Mais il ne serait quand même pas allé jusque-là. Il s’agit de ma nièce.

Elle s’assoit.

- Tonton Dean n’a pas voulu te faire du mal, tu le sais n’est-ce pas ? il venait juste s’assurer que tout va bien.

Je n’obtiens aucune réponse d’elle.

Je vais dans la chambre récupérer la clé que je viens lui remettre.

- Tiens voilà, la clé.

Je retourne m’allonger.

- La prochaine fois si tu l’entends crier , il est préférable que tu me réveilles moi ! 

- Je n’aime pas tes allusions Mireille ! je n’aime pas et si tu me prends pour un violeur d’une enfant que j’ai vu grandir, il vaut mieux que tu la ramènes chez un de tes frères. Je n’en veux plus chez nous !

- Ah Dean toi aussi, tu crois que qui mieux que moi la sœur de sa mère pourrait en prendre soin. Les femmes de mes frères ne….

- Je ne veux rien entendre. Ça ou notre mariage ! 

Pour qu’on attribue encore cet échec à la malédiction des MOUKAMA ? Il n’en était pas question. Je n’allais pas mettre en péril autant d’années de mariage pour une histoire abracadabrante.

J’avais toujours tout fait pour ne jamais me retrouver dans la même situation que les femmes de ma famille.

Demain j’irai déposer Grace chez Richard. C’est mieux pour elle. C’est mieux pour mon foyer.




Grace Jeannie MOUKAMA BOUMI

 Tantine Mireille venait de s’en aller après m’avoir déposée chez tonton Richard où les regards pleins de reproches qu’on me lançait en disaient long. Je n’aurais pas dû accuser tonton Dean ainsi.

La femme de mon oncle avait même ajouté :

- Tu veux détruire le mariage de ta tante ? ce n’est pas gentil !

Personne ne voulait croire que sous ses aspects d’anges, ce n’était qu’un vicieux qui avait voulu profiter de ma vulnérabilité. 

Au fond tantine Mireille devait se douter que je n’avais pas inventé cette histoire, mais elle ne voulait pas perdre son foyer.  Elle avait toujours proclamé qu’elle faisait ses choix intelligemment. 

Pourtant les adultes étaient censés protéger les enfants.

À cet instant mes parents me manquaient encore plus, le peu de temps que j’avais vu passer avec mon père m’avait montré qu’il n’aurait jamais permis à qui que ce soit de me faire du mal. Et maman, ma pauvre maman maintenant je comprends combien de fois elle m’aimait.

Je voulais voir mes frères. 

Depuis le décès je ne les avais plus revus. Ils me manquaient.

Mais je n’avais aucun contact avec tonton René.

Parfois il m’arrivait de souhaiter être dans la voiture, ce jour-là quand mes parents étaient décédés au moins nous serions partis tous les 3.

Mais seul, cela devenait de plus en plus difficile de supporter.

Je ne pouvais pas croire qu’autant de malheurs s’abattaient sur moi.

Nous étions supposés être heureux.

À l’heure actuelle, je serais dans un avion avec papa et  maman. Il serait certainement quelques heures plus tard entrain de lui faire sa demande.

Nous aurions dû vivre notre happy end.

Tonton richard m’a convoquée au salon.

- Tu sais Grace, tes parents ne sont plus. Le petit commerce de ta mère, elle n’avait pas eu le temps de bien le mettre sur pieds, l’argent on a dû l’utiliser pendant les obsèques. Concernant ton père, tu connais la situation tout est bloqué. Xavier et moi nous nous battons, ta tante Mireille aussi fera de son mieux ! je ne sais pas si nous aurons les moyens pour te prendre un avocat.

Il soupire.

- Tu es grande maintenant tu comprends les choses, il va falloir que tu te battes pour ton avenir ! peut-être en attendant la rentrée pourrais-tu trouver un petit job au moins pour la rentrée ?

Je vivais chaque jour comme une peine à supporter.

Je lavais les assiettes assise dehors quand mon cousin accourt.

- Je passais devant le portail de Dame Gisèle et elle m’a demandée de t’appeler !

Je renverse l’eau souillée, m’essuie les mains sur le pagne et je prends la direction de la maison de la grand-mère de Jonathan.

Je salue le gardien qui me sourit.

Quand je pénètre dans la cour, elle est assise comme à son habitude à la terrasse.

- C’est dans cette tenue que tu vas recevoir quelqu’un qui a sauté dans le premier avion pour toi ? me dit-elle alors que je m’avance.

 Au même instant, Jonathan apparait et je cours me réfugier dans ses bras.

Il est venu pour moi.

- Vous allez rester debout comme ça en face de moi comme si je regardais un feuilleton ! nous dit-elle

- Mamie, sourit Jonathan, ne fais pas ta jalouse.

- J’ai déjà perdu, ce n’est pas pour moi que tu viendrais en courant depuis la France, rit-elle.

Je ne peux m’empêcher de sourire.

- Mais tant que ça peut rendre cette petite heureuse, je ne m’en plaindrai pas !

Elle referme le journal qu’elle lisait, se lève après m’avoir fait un sourire compatissant et se dirige à l’intérieur de la maison.

- Comment tu as fait avec le stage ?

- J’ai pris une permission…en réalité je n’ai pas attendu qu’on me l’accorde. Ça faisait trois jours que ton téléphone était éteint…j’étais assez inquiet.

J’en avais assez de répondre aux messages de condoléances.

- Merci d’être là, dis-je en le serrant fort.

C’est peut-être égoïste parce qu’il pourrait perdre cette opportunité pour laquelle, il se bat depuis des mois. Mais sa présence me fait tellement de bien.

- Tu sais j’ai beaucoup réfléchi, j’en ai parlé aux autres et à mamie…

- Quoi ?

- Tu as un passeport, tu as tes lettres d’acceptation, j’ai un appartement…tu pourrais venir.

- Comment je paie la fac ? je n’ai pas un rond et on m’a déjà suggéré de trouver un petit boulot.

- Je vais travailler….

- Non Jonathan, tu es jeune et je ne suis pas ta responsabilité.

Il soupire.

- Je cherche des solutions, tu ne peux pas dire non ! mamie aussi est prête à aider…mais bon promets-moi d’y réfléchir au moins.

Même si j’ai très envie d’y aller, je sais aussi que tout ça ne dépend pas de moi seule, il faudra que mes oncles donnent leur accord. Je suis à leur charge maintenant. Cela reste utopique.

Mais je n’ai pas envie de gâcher la joie que m’apporte sa présence, je veux en profiter au maximum.


                                            ***

Jonathan assis sur une chaise, m’observe tourner la pâte à gâteau farine que j’apprête pour la vente. Quand mon téléphone sonne. je lui demande de décrocher pour moi.

- Allo, oui c’est bien son numéro. Attendez je vous la passe.

D’un signe des yeux, je lui demande de qui il s’agit, il hausse les épaules et me tend le téléphone.

- Allo Mlle BOUMI ?

- Oui c’est bien moi ! qui est ce s’il vous plait ?

- Maitre BEKAH.


















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