Chapitre 38

Write by Djelay

Il me relâche ensuite pour me prendre de nouveau dans ses bras.

-         Je suis content aussi mon pote mais comme tu peux le constater je ne tiens pas sur mes jambes. J’ai besoin de m’assoir un moment.

-         Oh oui bien-sûr. Je suis bête. Vas-y entre.

-         Tu viens Kevin ?

-         Oui.

Je ne tiens pas en place. Bien que je sois content de revoir Tom surtout après les derniers moments que nous avons vécus lui et moi, toutes mes pensées sont tournées vers Lili. Comment réagira-t-elle en me voyant ? Quelle tête fera-t-elle ? Pleurera-t-elle ? Sautera-t-elle de joie ? Courra-t-elle se jeter dans mes bas ? Des tonnes de questions se bousculent dans ma tête. Ce qui est certain, c’est que je lui ferai l’amour toute la nuit. Rien qu’en y pensant, je bande.

-         Merci de m’écouter Mike.

La mine que fait Tom m’entraîne dans un rire fou. Il a compris que je me fichais pertinemment de ce qu’il me racontait. J’ai été heureux d’apprendre la naissance de sa fille. Tout ce qui a suivi, comme quoi il aurait monté une petite affaire et blabla ne m’intéressait guère. Du moins pour le moment.

-         Excuse-moi mon pote. Tu t’imagines sans doute j’ai la tête ailleurs.

-         Oh que oui ! Je sais très bien où se trouve ta tête.

-         Tant mieux alors.

-         Depuis que t’es arrivé tu ne fais que regarder l’heure toutes les cinq minutes. Tu pourrais au moins faire semblant de prêter une oreille à ce que je dis frangin. Ce n’est vraiment pas cool.

Tom semble réellement blessé. Bon sang ! Qu’il essaie de se mettre à ma place ne serait-ce qu’une seconde. Ça fait cinq mois putain ! Cinq mois que je suis inconscient, cinq mois que j’ai été séparé de ma p’tite poupée. Normal, que je ne pense qu’à elle. Il n’a aucune idée de ce qu’elle représente pour -moi sinon il réagirait autrement.

-         Tu as tout as fait raison. Crois-moi que je veuille t’écouter mais je ne peux pas m’empêcher de penser à ma p’tite poupée. Désolé mon pote. Demain, on en reparlera si tu veux. Cette fois je promets te prêter oreille.

-         Si tu le dis. Répond-t-il incrédule.

-         Kevin, je crois qu’il est temps d’aller récupérer Lili non ?

Dans exactement trente minutes il sera quinze heures. Ces heures d’attentes  m’ont paru une éternité. Enfin, je la verrai. Bon sang j’ai le cœur qui bat la chamade comme un adolescent à son premier rancard.

-         Bon j’y vais.

-         Je viens avec toi. Me pressé-je de dire.

-         Je crois qu’il serait préférable que tu attendes ici. Rétorque Kevin.

-         Pas question ! Je ne tiendrai pas une seconde de plus.

-         S’il te plait Mike. Fais le pour Lili. Il se serait convenable qu’elle te découvre à la maison plus que dehors. Le choc pourrait la…

-         Non Tom. L’interrompit Kevin.

-         Quoi non ? Pourquoi l’empêches-tu de parler ? Que se passe-t-il avec Lili ?

-         Euh rien qui ne soit grave…

-         Arrête de te foutre de ma gueule Kevin ! Grondé-je. Je sens que vous me cachez quelque chose et j’exige que vous me le disiez tout de suite.

Il a fallu qu’ils réveillent la bête qui sommeillait en moi. Je déteste les cachoteries et ça Kevin le sait. Tom semble sur le point de cracher le morceau mais Kevin le devance.

-         Je ne voulais pas te le dire pour t’inquiéter mais Lili est malade.

-         Quoi ? Comment ça malade ? Qu’est-ce qu’elle a ?

-         Je t’expliquerai tout à mon retour. Attends-nous ici !

-         Bon sang Kevin ! A présent, je suis rongé par l’inquiétude. Dav sait qu’elle est malade ?

-         Oui. Répond Tom. C’est même lui qui le lui a annoncé.

-         Et depuis quand est-elle malade ?

-         Calme-toi Mike.

-         Putain ! Ne me demandez pas de me calmer. Hurlé-je en cognant violement la table.

-         Euh, je dois m’en aller maintenant. Annonce soudainement Tom en se levant du fauteuil. J’ai promis à Emy que je viendrai surveiller la petite pendant qu’elle ira faire les courses.

-         N’essaie pas de fuir Tom, reviens…

Ce lâche décampa avant même que je n’eus terminé ma phrase. Et c’est certain, Kevin ne m’en dira pas plus.

-         Et moi je dois aller récupérer Lili à l’école.

-         Je savais que tu me sortirais ça. Mais avant dis-moi si ce qu’elle a est grave. Que dis Dav à ce sujet ?

-         Personne n’est inquiet Mike. C’était juste un petit bobo mais vu qu’elle est encore convalescente, nous ne voulions pas la brusquer. Car c’est sûr que ce sera un choc pour elle de te voir. Alors, il vaut mieux que ce soit ici tu comprends à présent ?

-         Je ne suis pas tout à fait convaincu mais je n’insisterai pas. Je vous attendrai là.

-         Merci Mike.

Je suis persuadé que Kevin me raconte des bobards. Mais tôt ou tard je saurai la vérité. Pour l’instant je me contenterai de son histoire à dormir debout.

 

Lili,

C’est fou comme il fait chaud aujourd’hui. J’ai l’impression d’étouffer dans ce boubou. J’aurais mieux fait mettre quelque chose de plus léger. Le problème est que plus rien ne m’entre à cause de ce ventre immense. Même à travers ce  boubou il est visible et énorme de surcroit. Tout le monde à l’université me demande si je suis enceinte de triplets. Je ris chaque fois qu’on me pose cette question. J’avais espéré découvrir le sexe du bébé en présence de Mike mais je dois me rendre à l’évidence : cela n’arrivera jamais. J’accoucherai le mois prochain dans exactement trois semaines. Et je ne sais pas si je suis enceinte de jumeaux ou de triplets ou même plus. Je n’ai préparé le trousseau  que d’un seul bébé. Et s’ils étaient deux ? Ou trois ? J’y ai beaucoup réfléchi et c’est le cœur meurtri que j’ai pris cette décision. Demain j’irai voir mon gynécologue pour qu’il me dise le sexe du ou des bébés.

Pardonne-moi mon amour pour n’avoir pas tenu ma promesse.

Je rejoins Kevin qui m’attend déjà à la sortie.

-         Bonjour petite. Dit-il en m’enlaçant.

Ça fait du bien d’être choyée de la sorte même si j’aurais préféré être entre les bras de Mike.

-         Bonjour Kevin. Je ne t’ai pas trop fait attendre j’espère ?

-         Non, je viens juste d’arriver.

-         Ah c’est nouveau ça. Remarqué-je. D’habitude tu viens une heure avant.

-         J’avais une chose à faire.

-         Rien de grave, rassure-moi.

-         Non, ne t’inquiète pas.

-         Dieu merci.

-         Vas-y entre. Dit-il en me tenant la portière.

Je me demande ce que penserait Kevin de la décision que j’ai prise. M’en voudra-t-il ? Je ne sais pas comment aborder le sujet. D’ailleurs, je le trouve différent aujourd’hui. Il a l’air… heureux. C’est la première fois que je l’entends chantonner. Je paris que Naomie se cache derrière toute cette joie. Je me racle la gorge histoire d’attirer son attention.

-         Quoi ? Dit-il après m’avoir jeté un coup d’œil rapide.

-         Tu m’as l’air très en joie ce soir. Ce n’était pas le cas ce matin, que se passe-t-il ?

-         Ah bon ? ça se voit tant que ça ?

-         Tu te fous de moi ? Tu ne fredonnes jamais.

-         Je fredonnais ? Moi ?

-         Arrêtes Kevin. Dis-je en lui donnant une tape à l’épaule. Rien de méchant.

Il explose de rire et je me joins à lui. Je suis contente que tout se passe bien pour lui. Il le mérite amplement.

-         Alors ? Raconte ! C’est Naomie c’est ça ?

-         Quoi, quoi ? Qu’est-ce qui te fait penser ça ?

-         Bah, tu crois vraiment que je n’ai pas remarqué les regards que vous vous êtes lancés ce matin ?

-         Tu te fais des idées ma chère.

-         A une autre s’il te plait. On ne me la fait pas à moi. Je ne suis pas née de la dernière pluie tu sais.

-         Et qui c’est qui dit ça ? Une gamine de dix-huit ans ?

-         J’en aurai dix-neuf dans trois moi je te rappelle.

-         Peu importe ! Tu restes un bébé.

-         Mike te tuerait s’il t’entendait !

-         C’est clair !

Nous rions de nouveau. J’adore cette ambiance, surtout cette affinité entre nous. Je suis tellement chanceuse de l’avoir à mes côtés. Kevin, pour moi, c’est le frère que n’a jamais eu Mike et je sais qu’ils s’aiment énormément même si cette tête de mule de Mike joue les durs. Et me voilà en train de ressasser les souvenirs. Les larmes ne tardent pas à accompagner  mes pensées. Il fallait s’y attendre.

-         Excuse-moi ! Dis-je en m’essuyant les yeux.

-         Ne t’inquiète pas ! Je suis convaincu qu’un jour prochain tu cesseras de pleurer.

-         J’y crois pas ! M’écrié-je surprise. Tu ne me grondes pas ? Tu as dû vivre quelque chose d’exceptionnel avec Naomie.

Je me remets à rire lorsqu’il fait la moue. Le trajet m’a semblé court aujourd’hui. Kevin vient m’aider à descendre de la voiture. Vivement que j’accouche car je me sens de plus en plus épuisée.

-         Merci Kevin. Dis-je reconnaissante.

-         De rien ma belle. Aller viens.

-         Attends Kevin. L’arrêtai-je au seuil de la porte alors qu’il était sur le point de l’ouvrir.

-         Qu’est-ce qu’il y a ?

-         J’ai quelque chose à te dire.

-         Maintenant ? C’est urgent ?

-         Euhh pas vraiment.

-         Dans ce cas, rentrons. Tu te débarbouilles et après tu me racontes. D’accord ?

-         D’accord. Acquiescé-je avec un sourire.

Kevin ouvre la porte et me laisse passer en premier.

-         Hum. Vous êtes très galant cher….

Les mots se perdent tandis que je suis parcourue d’un sentiment étrange. Mes yeux grand ouverts ne quittent pas un seul instant l’être debout au salon qui se tient face à moi, le regard lourdement surpris et posé sur mon ventre. Pas un seul mot ne sort de ma bouche. Je suis comme pétrifiée, incapable d’effectuer le moindre mouvement comme si une force surhumaine me maintenait fermement sur place. Mon cœur se met à tambouriner contre ma poitrine qui se soulève à chaque rythme. Le souffle coupé, je tente de respirer à nouveau sans pour autant y arriver. J’ouvre grandement la bouche afin de recueillir un peu d’oxygène. Je n’y parviens pas, je commence à suffoquer, mes pieds flageolent et je me sens tomber. J’ai le temps d’entendre Mike crier le nom de Kevin. Puis c’est le trou noir.

Lorsque j’ouvris les yeux, il m’a fallu plus d’une seconde pour réaliser que je suis dans ma chambre, allongée sur mon lit, en chien de fusil. Les images de Mike me reviennent et je me retourne subitement. Lorsque mes yeux se posent sur lui, je ne peux m’empêcher de laisser couler mes larmes.

-         Hey p’tite poupée, ne pleure pas.

Sa voix provoque un sentiment de bien-être que je ne saurais décrire. C’est bien lui, mon Mike. Lorsqu’il pose le doigt sur ma joue, je manque de m’évanouir de nouveau. Ce simple touché ressasse même les souvenirs les plus lointains.  

-         Mike… Murmuré-je en posant la main sur la sienne.

J’espère ne pas être en train de rêver. Je mourrais sinon.

-         Est-ce bien toi ?

-         Oui mon ange. C’est bien moi.

Il est assis tout près de moi, sur le bord du lit. Je le regarde n’arrivant toujours pas à croire qu’il est là à mes côtés. Je tente de me lever mais il m’en empêche.

-         Non reste allongée.

Son regard s’attarde sur mon ventre. Il doit être en train de se poser mille questions. Pourtant, il a l’air si ému de me voir dans cet état. La tendresse avec laquelle il observe mon ventre est bouleversante. J’attends qu’il dise quelque chose, qu’il me bombarde de questions mais rien. Il se contente de me regarder, du moins de regarder mon ventre.

-         Mike…

-         Chuttttt.

Il retrousse mon boubou pour découvrir la nudité de mon ventre. Pourquoi suis-je gênée alors que plus d’une fois, j’ai été toute nue entre ses bras. Toujours en silence, il pose délicatement la main sur mon ventre et se met à le caresser. Tant d’émotion dans un geste si simple et banal. Mike ne cessera jamais de m’étonner. Il semble coupé du monde comme si plus rien autour n’existait excepté lui et ce bébé. Même moi, j’ai l’impression d’être de trop. Lorsqu’il se baisse pour poser un baiser sur mon ventre, je ne tiens plus. Je fonds en larmes. C’est à ce moment qu’il, se couche à mes côtés et me serre contre lui, me chuchotant des mots doux. Nous restons comme ça pendant un bon moment avant qu’il ne se décide enfin à parler. Je m’attendais à n’importe quoi sauf à ça.

-         Merci p’tite poupée pour ce merveilleux cadeau. C’est le plus beau jour de ma vie.

La seule chose que je trouve à faire c’est de pleurer, encore et encore.

-         S’il te plait, cesse de pleurer. Tu sais que je n’aime pas que tu pleures. Dit-il en essuyant mes larmes.

-         C’est que j’ai cru ne jamais te revoir et…

Je fonds de nouveau en pleurs, ne pouvant pas me contrôler. Mike me serre plus fort contre lui comme si sa vie en dépendait.

-         Plus jamais, je ne te laisserai seule mon ange.

-         Tout est ma faute, si je t’avais écouté rien…

-         Non. Ne dis plus jamais ça. Tu es la nouvelle vie que m’offre le ciel et aujourd’hui je découvre que tu m’offres une vie de plus. Dit-il en caressant mon ventre. Jamais je ne te remercierai assez p’tite poupée. Jamais.

Et le moment que j’attendais depuis cinq mois arriva. Mike s’empara de mes lèvres et m’embrassa de la manière la plus tendre qui existe. Tout ce que je souhaitai à cet instant, c’est que le temps s’arrête pour que jamais ce baiser ne se termine.

Fin du trente septième chapitre. Bizbi.

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