Chapitre 38: Mon Histoire

Write by Plume Inspirée

Chapitre 38: Mon histoire


   

   —-Brazzaville, Mars 2012—-


Deux semaines depuis mon arrivée, chaque matin à mon réveil, j’avais la tête qui tournait. Toutes ces choses me faisaient tourner la tête. Ma mère avait toujours été la première personne à qui j’étais prêt à confier ma vie les yeux fermés. Devoir me réveiller un matin et commencer à réaliser en mettant chaque pièce du puzzle à sa place qu’elle était impliquée dans la mort de mon fils avait été jusqu’ici la plus grande épreuve de toute ma vie. Cette épreuve même le temps ne pouvait pas effacer son souvenir.


Comment pouvais je vivre avec tout ça dans ma tête? Comment allais je me comporter désormais devant ma mère? Je savais cependant que ce n’était pas contre le sang et la chair que je luttais, ça je le savais bien en tant que prédicateur, je savais que ce n’était pas en la détestant que tout devait s’arranger. Mais entre savoir et appliquer il y avait un fossé, il me fallait une force surnaturelle pour traverser ce fossé. Deux jours après mon arrivée j’en avais parlé avec Camille et ensemble nous avions fait un jeûne de trois jours pour demander la force surnaturelle. Mais jusqu’ici je n’avais toujours pas pu me décider à aller chez ma mère. Ma dot c’était déjà dans un mois, il fallait que j’aille voir ma mère moi même pour lui annoncer, même si je savais qu’elle l’avait déjà appris par mon père, mais je savais que je lui devais honneur il fallait que j’aille chez elle avant ma dot.


Ce matin alors que Camille était sortie voir ya Cynthia dont le bébé faisait des fièvres depuis deux jours, je me sentais perdu à force de m’interroger sur ma relation avec ma mère. En bon chrétien je voulais à tout prix me réconcilier avec elle mais une partie de moi bloquait encore.


J’étais resté là comme un idiot assis sur le fauteuil après avoir fait ma prière et ma méditation. Dans mon inconscient, il y avait une partie de moi qui attendait que Dieu me dise « mon fils tu n’es pas obligé d’aller voir ta mère », mais hélas je savais que la parole de Dieu était claire à ce sujet, honore ton père et ta mère afin que tes jours se prolongent dans le pays que l’Eternel ton Dieu te donne...


 La voix de ma fille Camille-Beriyth qui venait de se réveiller me poussait à me lever de là où j’étais assis.


J’aimais l’appeler Camille, car je voulais qu’elle ait toute la douceur, la beauté, la serviabilité et la simplicité de sa mère. Mais Camille quant à elle l’appelait Beriyth, Beriyth était le signe de l’alliance que Dieu avait établit avec les hommes c’est ce que Camille m’expliquait tout le temps. Pour elle, la naissance de notre fille devait être un signe d’alliance entre Dieu et moi. D’ailleurs chaque fois qu’elle faisait allusion au prénom de notre fille, je me souvenais de cette phrase qu’elle aimait me dire alors que j’étais encore païen, « Brice lorsque tout semble t’accuser et te condamner il faut faire alliance avec un homme fort et il n’y a pas de plus fort que Jésus-Christ »...


Camille était le genre de femme qu’il ne fallait pas laisser passer, j’avais été favorisé de tomber sur elle un jour dans ce secrétariat...


En me levant devant le berceau de ma fille, je l’avais pour la première fois appelé Beriyth.


- Beriyth mon cœur, cesse de pleurer papa est là


Beriyth avait déjà un an, elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à ma petite sœur Dominique, mais elle, à la différence de sa tante, elle souriait tout le temps comme sa mère.  Dès qu’elle m’avait vu, elle s’était mise à sautiller dans son berceau où elle était debout, les mains appuyées contre les rails de protection. Ses grands yeux enthousiastes posés sur moi et son sourire lui donnaient encore un air plus adorable. En la prenant dans mes bras ce matin, je pensais tout d’un coup à Junior.


Je n’avais pas su le protéger. Il était sans défense et moi je n’avais pas été à mesure de l’entourer de ma protection.


- Beriyth, je te promets que je ne vais plus refaire les mêmes erreurs. Je vais te protéger, je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour te protéger de la méchanceté des humains.


Elle souriait puis un moment elle se débattait déjà pour quitter de mes mains, elle n’aimait pas se faire porter longtemps...


- Shuuuuuuuuu calme toi ma princesse , tu es trop agitée toi! Tu veux encore descendre pour faire la pagaille c’est ça?


- Oooooh Beriyth, ton papa te prends vraiment pour un bébé hein regarde comment il te porte comme un bébé de deux mois alors que tu es déjà vieille.


C’était Camille qui venait de rentrer dans la maison, elle était chargée avec deux sacs de courses entre les mains, elle les déposait sur la paillasse avant de s’approcher de la petite et moi.


Camille avait pris un peu de poids par rapport à avant mais elle avait gardé la même beauté. Son regard avait gagné en maturité, en la voyant ranger les courses dans les placards, je me rendais compte que mine de rien cela faisait près de deux ans qu’elle était entrée dans ma vie mais pourtant elle me connaissait comme si elle avait toujours été dans ma vie. Je me rendais compte que je n’avais encore jamais aimé une femme comme je l’aimais. Camille était à mes yeux la preuve que la compagne de destinée existait bel et bien, Camille était ma compagne de destinée, si j’avais épousé une autre, les choses n’allaient pas être pareilles dans ma vie. Elle avait ressorti le meilleur en moi et m’avait aidé à accomplir mon devoir de destinée. C’est grâce à elle qu’aujourd’hui j’étais enfant de Dieu, c’est grâce à elle qu’aujourd’hui j’étais libre.


- Ta fille n’est plus un bébé hein monsieur Leader, c’est une vieille et elle a horreur qu’on la porte comme tu le fais là!


Ça faisait longtemps que Camille ne m’avait pas appelé Leader, j’éclatais de rire


- Kiekiekiekiekiekie je ne veux pas qu’elle grandisse.


- Tu es le profil typique de la majorité des papas mon ami, mais elle doit grandir un jour. Imagine dans quelques années elle va te présenter son amoureux


Elle éclatait de rire elle même après sa remarque


- N’écoute pas les bêtises que racontent ta mère, je pense qu’elle a perdu la tête .


Notre fille se foutait pas mal de notre conversation, tout ce qui l’intéressait c’était de descendre et faire sa pagaille comme d’habitude. Elle avait réussit à quitter de mes bras, elle se dirigeait vers la chambre de Dorcas.


- Dorcas doit être fatiguée le samedi c’est son seul jour de repos


Cette fois ci elle s’adressait à notre petite fille


- Mon cœur revient, laisse tata Dorcas dormir un peu, elle doit être fatiguée


Dorcas avait pu trouver un stage dans une société de la place, elle travaillait du lundi au vendredi. Mais notre fille qui était très attachée à sa tante, ne se laissait pas influencer par ce que lui disait sa maman, elle était finalement entrée dans la chambre de Dorcas.


Je profitais de ce moment d’intimité pour serrer Camille dans mes bras, je m’étais placé derrière elle et j’avais placé mes mains autour de sa taille,


- Je suis chanceux Camille!


- Moi aussi je le suis beaucoup tu sais, mais au delà de la chance je dirais plutôt que c’est la grâce de Dieu, elle a toujours été disponible mais pourtant il faut s’ouvrir à elle, ça ne coûte rien mais pourtant ça donne tout.


- Tu as raison. La grâce de Dieu donne tout. Merci de m’avoir tiré vers cette grâce, je t’aime pain citron.


- Je t’aime encore plus fort mon Leader et je suis fière de toi, je serais encore plus fière de porter ton nom dans quelques jours.


Camille qui savait en toute équilibre gérer son rôle d’épouse et de femme active, s’était très vite échappée de mon étreinte pour se diriger du côté de la cuisine où elle apprêtait déjà le repas du jour. Je l’avais rejoint. Debout devant la paillasse pendant qu’elle sortait des sachets du congélateur, j’en profitais pour m’enquérir des nouvelles de Sarah, le bébé de ya Cynthia. Elle m’avait rassuré que la petite se portait à merveille maintenant. Après ce moment je m’étais retiré au salon, devant mon ordinateur pour voir mes mails. Bien qu’en congé de deux mois, je participais quand même à certaines réunions de service  via le net.


En lisant certains mails, j’avais comme un flash, précisément en lisant un mail de mon chef de service dans lequel il y avait un document qui nécessitait ma signature pour un rapport de laboratoire, je me souvenais tout d’un coup du contrat que j’avais signé pour ma mère. Pourquoi ne m’avait t-elle plus jamais parlé de la suite? Comment pouvais-je lui servir de couverture alors qu’elle ne me donnait plus jamais la suite du contrat!


Logiquement, ce contrat que j’avais signé pour elle faisait de moi le partenaire direct dans son investissement, j’étais de ce pas sa couverture et tout était censé passé par moi. Ce qui devait automatiquement faire que je devrais recevoir continuellement des suites de nos activités pour au moins ma signature bien que les décisions devaient revenir à ma mère. Pourquoi n’avais je plus jamais entendu parler de cet investissement? Comment ma mère continuait-elle sa collaboration sans ma signature?


C’était en me posant ces questions que je m’étais lancé dans une recherche dans mes mails pour retrouver ce mail là...


J’étais perdu dans sa lecture, c’était un vrai n’importe quoi ce document! Mais pourquoi maman m’aurait t-elle fait signer un document qui ne statuait en réalité rien de concret? J’essayais de comprendre en vain. Un contrat de près de trois pages qui ne disait rien de concret. On aurait dit que c’était les anciens contrats de ma mère avec ces libanais pour les chaînes de restaurant.


La dernière page du contrat était en feuille détaché des deux premières pages. Parce que les deux premières pages étaient pleines. Donc la troisième qui était la dernière était celle sur la quelle j’avais déposé ma signature.


C’était juste quelques lignes qui concluaient que je donnais mon accord pour la livraison. Mais pourquoi je ne trouvais pas un lien entre les deux premières pages et la dernière page? Les deux premières pages n’avaient jamais parlé d’une certaine livraison, pourquoi avais je signé ce contrat? Je ne me souvenais même plus de quand j’avais lu tout ce document. L’avais-je seulement lu? Troublé, je me dirigeais dans la cuisine pour faire part de ma découverte à Camille. Je trouvais madame entrain de couper les assaisonnements d’une part et de faire une omelette en même temps. L’omelette était certainement pour mon petit déjeuner.


- Camille quel genre de père je suis?


Sans arrêter ce qu’elle faisait elle me répondait calmement


- Le genre de père qui ne sait pas changer une couche Brice!


- Non je ne rigole pas. Regarde moi en face et réponds moi. Tu le sais depuis le début n’est ce pas? Tu sais depuis le début que je suis à l’origine de la mort de mon fils! Sois franche avec moi.


Elle arrêtait tout de suite ce qu’elle faisait, pour me prendre par la main et m’attirer vers la table à manger qui était placée dans un coin de la cuisine. Avant tout, elle avait pris le soin d’arrêter le feu.


- Assieds toi Brice!


Comme un petit garçon j’avais obéis


- Brice tu veux que je sois franche? Pas depuis le début mais après avoir analysé la situation et compris l’implication de ta mère et de son amant dans la mort de Junior. J’avais compris que tu étais en partie responsable de ce qui était arrivé. Car le diable ne vole jamais dans une maison sans avoir au préalable lié le chef de la maison nous dit la bible et toi et moi nous savons que tu étais le père de Junior donc tu avais des droits dans sa vie, en tout cas tant qu’il était encore tout petit et qu’il n’avait pas encore lui même confessé Jésus-Christ comme son Seigneur et sauveur. Mais je n’hésite pas à confier notre vie à Beriyth et moi entre tes mains. Je te vois acquérir de la maturité sans même que toi même tu ne t’en rendes compte. Hier tu ne savais pas tout ce que tu sais aujourd’hui, si Dieu ne retient pas tes erreurs du passé qui suis je pour les retenir contre toi? Je suis juste heureuse de l’homme que tu es aujourd’hui et j’en profite. Le reste constitue ton histoire et je ne te condamne pas pour cette histoire, ton histoire c’est ce qui fait de toi l’homme admirable que tu es aujourd’hui.


- Avant la mort de Junior ma mère m’avait fait signer un contrat, j’avais signé ce contrat sans en connaître le fond, j’avais confiance en ma mère et dans ce contrat il n y avait rien de concret en dehors de la dernière page qui disait que je signais pour donner mon accord, je peux te dire que j’ai lu et relus le contrat, rien de concret dans les deux premières pages. Je pense que j’ai compris qu’il est temps que je rencontre ma mère.


Je m’étais levé, Camille doutait tout de même de ma décision soudaine de rencontrer ma mère, elle s’était levée aussitôt et s’était empressée de me faire entendre raison


- Chéri cette guerre ne va t-elle jamais finir entre ta mère et toi? Nous avons jeûné pour que tu trouves la force d’aller la voir et de demander pardon pour ton comportement. Maintenant tu décides d’aller la voir pour l’accuser encore de tout ce qu’il y a dans ce contrat? Penses tu que ça fera revenir Junior?


- Camille je ne sais pas ce que j’irais lui dire mais je pense qu’il y’a une séparation à faire avec ma mère, et en lisant ce contrat je me rends compte que je n’ai toujours pas fait cette séparation.


- Brice je refuse que tu ailles affronter ta mère dans le but de t’enflammer, je n’encouragerais jamais ça, tu m’entends jamais!


- Calmes toi, je n’ai pas dit que j’irais m’enflammer mais je vais déjà prier avant de partir et je verrais comment le Saint-Esprit me conduira à le faire, mais je sens que c’est aujourd’hui que je dois le faire.


Le regard de Camille montrait qu’elle n’était pas d’accord avec moi. Mais comme toujours elle ne voulait pas s’y opposer à tout prix, elle essayait de placer les mots là où il fallait pour me convaincre mais je restais ferme sur ma décision d’aller chez ma mère. Cependant Camille avait réussit à me faire patienter le temps de prendre mon petit déjeuner. Après avoir pris mon petit déjeuner, je m’étais apprêté pour sortir.


Je conduisais une voiture de location que Pitsou avait pris pour moi quelques jours avant mon arrivée, avant que je ne monte dans la voiture, Camille m’avait encore répété


- Brice une mère reste une mère peu importe ses défauts et ses manquements. Jamais le Seigneur ne pourra être content de toi si tu te décides de rabaisser ta mère. En plus tu es un prédicateur de l’évangile, tu dois être exemplaire par rapport à ce que tu prêches. Je me suis toujours dit que quand la bible disait honore ton père et ta mère, elle tenait aussi compte de ces pères et ces mères qui à vue d’œil n’étaient pas tant honorables. Ce sont des choses compliquées mais parfois lorsque nous sommes face au choses compliquées, il faut juste obéir à la parole de Dieu.


J’avais déposé une bise sur son front pour la rassurer


- Regarde moi un peu, est ce que j’ai l’air de quelqu’un qui part pour mal parler à ma mère? Je te promets de me souvenir de tous tes conseils mais là il est temps que je mette les choses au clair avec ma mère. Mais sois rassurée je n’oublie pas qu’elle est ma mère et merci de me rappeler que je me dois de vivre ce que je prêche, je vais m’en souvenir aussi.


J’étais monté dans la voiture et j’avais démarré. En conduisant je me rendais compte qu’être enfant de Dieu ce n’était pas faire l’autruche devant les situations, se cacher derrière la bible pour justifier tous nos manquements mais c’était au contraire faire face à nos responsabilités pour ne pas ternir cette identité d’enfant de Dieu. C’était ça la leçon que ces derniers mois m’avaient appris, depuis ma réconciliation avec mon père et Camille, cette leçon papa Daniel n’avait jamais cessé de me l’enseigner et aujourd’hui c’était fait, je l’avais assimilé. C’est pourquoi au lieu de me rendre chez ma mère, j’avais changé de direction, il y avait une autre personne avec qui, il me fallait mettre les choses au clair. J’avais trop fuis mes responsabilités jusqu’ici.


J’avais garé devant la parcelle, malgré les années je connaissais encore très bien chaque recoins, du coup je n’avais pas eu du mal à me retrouver. En entrant dans la parcelle, une petite d’au moins 5 ans par là était venue tomber sur moi


- Le papa de Ya Junior


La petite ressemblait beaucoup à Nadia, c’était sa fille qu’elle avait eu avec le monsieur Sénégalais. Je ne connaissais pas ou disons plus son prénom. Je l’avais porté dans mes bras


- Ça va bébé, tu as grandi comme ça?


Elle riait aux éclats, une des cousines de Nadia s’était approchée de moi pour me souhaiter la bienvenue


- Papa Brice tu es rentré depuis quand?


- Depuis deux semaines, comment vas tu ma chérie?


- Je vais bien oh!


Elle m’avait fait la bise, l’accueil était très chaleureuse. Puis Nadia était sortie de la maison, son sourire aussi était sincère,


- Biyo, tu as grossi!


- Bah toi tu ne grossi jamais hein miss!


Elle avait éclaté de rire, avant de me faire la bise. On s’était placé dans un coin de la parcelle. Elle m’avait offert du jus, bien que je n’avais pas vraiment envie de prendre du jus, j’avais tout de même accepté d’en prendre par courtoisie. Quelques minutes plus tard je m’étais lancé à faire des excuses à Nadia.


- Tu sais j’ai le poids des derniers événements, et je m’en veux vraiment de n’avoir pas su ce qu’il fallait faire pour notre fils. Je te comprends que tu sois fâché contre moi, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle tu as remarqué que je n’ai jamais forcé de te contacter quand tu refoulais mes appels et ne répondais à aucun de mes messages mais crois moi, Nana si en ce temps là je pouvais faire quelque chose je l’aurais fait. Je veux encore te répéter ce que je t’ai déjà dit dans mes messages je ne suis pour rien dans la mort de notre fils. Je l’aimais trop et je ne pouvais pas lui faire du mal. Je sais que les rumeurs couraient que j’y étais pour quelque chose mais Dieu seul sait si tout ça est vrai.


Nadia, ne laissait transparaître aucune peine dans son regard, elle avait sourit avant de répondre


- Je sais que tu n’y es pour rien. Excuse moi de te le dire comme ça mais c’est ta mère qui a sacrifié notre fils. Je m’en fou que pour toi elle soit une sainte, je m’en fou que tu ne veuille pas le croire mais là où nous somme partis, je dirais même que partout où nous sommes partis ils ont vu que c’était ta mère qui était responsable de la mort de ton fils. Tu dois ouvrir tes yeux Brice, ta mère fait même de toi son mari de nuit, c’est pourquoi tu n’aimes pas te marier et tu n’y penses jamais. Tout ce que je te dis c’est le monsieur chez qui nous sommes partis qui nous l’a dit. Mais te connaissant naïf je savais que tu ne pouvais jamais accepter cela c’est pourquoi je te laisse dans tes histoires, j’espère qu’un jour tu comprendras. Tout ce que je regrette c’est de n’avoir pas compris ça avant la mort de Junior , peut être que j’allais enlever mon fils de ce milieu nuisible qui est la maison de ta mère.


Nadia ne savait pas tout ce que j’avais appris depuis un moment, aujourd’hui je n’avais plus envie de savoir si ma mère faisait ceci ou cela contre moi,aujourd’hui j’appartenais à Christ rien ne pouvait plus me nuire. Alors je refusais de m’attarder sur le point qu’elle avait soulevé comme quoi ma mère faisait de moi son mari de nuit.


- Je me marie dans un mois Nadia!


Son regard avait changé, elle était comme sur la défensive, j’avais compris qu’elle se disait que je doutais des accusations qu’elle faisait contre ma mère...


- Alors tu doutes de ce que je viens de te dire juste parce que tu te maries? Laisse moi te dire que quand j’étais chez ta mère je ne dormais pas bien, je voyais des choses étranges les nuits et c’est la raison pour laquelle j’ai quitté de là. Je n’avais jamais cessé de t’aimer mais je ne pouvais pas continuer dans ce genre de vie. Quant à toi j’essayais de sonder le terrain pour voir si je pouvais t’en parler mais je savais que c’était perdu d’avance, tu n’allais jamais me croire. Je ne sais pas comment est ce possible que tu te marie mais fais attention car le monsieur que nous avons vu est un vrai il traite beaucoup de gens et il fait même des trucs pour les grands hommes du pays.


Je riais un peu au fond de moi, Nadia croyait à ces histoires des hommes qui faisaient ci ou ça pourtant la bible disait que Satan ne pouvait pas se diviser contre lui même. J’étais d’accord cet homme leur avait dit la vérité sur ma mère mais je savais de ma relation avec le Seigneur que la vérité dès qu’elle sortait de la bouche du diable devenait mensonge, car l’intention du diable derrière la vérité restait de détruire.


- Et donc cet homme qui vous a fait toute ses révélations compte faire quoi?


- Je ne vais pas te cacher mais nous avons déjà fait quelque chose contre ta mère, il arrive que ça prenne du temps mais elle finira par payer ce qu’elle a fait et elle payera très cher. Je suis désolée mais je ne peux pas laisser mon fils partir comme ça sans rien faire. Que toi tu continues à croire en ta mère n’engage que toi mais j’avais au tant des droits sur Junior que toi.


- Je te comprends. Pour ma part je suis venu te demander pardon, pardon parce que je n’ai pas été un père responsable. Chaque responsabilité à la quelle  nous échouons de faire face cause des dommages. Et aujourd’hui j’ai compris. Je ne sais pas si tu trouveras une place dans ton cœur pour me pardonner.


Elle avait pris ma main,


- Merci beaucoup Biyo, ça me rassure que tu me crois. J’aurais voulu que mon premier amour soit mon dernier mais hélas. Je reste contente pour toi mais tu sais je peux t’amener voir ce monsieur car j’ai peur que ta mère ne te lâche pas. Tu as besoin de plus que des simples phrases, je peux t’amener chez ce monsieur il fait des traitements de protection pour plusieurs grands hommes.


- En fait je veux aussi te dire que je prie maintenant, je connais le Seigneur et je le sers même comme prédicateur dans notre église en Allemagne et je crois que ça me suffit.


- Brice je suis ravie d’entendre ça mais moi aussi je prie je te signale. Mais malgré ça mon fils est quand même mort. Prier ne suffit pas.


- Nadia je suis d’accord prier ne suffit pas mais ce qu’il faut ce n’est pas prier mais appartenir à Christ voilà ce qui suffit et ça je le suis, j’appartiens à Christ ma chérie. Je ne sais pas ce que vous avez lancé comme sort contre ma mère et je ne suis pas là pour parler de ça mais crois moi si aujourd’hui tu appartenais à Christ, tu n’auras plus besoin de connaître tel homme qui fait des traitements efficaces ou que sais je encore. C’est toi même qui m’a dit que ce monsieur vous a dit que j’étais comme un genre d’homme de nuit de ma mère, que je n’allais pas me marier mais regarde je me marie dans un mois. Dans un mois c’est ma dot et deux semaines après c’est le religieux et l’officiel. Je n’ai pas eu besoin de connaître un homme qui fait des traitements je n’ai eu besoin que de connaître véritablement Jésus-Christ.


Nadia restait silencieuse un moment avant de rajouter,


- Je prie aussi, mais je suis désolée je n’ai pas la même logique que toi.


En écoutant Nadia j’avais compris qu’elle était un nom de plus à ajouter dans la liste de ceux pour qui je priais. Dans ma liste il y’avait Dominique, Cathy et un de mes collègues du boulot, chaque lundi je priais pour leur salut, je priais que la parole de Dieu arrive à eux, afin qu’ils soient sauvés. Si Camille l’avait fait pour moi et que cela avait réussit je croyais que ça devait aussi réussir pour eux.


Le reste de ma conversation avec Nadia était sur des généralités et j’en avais profité pour l’inviter à ma dot, elle m’avait promis que je pouvais compter sur sa présence. En quittant Nadia, je sentais comme un poids de moins dans mon cœur, j’avais pu dire à la mère de mon fils combien désolé j’étais, ça n’avait pas ramené Junior mais je sais que ça l’avait fait du bien de savoir que je ne me foutais pas de sa douleur. Aussi, ça m’avait permis de comprendre que Nadia était aussi une âme pour laquelle je devrais prier.


Tant de personnes étaient comme Nadia, tant de personnes se disaient que Dieu ne suffisait pas, il leur fallait associer à leur foi tant de pratiques qui au lieu de leur être salutaire ne faisaient que les condamner. J’étais d’accord avec Nadia sur un point, il ne suffisait pas de prier mais je refusais l’idée de penser que cet homme pouvait quelque chose pour elle. Il ne suffisait pas de prier car tout le monde pouvait prier même le sorcier priait, la preuve en était que tonton Alfred, le père de Cathy partait à l’église les dimanches avec sa femme. Prier n’était pas ce qui montrait notre vraie position mais la position c’était notre alliance. Une vie qu’on confiait sincèrement à Christ ne pouvait plus être le terrain de jeux du diable, telle était ma vie aujourd’hui. Ce qui faisait qu’apprendre de Nadia que ma mère avait fait de moi son soit disant mari de nuit ne me faisait plus rien, je savais que tout ça était désormais fini, j’appartenais à Christ aujourd’hui. En conduisant pour me rendre chez ma mère, je ne pouvais m’empêcher de louer Dieu pour Jésus-Christ, aujourd’hui si tout ça était passé c’était parce que Christ m’avait affranchi et je me souvenais de cette parole qui disait que celui que le fils affranchi est réellement libre.


En même temps je souriais, donc les parents de Nadia avait lancé un sort à ma mère? Le temps allait certainement nous révéler le résultat de ce sort. C’était quand même marrant, ça ressemblait à un combat entre les gens d’un même camp, qu’un genre de féticheur fasse des choses contre ma mère tout en sachant que ma mère aussi appartenait au même camp... merci Seigneur me disais-je, aujourd’hui je n’étais plus dans cette case, grâce à la vie de Jésus-Christ à la croix mais tout ça je le devais aussi à ma femme.


En arborant la ruelle de chez ma mère, j’avais encore le souvenir de la dernière fois que je lui avais rendu visite, ce soir de l’accident. C’était fou ce qu’un homme qui menait sa vie seul pouvait facilement être la proie de l’ennemi! Rien qu’en pensant que ce soir là, j’aurais pu laisser ma vie dans cette ruelle, me rappelait combien de fois le Seigneur avait été bon avec moi. En approchant du portail, j’avais le souvenir frais de la veillées mon fils,  je revoyais tout ce monde qu’il y’avait ici, je revoyais encore les regards que certains posaient sur moi, certains regards était pleins d’accusation et d’autres pleins de compassion. Mais cette période là était loin derrière moi, chacun avait son histoire et son témoignage celui là était le mien. J’aurais voulu ne pas avoir eu à perdre mon fils avant de prendre conscience mais c’était ça mon histoire, le Seigneur avait été patient avec moi.


J’avais garé ma voiture devant le portail de ma mère. Elle avait refait la peinture de la parcelle, ma mère le faisait toujours chaque nouvel an et là nous étions en Mars, pas étonnant que la peinture soit aussi belle. D’un blanc éclatant, rien qu’à vue d’œil la maison de ma mère était le genre de maison où tout enfant pouvait rêver de grandir. Dans ce luxe où nous n’avions semblé manquer de rien, dans le fond nous manquions de tout, car Jésus-Christ était ce tout. Ce tout que notre mère n’avait pas su nous donner malgré le grand luxe de notre maison.


En entrant dans la parcelle, je revoyais chaque coin et recoin de la parcelle, c’est ici que j’avais mes plus beaux souvenirs, mes anniversaires, les célébrations de mes diplômes, mes premiers amours, cette maison avait été la plus grande partie de ma vie. Je savais qu’aujourd’hui il était temps de la quitter. En effet il était écrit que l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme. Il était temps que j’accomplisse cela spirituellement. Mon enfance m’avait appris plusieurs leçons, parmi ces leçons j’avais compris que le luxe des belles maisons étaient certainement un bon cadeau à faire à nos enfants mais ce cadeau ne valait pas la peine de leur arracher leur liberté. C’était là l’erreur que ma mère avait commise sur son parcours. C’était bien de donner à nos enfants une enfance passible mais si pour le faire il fallait hypothéquer leur destinée ça ne valait alors pas la peine.


Mon histoire était ce genre d’histoire dont le souvenir faisait parfois couler des larmes, mais pourtant mon histoire était peut être l’histoire de plusieurs enfants innocents qui avaient hérité de tant d’épreuves à cause des choix de leurs parents. Mon histoire était amère, en avançant vers la véranda, rien qu’en écoutant les éclats de rire de mes deux sœurs, je me rendais compte qu’elles étaient encore dans le filet d’où j’étais sorti, malheureusement pour elles...


Une femme habillée d’un grosse robe en pagne était sortie de la maison, elle avait un balai en main, et elle m’accueillait avec un sourire


- Bonjour monsieur,


C’était certainement la nouvelle femme de ménage, décidément ma mère ne gardait pas longtemps le même personnel de maison, me disais je au fond de moi.


- Bonjour maman, est ce que maman Marceline est là?

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