Chapitre 39
Write by Jennie390
⚜️Chapitre 39⚜️
Marleyne Ovono
Ce lundi matin, je suis de très bonne humeur, j'ai passé un excellent weekend.
Je m'arrête dans une boulangerie-pâtisserie. Je trouve sur place ce petit rat de Landry Ratanga.
Je le bouscule puis je m'arrête au comptoir en face de la serveuse.
Donnez-moi deux croissants au beurre, un éclair au chocolat, un latté au caramel et un jus d'orange pressé. Ce sera à emporter.
Madame vous avez trouvé quelqu'un devant vous, me dit la serveuse. Vous devez attendre votre tour.
一 Le quelqu'un que j'ai trouvé là, c'est qui ?, dis-je en regardant Landry avec dédain. Moi, un médecin de mon calibre avec toutes les années d'expériences que j'ai, je vais attendre devant qui ? Je suis le médecin en chef du département de médecine générale de la polyclinique Saint-Honoré. Je ne suis pas n'importe qui !
一 Vous pouvez la servir, mademoiselle, je peux attendre, dit Landry.
Tchuip!
Il me regarde, bouscule la tête, puis il se met de côté. Dès que je règle ma facture, je récupère mes affaires et avant de sortir, je m'arrête devant Landry.
一Alors mon petit et le chômage ? Qu'est-ce que ça fait d'être comme un lépreux dans son propre pays? Aucun établissement hospitalier public ou privé ne veut t'engager.
一À ce que je vois, c'est vous qui m'avez saboté.
一Oui j'ai des relations, mon petit. Et malheureusement, tu ne peux m'emmener nulle part. Tu as cru qu'on était en Angleterre ici ? Ici, c'est le Gabon, les dinosaures écrasent les lézards.
一Et vous dormez bien la nuit quand vous savez que vous avez retiré le morceau de pain d'un jeune homme qui se cherche?
一Je dors tellement bien que je ronfle même. La vie va devenir vraiment dure pour toi, que tu seras obligé de mettre tes gros diplômes dans les tiroirs et que tu vas aller vendre l'huile de palme au marché. Petit rigolo, on va t'apprendre l'humilité.
Il me regarde sans rien dire, ça fait du bien de voir qu'il n'a rien à dire pour une fois. Je sors du café et j'embarque dans mon véhicule.
~~~~~~~~~~~
Je gare dans le parking de Saint-Honoré et j'entre dans le bâtiment en sifflotant. Je me dirige vers la salle de repos et je déguste mon petit déjeuner tranquillement en surfant sur internet. Une fois terminé, je vais dans mon bureau récupérer deux ou trois dossiers ainsi que mon ordinateur portable.
Au début de chaque mois, le directeur de la clinique fait une réunion avec tous les médecins en chef des départements. Je suis celle qui dirige celui de Médecine générale, donc je suis attendue. Quand je fais mon entrée dans la salle de réunion, pratiquement tous les collègues sont déjà présents.
一Bonjour à tous.
一Bonjour me répondent-ils en chœur.
一Désolé pour le retard, je prenais mon petit déjeuner.
一Je pense qu'on peut commencer, ceux qui ne sont pas arrivés prendront le train en marche, fait le directeur. Nous avons beaucoup de points à l'ordre du jour.
Pendant plus d'une heure, chaque responsable de département prend la parole pour parler des problèmes ou des bonnes nouvelles de leurs départements. Dès résolutions sont prises, puis la réunion se poursuit.
一Comme vous le savez, le Docteur Aubert Manga était jusqu'à la semaine dernière le responsable du département de Cardiologie de Saint-Honoré, dit le directeur. Il a occupé ce poste pendant les 15 dernières années et il a fait un boulot formidable.
一Ça c'est vrai, dis-je.
一Cependant, étant donné qu'il est allé à la retraite la semaine dernière, nous devons lui trouver un remplaçant. La décision qui a été prise par monsieur le PDG de la clinique et les principaux associés, c'est que le poste reviendrait à un médecin qui a travaillé avec nous pendant un moment. Il s'est démarqué par son passage parmi nous, donc nous l'avons recontacté.
Il y a présentement quatre cardiologues à Saint-Honoré, pourquoi aller chercher quelqu'un qui ne travaille plus ici pour diriger le département ? Les grands patrons là fument souvent le chanvre ou quoi ! Tchuip!
一Il peut nous rejoindre, dit le directeur à son assistante.
Cette dernière se lève et ouvre la porte. Je prends une gorgée d'eau que j'avale de travers quand je vois Landry Ratanga entrer dans la salle. Il fait quoi ici?
Dites-moi que je rêve, pardon !
一Bonjour à tous, dit-il.
一Bonjour, répondent les autres en chœur.
一Comme vous l'aurez compris, le docteur Landry Ratanga est le nouveau médecin en chef du département de Cardiologie de Saint-Honoré.
Il n'a bossé ici que pendant environ trois mois, mais en ce laps de temps, il a abattu un travail remarquable. Même le médecin en chef sortant du département l'appréciait beaucoup.
Le docteur Ratanga nous avait quittés pour des raisons qu'on ne va pas évoquer ici, mais c'est une bonne chose qu'il nous ait rejoints de nouveau.
一Bienvenue , docteur Ratanga, fait le responsable du département de Gynécologie.
一C'est un plaisir de vous avoir parmi nous à nouveau, ajoute le médecin en chef du département de neurologie.J'ai eu l'occasion de bosser avec vous sur le cas de certains patients et vous avez su m'impressionner. Pourtant, c'est très connu que je suis difficilement impressionnable. Je sais que vous ferez un excellent boulot.
一Merci beaucoup à tous, répond Landry en prenant place autour de la table. Je ferai de mon mieux pour être à la hauteur de vos attentes. Et j'ai en face de moi des aînés, donc je viendrai toujours prendre conseil auprès de vous.
Tout le monde le félicite, moi, je suis bouche bée. Je repense à ma rencontre avec lui, il y a quelques heures, à la boulangerie et je me sens automatiquement ridicule. Il m'a laissé m'étaler devant lui, pourtant il savait qu'on allait se croiser aujourd'hui à la clinique. Il s'est bien foutu de moi, ce singe. Mais ce n'est pas grave, en sortant d'ici je vais appeler Émile, il va trouver une solution à ce problème. Je m'en fiche que ce soit une décision des grands patrons de la clinique, Ratanga doit dégager.
一Avant de clore cette réunion, il reste une dernière décision qui vient encore de monsieur le PDG en personne. Il souhaite que le département de médecine générale change de responsable.
Je froisse la mine. Il raconte quelle bouillie comme ça ?
一Le docteur Élie Menie, sera désormais à la tête du département. Il travaille avec nous depuis cinq ans déjà, et ses performances sont excellentes. Donc, docteur Ovono, vous allez passer le flambeau à un petit frère.
Chacun donne un peu son avis, je suis rincée. Ça, c'est la goutte de trop. Et comme si ce n'était pas suffisant, l'autre imbécile en rajoute une couche.
一Pendant le peu de temps que j'ai bossé ici, j'ai pu voir quel genre de médecin est le docteur Menie. Je pense qu'il fera du bon boulot.
Il me regarde en prenant une gorgée d'eau, j'ai juste envie de lui sauter au cou. Je me sens humiliée. J'ai trop mal parce que le médecin chargé d'un département a droit à un généreux bonus sur son salaire tous les mois. À partir d'aujourd'hui, je n'y aurais plus droit.
La réunion s'achève et je vais vider mes affaires dans le bureau. Pendant que je marche dans les couloirs avec mon carton. Je tombe sur Ratanga. Je ne m'arrête pas, je continue ma route, il parle dans mon dos.
一Ça, ce n'était que la première étape. À la prochaine, il faudra vous trouver une place au marché pour la vente de l'huile de palme.
Je me retourne, il sourit et continue son chemin en sifflant. Je suis verte de rage. Je me dirige automatiquement dans le bureau du directeur.
一Monsieur le directeur, qu'est-ce que j'ai fait pour que l'on me retire le poste de chef de département ?
一Docteur Ovono, comme je vous l'ai dit, la décision vient d'en haut. Ils ont décidé qu'ils aimeraient voir quelqu'un d'autre à ce poste.
一Mais ceci est totalement injuste, monsieur.
一Oui, mais on n'y peut rien. Et puis vous n'avez pas besoin de le prendre aussi mal, ce n'est pas comme si on vous avait viré de la clinique.
Je prends une bonne inspiration, je suis trop frustrée.
一Et pourquoi ils ont fait revenir le docteur Ratanga ?
一C'est la clinique de monsieur le PDG, il met qui il veut où il veut. C'est son droit.
一Oui mais n'oubliez pas pourquoi il a d'abord été renvoyé. Comment confier tout un département à quelqu'un qui n'a pas les intérêts de la clinique à cœur ?
一Docteur Ovono, le docteur Ratanga est un bon médecin, il n'y a aucun doute là-dessus. Il fera du bon boulot. Tout à l'heure, j'aurai une discussion avec lui pour lui dire ce qu'on attend de lui à la tête du département. Ce n'est pas un méchant garçon.
一Ah ouais ? Et vous vous basez sur quoi pour sortir une telle affirmation ?, demandai-je, les dents serrées.
一C'est le petit beau-frère d'un ami, je sais que c'est un bon garçon.
一Oh donc vous le soutenez parce que c'est le parent d'un ami à vous? Je ne savais pas que Saint-Honoré faisait déjà dans le népotisme.
一Docteur Ovono arrêtez avec vos insinuations. Si vraiment, je privilégiais mes amis, jamais je n'aurais renvoyé le Docteur Ratanga la première fois. Les patrons ont voulu qu'il revienne, je n'y ai vu aucune objection. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai beaucoup de boulot qui m'attend. Je suppose que vous avez des patients qui vous attendent aussi, donc allez vous mettre au travail. C'est pour cela qu'on vous paye un excellent salaire à la fin du mois. Bonne journée.
Je me lève sans plus rien ajouter et je sors du bureau. La colère, la frustration que je ressens actuellement n'ont pas de nom.
~4 mois plus tard~
Yolande Otando
Je suis assise sur mon lit, avec un verre d'eau. Je n'ai vraiment pas l'appétit depuis quelques jours. Mélissa a eu 18 ans il y a déjà deux jours, donc Émile peut aller la chercher à n'importe quel moment. J'ai mal parce que je n'ai pas pu sauver ma petite. Comment je vais la protéger d'Émile ? Il suffira qu'il m'enferme et il fera tout ce qu'il veut d'elle en bas. J'ai un nœud à la gorge quand des images d'Émile qui pose les mains sur elle traversent mon esprit.
一Ça ne sert à rien de t'affamer, ma chère, parce que rien de ce que tu pourras faire ne va arrêter l'inévitable. Mélissa sera à moi, enfin.
一Émile je t'en supplie, laisse là encore là-bas un moment, dis-je, la voix enrouée.
一Laisse tomber ma chérie, rien de ce que tu diras ne va m'arrêter. Je t'ai dit que tu vas payer ce que tu as fait chez Vincent et Diane. Je vais te faire pleurer des larmes de sang.
Des larmes me coulent sur les joues. J'ai trop mal.
Le téléphone d'Émile se met à sonner.
一Oui allô.
一
一Comment allez-vous madame ?
一
一Que se passe-t-il? Pourquoi à l'hôpital?
一
一Je veux d'abord savoir quel est le souci, et soyez brève, je suis très occupé, Madame.
一
一Pardon ?, dit-il avec les sourcils froncés. Vous pouvez répéter?
一
一J'espère pour vous qu'il s'agit d'une blague!
Il écoute la personne au téléphone et ça se voit à son visage qu'il n'a pas reçu une bonne nouvelle, il a l'air fâché. Puis, il manipule son téléphone.
一J'ai mis mon phone en haut-parleur, Yolande est avec moi.
一Bonjour Madame Biyoghe, c'est la directrice d'OASIS à l'appareil, le...
一Que se passe-t-il avec Mel? Elle a quoi ? Elle est malade? demandé je inquiète.
一Laisse la parler, putain! dit Émile en haussant le ton.
Vu la tête qu'il fait actuellement, je prends peur. J'ai l'impression qu'il est arrivé quelque chose à mon bébé.
一Mélissa a été kidnappée , dit la directrice.
一Quoi?! dis-je affolée.
一Vous devez savoir que je suis quelqu'un de très aimable, mais il y a des plaisanteries que je ne supporte pas, renchérit Émile. C'est quoi cette connerie. Mel est censée venir vivre avec nous dans quelques jours et bam elle disparaît?
Je tourne sur moi-même les mains moites, les larmes me montent aux yeux.
一Ça n'est pas une connerie, vous pensez que j'aurai pu blaguer avec un sujet aussi sérieux ?dit la directrice. Madame Odile, racontez-leur comment ça s'est produit.
Madame Odile raconte qu'elle a emmené Mélissa faire une balade au parc non loin d'OASIS. Sur le chemin du retour, vers 17 h 30, elles ont été accostées par une camionnette blanche d'où sont sortis deux hommes cagoulés et armés. L'un s'est emparé de Mélissa qu'il a fait monter dans la camionnette. En voulant les empêcher de partir avec la petite, elle a voulu lutter avec l'autre gars qui l'a roué de coups. Ils l'ont laissé au sol et sont partis en trombe avec la petite.
一Oh Seigneur, dis-je abattue. Mélissa, mon bébé.
一Votre histoire d'agression, je n'y crois pas du tout. Dites-nous où se trouve la petite, gronde Émile.
一Monsieur Biyoghe c'est la stricte vérité. Basculez en appel vidéo. Vous allez voir l'état dans lequel se trouve Madame Odile. C'est très sérieux cette histoire, nous sommes présentement avec deux agents de police qui sont déjà venus faire le constat.
C'est un appel sur WhatsApp, Émile bascule en mode vidéo.
Madame Odile Odjele la nounou de Mélissa est couchée sur le lit avec un bandage autour de la tête et un autre au bras. Son pied est suspendu dans un plâtre. Elle a des bleus sur le visage et les yeux bien rouge, ça se voit qu'elle a beaucoup pleuré.
一Comment ça a pu arriver, dis-je en larmes. On l'a laissé sous votre responsabilité et vous n'avez pas pu la protéger ? Je commence par où ? Où je vais, Seigneur ?
一Est ce que vous vous rendez compte de la gravité de ce qui vient de se passer? fait Émile. Avec tous les millions qu'on dépense par an pour elle dans votre établissement, vous ne pouviez pas l'envoyer en balade avec des gardes du corps ? Des agents de sécurité ?
一Monsieur Biyoghe, nous préférons envoyer les jeunes en balade en marchant. Pour qu'ils puissent profiter de l'air et du bon temps. Quel est l'intérêt de faire une balade en voiture ? Déjà qu'ils passent pratiquement tout leur temps enfermé à OASIS.
一Écoutez je ne sais pas comment vous allez vous débrouiller, mais vous avez 24h pour la retrouver, sinon ça va très mal se passer pour votre établissement.
一Nous sommes sur l'affaire, dit l'agent de police. Monsieur et Madame Biyoghe, nous allons mettre une grosse équipe jour et nuit là-dessus.
Je pleure à tel point que je m'étouffe même. J'ai l'impression que le ciel m'est tombé sur la tête et qu'un rouleau compresseur a écrasé mon cœur. Je suis assise par terre pendant qu'Emile gronde la directrice et madame Odile.
一Monsieur je suis vraiment désolée, je n'ai pas pu la protéger, pleure madame Odile.
一Vous devriez la fermer. Je vais vous envoyer en taule pour le restant de vos jours si cette petite ne réapparaît pas.
一Il y aurait-il une raison pour qu'on veuille enlever cette petite ? demande le policier ?
一Les frais pour être admis à Oasis sont extrêmement élevés, dit la directrice. Donc ce n'est pas n'importe qui qu'on puisse inscrire là-bas. Tout le monde sait que pour entretenir un enfant dans notre établissement, les familles dépensent une fortune. Je suppose que ces gens ont pu remarquer Mélissa avec Odile depuis un moment déjà, vu qu'elles partent se balader tous les mardis en après-midi.
一Écoutez, tout ça, c'est long! fait Émile.
Je me mets en route, quand je vais arriver sur place, j'espère pour vous que vous aurez quelque chose de concret à me dire. Monsieur l'agent, je veux que cette histoire soit prise très au sérieux. Je ne suis pas n'importe qui dans ce pays.
一Nous sommes en train de monter une équipe pour les recherches et l'enquête.
一En tout cas, je me mets en route pour la clinique tout de suite.
Il raccroche et je m'effondre.
~~~~~~~~~~~
Je suis désespérée, en larmes. Émile manipule son téléphone, il passe un appel apparemment au chef de la police. Puis une idée me traverse l'esprit.
一C'est toi, n'est-ce pas ?
一Moi quoi?
一C'est toi qui as enlevé Mel!
一Tu commences à perdre la tête. Pour quelle raison je vais la faire kidnapper étant donné qu'elle était sur le point de venir vivre à la maison. C'est ce que j'ai toujours voulu.
一Tu m'as déjà menacé en me disant que si je ne reste pas docile, tu vas l'emmener loin de moi. Dans un endroit où tu pourras faire d'elle ce dont tu as envie. Pour me tor*turer psychologiquement.
一Tu es malade, Yolande !
一Non je ne suis pas malade. Je te connais déjà trop bien, dis-je en pleurant à chaudes larmes. Malgré tout le cinéma que tu fais là, je suis sûre que c'est ton œuvre. Tu as déjà certainement payé la directrice et madame Odile, peut-être même les policiers aussi. Émile, je t'en prie, je te promets que je ferai ce que tu veux, mais ramène-la-moi.
一Tchuip! Pense ce que tu veux, j'ai mieux à faire que de rester là à t'écouter.
Il sort en verrouillant la porte. Je n'aurais jamais dû le défier. Il vient une fois de plus de prouver qu'il a toujours une avance sur moi. Je sais qu'il n'a pas digéré ce que j'ai fait chez Diane et Vincent. Voici ma punition qui vient de tomber. Et je suis déçue par la même occasion de madame Odile, pourtant elle avait l'air de beaucoup aimer Mélissa. Les gens sont prêts à trahir pour de l'argent. Mais jusqu'à quand ?Meli mon bébé...
Odile Odjele
Je me retrouve seule dans la chambre d'hôpital après le départ de la directrice d'OASIS, de la police et des autres. J'essuie les larmes de crocodile que j'ai versées devant tout le monde. Ils ont cru à mon histoire montée de toute pièce. Je me lève discrètement de mon lit et je fouille mon sac qui est posé sur une chaise. Je fouille dans une poche intérieure et je sors le nouveau téléphone que je viens d'acheter. Je vais dans la salle de bain et je ferme la porte à clé, puis j'allume le téléphone et je lance l'appel. Il décroche après deux sonneries.
一Allô, dit-il.
一C'est moi, dis-je en chuchotant. Ils sont déjà arrivés avec la petite ?
一Oui les gars sont déjà avec elle à la maison. Tu penses que la police et les autres ont cru à ta fameuse agression et au kidnapping ?
一Oui j'ai été très convaincante, je réponds.
一Très bien. Tu as fait un excellent boulot.
一Les agents de police ont dit qu'ils peuvent revenir m'interroger. Comment je fais s'ils se rendent compte que je n'ai rien de cassé et tout.
一Pour ça te t'inquiète pas, j'ai déjà parlé avec ton médecin traitant. Elle va couvrir nos arrières. Elle est payée pour ça. Elle va s'assurer que tu restes à l'hôpital encore un moment.
一D'accord.C'est quoi la suite ? Je demande.
一Pour l'instant, reste à l'hôpital même deux jours de plus. Si tu sors trop tôt, ça peut éveiller les soupçons. On ne sait jamais, peut-être que la police va te surveiller, vu que tu es la dernière personne à avoir vu Mélissa.
一D'accord.
一Garde ce téléphone-là éteint comme prévu. Tu ne l'allumes que dans deux jours, je vais moi-même te rappeler pour te dire quoi faire. Maintenant, au cas où tu as un truc important à me dire entre-temps, appelle le numéro que tu connais. Tu as compris ?
一Oui j'ai compris.
一Parfait ! Ton travail a été efficace, Odile, bravo.
Je raccroche et je retourne dans la chambre. Après avoir caché le téléphone, je me couche à nouveau. C'est vrai que j'ai eu un pincement au cœur en voyant madame Yolande pleurer sa sœur au téléphone mais j'ai fait ce que j'avais à faire concernant Mélissa, je ne regrette rien. De toute façon, je n'avais pas le choix.
Bonne lecture.