Chapitre 39
Write by WumiRa
«On pardonne aux gens qu'on aime car l'amour est plus fort que la haine»
- Mais arrête !
Malik roula sur le côté et se leva juste à temps pour éviter l'oreiller que sa femme venait de lui lancer à la tête.
- Espèce de...
Driiing !
Le retentissement de la sonnerie les interrompit tous les deux. Il s'empara de sa chemise qui gîsait sur le sol.
- Tu attends quelqu'un ?
Elle se leva à son tour.
- Non et toi ?
- À moins que ma secrétaire ait décidé de m'apporter des documents à domicile.
- On est quand même dimanche !
- Allons voir qui c'est, viens.
- Vas-y, je te rejoins. J'ai une mine effroyable.
Dès qu'il quitta la chambre, elle se hâta de passer dans la salle de bain pour une longue toilette. Des minutes plus tard, elle en ressortit et alla jusqu'au dressing chercher l'une des robes qu'elle affectionnait plus particulièrement, ces temps ci.
Mais la vérité était qu'à part son mari, elle et Sonya, nul n'était au courant qu'un bébé était en route. Malik avait été catégorique ; en parler aussi tôt pouvait porter malheur. Le pauvre était tellement partagé entre bonheur et anxiété qu'une simple toux réussissait à le mettre dans tous ses états. Il prenait soin d'elle comme jamais elle ne l'en aurait cru capable.
Dix jours. Seulement une dizaine de jours s'était écoulée depuis la fois où il lui avait fait part d'une part du si lourd passé qu'il trainait derrière lui, mais à voir le nombre d'efforts qu'il faisait pour aller de l'avant, Maya était persuadée d'une chose : elle était sûre et certaine que son mari n'était pas une cause perdue ; ils avaient toute une vie devant eux durant laquelle elle s'était faite la promesse de l'épauler à chaque instant, peu importe ce qu'ils auraient à surmonter. Sinon à quoi reviendrait tout l'amour qu'elle lui portait ?
Dès qu'elle eu changé de vêtement, elle quitta la chambre et le rejoignit dans le salon.
Mais qui vit-elle ?
- Bonjour Maya, dit la voix de Rachel, alors qu'elle descendait les marches des escaliers. Je parlais justement de toi à Mal.
Malik quant à lui, se tenait à une distance raisonnable de cette vipère et au plus grand soulagement de Maya, il avait l'air de s'ennuyer en sa présence.
Oui, c'est vrai qu'ils étaient amis, mais à présent même un adolescent aurait compris qu'elle en pinçait, mais de dingue pour lui. Quel toupet de se présenter chez lui, même en sachant qu'il avait maintenant une femme !
- Comment tu vas ? demanda t-elle encore.
- Alhamdoulilah, répondit Maya, avant de la dépasser pour aller s'asseoir à côté de son mari.
Ce dernier lui fit aussitôt signe de se poser sur ses genoux, ce qu'elle fit sans hésiter, mais non sans une once de surprise. Était-il en train de rendre Rachel jalouse ou était-ce juste une marque de tendresse, pour prouver à cette catin que les choses allaient délicieusement mieux entre eux ? Quoi qu'il en est, elle jubila de plaisir devant la mine de Rachel, lorsque celle ci vit les bras de Malik se refermer autour d'elle.
- Vous semblez très amoureux, fit-elle remarquer.
- C'est le cas, s'empressa de répondre Maya.
- Tant mieux, poursuivit Rachel. Même s'il y'a quelques jours, j'aurais juré le contraire. Et à propos si je suis là, c'est pour faire des excuses à Malik à propos de ce qui s'est passé la dernière fois à son appartement. Est-ce qu'il t'en a parlé ?
Un grand silence s'installa. Puis une grande gêne, jusqu'à ce que Malik juge qu'il était temps d'intervenir.
- J'allais...
- Oui Rachel, il m'en a parlé, coupa Maya. Y'a t-il autre chose dont tu aimerais nous entretenir ?
Une surprise désagréable apparût sur les traits de Rachel.
- Alors il t'en a vraiment parlé.
Maya fit mine de sourire.
- C'est mon homme, tu ne l'as pas oublié n'est-ce pas ? Il m'a absolument tout dit, sans exception, alors tu vois bien que ce n'était pas la peine de venir.
- Je vois.
- Oh et à propos, il y'a un malentendu que j'aurais dû éclaircir il y'a longtemps.
- Oui ?
- Je ne suis pas cette femme que tu as vu monter dans la voiture d'Hamed Lincoln, ce soir là. Je ne vois même pas comment cela aurait été possible puisque c'est la première fois que je le rencontrais.
- J'ai dit à Mal...
- Tu lui as dit que j'avais suivi ce type. Comment as-tu pu me voir, alors qu'à mon départ tu te trouvais dans les toilettes avec Chrystal ?
- Maya, c'était un malentendu comme tu l'as dit.
C'était Malik qui venait de parler. Il desserra son emprise autour d'elle.
- Je suis surprise des airs de grande que tu prends avec moi, Maya, dit Rachel. Je n'ai absolument aucun problème avec toi.
Cette dernière eut la forte envie de lui lancer un «reste loin de lui», mais elle s'en priva finalement et dit juste :
- Moi non plus d'ailleurs.
Elle se leva et quitta le salon, pour la cuisine.
La voix de Malik la fit sursauter, quelques minutes plus tard, alors qu'elle était occupé à laver la vaisselle.
- Qu'est-ce que tu as ? demanda t-il.
- Elle est toujours là ? demanda t-elle à son tour, sans se retourner.
- Je lui ai demandé de partir.
- Tu aurais pu la mettre à la porte.
- Maya.
- Quoi ?
Elle se retourna.
- Il s'est passé quoi entre vous ? Les excuses c'était pour quoi ?
Il garda le silence, se contentant de fermer la porte derrière lui.
- Pourquoi fermes-tu ?
- Je ne veux pas qu'elle nous entende nous disputer.
- Je ne suis pas en train de me disputer avec toi !
- Non. Tu m'engueules et franchement je le mérite. J'aurais déjà dû te dire que...
Il marqua une pause.
- Que ? le pressa t-elle.
- Il ne s'est rien passé entre nous, je te le jure. Jamais je ne te manquerais de respect à ce point.
Voyant ce que sous-entendait ce qu'il venait de dire, elle croisa les bras et dit :
- Je te fais confiance.
Il haussa les sourcils.
- Je te fais confiance, Malik. Ne me déçoit jamais.
Il se rapprocha d'elle.
- Pour rien au monde je ne gâcherai tout à présent.
- Tu dis ça maintenant, mais...
- Je reconnais avoir mal agis. Je n'ai pas l'habitude de parler de mes problèmes. Je ne pensais même pas que cela pouvait être possible, mais tu me rends tellement plus courageux et pas même pour tous les millions de ce pays, je ne voudrais que tu cesses d'être aussi motivante que tu l'es maintenant, mon amour.
Une grande bouffée de chaleur envahit Maya en l'entendant l'appeller comme il venait de le faire. Une première ! Ces derniers temps, il avait l'habitude de l'appeller «chérie» «mon ange», mais jamais encore il ne l'avait désigné comme étant son amour.
Comme une gamine, elle lui sauta au cou.
- Aïe, mais qu'est-ce que tu fais ?
- Ça ne se voit pas ? Je veux te serrer dans mes bras.
Il sourit.
- Pour quelqu'un d'aussi frêle, tu es bien ambitieuse.
Il tendit les bras et elle se blottit contre lui.
- Mon Dieu, qu'est-ce que je t'aime, ce n'est pas possible.
Pour toute réponse, il lui caressa les cheveux.
- Tu sens bon, commenta t-il.
- Et quand je pense qu'à ta demande en mariage, j'avais envie de t'étriper.
- Gneugneugneu jamais je ne partagerai le même lit que toi ! fit-il en imitant sa voix, des mois plus tôt.
Elle pouffa.
- Dieu est grand.
- Quand je pense que sans lui, tu ne m'aurais pas bousculé dans cet aéroport.
Elle lui donna une grande tape sur l'épaule.
- Quoi ! Mais c'est toi qui ne regardais pas où tu allais.
- C'est toi qui manipulais ton téléphone.
- Oui mais... J'ai quand même été ravie de voir ta tête lorsque je t'ai traité de goujat et d'irresponsble.
- Et de macho.
- Tu n'as donc pas oublié ?
Il déposa un baiser sonore sur sa joue.
- J'ai une mémoire d'éléphant.
***
PENDANT CE TEMPS CHEZ LES FALL
- Ça fait des jours que tu refuses de me dire ce que tu as, Henri. Je suis dépassée, dit Firda à son mari, alors que celui ci avait le nez plongé dans un journal qu'il ne semblait même pas lire.
Elle le lui prit des mains.
- Je suis malade ! s'écria t-elle. Ça fait trois jours que mes maux de tête ont repris, mais pas moyen de t'en parler, parce que monsieur semble préoccupé par autre chose.
Henri releva la tête.
- Laisse moi tranquille, femme. J'ai d'autres soucis.
En trente ans de mariage, c'était la première fois qu'il lui parlait et la traitait avec autant d'indifférence. Jamais auparavant, il ne l'avais appelée «femme», comme il venait de le faire. Ce qui bien entendu ne présageait rien de bon.
- Si tu es malade, pourquoi n'appelles-tu pas ton docteur ? Va crier ailleurs s'il te plaît.
Il se leva et quitta la pièce. Interloquée, elle demeura sur place à se demander par quel magie son mari était devenu aussi distant. C'était incroyable ! Toujours persuadée qu'il lui jouait la comédie, elle le suivit jusque dans leur chambre à coucher.
- Qu'ai-je fais de mal ? demanda t-elle. Tu pourrais au moins me le dire n'est-ce pas ?
Seul le silence lui répondit.
- Si c'est vraiment le cas, si j'ai fait ou dit quoi que ce soit de mal, pardonne moi s'il te plaît, mais sors de ce si grand mutisme. Je suis très inquiète pour toi, chéri.
Occupé à fouiller dans un tiroir, il ne lui accorda pas le moindre regard. Alors résignée, elle se dirigea vers la porte.
- Il est temps de dire à Maya qu'elle n'est pas notre fille.
Elle se retourna vivement.
- Il faut qu'elle sache que nous ne sommes pas ses vrais parents.
- Pourquoi ?
- Parce que je l'ai décidé. Soit tu lui dis, soit c'est moi qui le ferai.
- Oh Henri... Tu ne peux pas parler sérieusement. Comment suis-je censée lui annoncer une chose pareille ?
Il haussa les épaules.
- Ne te gêne donc pas. Moi je trouverai les mots qu'il faut.
- Mais... mais elle va en souffrir !
- Et que crois-tu qu'il va se passer lors de ce fameux mariage traditionnel qu'elle doit accomplir ? Il y'a des rites Firda, il y'a des rites ! Et Karim est très décidé ; je crois même qu'il soupçonne que notre petite Maya n'est pas vraiment de nous.
- Que... comment ?
- J'ai donné ma parole aux membres de cette famille, ma fille n'est pas censée échapper à la coutume. Mais si mon frère a décidé de fouiller dans ma vie, je ne veux pas qu'en fin de compte elle en souffre, alors si tu as une meilleure solution que de lui dire toute la vérité, avant qu'elle ne l'apprenne autrement et devant un tas de gens, dis-le moi.
Elle expira bruyamment.
- Je ne sais pas quoi te répondre. Mais est-ce pour cela que tu me traites de cette façon ? Suis-je autant à blâmer ?
- Si tu m'avais donné un enfant, nous n'en serions pas là.
- Que Dieu te pardonne pour ce que tu viens de dire, je te rappelle que je ne suis pas stérile ! C'est bien toi qui...
- Moi ?
Il secoua la tête.
- Puisqu'on y est, il faut que tu saches que j'ai un fils.
Silence absolu.
- Je n'ai plus l'âge de mentir, ma Firda. Il y'a trente ans, plus précisément la veille de notre mariage, je t'ai trompée avec l'une de nos connaissance et par la suite, elle a eu un fils. Malheureusement, elle n'est plus de ce monde pour me dire ce qu'il est devenu et je ne l'ai appris que tout récemment par une femme qui elle aussi, vient de mourir. Tu vois bien que j'ai de bonnes raisons d'être tourmenté.
Coucou la Team... Bon début de weekend à vous. Bisous ! Et au passage c'est votre Maya sur l'image.