Chapitre 39 : Tout sauf ça.

Write by Les Histoires de Laya

***Eden***

Toc toc

Moi : Entrez !

Elle ouvre la porte et je vois ma princesse toute souriante entrer.

Elle : Votre fille est là.

Moi : Merci, vous pouvez la laisser ici.

Elle : Bien M. (fermant la porte)

Je me lève de ma chaise et je lui ouvre mes bras dans lesquels elle vient plonger comme si ça faisait 100 ans qu’on ne s’était pas vus.

Moi : Ça va ?

Cali : Ouiiii, maintenant que je suis avec maman et toi.

Moi : Cali, il faut que tu me dises ce qu’il y’a, je ne peux pas comprendre si tu ne me dis pas clairement. Tu nous inquiètes et ça ne peut pas continuer ainsi.

Elle baisse la tête

Cali : Je ne veux plus aller chez papa, je veux rester avec vous uniquement parce que quand je suis loin de vous, je suis triste.

Moi : D’accord, tu resteras avec nous.

Je ne rajoute plus rien et je la garde dans mes bras.

On se met à la fenêtre et on profite de la vue qui s’offre à nous.

Cali : J’aime trop venir ici.

Moi (amusé) : À cause de la vue ?

Elle (souriante) : Ouiii

Moi : Bientôt tu auras 8 ans, tu veux quoi pour ton anniversaire ?

Elle (les yeux brillants) : Une grande fête avec Xénia, Lucas (son petit frère) et tous mes amis de l’école, plein de cadeaux, de câlins et c’est tout.

Moi : Plein de cadeaux ?

Elle : Oui !

Moi : Y’a pas de précision ?

Elle : Les robes !

Ça me fait sourire parce que je réalise que je la connais un peu trop bien, je le savais avant qu’elle ne parle.

C’est ça l’importance de passer du temps de qualité avec ses enfants, je les connais sur le bout des doigts et je sens que plus tard ça va me causer des problèmes (rire). Quand elles vont commencer à me trouver trop envahissant à cause des petits copains par ci et par là. Mon DIEU, évite-moi ce stress.

Moi : On va acheter. Et les chaussures aussi non ?

Elle (ravie) : Ouiiii papa Eden, tu as tout trouvé.

Moi : D’accord. Je vais dire à maman de tout organiser pour ta fête.

Elle : Ok.

Je la dépose sur le sol, elle continue d’apprécier la vue et moi je prends place sur mon fauteuil pour terminer un contrat important.

 

Mon téléphone se met à sonner.

Moi : Oui bébé ?

Marianne : J’ai presque fini à la banque, je m’apprête à sortir, tu peux lui dire de descendre avec Cali stp ? Je dois filer à l’école de Xénia.

Moi : Comme si c’était déjà fait patronne.

Marianne (amusée) : Lol.

Je coupe et je fais signe à ma secrétaire.

Moi : À ce soir

Cali (me faisant une bise) : Bye bye.

Elles sortent et je replonge dans mes dossiers.

***Marianne***

La dame : Voilà, c’est bon Madame !

Moi (ravie) : Merci beaucoup, excellente suite de journée.

Elle (souriante) : Merci, à vous aussi.

Moi : Merci.

Je sors de la banque, je récupère ma clé de voiture dans mon sac.

Je vois Calista de l’autre coté qui tient la main de la secrétaire et qui de l’autre main me fait un signe (Lol) comme si je ne l’avais pas vu.

Je me mets à traverser la route quand je vois une voiture foncer sur moi.

Tout se passe tellement vite que je n’ai ni le temps de courir, ni le temps de voir le conducteur.

Je me sens projetée dans les airs, je lance un cri strident et puis, plus rien.

 

***Ce qui se passe autour***

Calista (hurlant) : MAMAAAAAAAAAAAAAAAN, NOOOOOOOOON.

La secrétaire (horrifiée) : OH MON DIEU.

La foule : SEIGNEUR JESUS

Calista lâche la main de la secrétaire et court vers le corps de sa mère, allongé et baignant dans une mare de sang.

Calista (pleurant) : MAAAMAAAAAN, MAAMAAAN REPONDS MOI !

La secrétaire (paniquée) : Appelez une ambulance, appelez une ambulance. Pourquoi vous filmez au lieu d’agir, pourquoi ?

L’agent de sécurité de l’entreprise prend son téléphone et se met à appeler l’ambulance pendant que les gens autour continuent de filmer et de commenter la scène terrifiante qui se passe sous leurs yeux.

La secrétaire tire Calista pour qu’elle ne vive pas plus longtemps ce drame, mais cette dernière lutte et refuse qu’on l’éloigne de sa maman.

***Eden***

Mon téléphone fixe sonne et je le décroche.

L’agent de sécurité (voix tremblante) : M., il y’a un grave problème en bas, un accident, descendez s’il vous plait.

Je jette un coup d’œil à la fenêtre et ce que j’aperçois tout en bas me glace le sang.

Je crois reconnaitre ma Marianne et Calista mais mon cerveau refuse cette information.

Je sors en vitesse de mon bureau. Je cours aussi vite que mes jambes me le permettent.

Quand j’arrive en bas, je vois Marianne allongée sur la chaussée, baignant dans une mare de sang et mon cœur manque de lâcher complètement.

Moi (hurlant) : Arrêtez de filmer (pleurant) Ne me fais pas ça Marianne, s’il te plait, respire mon amour, bats-toi, ne lâche pas.

La douleur me prend aux tripes, la scène est insupportable !

Je cherche à voir si elle respire encore et je sens qu’elle est à deux doigts de partir.

Je supplie DIEU, je le supplie dans mon cœur car je ne supporterai pas de la perdre.

Je fouille ma poche et j’ai la clé de ma voiture.

Je soulève ma femme dans un dernier espoir, je refuse de la voir partir, non jamais.

Je demande à la secrétaire de garder Cali avec elle.

Un homme dans la foule m’aide avec le corps de Marianne, elle a perdu beaucoup de sang.

On fonce à la clinique la plus proche et quand j’arrive, j’hurle « AIDEZ MA FEMME S’IL VOUS PLAIT, ELLE EST ENTRAIN DE MOURIR ».

Elle est prise en charge rapidement et je tombe à genoux.

Je suis imbibé de son sang, je supplie DIEU de toute mon âme.

M’enlever Marianne revient à détruire ma vie et celle de nos enfants.

Qu’il me fasse passer par toutes les situations mais pas par celle-ci.

Mon téléphone se met à sonner et c’est l’école de Xénia.

Moi (voix tremblante) : Je vous envoie mon chauffeur, gardez la 20 minutes, je vous en supplie.

Sa maitresse : Bien M.

J’appelle mon chauffeur et je lui demande de prendre des vêtements de rechange avec la nounou à la maison pour Calista. Puis, se rendre à l’entreprise la récupérer et prendre Xénia à l’école.

Moi : Tu les déposes chez ma mère, s’il te plait.

Lui : Bien M.

J’appelle maman.

Elle (décrochant) : Oui mon chéri

Moi (craquant) : Maman, Marianne lutte entre la vie et la mort, je ne m’en remettrai pas maman, prie pour elle, prie pour qu’elle vive, demande à DIEU de garder Marianne, je suis à l’hôpital, elle est en réanimation maman snif, mon cœur va lâcher.

Maman (paniquée) : Eden, qu’est-ce-qu’il y’a ?

Moi : Une voiture a renversé Marianne maman, elle est dans un état catastrophique snif, Calista l’a vu, Calista l’a vu maman. Elle est traumatisée.

Maman : Dis-moi où elle est et j’irai la chercher Eden, où sont Calista et Xénia ? Mon DIEU (voix tremblante) Eden, qui a fait ça à Marianne ?

Moi (reniflant) : Je ne sais pas maman, je ne sais pas. Mais le chauffeur arrive avec les filles.

Le médecin : M. MAYE ?

Moi : Je te rappelle maman. (Paniqué) Oui docteur.

Lui : Votre femme a perdu beaucoup de sang et je préfère vous le dire, si elle n’a pas de dons de sang d’ici quelques heures, elle mourra. Et aussi, elle quasiment tout de cassé.

Sans mise en forme, sans aucune compassion.

Je suis tétanisé, je n’arrive plus à bouger. Le seul mouvement de mon visage est celui des larmes qui coulent sur mes joues.

Quand j’encaisse l’information, dans un dernier espoir je lui dis « Où puis-je avoir du sang ? Et quel groupe ? »

Lui : Allez à l’hôpital général et priez DIEU. Et aussi, payez d’abord.

Moi (à bout) : Payer ? Vous me parlez d’abord d’argent pendant que ma femme est en train de mourir ?

Lui : Donc on peut la débrancher ? Vous venez dans les cliniques et vous n’avez pas d’argent ? Vous n’allez pas me faire avaler cela M. MAYE, pas vous.

Moi : Si ma femme meurt à cause de vous et votre amour de l’argent, vous ne travaillerez plus jamais de votre vie et je peux vous jurer que votre clinique sera fermée à vie, croyez-moi.

J’ai foncé à l’hôpital général.

J’ai supplié ces femmes, ces femmes qui y travaillent et qui reçoivent mal les gens, ces femmes qui s’en fichent de l’urgence de la situation et qui te balancent « Vous ne pouvez pas attendre ? Vous n’êtes pas la seule urgence ».

Une heure est passée et le battement de mon cœur s’est accéléré, j’avais l’impression de mourir peu à peu à chaque seconde qui passait.

J’ai pété les plombs, j’ai dû commencer à taper du poing sur la table pour qu’on m’aide.

C’est une heure plus tard que je suis retourné à la clinique et après avoir remis le nécessaire, j’ai tourné en rond.

***Deux heures après.

Une infirmière : M. MAYE

Moi : Oui

Elle : Je suis désolée

Moi (au bord des larmes) : Ne me dites pas ça, s’il vous plait.

Elle : Calme vous svp ! Je suis désolée pour la scène de tout à l’heure mais c’est la politique de la clinique, payez pour qu’on continue le travail qu’on a commencé. Votre femme est à deux doigts…

Moi : L’argent est plus important qu’une vie humaine ?

Je n’ai plus rien écouté. J’ai appelé maman en lui demandant d’envoyer le chauffeur avec 3millions tout de suite.

Vu que c’est l’argent qui intéresse les gens, on va leur en donner.

30minutes après, il se pointe, je récupère l’enveloppe.

Moi : Si ma femme meurt à cause de votre amour pour l’argent et non pour votre profession, vous tous, vous me connaitrez.

Je dépose l’enveloppe et je retourne où j’étais.

La dame de l’accueil : M. MAYE on ne voulait pas dire ça, pardonnez-nous. On a tous besoin de notre emploi ici.

Je ne lui réponds pas. Qu’ils avalent cet argent vu que c’est ce qui les intéresse.

 

C’est à 20h qu’on me revient.

Le médecin (me fixant) : On a pu arrêter l’hémorragie et je veux vous voir dans mon bureau.

Je me lève et je le suis, c’est déjà une bonne nouvelle. Merci mon DIEU.

Lui : Bien, je veux vous dire que votre femme est dans un coma. Dans cet accident, le choc fut très violent, elle a un traumatisme crânien et concernant ses autres membres, ses membres inférieurs sont touchés, je dirai même brisés.

Mon cœur manque de sortir de ma poitrine. Trop d’informations en même temps, trop…

Moi (en larmes) : Est-ce que vous aimez votre métier ? Snif, je n’en ai pas l’impression. Vous m’annoncez de telles nouvelles sans état d’âme, sans compassion aucune, comme si vous étiez entrain de me parler de choses banales.

Lui (haussant le ton) : Ce n’est pas parce que vous êtes dans les grandes familles de ce pays que vous viendrez me monter dessus et m’apprendrez mon métier. On fait tout pour sauver votre femme donc ne nous emmerdez pas. Ici, c’est ma clinique, c’est moi qui sais ce que je fais, alors vous allez calmer vos ardeurs tout de suite.

Je ferme mes yeux deux secondes, je les ouvre et je le fixe.

Moi : J’espère que vous ne serez jamais dans pareille situation.

Je me lève et je sors de son bureau la mort dans l’âme.

Ma femme dans le coma à cause d’un CON qui n’a pas su contrôler son volant et qui n’a pas eu les couilles d’assumer son acte.

Je jure sur la tombe de Pierre-Neal, qu’on retrouvera cette personne. Je ne laisserai pas passer, jamais.

 

***Kylian***

Je suis allongé dans le salon et je prends mon téléphone pour consulter les nouvelles de ce jour.

News Gabon : Grave accident aujourd’hui en ville, une femme baignant dans une marre de sang, le conducteur envolé dans la nature. (Mon cœur fait un bon)

Encore un imbécile qui renverse une personne et qui s’évapore dans la nature, mon DIEU.

Je clique sur l’article.

 

L’article : C’est cet après midi aux environs de 14h, qu’une voiture a foncé sur une femme traversant la chaussée. Cet accident a eu lieu devant les entreprises MAYE (mon cœur bat fort) et selon les passants, la scène s’est si vite déroulée qu’ils n’ont pas eu le temps de voir le conducteur. Dans quel monde sommes-nous ? Personne n’a le temps de voir le conducteur mais tout le monde a le temps de filmer la dame allongée et baignant dans une mare de sang ? Bienvenue au GABON où montrer sur les réseaux sociaux a plus d’importance que secourir une personne luttant entre vie et mort. Ames sensibles s’abstenir.

Mon téléphone sonne et c’est maman

Moi : Oui maman ?

Elle : Kylian ohhhhh, Calista, Marianne !

Moi (le cœur en l’air) : Que se passe-t-il ?

Elle : Tu n’as pas vu cette vidéo qui tourne Kylian ? (Voix tremblante) Marianne s’est faite renversée et j’ai vu Calista dans la vidéo en train d’hurler.

Mon battement de cœur s’accélère.

Moi : Je te rappelle maman.

Non, mon DIEU, ne me dis pas ça, s’il te plait. Pas Marianne !

Je lance l’appel sur le numéro de Marianne, injoignable.

Je sens des larmes me monter et je décide d’appeler Eden.

Alice me fixe intensément, attendant sans doute que je lui dise ce qui m’arrive.

Eden (décrochant) : Kylian (voix tremblante) ?

Moi : Eden, Marianne ?

Eden (craquant) : Elle va mal Kylian, est dans un état de comas.

Mon sang ne fait qu’un tour.

Alice se pointe devant moi.

Moi : Tu es où avec elle Eden ?

Eden : Clinique Osis

Moi : Je viens tout de suite.

Je ne lui laisse pas le temps de me répondre.

Alice : Où vas-tu Kylian ? (Me bloquant le chemin)

Moi : Marianne est dans un état critique, il faut que j’y aille.

Alice : Tu ne bouges pas Kylian, non non et non. (Agacée) Elle n’a pas un homme ? Hein ? Elle n’a pas un homme pour aller l’assister ? Tu n’es pas son mari, merde à la fin.

Moi (appliquant mes mots) : La mère de mon enfant est entrain de lutter entre la vie et la mort, si elle part, je ne m’en remettrai pas, alors, oui Alice, je dois aller à la clinique parce que Marianne est dans un état catastrophique. Laisse-moi passer stp.

Elle a couru à la porte pour verrouiller et prendre le trousseau de clé.

Elle : Ta place est ici avec moi, alors non, tu n’iras nulle part Kylian.

J’ai foncé dans la chambre, récupérer mes clés de voiture et j’ai ouvert grandement la fenêtre.

J’ai sauté celle-ci et j’étais déjà de l’autre coté quand elle a débarqué à la fenêtre et qu’elle a constaté que je montais dans ma voiture.

J’ai démarré aussi vite que j’ai pu et je l’ai seulement vu courir pour se mettre devant ma voiture, j’ai freiné brusquement car moins une, je la ramassais.

Je suis descendu de la voiture.

Moi (pétant un câble) : Tu es sérieuse Alice ? Tu es sérieuse ?

Elle (en furie) : Tu ne sors pas d’ici Kylian.

J’ai enlevé la clé sur le moteur, j’ai fermé la voiture et lui ai donné la clé.

Je suis sorti de la concession et elle m’a suivi.

Moi : Alice, si à cause de ta folie, mon enfant reste seul dans cette maison, tu ne me reconnaitras pas. La jalousie ne peut pas te rendre inhumaine et insensible à ce point. Lâche mon bras, tout de suite.

On s’est jaugé du regard et elle a fini par lâcher mon bras.

J’ai arrêté mon taxi et j’ai foncé à la clinique.

J’ai trouvé un Eden avec les yeux enflés, le costume taché de sang, tremblant de tout son être.

Je l’ai salué en posant une main sur son épaule et il m’a juste regardé en me lançant un faible bonsoir.

J’ai pris place à ses cotés et sans rien dire nous sommes restés là.

Mon téléphone a commencé à vibrer et je recevais des WhatsApp de ma famille.

Dès que j’ai ouvert, j’ai vu directement les photos de Marianne baignant dans une mare de sang.

Une douleur m’a parcouru le corps tout entier et c’est une larme silencieuse qui a glissé sur ma joue.

Moi : Ne m’envoyez plus ces images svp, respectez-la, respectez-moi, respectez ma fille. Merci.

J’ai verrouillé mon téléphone et je me suis adossé.

Je ne sais pas ce qu’Eden ressent mais ce que je sais, c’est que la douleur qui envahit mon cœur n’a d’égal que l’amour que j’ai eu envers Marianne.

Moi : Eden, Calista est où ?

Lui : Chez ma mère, je te remets son numéro. (Reniflant) Elle est traumatisée Kylian.

Moi : Donne-moi son numéro, s’il te plait.

Je prends le numéro et je lance l’appel.

Sa mère me répond et elle finit par donner le téléphone à ma fille.

Moi (voix tremblante) : Calista, ma puce

Elle (pleurant) : Maman, je veux voir ma maman snif. C’est de ma faute papa, j’ai dit à l’école que j’étais maltraitée chez toi, j’ai trahi, je ne reverrai plus ma maman. Dis à maman Alice de me rendre ma maman, je ne dirai plus jamais ça, je veux voir ma maman, dis-lui s’il te plait.

 

Sœurs M : Divergence...