« Jeff ? » Demanda-t-il en longeant le côté de l’escalier du bas, torche braquée vers le couloir. Sa voix lui paraissait hésitante, apeurée. Cet appel à l’aide avait réveillé ses plus vieilles peurs d’enfance, et il entendait le cliquetis des rouages de son imagination alors qu’il se rapprochait de la pièce. Il essaya d’empêcher la suite d’idées qui se succédaient en images dans sa tête, sans succès. Mamoun se trouvait là, dans une pièce sans porte, dans un noir complet. Il s’arrêta de marcher, la forte lumière de son portable comme une île au milieu d’une mer de ténèbres. Jeffrey devait être en train de prendre des clichés lorsque Mamoun perçut sa présence. Son regard se perdait dans les particules de poussière voltigeant à la lumière de son portable. Dans un dernier élan de survie, Jeffrey m’a appelé à l’aide…Mamoun Kassab l’a eu.

Cet enchainement d’idées fit courir Nicolas, main serrée sur le crucifix. Il entra comme une tornade dans la pièce, et sa torche illumina la pièce vide. Il y’avait un évier face à l’entrée, couvert de poussière. La main tremblotante de Nicolas se braqua à droite, et il y vit une large armoire de bois lourd qui occupait tout ce côté de la pièce. De la verrerie diaprait les rayons du portable et montraient la mince corniche garnie de restes de bougies, installée entre le premier et le deuxième étage de l’armoire. Un mouvement à sa gauche le fit pivoter.

Mamoun Kassab, vêtu d’un gandourah noir, la tête réduite à l’état de crâne dégarni, s’avançait à pas trainant vers lui. Il exhalait un long soupir sybillant.