Chapitre 4

Write by Lilly Rose AGNOURET

4-

 

~~~ Jeremy Malékou

 

Je me réveille ce matin avec ma virilité aux aguets. Au moment où je parviens à me retourner dans le lit, je me rends compte qu’il est vide. Je suis bête. Comment fais-je pour oublier que mon épouse est toujours en Afrique du Sud?

Je sors donc du lit et c’est dans la douche que je vais me branler pour libérer mon esprit. Je suis en vie. Je le répète : JE SUIS EN VIE. Les malfrats qui ont voulu attenter à ma vie en me torturant pour que je signe des chèques en blanc ou des promesses de dons de la part de l’entreprise, ont réussi à mutiler mon corps, mais je revis. Grâce soit rendue à Dieu. Je marche, je pisse, je mange, je respire. Et eux, ils peuvent aller se faire foutre étant donné que le Ndjembè de la mère de Greg et celui de la mère d’Abraham ont été plus forts que tout. Quand on vous dit qu’on ne touche pas n’importe comment à n’importe qui ! Si mon père n’avait pas ignoré son bwiti pour aller se cacher dans une église éveillée, je ne serais pas là. Il aurait su comment me protéger. Mais bon!

Bref! Je suis là. Je finis tout juste ma convalescence. Je suis attendu au bureau lundi matin.

Après une bonne douche, je sors de là et m’habile tranquillement. Je m’assois sur le lit et prends la peine d’appeler Cape Town pour savoir comment va mon épouse aujourd'hui. La dernière fois que j’ai entendu le son de ma voix, elle me vouait au diable en me disant : “Comment as-tu pu vendre ma sœur! Cette enfant, je l’ai élevée comme si elle était sortie de mon ventre.”

Hum! Avais-je le choix! Dès que j’ai entendu Stéphanie parler des millions qu’elle refusait alors qu’ils lui étaient tranquillement proposés par ce milliardaire, j’ai sauté sur l’occasion, en présentant notre petite Lucrèce à ce milliardaire.

J’ai l’impression que les gens ne comprennent pas le sens de la vie. D’abord, ils doivent se demander si le mot milliard existe dans nos langues vernaculaires. Si ce mot n’existe pas, cela veut donc dire que nous n’avons pas encore eu accès au niveau supérieur de la vie. Ce niveau supérieur, il faut de l’argent, énormément d’argent pour l’atteindre. Et comme mon ambition dans la vie est de ne pas finir dans la pauvreté dans laquelle j’ai grandi, je vendrai même ma mère. Mais bon, vu qu’elle n’est plus en vie, disons, que j’ai des petites sœurs qui peuvent changer leurs vies en écartant les jambes aux bonnes personnes.

Et d’ailleurs, si j’étais une femme, je n’hésiterais pas à le faire.

Bref! On peut me juger, mais personne ne sait ce que cela fait, de naître dans une fratrie qui est obligée de mendier pour vivre. Je ne sais pas si les gens peuvent imaginer la scène: se lever le matin pour aller à l’école parce que l’école est gratuite, mais ne pas avoir un bout de manioc a se mettre sous la dent. Un jour, l’un de mes grands frères a failli me fracasser le crâne parce que j’avais osé manger tout seul, un morceau de manioc qui pourtant était pourri.

Aïe! Je pense à mon père qui était tout le temps saoul. Oui, le vieux Boulingui se saoulait, car ça lui permettait de ne pas entendre nos ventres qui criaient famine. Et ma mère, complètement démunie, qui portait des grossesses chaque année, car cela lui permettait d’aller quémander un sac de riz chez les sœurs à Dom Bosco.

La misère peut être illustrée par les visages de mes frères et moi. Je ne dois ma réussite au lycée, que par les braquages que faisaient mes frères Tété et Jimido. Quand après une nuit de braquage, ils rentraient avec dix pains et dix boites de sardine, on levait les mains au ciel en chantant Alléluia.

Aujourd’hui, mes deux frères aîné, Tété et Jimido sont morts. Jimido a contracté la tuberculose en prison. Tété a été tué par une voiture de police qui lui a foncé dessus. Ma mère a eu 16 enfants. Nous ne sommes que 2 a avoir décroché le baccalauréat. Ma sœur Evangeline est sage-femme dans un hôpital de la place. Je suis directeur financier adjoint. Les autres se cherchent. Celles qui ont utilisé l’intelligence de la vie sont casées dans un foyer avec un homme qui travaille et les nourrit. Les autres font des enfants sans père et espèrent avoir de quoi manger, à chaque fois que je vais à la fin du mois, déposer des vivres chez ma mère. J’ai fait construire une maison de quatre chambres du côté de Bambouchine, pour loger tout ce monde. Je fais ce que je peux chaque mois, pour qu’il y ait au moins, deux sacs de riz de 25kg, 20 kg de cuisse de poulet et trois bidons d’huile.

C’est ça ma vie!

Contrairement à cela, ma femme a la chance de sortir d’une famille dans laquelle le père était instituteur et la mère infirmière. Bien que mon beau-père soit mort il y 20 ans, ma mère a su mené sa barque pour que ses huit enfants réussissent et se trouvent un emploi. Et la petite Lucrèce qui aujourd’hui ose me traiter de chien, est le bébé qui est arrivé sur le tard, alors que ma belle-mère se croyait ménopausée. Elle avait eu une aventure d’un soir avec un homme de passage. Et bam! Un cadeau neuf mois plus tard. C’est donc pour cette raison, que mon épouse, a élevé Lucrèce comme si elle était son enfant.

Lucrèce ne pouvait pas la fermer. Il fallait qu’elle raconte tout à mon épouse. Tout, dans les moindres détails, alors que ce milliardaire était parti en lui laissant une rivière de diamants et de l’argent qu’il lui faudrait des années à gagner. Au lieu de fermer sa bouche, elle a tout raconté à mon épouse et cela a causé un AVC à cette dernière.

Vraiment ! Les femmes sont parfois très bêtes !

 

Quand ma belle-mère a osé me convoquer pour que je lui donne des explications, je n’ai pas hésité une seconde. Je l’ai regardé dans les yeux et lui ai demandé : “Maman, dis-moi si tu seras capable de refuser l’argent que Lucrèce te donnera ?”

Elle ne m’a rien dit. Elle s’est contentée de me répondre : “Sors de chez moi, Jeremy. Sors, pardon.”

 

Quand j’arrive dans le salon, je trouve mes quatre enfants devant la télévision. Dès qu’ils me voient, ils arrêtent la télévision et en ordre, ils filent dans leur chambre en disant : “On va faire nos devoirs.”

C’est la crainte que je leur inspire. Ils savent que s’ils n’avaient pas bougé de ce canapé, je leur aurais demandé de me sortir leurs cahiers. Et puis quoi encore ! C’est quoi ce réflexe qu’ont les enfants d’aujourd’hui ? Passer des journées entières devant la télévision comme s’ils étaient des princes ! Il faut mériter la télévision, la nourriture et les écoles privées et les cadeaux à Noël. Je n’ai pas été élevé dans du coton. Il est donc impensable pour moi, de dépenser de l’argent pour des imbéciles pourris gâtés. 

 

Dans la cuisine, je retrouve Patricienne, l’une de mes belles-sœurs. Elle est en couple avec Jacquemin, le benjamin de ma famille. Mon épouse l’a embauchée comme femme de ménage, car elle était dans la galère, mon petit frère étant au chômage. Patricienne se charge de tout dans la maison : ménage, repassage, cuisine.

- Bonjour Patricienne, lui dis-je en allant en direction du réfrigérateur.

Elle se retourne et me dit:

- Bonjour Yaya Jeremy. Comment as-tu dormi ?

Je fais de mon mieux pour l’ignorer. Je ne comprends pas pourquoi elle fait le ménage en pantalon en jean alors que d’habitude, elle est vêtue d’un kaba. Je m’assois à table pour avaler un verre de lait. Elle me demande :

- Oh, Yaya, veux-tu que je te fasse rapidement une omelette ?

Je réponds oui, sans la regarder. Elle s’active pour me préparer sa fameuse omelette. Elle me la sert avec une tasse dans laquelle elle a mis de la citronnelle. Je commence à manger. Elle me donne alors des nouvelles des gens de Bambouchine. Elle me parle de ma mère qui se plaint de son arthrite. Elle me parle des enfants. Entre ceux à qui il manque une paire de chaussures et les autres qui n’ont pas de livres de mathématiques ou d’Anglais, le choix est vaste. Je lui dis alors :

- Je vais te donner de l’argent pour aller leur acheter des livres à la gare routière.

- D’accord Yaya. Merci.

- Ne me remercie pas. Je prie Dieu pour qu’au moins, un enfant de chaque ventre décroche le bac et aille à l’université.

- Que Dieu t’entende, Yaya. Que Dieu t’entende. Merci oooh!

Elle finit de faire le ménage puis va s’activer dans le reste de la maison. Je vais donc m’installer à la terrasse. Je reste là à prendre un peu d’air frais en me demandant comme se passera mon retour au bureau. Je ferai tout pour être au mieux de ma forme, car les millions qui viennent d’atterrir dans nos comptes, nous allons les fructifier. Et c’est en cela que je remercie le ciel de m’avoir donné les deux grands frères bagandos (bandits) qui m’ont permis de sortir de la misère. Dommage qu’ils ne soient plus en vie pour voir la personne que je suis devenue. Je suis cadre dans une entreprise privée. Je conduis un véhicule Toyota Fortuner. J’ai offert une Toyota Rave 4 à mon épouse et mes quatre enfants apprennent à La Courte Échelle, à Bambino Village, et à Awassi.

Ça, c’est la vie d’une personne qui n’a pas laissé la misère morale, intellectuelle et financière avoir raison.

 

Après avoir bu une seconde tasse de citronnelle, je ressens une tension au niveau de mon bas-ventre. Mon sexe se met en érection. Je me demande pourquoi depuis hier, cela m’arrive alors que j’ai un moment pensé qu’il me faudrait du temps pour retrouver cette vigueur. J’essaie de respirer pour me détendre, mais je n’y peux rien. Impossible de calmer cette érection. Je suis obligé de courir dans ma salle de bain. Là, je me jette tout habillé sous un jet d’eau froide. C’est intenable.

En sortant de là, je prends mon téléphone. Je suis obligé d’appeler un pompier pour éteindre le feu entre mes jambes. Voilà comment, je me retrouve en train de dire de la poésie à quelqu’un qui m’a dit il y a 6 mois, que je peux aller me faire foutre.

- S’il te plaît, Albina. S’il te plaît.

- Je veux deux cent mille. J’ai deux mois de loyer en retard.

- Je n’ai pas deux cent mille, Albina. Pardon! J’arrive. J’ai ramené trois parfums d’Afrique du Sud.

- Non ! Tu paies mon loyer d’abord. Sinon, ne viens pas.

- Aïe! Je peux trouver 100 mille. Ça te va !

- D’accord.

Je me dépêche de partir de ma chambre en vitesse. Quand j’arrive dans le couloir, j’y trouve Patricienne. Je lui dis :

- Écoute, Patricienne, je vais rapidement au bureau. Il y a une urgence. Est-ce que tu peux garder les enfants jusqu’à ce que je revienne ? Tiens cinq mille, pour toi. Merci.

- Merci yaya. Merci.

 

Au moment où je m’apprête à monter en voiture, je me rends compte que j’ai deux pneus crevés. Je me dirige vers la voiture de mon épouse. Là, la voiture refuse de démarrer, car la batterie est complètement à plat. Je commence à enrager. Je tourne en rond à la recherche d’une solution, car je n’ai pas envie de trainer en route sous ce chaud soleil. Il est hors de question que je me promène en taxi.

Alors que je tente de faire un pas en direction du portail avec l’intension d’aller héler un taxi, ma trique se dresse dans mon pantalon, m’empêchant carrément de bouger. Je suis fait comme un rat. Me voilà immobile en plein milieu de mon garage.

Je respire un grand coup. Je respire. Je respire. Et puis bientôt, j’ai l’impression d’être en nage. Je ne contrôle plus rien. Mon téléphone sonne alors. Au bout du fil, c’est ma belle-mère. Elle m’annonce qu’elle a envoyé l’une de ses filles pour venir chercher les enfants. Elle les ramènera demain après l’église. Elle me dit que la personne est en chemin. Je n’ai même pas le temps de discuter. J’ai un souci plus urgent à l’instant. Je vais en courant dans la maison et dans ma salle de bain. À nouveau, je me retrouve sous un jet d’eau froide, à faire des prières en me demandant s’il ne me faut pas arrêter les médicaments que je prends actuellement.

Je vais ensuite me poster dans le lit et m’endors. C’est ainsi que je n’entends à peine les enfants lorsqu’ils cognent pour me dire au revoir.

Le temps se met à flotter dans ma tête. Je me sens plus léger comme si je voyageais assis sur un nuage. Je me sens bien. Je suis détendu. J’en viens même à gémir de plaisir tellement, je suis libéré de toute tension. Je chante même. Je souris bêtement aux étoiles. Je vois des libellules. Ma tête est légère.

Ce n’est qu’au moment où je me retrouve à jouir comme un taureau, que je redescends sur terre pour me rendre compte que le voyage que j’ai entrepris entre ciel et terre, c’est à travers le sexe de Patricienne que je l’ai fait.

Je me retrouve en sueur sur le lit, hurlant comme un maboul tellement l’orgasme que cette femme a provoqué est délicieusement bon.

- Oooh, maman, Oooh, Patriecienne. Tu m’as tué. Tu m’as tué. Pourquoi tu as fait ça, oooh! Pourquoi tu as fait ça !

Elle sourit et me répond :

- Oh, mais je voulais t’aider. Pourquoi tu vas donner 100 mille dehors alors que les enfants à Bambouchine ont faim et ont besoin de l’argent pour le taxi.

 

Quand elle sort du lit, elle se dirige vers la douche. Elle revient avec un gant de toilette mouiller. Elle me nettoie le sexe et le ventre, avant de mettre ce sexe dans sa bouche comme si elle voulait le baptiser.

- Patricienne, ooooh! Laisse ooooh! Dis-je comme un idiot, tout en tenant sa tête pour la guider sur mon sexe.

Elle s’applique à me faire décoller et bientôt, je la renverse simplement sur le lit et me mets à la chevaucher comme un diable.

- Oh, seigneur, que tu es bonne. Donc, c’est pour ça que tu as mis le jean aujourd’hui ? C’est pour ça, n’est-ce pas, Patricienne?

- Oui, c’est pour ça. Tu as tout compris, Yaya. C’est pour ça, ooooh!

 

Il est 17h quand nous sortons enfin de la chambre. Patricienne, a qui j’ai remis les cent mille francs que je destinais à Albina, me dit:

- Accompagne-moi au marché pour acheter les chaussures des enfants.

Là, comme par magie, la batterie de la voiture de mon épouse s’enclenche et nous partons tranquillement de la maison. Après le marché, je me dévoue pour la ramené à Bambouchine. Avant de descendre, elle me dit :

- Tu veux que je vienne tout à l’heure ou bien, ça ira ?

Je réfléchis deux secondes puis lui dis:

- Va faire à manger aux enfants. Dis bonsoir à maman. Je t’attends à la maison à 20h.

- D’accord. Je vais leur mentir que je vais à une veillée de prières. À tout à l’heure.

 

Pendant toute la nuit, Patricienne me travaille, on dirait qu’on lui a dit de ressusciter un mort. La façon qu’elle a de me sucer, me donne à chaque fois envie de renier mes parents, tellement elle s’y prend bien. Et quand je m’introduis en position levrette en caressant ses fesses, je comprends pourquoi en l’engageant, mon épouse lui avait interdit de venir ici en pantalon.

Aïe! Elle a un cul d’enfer!

 

Le lundi matin, je suis le premier arrivé au travail. Il est tout juste 6h 45 quand j’ouvre la porte de mon bureau. Je m’y installe et sans attendre, je mets mon ordinateur en marche. Le nez plongé dans les dossiers, j’accueille les bonjours qui finissent par fuser, une demi-heure plus tard. Je suis fort à cela aussi: travailler pour gagner de l’argent.

Avant de me rendre à la réunion du matin, je prends la peine d’appeler Cape Town pour avoir des nouvelles de mon épouse. C’est Jeanne, une autre de mes belles-sœurs qui me répond. Elle est plus cordiale que Lucrèce. Elle me dit :

- Yaya, ici c’est le statu quo. La rééducation de Ya Pélagie continue.

Je réponds alors :

- Embrasse mon épouse pour moi. Dis-lui que je l’aime et que j’ai hâte de la retrouver.

- D’accord.

Je raccroche et vais retrouver les collaborateurs, qui sont tous heureux de me revoir en forme.

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