Chapitre 4: Coeur brisé

Write by Womins

Charlotte***

Je suis assise à mon bureau, Christian en face de moi. Je sens peser sur moi son regard interrogateur alors que je cherche mes mots. Comment lui expliquer ce qui vient de se passer ? Et puis, que s’est-il vraiment passé ?

Chris : Bon sang Charlotte, je n’ai pas toute la journée.

Moi : …

Et si je lui expliquais tout simplement, peut-être qu’il me trouvera juste un peu cinglée et alors, qu’est-ce que je risque ?  

Moi (les yeux rivés sur la table) : Tout d’abord, je te prie de m’excuser Christian, je n’aurai pas dû te quitter ainsi. Il se trouve que j’ai cru apercevoir le mec d’une de mes meilleures amies. Et il n’était pas seul.

Christian (appuyant ses coudes sur le bureau) : Il était avec une femme c’est ça ?

Je me contentais d’un hochement de tête bien timide.

Christian : Et ton esprit tordu lui a tout de suite prêté une relation avec cette dernière.

Moi : C’est fou ce que tu peux être perspicace. Je suis prête à parier qu’il a une liaison avec cette fille. Tu les aurais vus …

Christian : Quoi ? Ils s’embrassaient ?

Moi (en plein doute) : Non mais je sais …

Christian (prenant mes mains dans les siennes) : Tu n’en sais rien mon cœur. Si ça se trouve c’est une amie, une cousine, une voisine. Il y a des tas de possibilités. Arrête d’imaginer des conneries. Et pour la peine, tu me dois une soirée. Chez moi !

Moi : Tu as peut-être raison. Il est amoureux de ma copine et il ne lui ferait jamais de mal.

Christian (souriant) : Voilà. Et, pour ma soirée, tu en dis quoi ?

Moi (un peu plus rassurée) : Si c’est le seul moyen de me faire pardonner. Mais je préfère tout de même que ce ne soit pas chez toi.

Christian : Si je ne te connaissais pas, je jurerais que tu as peur de ce que je pourrai te faire ou de ce que toi, tu pourrais me faire.

Je me levais pour aller ouvrir la porte. Il fallait qu’il sorte avant qu’il ne se passe autre chose dans ce bureau.

Moi (lui indiquant la sortie d’un grand geste théâtral) : Ouste, j’ai du travail et toi aussi.

Il quitta son siège et s’approcha de moi. Je cru bien qu’il allait se jeter sur mes lèvres mais rien. Il se contenta seulement de me souffler quelques mots à l’oreille avant de s’en aller sans un regard. Je refermais la porte et je m’y adossais avant d’expirer profondément. J’expirais le désir qui était en train de m’envahir.

 

Alex***

C’est la première fois que ça m’arrive. Raphaël ne m’a jamais donné de raison de douter de lui et pourtant là, je suis inquiète. Je décidais de passer chez Anne-So à la fin du boulot, peut-être trouverait-elle les mots pour dissiper mes craintes naissantes.

Anne-So (derrière les fourneaux en train de découper des légumes) : Ecoute ma chérie, les hommes sont tous des connards. C’est connue et c’est pour cela que je préfère me constituer un harem au lieu de m’accrocher à un seul qui a coup de déceptions finira par m’achever.

Moi (un verre de bordeaux dans la main) : Tu ne m’aides pas tu sais. Je devrais peut-être lui demander qui est cette Liz.

Anne-So (brandissant son couteau dans ma direction) : Il préfèrera encore se taillader les veines plutôt que de te dire la vérité.

Moi (allongée sur le canapé rouge, le regard perdu) : Il ne va pas gâcher plus de trois ans de sa vie comme ça.

Anne-So : Tu saurais ce qu’un homme est prêt à faire pour une paire de fesses que tu ne parierais pas sur l’un d’entre eux.

Elle s’essuya les mains à l’aide d’un chiffon et vint poser son derrière sur le rebord de la table basse.

Anne-So : On attend le jour de l’anniversaire de cette bimbo et on suit ton mec. Nous saurons bien qui elle est.

Moi (dépassée) : Le pire c’est que je ne peux même pas imaginer à quoi elle ressemble. Si ça se trouve c’est un canon.

Anne-So : Tu ne veux pas arrêter de te lamenter ? Rentre, fais l’amour à ton mec et dors. On se voit dans quelques jours pour notre mission commando ou pour la mission anniversaire si tu préfères.

Je me relevais et elle me prit dans ses bras pour me faire un câlin. J’en avais besoin.

 

Quand j’arrivais à la maison, il était assis à la terrasse, il se tenait la tête entre les mains. Elle était sans doute lourde de remords. Il empestait l’odeur de la trahison. J’inspirais profondément pour me donner de la contenance en allant le rejoindre.

Moi (passant une main dans ses cheveux) : Salut bébé, bonne journée ?

Raphaël (calmement) : Pas mal et toi ?

Moi : Comme d’habitude. Le train-train quotidien.

Raphaël (affichant un sourire de coupable) : J’imagine un peu.

Il me prit les mains dans les siennes et se mouvait sur sa chaise pour me faire face.

Raphaël : Je dois te parler.

Les battements de mon cœur s’accélérèrent au point où je cru qu’il allait me sortir de la poitrine. Mon sang se figea dans mes veines. Le monde entier s’écroulait déjà autour de moi. Et dire qu’Anne-So m’avait conseillé de lui faire l’amour cette nuit. Je n’étais pas prête à l’entendre m’avouer qu’il me trompait.

Moi (pour faire diversion) : Tu m’excuses un moment, j’ai besoin de me passer de l’eau sur le visage.

Raphaël : D’accord.

Je rentrais dans le salon les larmes aux yeux. Il était prêt à tout m’avouer là, maintenant et ça ne pouvait signifier qu’une chose, il allait me quitter pour cette pute. Comment une femme pouvait-elle faire cela à une autre qui ne lui avait jamais rien fait ? Je me dirigeais vers la chambre en portant ce fardeau sur mes épaules. Je m’enfermais dans la salle de bain et pour étouffer mes sanglots, j’ouvrais à fond le robinet de la baignoire. Et pendant qu’elle se remplissait un torrent de larmes dévalait mes joues. Mon cœur saignait. Je ne sais pas combien de temps j’avais mis assise là, à même le sol quand je l’entendis frapper à la porte. La baignoire s’était remplie et maintenant, l’eau débordait déjà pour s’écraser sur le sol froid.

Raphaël : Alex, tout va bien là-dedans ?

Moi : Oui, ça va, c’est juste un horrible mal de crâne.

Le scélérat, après le coup qu’il m’a infligé il ose me demander si je vais bien. Je lui flanquerai bien une paire de gifle.

Raphaël : En fait, je voulais te dire que demain je dois repartir. Nouvelle mission. Je sais que ça fait juste un moment que je suis rentré et je dois déjà m’en aller. Je sais que tu aimerais que je reste avec toi mais, je n’ai pas le choix. Je suis désolée.

Hein ? C’est quoi cette blague ?

Je relevais ma tête pour être sûr que j’avais bien entendu.

Raphaël (toujours derrière la porte) : Tu es sûre que tu vas bien ?

Moi (essuyant mon visage des paumes des mains) : Oui chéri, je sors dans un instant.

Raphaël : OK.

Je venais de me mettre dans des états pas possibles pour rien. Mon Dieu, qu’est-ce que je pouvais être conne. C’est clair que Raphaël n’était pas homme du genre à courir derrière tous les jupons. Si ça se trouvait, Liz était une nouvelle collègue ou un contact important pour ses missions. Et tous ces desseins sataniques que je nourrissais à son égards. Je me sentais coupable d’avoir pu imaginer ce genre de choses venant de lui. Là, j’avais vraiment besoin d’un bain pour faire passer toutes ces idées obscures de mon cerveau déjà trop éprouvé.

Quand je sortis enfin, il était déjà couché. Je m’approchais de lui toute ruisselante d’eau et je remarquais qu’il dormait. Il devait en avoir besoin. Je me contentais de m’allonger près de lui et je passais une main douce sur lui. Je priais intérieurement pour qu’il puisse me pardonner toutes ces idées noires. J’étais convaincue que lui, Raphaël Aïthos ne me trompait pas. Il le ferait peut-être mais ce serait durant nos vieux jours, quand je serai incapable de satisfaire ses désirs d’homme. Finalement je n’aurais pas à jouer les espionnes dans quelques jours.

Moi (prête à sombrer dans un sommeil des plus profonds) : Je t’aime.

 

Charlotte***

Nous avons décidé de passer le week-end à faire bronzette sur les plages de la côte d’Azur. C’est notre premier week-end entre filles avec la petite dernière de la bande, Léa. Noah s’était joint à nous. Je l’admets, ce n’étais plus vraiment un week-end entre filles. Margot était allongée sur un transat en train de se faire dorer la pilule dans un maillot de bain une pièce qui cachait mal sa poitrine gorgée de lait. Alex faisait des châteaux de sable avec Noah, leurs châteaux avaient l’air d’avoir subi des attaques de mortiers. Anne-So, fidèle à elle lisait encore une fois la seule bible qu’elle n’ait jamais lue de toute sa vie : le Kâma-Sûtra. Quant à moi, je tentais de faire dormir Léa en fredonnant une de ces berceuses me rappelant mon enfance dans les rues colorées de Rio. Les conversations allaient bon train jusqu’à ce qu’un jeune homme s’approche d’Alex avec l’intention de lui arracher son contact. Elle le lui refusa poliment avant de se tourner vers nous dans un geste de désespoir.

Alex : Non mais, je n’ai pas besoin d’un amant moi.

Anne-So : Tu es sûre ? Si ça se trouve, c’est un bon coup.

Moi : Pas besoin de réfléchir, c’est clair que je ne tromperai jamais Raphaël.

Anne-So : Si on t’avait posé la question il y a quatre jours, tu aurais pourtant dit le contraire.

Margot (bien curieuse) : Ah bon ? Vas y Anne-So balance !

Alex : Il n’y a rien à dire.

Moi (posant la petite sur le transat recouvert d’une serviette verte) : Si si, je suis bien curieuse de savoir ce qui pousserait notre bonne vieille Alex à tromper son mec.

Anne-So (prenant soin de marquer la page sur à laquelle elle était) : Il y a quelques jours, cette petite chipie à débarquée chez moi avec une idée folle. Roulement de tambours s’il vous plait… Elle pensait que Raphaël avait une liaison avec une certaine Liz.

Je fus prise d’une quinte de toux qui n’en finissait pas. Margot se précipita pour me passer son verre. Je déclinais poliment pendant qu’Anne-So continuait son récit.

Margot : Non mais ça va pas de jouer les espionnes comme ça ? T’as pas honte de fouiller dans son téléphone ?

Alex : J’ai bien compris la leçon ! Je n’ai même pas pu mettre un visage sur cette Liz. Je sais juste qu’il s’agit d’une brune à la chevelure un poil trop sauvage pour mon chéri d’amour. Chacha, ça ne va toujours pas, tu es bien pâle tout d’un coup.

Je lui fis signe de ne pas m’inquiéter.

Alex se mis à nous raconter toutes ces petites choses qui l’avaient rendues suspicieuses. Les appels tardifs, les coups de fil qu’il prenait loin d’elle, sa nouvelle manie de ne jamais décrocher ses appels et ces heures de sport tardives sans oublier le fait que depuis des mois déjà, ils n’avaient pas fait l’amour.

Anne-So : Moi qui serait prête à parier que même le bon Dieu se damnerait pour te baiser, je suis surprise de ce que tu dis là.

Margot : Vous voyez toujours le mal partout. Raphaël travaille trop, il est tout le temps entre deux avions alors, essayé un peu de comprendre que rien que tout ceci mis ensemble pourrait diminuer la libido de n’importe quel homme.

Moi (ayant du mal à se lever) : Excusez-moi, j’ai besoin de me mettre à l’ombre un moment. Margot, tu t’occupes de la petite ?!

Anne-So : Ma pauvre Chacha, t’as vraiment l’air pas bien.

Je marchais difficilement dans le sable en réfléchissant à ce dont j’avais été témoin quelques jours plus tôt. Il fallait que je prévienne Christian. Après tout c’est de sa faute si j’avais fini par me persuader que cette brune était une amie ou une parente de Raphaël. Je suis sûre que c’était elle la brune sulfureuse qui l’accompagnait ce jour-là. Est-ce que je devais dire à Alex que oui, j’avais aperçu son Raphaël d’amour avec une autre dans une petite rue bien cachée de Paris ? J’avais l’impression que le soleil était à quelques mètres seulement de moi. Pourquoi avait-il fallu que je sois à cet endroit à ce jour-là ? Pourquoi fallait-il qu’Alex soit une amie à moi.

 

Les jours qui suivaient, je fis tout pour éviter Alex. Je me sentais coupable de lui cacher la vérité. Elle était certes mon amie mais je ne voulais pas être celle qui briserait son couple. Après avoir relaté ce qui nous avait été révélé durant le week-end à Christian, ce dernier m’avait sagement conseillé de fermer ma gueule.

 

Raphaël***

Je viens de passer deux semaines de boulot intense à Zanzibar.

Alex se montre plus amoureuse que jamais. Deux jours qu’elle ne cesse de m’aguicher à l’aide de ses nombreuses tenues affriolantes. Je décline poliment et sagement ses invitations. Quand elle vient se coucher, je fais semblant d’être profondément endormi. Continuer à avoir des rapports avec elle serait profitée d’elle. C’est décidé, ce soir, je lui dirai tout.

La voici qui rentre. Elle sourit dès qu’elle passe la porte. Je suis stressé, comment vais-je pouvoir lui annoncer que je la quitte ? Dans ma tête, les mots se bousculent, les phrases s’entre choquent.

J’attends la fin du diner et je l’invite à venir s’asseoir avec moi dans le canapé.

Alex : Ca va chéri ?

Moi : Oui, tout va bien. Il faut juste que je te parle de quelque chose d’important.

Alex (les yeux fixés sur moi) : D’accord, je t’écoute.

Moi (le plus calmement possible) : Alex, j’ai passé trois superbes années à tes côtés. J’ai grandi, j’ai muri auprès de toi, grâce à toi.

Alex (gênée) : Tu me fais peur là Raphaël.

Moi : Laisse-moi finir s’il te plait.

Alex (posant une main douce et affectueuse sur ma cuisse) : D’accord.

Moi : Il y a trois ans de cela, je pensais qu’une femme belle et intelligente serait ce dont j’avais besoin en tant qu’homme mais depuis à peu près un an, je sais que ce n’est pas ce qu’il me faut. Je sais que j’ai besoin que la femme de ma vie soit d’un autre genre. Je ne te reproche pas d’être comme tu es mais je sais que je ne serai pas totalement heureux avec toi. Et toi, je ne pourrai pas te rendre totalement heureuse.

Alex (relevant sa main de ma cuisse d’un geste brusque) : C’est quoi ce cinéma ? Tu es en train de chercher à me dire quoi Raphaël ?

Moi : Je veux juste te dire que je crois qu’on devrait se séparer.

Alex (haussant le ton) : Quoi ? Qu’est-ce qui t’arrive bon sang ?

Moi : S’il te plait Alex, ne compliquons pas les choses.

Alex (se mettant brusquement debout) : C’est moi qui complique les choses ? Tu es en train de me larguer et tu t’attendais à quoi ? Tu aurais préféré que je reste sagement assise et que je te félicite pour cette grande décision. Excuse-moi de n’avoir pas respecté ton misérable petit scénario mais c’est plus de trois ans de ma vie que tu viens de foutre en l’air.

Moi : Tu aurais préféré quoi ? Que je fasse comme si tout allait bien ?

Alex : Je n’en sais rien. Et puis, c’est facile de me dire aujourd’hui que je ne rentre pas dans le moule de la « femme de ta vie ».

Moi (me rapprochant d’elle) : Ce n’est pas ta faute Alex, c’est …

Alex (en ricanant malgré elle) : Bien sûr que ce n’est pas de ma faute.

Elle fut prise d’un rire plus intense. J’étais surpris par sa réaction. Je me contentais de la regarder. Elle tomba dans le fauteuil et son rire n’en finissait pas. Quand elle s’arrêta enfin, elle posa sur moi un regard plein de haine.

Alex : C’est à cause d’une autre n’est-ce pas ?

Moi : Ca n’a rien à voir avec une autre. C’est juste toi et moi.

Alex : Ah oui, tu baises une autre salope et aujourd’hui, monsieur me raconte que ça n’a rien à voir. Tu pourrais au moins avoir la décence de ne pas me prendre pour une idiote.

Moi : On ne recherche pas la même chose Alex, pourquoi tu refuses de te rendre compte de cette réalité ?

Alex : Et c’est seulement maintenant que tu t’en es rendu compte. Tu sais quoi, sort de chez moi.

Je savais que ce ne serait pas facile. Mais je n’imaginais pas qu’elle prendrait les choses ainsi.

Alex (debout, devant moi) : Sort de chez moi Raphaël. Attends, ça fait combien de temps que tu baises cette femme… Cette Liz !

Comment elle était au courant ?

Alex : Arrête avec ton air ahuri. Tu pensais me tromper sans que je ne m’en rende compte ? C’est chez elle que tu faisais ton sport, dans son lit ? T’es qu’un salaud. Je te déteste, je te déteste, je … te … déteste.

Elle frappait des poings sur mon torse, je la saisis pour la calmer. Elle était en larmes. J’entendais à peine son souffle.

Moi : Je suis désolé Alex. Je te jure que je ne l’ai jamais touché. Jamais.

Elle se redressa, son regard était noir de colère. Elle tourna ses talons et rentra dans la chambre. Je m’assis dans le canapé, la tête entre mes mains. Elle en ressortit quelques minutes après trainant derrière elle ce qui me semblait bien être ma valise. Elle se dirigea vers la porte d’entrée et l’ouvrit.

Alex : Toutes tes affaires sont là, tu peux t’en aller la retrouver.

Je la regardais en sentant un pincement dans mon cœur.

Alex (comme une furie) : Sors de chez moi.

Je levais et je saisissais mon téléphone et mes clés. Il fallait que je m’en aille. Elle avait raison.

Moi (face à elle) : Je suis déso…

Elle me colla une gifle à la joue avant de me fermer la porte au nez. Je restais là quelques secondes à l’écouter pleurer et briser tout ce qui lui passait par les mains.

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