Chapitre 5: Liz

Write by Womins

Charlotte***

Allongée dans mon lit, mon téléphone sonne. C’est un message. Bon sang, et moi qui avait prévu de profiter de ce samedi pour me faire dorloter. Mon esprit se laisse vite corrompre par les caresses perverses des draps sur ma peau. Un autre message ! Décidemment, ce n’est pas aujourd’hui que je trouverai du temps pour moi. Je tends nonchalamment mon bras pour m’emparer de ce fichu portable mais celui-ci est vite rattrapé.

Lui (passant sa langue entre mes seins) : Laisse sonner.

Il a raison, qu’est-ce qui peut bien être si important. Je me laisse emporter sous ses caresses. Une vague de chaleur s’empare de mon corps alors que je le sens descendre plus bas vers mon mont Vénus. Il s’y arrête et je sens sa respiration se faire plus haletante. Une éternité passe et sa langue pénètre toute ma féminité. Pendant que je savoure ses caresses délicates, la sonnerie retentit et je me braque tout de suite.

Lui (sortant sa tête de sous le drap) : Je pense qu’on va remettre ça à un autre jour si ça te dit.

Je ne dis rien. Je me contente d’attraper mon peignoir et de le nouer négligemment. J’espère que c’est vraiment important.

J’ouvre la porte avec violence et je tombe sur Christian. Il me tend un café latté comme je les aime.

Christian (en tenue de sport et transpirant la testostérone) : Je suppose que tu n’as pas encore pris ton café.

Il louche sur les rondeurs de mes seins ce qui me fait perdre mes moyens. La main que j’appuie sur l’encadrement de la porte retombe toute seule. Il en profite pour s’approcher de moi.

Christian (à mon oreille) : Tu me laisses entrer ou tu préfères que nous restions planter là.

Il faut que je m’éloigne de lui. Je fais un pas en arrière et il le prend pour une invitation. Refermant la porte derrière lui. Il se débarrasse du gobelet de café en le posant sur le petit meuble d’entrée. Il fait de même avec son téléphone et les écouteurs qui y sont accrochés.

Christian (le plus naturellement du monde) : J’aime tes fesses.

Moi (lui faisant face) : Tu fais quoi là ? Tu sais que je n’aime pas ça.

Christian (m’attirant à lui) : Ce n’est pas ce que ton corps me dit.

Moi (nerveuse) : Chris…

Christian (tirant sur le nœud fragile du peignoir) : Laisse toi faire Charlotte.

Il plongeait déjà une main entre mes jambes tout en caressant ma croupe de l’autre.

Moi : Hummm… humm… Christian arrête s’il te pl….

Il ne m’écoute pas. Il me pousse doucement contre le mur et mon peignoir glisse de mes épaules. Sa langue parcourt mon cou, caressant mes lobes tandis qu’il enfonce deux doigts dans ma fente brûlante. Je n’arrive pas à le repousser, je succombe littéralement sous ses caresses. Il sent une odeur de sueur mêlée à un doux parfum d’after-shave. C’est très masculin.

Christian : Tu veux toujours que je m’arrête ?

Je resserre les jambes autour de sa main.

Christian : Détends toi ma belle, je ne vais pas m’arrêter là.

Lui (sa voix se faisant de plus en plus proche) : Eh Charlotte, tu fais …

Il venait de nous découvrir dans le salon. Je me faisais chatouiller l’entre-jambe par un homme alors que je venais de me le faire lécher par un autre. Mince, quelle salope je devais faire ?!

Je repoussais vite la main de Christian qui se mit de côté de lui-même. Je me dépêchais d’attraper mon peignoir.

Moi (confuse) : Euh Christian, je te présente Jack. Jack, je te présente Christian.

Jack : Tu es malade ou quoi Charlotte, je te trouve prête à t’envoyer en l’air dans ton salon avec un autre et tout ce que tu trouves à faire c’est de me donner son nom ?

Moi : …

Jack (furieux) : Tu n’as rien à dire ?

Christian (calme) : Monsieur, ce n’est pas une façon de s’adresser à une femme.

Jack : Ai-je prononcé ton nom à toi mec ?

Christian : Non, mais en tant que celui avec qui elle était prête à s’envoyer en l’air, je pense que j’ai le droit de t’expliquer la situation.

Jack : Je ne t’ai pas sonné mais t’inquiète, quand j’aurai besoin de toi je me rappellerai de ton prénom. Toi Charlotte, tu es une belle garce.

Sans aucune forme d’avertissement, Christian s’avance vers lui et lui administre une série de coups de poing.

Moi (prise de panique) : Christian, arrête s’il te plait. Christian, écoute-moi.

Je resserre le nœud du peignoir pour ne pas me retrouver nue sous leurs regards à tous les deux.

Jack (saignant du nez) : Tu vas me le payer. T’es qu’un connard et toi Charlotte t’es qu’une sale pute.

Christian : Ramasse le peu de fierté qu’il te reste et débarrasse le plancher.

Le regard de Christian était sombre. Il était en colère. Jack était rentré dans la chambre en prononçant toute une série d’injures. Je m’étais vraiment comportée comme une garce, il avait raison. Christian ramassait les livres qui étaient tombés de la table durant ce pseudo combat de coqs.

Jack (uniquement vêtu de son pantalon) : Je me tire !

Il s’en alla dans un claquement de porte me laissant seule avec un Christian bien silencieux. Quelques minutes passèrent et personne de nous n’osait briser le silence. Je m’en allais dans ma chambre priant pour que lui aussi, il s’en aille. J’avais l’intention d’ôter ce peignoir couvert de honte.

Je m’assoie sur le bord du lit, la tête prise entre mes mains quand la porte s’ouvre tout doucement. Christian me fixe depuis l’entrebâillement de la porte. Instinctivement, je me lève, je sais que je lui dois des explications.

Moi : Je suis désolée de ce qui vient de se passer. Je ne vou…

Christian (s’approchant de moi en ôtant son t-shirt) : Arrête de parler s’il te plait.

Il était déjà en train de s’emparer de mes lèvres.

Raphaël***

Je me suis levée tard aujourd’hui et pour cause, je n’ai pas pu fermer l’œil de toute la nuit. C’est la tête dans le brouillard que je me rends à la salle de sport. J’ai besoin de me défouler. Je suis en colère contre moi-même. D’un côté, je me dis que j’aurai dû attendre avant de rompre avec Alex mais d’un autre, cela aurait fait de moi un pauvre hypocrite et un sombre crétin.

Je suis allongée sur le dos en train de soulever une bonne cinquantaine de kilogrammes de fonte quand je vois une silhouette que je reconnaitrais parmi mille débouler vers moi en vociférant des injures sous le regard perplexe des autres usagés.

Anne-Sophie (se campant du côté de ma tête) : Tu n’es qu’un fils de pute tu sais ?! Combien de temps t’as baisé ta salope ?

Je déposais péniblement la barre chargée et je me relevais.

Anne-Sophie (revenant se planter devant moi) : Tu ne dis rien ?! Allez, regarder le, c’est le beau salop qui a trompé ma copine avec une petite conasse. Quoi ? Elle a un plus gros cul cette pétasse ?

Si je m’écoutais, je lui donnerais un bon coup mais, je ne voudrais pas qu’à mon cv, on rajoute aussi que je suis un lâche. J’attrape ma serviette et je m’essuie le visage.

Anne-Sophie (infatigable) : Je viens de passer toute la nuit à essuyer ses larmes et à essayer de ranger le foutoir que tu as mis dans son cœur. Elle t’aime comme une dingue Raphaël et toi, tu t’en fiches n’est-ce pas ?

J’entendais déjà des chuchotements dans la salle. Il y avait même des femmes qui me pointaient du doigt en roulant des yeux. A croire qu’elles aussi avaient passé la nuit à éponger des larmes. Je rangeais mes affaires et soulevais mon sac pour sortir. Anne-Sophie s’y agrippa et me l’arracha.

Anne-Sophie : Tu ne te sens tellement pas coupable que tu t’es contenté de venir muscler ton corps. Tu as seulement pensé à elle ?

Moi (exaspéré) : Anne s’il te plait, ne fais pas ça.

Anne-Sophie : Ne pas faire quoi ? Et toi, tu as pensé à quoi en lui brisant le cœur ?

Je saisis mon sac et je prends la direction de la porte avec elle sur mes talons. Je m’engouffre dans ma voiture direction 28, rue de l'Abbé Grégoire.    

Je roule comme un fou. Elle doit déjà être sortie de son cours et j’ai une folle envie de la voir. Dans ma tête, les paroles d’Anne continuent de raisonner fort. Je tourne le volant à gauche prenant la route à contre-sens et risquant une amende. J’arrive enfin devant l’école FERRANDI, cette grande institution de la gastronomie française. Je n’ai aucun mal à la reconnaitre dans ce groupe. Elle rit et j’imagine comme ses fossettes doivent s’être creusées. Je sors de la voiture et je continue de l’observer. Elle a les cheveux noués en queue de cheval. Je n’aime pas trop mais je m’en accommode. Après tout, ce sont ses cheveux. La sonnerie de mon portable vient corrompre cette vision. Son nom s’affiche à l’écran. Est-ce que je devrais décrocher ?

Moi : Allo.

Alex (la voix enrouée) : Je suis désolée de t’avoir demandé de partir Raphaël, je suis désolée. On peut tout recommencer toi et moi, comme au début tu te souviens ?

Moi (en me retournant) : Alex …

Alex (en tirant son nez) : Bébé, je peux changer, te faire rire, être moins sérieuse. Je peux faire tout ce qu’il faudra je te promets.

Moi : S’il te plait Alex, ne fais pas ça.

Alex : On peut se voir ce soir toi et moi, on va parler juste toi et moi, juste de nous deux.

Moi : Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. C’est mieux ainsi tu sais.

Je regarde le petit groupe s’éloigner dans la direction opposé. Son jean lui fait de belles fesses.

Alex : Non Raphaël, ce n’est pas ainsi que les choses doivent se passer. S’il te plait, ne dis pas ça mon cœur.

Moi : Arrête je t’en prie. Laissons les choses ainsi. Il faut que je te laisse.

Je raccroche et j’enfonce l’appareil dans ma poche. Je me passe une main nerveuse dans mes cheveux.

 

Charlotte***

Ça va faire six semaines que Raphaël est parti et c’est comme si c’était hier. Alex est toujours enfermée dans sa chambre. Elle ne sort pas de son lit et pour reprendre les termes d’Anne-So, elle se comporte en petite veuve. Je vais lui porter un somnifère histoire qu’elle se repose un peu.

Moi (en appuyant sur l’interrupteur) : Lex, tu veux bien prendre cette aspirine ?

Alex (tirant le drap sur sa tête) : Je n’ai envie de rien Chacha. Va t en !

Moi (posant mes fesses sur le lit) : Alex bébé, tu veux mourir ou quoi ?

Alex : Je lui ai demandé de revenir et il dit que ce n’est pas une bonne idée. Il doit être avec elle Charlotte.

Moi (exaspérée) : On s’en fou un peu. Allez, prend ça pour me faire plaisir.

Alex : Non, je ne veux pas, je veux juste qu’il revienne Chacha.

Elle venait de sombrer dans une nouvelle vague de sanglots.

Moi : Prend ça et ça devrait aller un peu mieux.

Je lui tends le verre d’eau et le prétendu cachet d’aspirine. Elle l’avale sans faire de chichi.

Alex (en larmes) : Je ne pourrai pas vivre sans lui. Pourquoi il a fait ça, pourquoi il m’a fait mal à moi, pourquoi ?

Moi (en m’allongeant près d’elle) : Je suis désolée mon cœur, je suis désolée. Je suis sûre que tu rencontreras à nouveau un homme extraordinaire, et avec lui tout sera différent. Tu verras, tu seras à nouveau heureuse et puis, tu sais que tu pourras toujours compter sur nous.

Alex (sombrant dans un coma prémédité) : Nooon, je veux paaaaaas …

Elle déblatéra quelques paroles sans sens avant de s’endormir. J’en profitais pour rejoindre Margot dans le salon.

Margot : Elle a accepté de le prendre ce somnifère ?

Moi : Je lui ai fait croire que c’était une aspirine. Tu penses qu’elle m’en voudra ?

Margot : Je ne pense pas. Mais pourquoi tu as une si petite mine toi ?

Moi (m’appuyant sur le plan de travail) : Tu fais quoi ?

Margot : Ratatouille ! Alors, qu’est-ce qui ne va pas ? Ne me dis surtout pas que toi aussi tu t’es faite larguer.

Moi (feignant un sourire) : Il faut que je te dise quelque chose.

Margot : Oui vas y.

Moi (inspirant à fond) : Tu sais, il y a quelques temps, je suis allée manger avec ce collègue ultra amoureux de moi depuis des années. Tu te rappelles de lui n’est-ce pas. Bref, il m’a invité et j’ai accepté.

Elle posa une main sur mes mains jointes.

Margot : Eh Chacha, arrête de paniquer. Je ne suis pas ta mère donc, dis-moi ce qui ne vas pas.

Moi : Vous allez me tuer je suis sûre.

Margot (me pinçant la joue) : Pas du tout. Allez raconte-moi tout.

Moi (un peu plus confiante) : En fait, j’ai vu Raphaël avec cette fille. Je pense que c’était la fameuse Liz. Tu sais, c’était il y a un moment et en plus, j’étais loin de me douter qu’il trompait Alex du coup, je me suis dit que ce n’était pas important. Et là, je m’en veux.

Margot : Ecoute Chacha, ce qui arrive n’est en rien ta faute. Chaque jours, des millions de couples naissent et des millions se brisent alors, tu vas me faire le plaisir d’oublier tout cela.

Moi : Mais Margot, regarde dans quel état elle se trouve.

Margot : Les ruptures ce sont des choses qui arrivent. Tout ce que nous avons à faire c’est l’aider à surmonter celle-ci. Alors, je ne veux plus jamais t’entendre parler de cela. Plus jamais.

Je me levais et je la serrais dans mes bras. Elle venait de me soulager de ce lourd fardeau que je portais sur mon cœur depuis trop longtemps.

Margot : Et si on sortait manger ce soir.

Moi : Tu es sûre qu’Alex sera d’accord pour cela ? Et ta ratatouille ?

Margot : Oh laisse, je l’apporterai à la maison pour le diner de mes hommes.

Moi : Ça marche, tu préviens Anne-So. Je dois retourner bosser. Je t’aime.

Je m’emparais de mon perfecto. J’avais encore quelques dossiers urgents à traiter avant ce soir.

 

Anne-So***

En voici un jeudi bien épuisant. Margot m’a confié une petite mission. Elle veut que je nous trouve un endroit sympa pour manger ce soir. Après avoir fait quelques recherches sur les réseaux sociaux et discuté avec des amis, j’ai pu remarquer deux adresses pleines de promesses. Je dois juste passer chez moi prendre quelques tenues avant de les rejoindre chez Alex.

A mon arrivée, je trouve Margot en train d’essayer de convaincre Alex de se joindre à nous. Pas besoin d’une invitation, elle commence à nous saouler Alex avec ses airs de femme désabusée.

Moi (posant mon sac sur le fauteuil) : Tu comptes rester enfermer dans ton appart combien de temps encore ?

Margot (me faisant les gros yeux) : Elle veut bien se taire la miss ?

Moi : Non, je ne me tais pas, de plus je pensais que c’était clair. Tout à l’heure au téléphone, tu m’as dit que nous y allions toutes les quatre et là, je te trouve en train de la supplier de bien vouloir se joindre à nous ? Mais ma parole, Alex qu’est-ce qui t’arrive ?

Margot : Il lui arrive qu’elle va mal.

Moi : Elle s’est aussi fait larguer par ses cordes vocales ou quoi ? Ma petite, tu vas me faire le plaisir de lever tes fesses de ce canapé, de t’habiller et de venir avec nous.

Alex (les larmes aux yeux) : Anne, je peux pas.

Moi (la prenant par le bras et la tirant dans la chambre) : T’es pas la première à qui cela arrive alors, rentre sous la douche et prend tout le temps qu’il te faudra mais quand tu seras sèche, nous irons toutes les quatre manger dans ce fichu restaurant.

Margot qui nous avait suivi nous regardait l’air ahuri. Alex prit un instant avant de commencer à se déshabiller. Lorsqu’elle ôta son t-shirt, nous remarquions à quel point elle avait maigri. Ses cheveux étaient comme de la paille. Elle devait vraiment l’aimer ce salaud. Je m’emparais de ce t-shirt qui me semblait avoir été oublié par son propriétaire et j’allais le jeter dans la poubelle. C’était la place qu’il méritait.

Je m’installais dans le fauteuil avec un verre d’eau et des chips. Il était tant pour Alex de faire face à cette rupture. Elle pouvait prendre tout le temps qu’il lui faudrait mais il fallait qu’en sortant de là, elle est la tête sur les épaules et les idées bien claires. Je dévorais ma boite de chips à la tomate devant un épisode de FRIENDS. Sacré série ! J’en profitais pour lire les critiques sur ces deux restaurants. Il fallait encore choisir l’un d’entre eux.

Le téléphone sonne et le concierge annonce l’arrivée de Chacha. J’ouvre la porte ravie d’avoir une épaule sur laquelle me reposer.

Moi (m’écroulant sur elle) : Enfin, tu es là.

Chacha : Euh… qu’est-ce qui ne va pas ?

Je referme la porte et j’admire ce pur produit latino.

Moi (les bras croisés) : Humm Chacha, qu’est-ce que tu dois être bonne.

Chacha (improvisant un twerk) : Yeah yeah yeah…

Moi (reprenant ma place dans le fauteuil) : C’est à toi que reviens l’honneur de choisir lequel de ces restaurants conviendrait le mieux. Alors tu as le Spirit et le COQ, au pif, lequel te parle ?

Chacha (en se dirigeant vers la chambre) : J’en sais rien, on décidera toute ensemble. Je vais voir ce qu’elles font.

Et me revoilà seule dans ce salon, seule avec mon pot de chips et ma série. Ça fait quand même un peu plus de deux heures que j’attends. Je reconnais avoir dit qu’elle pouvait prendre son temps mais deux heures et vingt minutes c’est sacrément long pour une douche. Même pour un bain de l’esprit.

Margot est la première à sortir. Elle s’empresse de venir vers moi.

Margot (à mon oreille) : Tu la fermes.

Je la regardais toute interloquée quand Alex fit son entrée dans une robe blanche. Elle avait recouvert ses épaules amaigries d’une cape légère de couleur acidulée. Ses pommettes étaient plus saillantes que d’habitude.

Derrière elle, Chacha n’arrêtait pas de faire de grands gestes silencieux.

Moi : Tu es sublime Alex. Alors, on va où ? Au Spirit ou au COQ ?

Alex (une fausse joie dans la voix) : Merci

Chacha : On n’a qu’à faire un vote. Alors qui est pour le COQ et qui est pour le …  C’est quoi déjà ?

Moi : Le spirit !

Margot : Je suis pour le Spirit.

Chacha : Moi, le COQ me parle plus. Et toi Alex ?

Alex : Je m’en fiche, on va où vous voulez.

Margot (s’approchant d’elle) : Allez ma belle, un petit effort. Alors tu votes pour lequel ?

Alex : Va pour le COQ.

Moi : Le Spirit ! Deux voix partout alors va pour le Spirit.

Chacha n’arrêtait pas de demander pourquoi c’était le Spirit qui l’avait emporté vu qu’il y avait eu une parfaite égalité. Nous allons à ma voiture en riant. Alex a la tête ailleurs mais, je me réjouis déjà qu’elle soit sortie de son appartement.

 

Alex***

Je ne comprends pas pourquoi nous allons au Spirit mais avec Anne-So, le mot démocratie peut prendre plusieurs sens.

Nous arrivons au Spirit. D’après Anne-So, c’est une nouvelle adresse très tendance. Je ne peux m’empêcher de remarquer ce décor fantasmé de l’âge d’or de la Californie où l’on aurait croisé Al Pacino, Elizabeth Taylor ou Marilyn Monroe autour d’un drink. Le glam’ absolu. Au programme : cocktails et grillades très californiens le tout dans une ambiance cactus, palmiers et flamants roses sans additions qui s’emballent. De quoi réjouir les Parisiennes en mal d’exotisme.

Anne-So (ravie, la carte en main) : Voyez-vous ça ? Ils proposent même du BBQ. Pour celles qui optaient pour le COQ, je pense que vous aurez de quoi vous consoler.

Chacha : C’est de la dictature Anne-So. Tu as de la chance que le coin soit agréable.

Anne-So : Et toi, tu as de la chance que je t’aime.

Nous passons commandes. Alex demande qu’on lui apporte immédiatement un verre de rosé et nous convie à faire pareil.

Chacha : Demain c’est vendredi, je ne voudrais pas arriver pompette au boulot.

Anne-So : Allez, ce n’est pas un verre qui te fera du mal.

Nous passons une soirée toute en beauté à discuter des projets que nous avons pour les prochaines vacances. Quelques fois, j’ai la tête dans les nuages mais les filles me ramènent vite à elles. Elles n’ont pas l’intention de me laisser m’envoler pour ces tristes contrées.

Les plats sont excellents et savoureux. Je me régale de mes brochettes de légumes piochant de temps en temps dans l’assiette d’une de mes comparses.

Moi (la bouche pleine) : Ils sont savoureux ces gambas. C’est clair que toutes ces épices donnent des envies.

Margot : Mais arrête, tu vas terminer mon plat avant même que j’ai pu le savourer.

Chacha : C’est vrai que la cuisine est excellente.

Quelques heures passent et le serveur revient débarrasser notre table.

Chacha : Pourrions-nous remercier votre chef ?

Le serveur : Je vais voir mesdames.

Anne-So : S’il est charmant, je lui laisserais mes contacts. On ne sait jamais. Il pourrait me faire la cuisine après m’avoir cuisiné sous la couette.

Moi : Tu es un bien étrange personnage. Mais je vous remercie pour tout.

Margot : Arrête, tu n’as pas à nous remercier. C’est notre boulot !

Chacha (moqueuse) : Ma chère Anne-So, je crois que tu seras déçue, notre serveur revient seul.

Nous regardons le serveur s’approcher de nous. Il nous apprend que le chef est un peu occupé mais qu’il viendra nous saluer dès qu’il se libèrera. Cela semble ravir Anne-So et nous, nous en profitons pour continuer à discuter.

Soudain, Chacha semble bien ailleurs, elle regarde à l’entrée avec insistance. Et quand je me tourne, je le vois là, juste à l’entrée. Il a l’air bien. Il n’a rien perdu à son charme. On dirait que notre rupture ne l’a pas du tout affecté.

Margot (tournant mon visage vers elle) : Eh Alex, on peut partir tout de suite tu sais.

Anne-So (énervée) : Avec tous les restaurants de cette fichue ville, comment se fait-il que ce soit ici que Raphaël ait décidé de manger ce soir ?

Margot : Il pourrait se poser la même question à notre sujet.

Je me retourne à nouveau pour l’observer. Il est au téléphone. Il semble ne pas nous avoir remarquées et pourtant le restaurant n’est pas bondé. La rupture m’avait-elle rendue transparente à ses yeux ? Soudain, il eut un léger sourire et se dirigea vers une porte. Je me lève et Anne-So me retient.

Anne-So : Tu as l’intention de faire quoi là ?

Moi (retirant mon bras de son étreinte) : T’inquiète, j’ai juste besoin de lui dire quelques mots.

Chacha : Mauvaise idée.

Margot : Je suis du même avis que toi.

Moi : J’y vais.

Anne-So : Je t’accompagne donc !

Avec Anne-So, nous quittons la table. Nous traversons la même porte que lui une minute plus tôt. Nous longeons un couloir et nous tombons sur une porte restée entre ouverte. Je m’apprête à la pousser quand j’entends une voix féminine.

Elle : Alors, tu as diné ?

Raphaël : Si tu considères que manger dans l’avion est un repas alors oui.

Elle : Tu veux que je te fasse quelque chose de rapide mais de bon ?

Raphaël : Non Liz, j’avais juste envie de te voir et, là maintenant j’ai envie de dormir avec toi dans mes bras.

Je regarde Anne-So pour être sûre que comme moi, elle a entendu. Ses yeux grands ouverts me donnent déjà la réponse à ma question. Il était avec cette Liz. Il était avec l’objet de notre rupture. Elle devait travailler ici. Franchement, me quitter moi rédactrice en chef dans un magazine hyper quotté pour une employée de restaurant ? Il continuait à parler avec elle sans aucune gêne. Je me sentis soudain envahie par une impressionnante vague d’émotions et je tournais mes talons. Je devais sortir de là. Je rebroussais chemin laissant échapper quelques larmes. Anne-So me suivait. Je traversais la porte sans revenir à la table. Je sortais et je montais directement dans la voiture. Malgré la rupture, il continuait à me briser le cœur.

 

Anne-So***

Je reviens à la table et je reste silencieuse un moment. Me remémorant ce qui vient de se passer.

Margot : Qu’est-ce qui arrive à Alex ?

Chacha : Ne me dis pas qu’ils se sont disputés.

Moi (me passant les mains sur le visage) : Elle n’a pas pu lui parler.

Avant que je ne puisse leur expliquer la situation, notre serveur qui s’avançait avec à ses côtés une jeune demoiselle radieuse. Elle porte une chevelure bien fournie.

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