Chapitre 4: Derrière les murs, cette nuit là

Write by Plume Inspirée

Chapitre 4:  Derrière les murs, cette nuit là... 


Dans la voiture Yves ne disait mot, ce silence n'avait rien à avoir avec le silence qui marquait desormais notre vie de couple. Non ce silence ci était celui des jours de conflits. À coté de nos jours d'indifférence, il y avait nos jours d'affrontement et là ce silence annonçait un affrontement. Qu'est ce qui n'allait pas encore ? 


Arrivé devant le portail de notre grande maison luxueuse, Yves poussa un claxon,  il était 20h, Papa Zola, la sentinelle, était certainement déjà là. Quelques minutes qui me parurent trop longues s'écoulèrent avant que papa Zola se pointe pour ouvrir le portail. Je n'avais qu'une seule envie descendre de cette voiture. 


Le peu de bien que m'avait fait cette prédication de Yves qui parlait du temps de Dieu, s'était déjà envolé. Comment pouvait-il être à la fois cet homme qui venait de faire crier amen à toute une foule de personne il y a quelques minutes et cet homme qui ne se donnait aucun mal pour traiter sa femme comme cette aide que Dieu avait mis à ses côtés ? Tout à l'heure Yves avait prêché sur le paralytique de Bethesda, il avait par son message apporté tellement de consolation aux coeurs de ceux là qui attendaient l'intervention de Dieu depuis bien des années et ce en vain. En l'écoutant prêcher j'avais presque oublié le genre de mari qu'il était pour ne considérer que celui qui était en face de tous ce soir là entrain de prêcher. 


Je m'étais surprise à dire amen plus d'une fois lorsqu'il confortait les coeurs. Je l'avais fais sans aucune hypocrisie car même mon coeur aussi avait trouvé consolation, j'avais été consolé de savoir que comme ce paralytique de Bethesda qui était resté malade 38 ans moi aussi un jour le Seigneur allait me croiser au coeur de mon problème. Mais le temos de monter dans cette voiture avait suffit pour que je me souvienne que je ne croyais plus beaucoup en l'onction ou même à l'appel de celui qui avait annoncé cette parole. J'avais de plus en plus du mal à accepter que Yves ait été appelé par Dieu. Le temps de rouler de l'église à la maison avait suffit pour m'enlever la paix et l'espérance de la visitation de Dieu comme à Bethesda.


Yves avait garé puis s'était arrêté pour parler avec papa Zola. Moi de mon côté j'avais juste lancé un bonsoir rapide en passant mais toujours avec mon sourire:


- Papa Zola, bonsoir ! 


- Bonsoir maman Valérie ! 


Je m'étais dirigée dans la chambre pour déposer mon sac, puis m'étais rendue dans la cuisine pour appreter la nourriture de Yves. Pendant que je dressais la table, Yves qui avait fini de coser avec Papa Zola,  s'était pointé devant moi les bras croisés, il était visiblement en colère:


- Je t'avais précisé la couleur de vêtements que tu devrais mettre non ? 


- Je ne me souviens pas de ça ( Je répondais sans lever mes yeux) 


- Le matin ne t'avais je pas fais un message te disant que j'avais mis une cravate bleue ? (Le temps de sa voix était menaçante) 


Je déposai les assiettes que j'avais en main, puis m'etant arrêtée de dresser la table je lui fixai à mon tour 


- Yves t'es sérieux là ?  C'est à cause d'une couleur de vêtements que tu crée toute une histoire alors que notre couple meurt à petit feu devant tes yeux et tu ne dis rien ?  Tu penses que c'est le fait de paraître comme un couple complice qui fera de nous un couple complice ?  Faire semblant est tellement devenu naturel chez toi que tu oublie que je sais que nous ne sommes... 


Je n'avais même pas fini de parler que sa main violemment déposée sur ma joue me surpris et m'arracha un cri 


- Yves tu me fais mal sniff sniff sniff sniff


Ce n'était pas cette gifle qui me faisait pleurer c'était tout ce calvaire, tous ces secrets que j'étais obligée de garder pour moi sans pouvoir les partager avec les miens. Maman,  papa, Eunice et Eden avaient toujours été mes confidents. Mais je ne pouvais pas me permettre d'exposer mon mari auprès de ma soeur ou même de mon frère encore moins auprès de mes parents. 


J'avais essuyé mes larmes et je continuais à dresser la table. Yves s'était dirigé dans la chambre.


J'avais terminé de dresser la table, je me dirigeai à mon tour vers la chambre pour lui dire que la table était prête quand on se croisa au couloir. Surprise de le voir habillé comme quelqu'un qui sortait, il avait changé sa veste contre une tenue plus relaxe. Dans sa belle chemise africaine, pagne mixé avec du cotton ciré et ce pantalon noir, mon mari était encore plus beau. Je me rendais juste compte que j'aimais beaucoup cet homme qui pourtant me faisait beaucoup de mal. 


- Ne me dis pas que tu sors Yves ? 


- Val arrête de t'indigner pour des choses claires, pourtant ça se voit bien que je sors.


- Écoute Yves, si c'est juste à cause de cette histoire d'harmonie vestimentaire, je pense qu'on ferait mieux de parler 


Il croisa les bras, nous étions au couloir debout 


- Qu'on parle, alors je t'écoute. 


- Et si on s'asseyait ? 


- Parle, je t'écoute, assis comme debout mes oreilles fonctionnent de la même façon alors parle ! 


Je lançai d'abord un soupir avant de commencer à parler, le soupir d'une personne fatiguée comme si je venais de gravir une montagne 


- Yves, je ne sais pas si tu as remarqué que depuis près d'une année nous ne sommes plus un couple en harmonie et bizarement c'est aussi depuis que nous n'avons plus d'harmonie que tu veux à tout prix que nous nous habillons avec les même couleurs, que nous paraissons comme deux grands complices en public. Je pense que tu es conscient que nous ne sommes plus les complices que nous étions avant et tu as peur que les gens de l'extérieur le décèlent voilà pourquoi tu veilles sur les apparences. Au début de notre mariage on ne s'habillait pas forcément avec les même couleurs, on ne faisait pas forcément la une des réseaux sociaux mais pourtant on était amoureux, heureux, complices ,et ce, en vrai. Il nous arrivait de porter les même couleurs ou de mettre le même bout de pagne dans nos tenues mais ce n'était pas une obligation ou même une préoccupation. Et perso, je préfère être vrai que faire semblant. Voilà pourquoi j'ai décidé que tant que notre couple sera ce qu'il est aussi froid, aussi distant, je ne ferais plus ce semblant de m'habiller pareil avec toi. Si tu veux de l'harmonie il va falloir batir ou disons rebâtir une harmonie réelle.


Après avoir fait ce discours qui me parut long et pénible, je sentais comme un poids quitter mon coeur. Le silence de Yves tout le long de cette conversation ne m'avait pas facilité la tâche. Il me repondit enfin:


- As tu fini de parler ? 


Je restais silencieuse ne sachant quoi dire, puis il continua :


- Fais moi passer, je sors prendre un verre ( il le disait en m'ecartant de son chemin par un geste sans violence mais très indifférent)


Je le voyais quitter la maison. Je me levai du côté de la fenêtre au salon et je regardais à travers les vitres, Yves s'adressait à papa Zola qui quelques minutes plus tard ouvrit le portail pour que Yves sorte la voiture.


Le ronflement du moteur de la voiture, m'arrachait un sentiment de solitude. Quelle solitude ce mariage !  J'avais comme l'impression de n'avoir jamais été autant seule de toute ma vie. La lumière de mon téléphone me fit savoir que j'avais un message, je choisi d'ignorer le téléphone que j'avais laissé sur l'un des fauteuil. Puis je me mis à servir la nourriture de papa Zola. Je fis l'effort d'avoir bonne mine pour sortir déposer la nourriture de la sentinelle. Pendant que je m'approchais papa Zola se mit à sourire:


- Ah maman Valérie, papa vient de me dire que tu es fatiguée tu ne veux pas partir à la nuit de prière 


Je souriais juste j'étais fatiguée avec les mensonges. Puis papa Zola ajouta:


- Ah mais maman tu n'as pas tort hein parfois le corps se fatigue, il faut se reposer. Bon ! papa c'est normal il est pasteur Il est appelé à cela mais dans ton cas, il faut parfois te reposer 


Je souriais toujours, je n'avais pas la force de dire un mot. Puis avant de retourner dans la maison je pris mon courage pour lui dire 


- Papa Zola reste attentif quand Yves sera de retour pour qu'il ne soit pas obligé de claxonner ça dérangerait les voisins. 


- Oh maman sans problème comme d'habitude ! il m'a dit que dès qu'il quitte l'église, Il va me téléphoner pour que je sois déjà en attente et dès qu'il est devant le portail Il va encore me téléphoner pour que j'ouvre. 


- Ah d'accord papa ( avec un sourire) 


Papa Zola la sentinelle avait pris l'habitude d'ouvrir à Yves aux aurores parfois vers 2h parfois un peu plus tôt et parfois un peu plus tard. Quand Yves rentrait tard pour la sentinelle, il revenait de l'église. Ce papa qui ne priait pas avec nous admirait beaucoup Yves car disait - il c'est beau de voir un jeune homme donner tout son temps à l'oeuvre de Dieu. Quoiqu'il ne priait pas avec nous, il arrivait qu'il se confie à Yves avec qui il lui arrivait de traîner là à la véranda jusqu'à très tard dans la nuit. Je ne pouvais pas me permettre de laisser paraître une seule ombre de doute à l'estime que papa Zola avait pour Yves. Papa Zola qui était dans la cinquantaine et qui travaillait chez nous avant même que je ne sois l'épouse de Yves.


Une fois dans la maison, seule dans cette grande maison, je pris mon téléphone j'avais pleins de message sur WhatsApp, je n'avais pas envie de les lire. Comme à 17h je n'avais pas pu faire ma séance de prière personnelle sinon j'allais être en retard pour rejoindre Yves. Je me refusais alors dans la chambre pour ma méditation du jour et ma prière liée à la méditation. Pour ce 4e jour je me décidai de revenir sur le passage de la veille:


Maris, aimez vos femmes, comme Christ a aimé l’Église, et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier par la parole, après l’avoir purifiée par le baptême d’eau, afin de faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irrépréhensible. C’est ainsi que les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs propres corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Car jamais personne n’a haï sa propre chair; mais il la nourrit et en prend soin, comme Christ le fait pour l’Église,

Éphésiens 5:25-29 LSG


En méditant, je m'attardai sur le passage de la fin, celui qui aime sa femme s'aime lui même. Car personne ne peut haïr sa propre chair mais il la nourrit, et en prend soin. Je me mis à réaliser combien Yves s'aimait lui même, il était toujours au petit soin avec lui même. Il veillait sur ce qu'il portait dans les moindres détails, il était beau, élégant. Si seulement conformément à cette parole il pouvait être autant aux petits soins avec moi ? Je me mis alors à prier:


- Père éternel je sais et je crois vrai ta parole, elle est ta volonté et elle n'est jamais révélée en vain. Je te bénie pour ce 4e jour de ma séance de prière et je te prie afin que toi qui sait incliner même le coeur du Roi tu inclines le coeur de mon mari. Qu'il m'aime comme il aime son propre corps ceci n'est pas impossible puis que ta parole dit que ton amour est deversé en nous par le Saint Esprit, père deverse ton amour dans le coeur de Yves afin qu'il soit capable de manifester cet amour vrai dont tu parle ici dans cette parole. Père touche le coeur de Yves qu'il m'aime, qu'il prenne soin de moi. Qu'il m'aime comme il s'aime lui même...


Je continuais à prier, j'avais passé un très long moment en prière, mes mots coulaient d'eux même. Comme je ne me confiais à personne, lorsque je me mettais à déverser mon coeur à Dieu par des supplications, il m'arrivait de passer des heures à supplier et ce jour là je passai près d'une heure et demi à déverser mon coeur. Parfois je répétais les même phrases mais je n'avais pas envie de m'arrêter.


Après ce merveilleux moments aux pieds du père, je pris une douche, je n'avais pas d'appétit alors je pris une tasse de lait puis m'installai dans notre lit conjugal, je pris mon téléphone pour parcourir mes messages. Il y avait le message de ma soeur Eunice. C'était d'ailleurs le seul message que je me décidais de lire:

- <<Heureux anniversaire de fiançailles à ma meilleure amie, ma confidente. J'imagine ta tête tu dois te dire c'est encore quoi ça !  mais aujourd'hui ça fait exactement 3 ans que tu nous avais présenté officiellement Yves et c'est une date inoubliable car ce jour j'étais fière de savoir que ma jumelle trouvait enfin son âme soeur, je t'aime et je vous aime tous les deux>>


Eunice et moi avions le même âge, voilà pourquoi elle aimait m'appeller sa jumelle. En fait j'étais Orpheline de père de mère depuis l'âge de 10 ans. Mon oncle paternel, qui était pasteur nous avait pris mon petit frère Eden et moi après la mort de maman puis que notre père biologique était mort deux ans avant maman.  Et cet oncle paternel, le petit frère à notre père biologique avait déjà une fille, sa fille unique Eunice qui avait le même âge que moi. En lisant ce message de ma soeur j'avais envie de lui dire combien malheureuse j'étais, mais je refusais d'exposer mon mari alors je répondis à ma soeur 


<< Mdr, tu aimes retenir les dates hein toi. Merci beaucoup ma meilleure amie tu me manques tellement que les mots ne suffisent pas pour le dire >>


Elle était toujours connectée, elle me repondit aussitôt 


<< On fait un programme alors tu me manques aussi, je prends mes congés bientôt donc on se voit en France chez les parents ? >>


Ma soeur Eunice était aux États Unis, pour le moment célibataire. Pour Eunice c'était facile de projeter des vacances mais pour moi j'imaginais déjà ce que ça devait me coûter. Et où allais je trouver l'argent pour le billet ?  Il est vrai que je voyageais beaucoup depuis mon mariage mais toutes les fois c'était papa ou maman ou parfois Eunice qui m'offrait le voyage. Cela se faisait sans qu'ils ne se rendent compte que je ne pouvais pas me l'offrir moi même. Par exemple la dernière fois, c'était Eunice qui voulait me faire une surprise pour mon anniversaire, elle avait tout organisé avec Yves pour me payer un voyage au Maroc et elle m'attendait là bas. Tout était à ces frais, Yves avait juste aidé pour me tenir à l'écart et jouer le jeu.


 Tout dans ma vie semblait jouer en faveur de Yves. À un point où même si un jour je me décidais de raconter à qui que ce soit ce que je vivais personne n'allait vraiment me croire. Déjà aux yeux des fidèles à l'église tous ces voyages que je faisais c'était mon mari qui me les offrait, aux yeux des membres de ma famille, j'avais un mari qui était fou de moi, qui ne jurait que par moi... 


<< Valérie, quoi tu dors ? >>


<< Non Eunice,  je suis là >>


<< Ça te dirait qu'on se croise en France pendant mes congés ? Ça sera bien on pourra passer des moments à 5, papa, maman, Eden, toi et moi ça me manque >>


- << Il va falloir que je voye avec Yves, tu sais à l'église Il y a des programmes qui nécessitent ma présence>>


- << Hum maman pasteur toi aussi !  On croirait lire maman avec ses raisons du genre à l'église on aura besoin de moi. Tu ne peux pas prendre des vacances de deux semaines ? Dis plutôt que tu ne veux pas quitter ton chéri ouais >>


-<< Mdr je suis démasquée Ahahhahaha, t'inquiète au moment venu on va s'organiser. Sinon raconte un amoureux dans les alentours ? >>


J'avais parlé avec ma soeur jusqu'à ce que je trouve le sommeil. Yves était toujours pas rentré, je m'étais endormi aux environs de 23h seule dans notre grande maison, seule à affronter toutes ces questions dans ma tête.

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