Elikia se rapproche et me tire violemment par le bras. Elle me flanque une bonne gifle avant de me jetter par terre. 

-Pardon, Pardon Elikia, je ne faisais rien. Pardon 

-Tu às osé m'appelé Elikia?Pour toi, c'est Miss Bankolé. D'ailleurs, je t'amène chez Fifa, il faut qu'elle sache le genre de sorcière qu'elle ramasse dans Kinshasa. Quant à toi Luis Fernando, rendez-vous ce soir. Dit Elikia 

Elle me tire par les cheveux jusqu'à la chambre de Fifa. Oh combien j'ai mal. Cette fille doit sans doute être boxeuse. 

-Quand je te dis de faire attention avec les filles de son espèce, tu penses que je suis méchante alors que toute ma vie c'est à Kinshasa. Tu sais où je l'ai trouvé? 

-Oh Elikia, laisse ses cheveux. Qu'as-tu fais Kimia?

-Je te jure Fifa, je n'ai rien fait. Je te le jure. 

-Tu oses jurer en plus? Wayeuse là (menteuse là). Tu sais où je l'ai trouvé? Sa bouche collée avec pour mon mari. 

-Qu.. Quoi? Dit Fifa en se relevant 

-Couche toi. Couche toi. Ne te fais pas du mal à cause de celle là. 

-C'est vrai ça Kimia? 

-Tu remets en cause la parole de ta soeur au profit de cette chinoise là? 

-Kimia? Dit Fifa 

-Ecoute Fifa, c'est vrai que nos lèvres étaient collées et que j'etais dans ses bras mais... 

-Sors d'ici hurla Fifa que je n'avais jamais vu en colère. 

-Fifa, Fifa s'il te plait, écoute moi. 

-Tu ne l'as pas entendue? Dit Elikia en me lachant les cheveux. 

Je regarde une dernière fois Fifa avant de partir. 

J'ai juste eu le temps d'entendre "Je suis désolée Elikia. Si je savais, je n'aurais jamais introduit cette fille dans nos vies. "

Me voilà encore dans les histoires. À un moment, je vais finir par croire que le fameux Nzambé Monene (Dieu grand) que chantait ma maman n'existe pas. Le pire maintenant que Luis m'a retrouvé, il faut que j'aille reprendre la boite de mon grand-père et que je cherche un endroit où aller. Si j'avais au moins des pièces, j'irai au Congo Brazzaville à côté. 

Je marche la peur au ventre en direction de  la police communale. Il faut que je rejoigne Makala au plus vite. 

*30 minutes plus tard *

-Je veux voir l'inspecteur Kalunga dis-je à l'accueil 

-Et moi je veux voir Jesus 

-S'il vous plait 

Il rigole de moi avec quelques collègues jusqu'à ce que Kalunga daigne se pointer. 

-La japonaise, tu fais quoi là? Et pourquoi ta main est en sang? Tu as encore fait quoi? 

-Moprezo (president), rien je te jure. Rien. Allons dans ton bureau, je t'explique

Je lui lance ce regard lourd de sous-entendu qui fait fondre les hommes. Je le suis puis ferme la porte du bureau. 

-Prezo, je te jure si tu m'amènes à Makala, je te ferai fondre jusqu'à... Et tu vas me piloner comme tu veux. S'il te plait. 

-Makala? Tu veux faire quoi là? 

-J'ai quelque chose qui m'appartient là bas. 

-Toi aussi, tu as de bien? Dit il en ricanant 

-S'il te plait... 

-Ok. 

Je l'embrasse sur la bouche pour lui prouver que je suis sérieuse. Oh combien il est dégoutant. 

*1h plus tard, Makala, Prison de Makala *

Je connais presque tous les endroits clés de cette prison. Mon amoureux, le seul homme pour qui mon coeur bat y réside. Oui oh, j'ai aussi un amoureux. Lorsque je suis venue à Kinshasa après avoir fui L'Angola, Christian qu'on appelle "Le Christ " m'a sorti de plusieurs galères. Bien qu'il sait que je ne suis pas une sainte puisque je couche avec des hommes pour avoir des privilèges, Il m'aime et m'accorde pleins de faveurs. C'est même à cause de moi qu'il est en prison aujourd'hui. 

*2 ans plus tôt, N'djili *

N'djili vu la présence de l'aéroport est devenu le coin parfait pour attraper les gros poissons. Le Christ, notre chef de bande avait appris grâce à ses informateurs que le fils d'un Directeur de banque arrivait à Kin aujourd'hui. Tout était prévu. Je devais me mettre devant la voiture et faire la morte. Pendant que la voiture se stationnerait, King et Diablo allaient les attaquer pendant que Christ allait assurer notre protection. Paniquée par le bruit de sirène qui m'a rappelé un souvenir de Luanda, j'ai pris le pistolet des mains de Christ et tirer dans le vide. King et Diablo ayant cru que ça dérapait se sont enfuis sans les sous et moi je suis restée la figée jusqu'à ce que Christ m'arrache le pistolet. Il m'a demandé de fuir. 

Plus tard, il a été accusé de tentative d'assassinat et est parti en prison. 

*Fin souvenir *

Je vais vers le gardien de prison qui est ami au Christ. 

-Hey patron, ça va? Je veux voir Le Christ. 

-Ça va, la Japonaise. Il y a longtemps inh. Vas y. Tu connais la route non? 

Je me précipite vers le couloir où se trouve la cellule de Christ. Bien qu'il fasse jour, ce couloir est si sombre. Je trouve la cellule en question assez vite et me faufile dedans grâce aux clés que je possède en double. Oui, j'ai un double d'une clé de cellule de prison. 

Le Christ est tourné face au mur. J'en profite pour admirer ce corps si craquant. Grand, je dirai même immense, il a l'air de faire 2m pour 100 kg. La peau claire mais couverte de tatouages, il a cette allure de bad boy que ces dreadlocks teintés en roux renforcent. Une croix à l'oreille gauche, des marques au couteau autour du cou, il est diaboliquement sexy. Je me rapproche et lui touche l'épaule. Il me projette violemment contre les restes de matelas qui lui servent de lit. C'est douloureux mais c'est bon. Il est le seul à maitriser les secrets de la passion. Il vient étendre sa masse corporelle sur mon frêle corps puis tire sur ce qui me sert de robe avant de me pénétrer d'un seul coup de rein:

-Costa Nzulu, que veux-tu? Que veux-tu sale chienne? Dit-il dans le feu de l'action 

C'est le seul à connaitre mon nom et mon secret. D'ailleurs, la boite se trouve dans cette cellule 

-Luis m'a retrouvé. Il veut la boite dis-je la voix déformée par les gémissements. 

Il arrête de bouger mais reste en moi puis me regarde dans les yeux :

-Je dois partir, je dois partir le Christ. Je ne sais où ni comment mais je dois filer 

-Soudan du Sud. C'est dangereux.Mais tu pourras facilement y entrer sans papier. J'ai un ami à Aru. Tu dois filer dans 24 heures. En attendant, tu vas au QG

-Il doit être à N'Djili. C'est risqué. 

-Bon, tu iras à Matete dans ce cas. 

-Et pour la boite? 

-Elle restera ici. 

-Quoi? Mais Christian, elle doit être avec moi. 

Il me gifle puis recommence à me remplir... C'est le code du silence. 

****

*Dans la peau de Fifa *

Fifa n'en revenait pas. Comme ça Kimia, était une sans-papier et en plus, elle connaissait Luis. 

*3h plus tôt *

Lorsque Kimia s'était éclipsée de sa chambre presque en courant suivi de près par Luis, Fifa avait trouvé cela suspect. Elle avait alors appelé Zola, un de ses plus proches amis à Kinshasa. 

-Fifa, tu n'es pas sensée te reposer? 

-Si mais je me sens mieux. Je sors aujourd'hui. De toute façon, la douleur s'intensifie d'années en années. C'est pas comme si ça allait s'arrêter maintenant. 

-Et que me vaut cet appel? 

-J'ai besoin d'un conseil. 

-Vas y

-Je parlais avec une amie puis lorsque mon beau-frère est rentré, elle est partie quasiment comme une voleuse. C'est bizarre. 

-Tchip. Ne va pas t'occuper de toi. Reste là à faire le congossa sur les gens. 

-Je ne suis pas congosseuse, j'ai juste eu une impression étrange. 

-Peut-être sont-ils amants? 

-Non. Il y avait de la peur dans les yeux de Kimia 

-Bon, tu sais quoi, si tu ne te repose pas tout de suite et continue à te prendre pour James bond, je viens avec des chenilles et crois moi, tu vas les manger. 

Il sait que je deteste ce plat et en profite. 

-OK. 

Je me couche et appelle le représentant de Fifa Communication au Nigeria. Je dois m'y rendre dans 6 mois pour une campagne de publicité portant sur une ligne de vêtements hommes en Afrique de l'ouest anglophone. 

-Hi udo (la paix, Igbo) dit John Ogbonna le représentant de ma compagnie 

-Ça va? Alors, tu as déniché la perle rare? 

-Oui Adaeze (princesse) répondit I'll

Ça fait des mois qu'il m'appelle par ce surnom. Il s'entête à me draguer malgré que je refuse constamment. Il n'est pas moche ni vieux ni rien mais le problème vient de moi. Il y a deux ans, vu l'intensité des crises, le médecin m'a interdit les activités qui me demanderaient trop d'effort et selon lui, je pourrais bien y laisser ma peau. Tomber enceinte, accoucher, ce sont deux choses qui sont exclues de mon vocabulaire. Voilà pourquoi, je n'aspire pas à l'amour et au mariage. 

-Alors, il s'appelle comment ce monsieur. 

-, Kelechi. Kelechi Eke. 

-C'est la ligue des Igbo où quoi?, 

-Non. Simple coincidence. Je t'envoie ses photos? 

-Non, prépare, tout. Je te fais confiance. Bye. 

Je raccroche lorsque Elikia entre dans ma chambre en tirant Kimia par les cheveux. Je remarque que sa main est blessée Jusqu'au bras. 

J'attend les explications des deux. 

Après le récit d'Élikia, je chasse Kimia de la chance pour mieux analyser les choses. Elikia déteste peut-être Kimia mais de là à la blesser ainsi... 

-Merci ma soeur. Dit Elikia. 

-De rien, tu es ma petite soeur, je dois veiller sur toi. 

-Bon, je vais rentrer, ça va m'aider à oublier. Il faut que je nage un peu. 

-OK princesse. Dis-je contente du départ d'Élikia 

Je rappelle Zola :

-Dis moi que c'est normal que cette fille soit blessée à l'arme blanche juste après avoir vu Luis. 

-Couteau? 

-Oui. 

-Suis là.Garde de l'argent et ton garde du corps avec toi. 

-OK. 

J'appelle le Docteur,l'écoute me raconter les habituelles conneries sur ma santé puis enfile un jean slim avec un large T Shirt, des sandales puis je rejoins mon garde du corps /chauffeur. 

On suis Kimia jusqu'à Makala. Que fait-elle à la prison? Je pose la question à voix haute sans le savoir. 

-Rendre visite à un détenu. Dit le chauffeur 

-Comment tu le sais? 

-En tant que garde du corps, j'ai des contacts dans ce milieu. Pour gérer des affaires, il faut parfois contacter "Le Christ ". 

-Le Christ? 

-Vous êtes vraiment déconnectée Mme. C'est l'homme que cette fille va voir. C'est son copain ou un truc comme ça. C'est un puissant dans le monde des vols, assassinats,... Il a Kin entre ses mains. 

-Et tu dis que Kimia est sa copine. Il faut que j'entende leur conversation. 

-Pas de problème. Il suffit de mettre une puce sur cette fille et de la relier à votre téléphone. 

-Et comment va t'on faire? 

-Votre téléphone. Le reste, je m'en charge. 

-OK. 

Il revient et m'informe que Kimia est sur écoute. Je branche les écouteurs. Au début, j'entends un bruit comme si la puce avait été cognée. J'ai tellement peur que la connexion soit coupée. Puis des gemissements se font entendre. J'entends ensuite le reste de la conversation.... 

-Joseph, je dois parler à Kimia. 

-OK répondit le garde du corps. Il déplace la voiture vers une ruelle un peu éloignée de la prison puis sors. Il revient quelques minutes plus tard avec Kimia qu'il tient par le bras. 

-Fifa? C'est toi qui veut me kidnapper dit-elle après être rentrée dans la voiture 

-Je te pose la question maintenant :Qui es-tu? 

-Comment ça qui je suis? 

-Tu n'es pas honnête. Moi je t'ai presque tout dit sur moi. 

-Tu es folle? 

-Costa Nzulu. Dis-je 

-Tu es folle. Tu m'espionnes maintenant? Il ne vaut mieux pas pour toi. Si Le Christ l'apprend, crois moi, tu es morte. 

-Le parfum de la mort se dégage déja de moi. Alors, plus rien ne m'effraie. 

-Comment ça? 

-Oublie. Qui es-tu? 

-Tu ne vas donc pas me lâcher? Très bien. Je m'appelle Kimia Costa Nzulu.Autre chose? 

-Luis Fernando, c'est qui pour toi? 

-Costa, ça ne te parle pas? C'est mon cher oncle. Le diable 

-Diable? 

-Oui. Puisque tu as décidé de marcher sur des oeufs alors suis moi. 

Elle me raconte alors son histoire. Je l'écoute et je me rends compte que ma Elikia a épousé un monstre. J'ai tellement mal pour la femme à mes côtés. J'ai toujours cru qu'être condamnée à une souffrance et une mort sans cesse proche était l'horreur sur terre mais se battre pour survivre quand le parfum de la mort est partout autour de soi est bien pire. 

-Je te crois. 

Elle fond en larmes. Je la prends dans mes bras. 

-Ne pleure plus. Ton combat est désormais le mien. 

-Tu veux vraiment affronter ton beau-frère? 

-Tu veux vraiment affronter ton oncle? 

-OK. On va détruire ensemble Luis. 

-Bien. Tu dois fuir le Congo mais surement pas pour aller à Juba (Soudan du Sud) 

-Et où irais-je? 

-À Cotonou puis à Accra. Tu dois devenir une reine de l'Afrique. 

-Reine? 

-Oui. Tu comprendras. Mais on doit livrer notre premier combat : Tu dois récupérer la boite et moi je dois prendre l'acte de naissance chez Luis Fernando. 

-Quoi? 

-Oui. Même si je dois mourir, je te rendrai ton identité.