*Dans la peau de Kimia *

Je suis là, assise, figée à observer ce monstre de Luis Fernando Costa. Il affiche un sourire narquois qui me glace. Fifa qui me tient toujours par la main a dû sentir ce trouble puisqu'elle m'interroge :

-Ça va Kimia? 

-Très bien. J'ai juste envie d'aller prendre un peu l'air. Je vais vous laisser je crois. 

Je me lève pour partir lorsque je sens une main sur mon épaule. Je relève la tête et tombe sur lui. Il me montre ses 32 dents et ajoute:

-On ne s'est pas présenté je crois. Je suis Luis Fernando Costa. Et vous Mlle? 

-Kimia répondis-je contenant difficilement ma colère 

-Kimia? Simplement Kimia? Vous n'avez pas de nom Mlle? 

Il sait bien pourquoi je ne suis que Kimia mais il s'entête à m'embêter. 

-Pourquoi tant de questions? J'aimerais bien poursuivre la discussion mais j'ai à faire. Bye. Dis-je en saluant Fifa. 

Je sors en courant ne sachant trop où aller. Je suis en danger. 

*Lukala, RDC, 1996*

Nous étions assise avec ma mère dans la chambre. Elle me nattait les cheveux lorsqu'elle pris la parole :

-Mon coeur, je vais te raconter un secret mais ne le dis à personne. Compris? 

-Vas y mamma. Promis 

-Tu sais, lorsqu'on traverse la frontière, il y a un beau pays où vivent des gens gentils. Un pays plein de couleurs et de richesses :L'Angola.Tu sais là bas, dans une ville qu'on appelle Luanda, vit une grande famille : La famille Costa. 

-Costa Nzulu comme toi et moi? 

-Non, juste Costa. Nzulu c'est le nom de ta mamie, Elisabeth, elle est d'ici. 

-Et qu'est-ce que cette famille Costa a fait? 

-Rien. En fait Costa est le nom de famille de mon père :Mario Costa. Mon papa et ma maman s'aimaient beaucoup mais à cause de leurs différences sociales et culturelles, ils ont dû se séparer. 

-C'est quoi différences sociales et culturelles? 

-T'es vraiment un bébé toi. Ma maman était très pauvre et mon papa très riche. Ma maman venait d'ici et mon papa d'Angola. Alors les parents de ton grand-père les ont séparé. 

-Et qu'est-ce qui s'est passé après mama? 

-Ton grand-père s'est remarié là bas en Angola avec une femme de là bas. Ils ont eu trois enfants. 

-C'est méchant. Il n'aimait plus grand-mère? 

-Si mais, il y a des amours impossible. Donc, il y a 8 ans, il est venu ici à Lukala, me chercher avec ta mamie. Seulement sur la route vers Luanda, on a été attaqués et ta mamie est morte. Arrivés à Luanda, j'ai rencontré Isadora, la femme de mon père et ses enfants :Lucinda, Eduardo et Luis Fernando. Personne ne m'aimait là bas juste mon père et ses parents qui ont fini par m'accepter. Puis un jour, papa est tombé très malade. Il a voulu partager sa fortune. Il a dit que seul une bonne âme méritait ses biens. Il a décidé de me verser la majeure partie de ses biens surtout ses mines au Congo. Cela à provoquer la colère des autres surtout de son fils Luis Fernando. Alors un jour lorsque je visitais seule une des mines, cet homme est venu puis tu es née quelques mois plus tard 

-Le japonais? 

-Oui ma puce. Ton grand-père a maintenu sa décision sauf que tu es devenue la plus grande gérante de cette fortune. Il a même fait des placements en banque pour toi. 

-Wouah! J'ai beaucoup d'argent mama? 

-Oui beaucoup. Il a même laissé cette petite boite et cette lettre pour toi. Ne la perds jamais et sois prudente avec elle. Il y a beaucoup de serpents autour de toi

-J'ai peur maman. 

-Viens là. Tu es Kimia pas vrai? 

-Oui mamma 

-Et comment est Kimia? 

-Courageuse 

-Alors, ferme les yeux et pense que tu es forte. 

*Fin souvenir *

Quand je pense à cette fichue clé et aux problèmes qu'elle m'a créé. Ma mère est morte quelques mois après. Luis est venu et à fouiller toute la maison mais sans rien trouvé. J'avais enfui la boite sous terre. Il a brûlé la maison et m'a trainé de force en Angola. Il me violait fréquemment et me tabassait à cause de sa fichue boite. Mais je ne disais rien. J'ai vécu enfermée dans une cave sans voir le soleil pendant des mois. Il venait, me violait et me frappait. Je ne sais même pas comment j'ai survécu. J'ai réussi à m'enfuir avec l'aide de ma tante Lucinda. Mais la pauvre était si effrayée par son frère qu'elle m'a laissée, me débrouiller avec un taxi pour trouver la frontière avec le Congo. J'étais là, gamine de 13 ou 14  ans à donner mon corps pour être amenée au Congo. J'ai commencé à voler, me prostituer, manger ce que je trouvais comme fruit ou animal, pour survivre. Puis je me suis retrouvée au Congo. Là, je n'avais plus d'âme. J'étais juste Kimia, la métisse sans nom, âge, ni rien. Une aventurière qui a passé sa vie à fuir. 

Je finis par m'enfermer dans des toilettes. Je suis si sale. Ma face dans le miroir est celle d'une femme sans âme. Je me rince la figure lorsque les toilettes s'ouvre. 

-eh bien, eh bien, tu es vraiment forte ma petite. Tu suis les pas de tonton? 

-Ne t'approche pas. Ne t'approche pas Luis sinon je te blesse dis-je en sortant une lame cassée. Je ne suis pas comme toi charognard

-J'aime ça. Tu es toujours aussi sauvage mon ange. 

-Je ne suis pas ton ange. 

Il se rapproche de moi et sors un petit couteau. 

-Dépose la lame ou je t'égorge

-Ah oui? Et tu perdras toute la fortune des Costa. 

Il ricane puis avance. 

-Luis, reste loin de moi. 

-Tu as peur? Dit-il en souriant. 

Il se rapproche et me coupe au couteau. Je pousse un cri de surprise et de douleur. Je lâche la lame qui se trouvait dans ma main blessée. 

-Alors mon ange? 

-Tu veux quoi Luis dis-je au moment où ses lèvres se rapprochent des miennes 

-Tu le sais bien. Tu le sais Kimia Costa Nzulu 

Il m"attrape par le menton puis presse ses lèvres contre les miennes. Je serre les dents pour ne pas accueillir ce baiser mais il force le passage. Je tente de me dégager lorsque la porte s'ouvre :

-Jésus! Marie! Joseph!  Sale chinoise, qu'as-tu fais à mon mari? 

......