Chapitre 40
Write by Auby88
Chanson intro du chapitre
Kassav' - Zouk La Sé Sèl Médikaman Nou Ni
Kijan zot fé
Comment vous faites ?
M'pa ka konpran'n
Je ne comprends pas
Zot ka viv' kon si
Vous vivez comme si
Pa ni pwoblém'
il n'y avait pas de problèmes.
Poutan zot sav'
Pourtant, vous savez
Lavi la réd
que la vie est dure
Kijan zot fé
Comment vous faites
Pou pé sa kenbé
pour tenir ?
Zouk la sé sel médikaman nou ni (sa kon sa)
Le zouk, c'est le seul médicament qu'on a (c'est comme ça )
M'pa té konnet
Je ne connaissais pas
Sécré lasa
Ce secret là
Ban mwen plan la
donne-moi le plan
P'mwen pé sa konpran'n
pour que je puisse comprendre
Ban mwen plan la
Donnez-moi le plan
M'poko sézi'i
je ne l’ai pas saisi
Si janmé on jou
si jamais un jour
Mwen tonbé malad
je tombais malade
Zouk la sé sel médikaman nou ni ( sa kon sa)
Le zouk est le seul médicament que nous avons (c'est comme ça )
Si sé sa mwen an nou zouké
Si c'est comme ça, allons zouké
Mi'i kon sa ... Mi'i kon sa ...
Tiens comme ça... tiens comme ça...
An malad
Je suis malade
(…)
Source : Paroles-traductions.com
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Edric MARIANO
Zouk…Plage…Epices…Rhum… Accras…
On est où là ?
Bienvenue aux Antilles françaises ! Précisement à Le Diamant, la petite ville martiniquaise où se trouve le Cap 110, un mémorial à l'esclavage...
Je l'avoue. Je n'ai plus envie de retourner au pays, tellement je me plais ici. Je ne savais pas que la vie pouvait être aussi belle. Je ne savais pas que monsieur Sourire deviendrait mon fidèle compagnon ! Et notre belle amitié dure depuis des mois. (Rire)
- Fiston ! T'es là ? débute l'homme au chapeau de paille en s'asseyant sur le fauteuil en osier, face au mien
Lui, c'est Delmundo, l'homme chez qui je réside. C'est à lui que je dois tout le bonheur que je vis actuellement. Puisque c'est lui qui m'a invité en Martinique.
"Delmundo" signifie "Du monde" en espagnol. Si l'écrivain porte ce nom d'auteur, c'est parce qu'il se considère comme "un enfant du monde". Surtout en raison de ses origines diverses : africaines, latines, asiatiques, européennes, américaines..
Delmundo ! Quel grand homme, celui-là ! Il est riche et connu mais reste humble et très altruiste. L'argent et la célébrité ne comptent pas pour lui. Mais les relations humaines, oui.
Il m'inspire tant, cet homme ! Je me sens si fier près de lui. Comme un fils aux côtés de son père.
- Oui, Papa Delmundo ! réponds-je en me levant et ôtant mon chapeau par politesse.
- Quand vas-tu enfin m'appeler par mon prénom et arrêter de me faire autant de révérence ?
- Pour moi, tu es comme mon père… Dans ma culture, on ne peut se permettre d'appeler ses parents par leur prénom. Et on se doit de respecter les aînés.
- Bah, si tu y tiens ! Tu peux te rasseoir.
Je m'exécute.
- Au fait, Edric, j'ai commencé à lire ta nouvelle histoire. Tu as réussi à accrocher mon attention, dès les premiers mots ; point très positif... Ton texte est fluide… L'intrigue est intéressante et originale. Je devine que tu t'es inspiré de ta propre expérience.
- Oui, même si moi je n'ai jamais atteint cette extrême !
- Heureusement ! Je suis ravi que tu aies enfin brisé ce lien malsain que tu avais avec ton premier roman.
- Oui, j'ai donné toutes les copies qui me restaient. Toutes sans exception. Aujourd'hui, je me sens libre, libre comme le vent. Aujourd'hui, je considère cette nouvelle histoire comme la première, comme si je débutais dans l'écriture, comme si l'autre n'avait jamais existé.
- Bravo, fiston. Je suis fier de toi !
Je regarde l'homme en poussant un long soupir.
- Tu penses à ton père ?
- Oui. Tu ne sais combien je donnerai pour l'entendre me dire une phrase pareille !
Sa main vient se poser sur mon épaule.
- Ça ira, t'inquiète !
- En tout cas, je compte lui prouver que je ne suis pas un raté comme il le pense. Et je sens que je suis sur la bonne voie.
- Tu n'as rien à prouver à qui que ce soit ! objecte-t-il. Pas même à ton père. Contente-toi de faire ce qui te passionne, de mener une vie saine, de ne causer de tort à personne, de travailler avec acharnement, de lutter pour tes rêves, de ne jamais baisser les bras malgré les difficultés… Contente-toi d'être meilleur…Contente-toi d'être heureux...Contente-toi de sourire au monde…Et tu verras que le monde te sourira en retour.
Je pose une main sur ma poitrine.
- Paroles très sages que je suivrai à la lettre pour un jour pouvoir te ressembler.
- HAHAHA ! Ne pense pas que j'ai toujours été un saint. Je me suis juste assagi avec le temps et mes expériences personnelles.
- De toutes façons, tu restes mon idole !
- Allez, on continue avec mes observations.
- Très modeste en plus !
- Edric, assez de flatteries ! I bon ! (ça suffit ou c'est bon en créole martiniquais).Tu te concentres et tu m'écoutes !
- Ok, Chef !
Il me foudroye du regard puis sourit.
- T'es têtu, mais je t'aime bien, fiston.
- Moi aussi.
- Bien, on poursuit...
En parlant, il reprend son bloc-notes. Moi, je m'empare de mon stylo et de mon bloc-notes pour y inscrire ses remarques.
- Comme je l'ai déjà dit, Edric, j'aime bien l'intrigue : "un écrivain célèbre, admiré et respecté de tous, marié et père de trois enfants... Un homme au double visage... Un modèle pour la société, mais en réalité un pervers narcissique, tueur en série et cannibale... Sa cible principale : les prostituées avec lesquelles il entretient des relations sexuelles sadiques... Son inspiration pour écrire, il la puise d'une manière bien étrange, voire perverse : il oblige ces dernières à s'asseoir nues devant lui dans une chambre climatisée à fond tandis qu'il écrit... Ensuite, il les tue pour qu'elles ne dévoilent rien de sa vie secrète, les dépièce et les mange... Jamais, il n'a commis la moindre erreur… Face à lui, un policier chevronné qui enquête sur la disparition mystérieuse de prostituées, dont sa soeur, dans la ville de FIFA… "Fifa" signifiant "Paix" en langue fongbé de chez toi…
- Oui, accepté-je.
- Je sens que la rencontre entre ces deux personnages va être explosive !
- En effet, dis-je simplement pour ne pas en dire davantage sur le dénouement de l'histoire.
- J'attends impatiemment la suite. Parce que je suis bien curieux de savoir comment le policier parviendra à attraper cet homme qui semble maîtriser l'art du crime parfait !
- Patience donc !
- D'accord. Bon, à part ça, j'ai bien aimé tes tournures stylistiques. Mais attention à ne pas en abuser. Autrement, le lecteur lambda aura du mal à te comprendre.
Dans mon bloc-notes, je me hâte d'écrire ses observations.…
- Noté. Merci beaucoup. J'en tiendrai compte.
- Bien… Tu vois, fiston, je te l'avais dit. Le syndrome de la feuille blanche n'est qu'un mythe. C'est juste la peur d'échouer qui bloque l'inspiration. Ça se passe juste dans la tête... Juste une illusion qui demeure quand on croit qu'il faut écrire "pour" et non "par"… Autrement dit, on devrait écrire "par passion ou par envie" et non "pour le succès ou pour l'argent".
- C'est vrai. Cela, je l'avais complétement oublié. Je voulais coûte que coûte écrire un autre best-seller... Je voulais absolument qu'une grande maison d'édition accepte de me publier, sans même penser à l'auto-édition... J'ai tellement perdu du temps ! Quel gâchis !
- Oublie le passé. Seuls le présent et le futur doivent t'importer... Tu as retrouvé la flamme de l'écriture et tu te dois de la maintenir allumée… Efforce-toi toujours d'écrire chaque jour, ne serait-ce qu'une dizaine de mots, autant sur ton histoire en cours que sur un autre sujet comme les faits marquants de ta journée. Et lorsque tu te sens fatigué, ne force pas. Prends une pause, fais autre chose puis reviens quand tu te sentiras plus frais dans ta tête...
Il conclut par ces mots :
- D'une manière ou d'une autre, l'écriture est en chacun de nous, en tout être humain. On a toujours une histoire à raconter !
- Le repas est prêt ! chantonne son épouse en nous indiquant la table à manger déjà apprêtée.
Nous nous levons aussitôt. Ni son mari, ni moi ne prenons le risque de la faire attendre. Même pas pour une seconde. Parce que cette martiniquaise est le prototype des mamans africaines ! (Rire)
La table est "sauvagement garnie" comme d'habitude : des accras de morue (beignets épicés frits à la morue ) ; des langoustes grillées à la sauce "Chien" (une sauce typique d’ici à base d’oignons, de citron vert et d’herbes ) ; Le Robinson ( une pâtisserie traditionnelle de la Martinique, à base de quatre-quart, de pâte brisée et de confiture de coco, banane ou goyave) ; du Ti-punch ou CRS ( citron vert, rhum blanc, sucre de canne) ; de l'eau de coco au maracudja ( fruit de la passion )...
- Maman ! m'exclamé-je en souriant. A force de manger tout ça, je finirai par trop grossir, au point de perdre mes belles tablettes de chocolat qui me valent beaucoup d'admiratrices par ici !
- Mon fils, me répond-t-elle, il est important de bien se nourrir. Et n'oublie surtout pas que l'abus de chocolat est nocif pour la santé !
Nous éclatons tous trois de rire.
- Doudou (chérie en créole), dis-le lui bien. Car il passe toutes ses journées sur la plage.
- Je ne peux m'empêcher de contempler toutes ces belles paires de fesses qui défilent en bikini et en continu sur la plage. Et ce en toute liberté. Je n'assiste pas à un tel spectacle chez moi. Alors, j'en profite au maximum !
- Comme si tu ne faisais que les regarder ! s'exclame-t-elle.
Je ris sous cape.
- Mon fils, n'oublie pas que tu approches 35 ans. Tu devrais donc sérieusement penser à fonder une famille.
- Ne t'inquiète pas maman, j'y pense de plus en plus.
- Tu as intérêt à y penser sérieusement si tu souhaites profiter longtemps de tes enfants et pouvoir bien t'occuper d'eux avant que la vieillesse te gagne !
- Tu as entièrement raison, maman !
- Et surtout…
- Doudou, c'est bon ! intervient son mari. Fiston a compris. Mwen fin (J'ai faim en créole martiniquais) ! achève-t-il en caressant son ventre.
Nos éclats de rire emplissent l'air.
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Eliad MONTEIRO
Aujourd'hui, je fais du footing. Je rabats sur ma tête la capuche de mon hoodie, puis sors de la maison. Il vient d'être 6h30 à ma montre. Au loin, j'entends les tintements d'une cloche d'église.
J'avais vraiment besoin de sortir courir pour aérer mon esprit. J'avais expressément besoin de fuir cette atmosphère pesante chez moi.
Je n'arrive toujours pas à me faire à l'idée que la relation entre PAGE et moi a pris fin, précisément au moment où je m'apprêtais à changer pour elle.
Et j'avoue que s'il n'y avait pas ce bébé entre nous, j'aurais tenté, par tous les moyens de la reconquérir…
(Long soupir)
PAGE enceinte, ce n'est ma PAGE. C'est une autre personne... Elle dit porter mon bébé, mais moi j'en doute toujours.
De toutes façons, que ce bébé soit de moi ou d'un autre ne change rien au fait que je n'arrive pas à l'accepter.
Il y a bien des fois où j'aimerais me retrouver dans la peau d'une personne moins compliquée. Bien des fois !
Il fait déjà bien jour. Je suis sur le chemin du retour. Je prends une pause et vais m'asseoir sur un banc public. Je suis éreinté et j'ai soif. Je sors ma gourde et rafraichit ma gorge. Comme ça fait du bien !
Je vois passer un couple, avec deux enfants. L'homme porte son fils dans un kangourou. Et la femme garde la main de sa fille. Ils fredonnent une comptine enfantine et rient aux éclats. Le couple parfait ! dirait-on.
Ils passent près de moi, et me font un signe de la main. Je réponds cordialement à leur salutation.…
Assis à ma place, je vois défiler des voisins que je reconnais, des inconnus, un adolescent qui promène son chien... Bref, tout un beau monde.
Puis, il y a cette femme enceinte qui vient dans ma direction, à pas de tortue. Je revois Camila. Puis je repense à PAGE.
Je suis encore là à cogiter quand le sac de la jeune femme tombe, avec tout son contenu qui se répand au sol. Là, devant moi. Pourquoi précisement devant moi ? Bon sang !
Discrètement, je la regarde se pencher avec peine pour ramasser ses affaires. Je résiste, mais finis par me lever pour lui apporter mon aide. A la hâte, je remets son sac en place. Elle me remercie. Je n'attends pas. Je hoche juste la tête, puis m'éloigne en courant. Plutôt de continuer dans la direction de la maison, je reprends le chemin inverse.