Il appréhende le moment où ses yeux rencontreront ceux de sa douce princesse. Steph resta bouche bée à la vue du tableau qui se dressa sous ses yeux. Il est tout simplement émerveillé. Ciara est étendue sur lit, le dos calé contre l’oreiller, un sein dans la bouche de leur fille : elle l’allaite. Quand celle-ci le voit, ses magnifiques lèvres s’étirent en un radieux sourire. Un homme aurait couru vers sa femme pour l’embrasser, la serrer contre lui, lui dire combien elle lui a manqué. Mais lui n’en fit rien. Il sort juste son téléphone et capture ce moment qu’il trouve être la plus belle image qu’il n’ait jamais vu. Il avance ensuite toujours sans se presser. Ciara ne le quitte pas des yeux. Il tire la seule chaise se trouvant dans la pièce puis s’y assois. Le regard toujours rivé sur les deux femmes de sa vie. Il attend. Quoi ? Il n’en sait rien. Etre là, assister à ça le suffit. Alors il ne bouge pas, ne dit rien se contentant de les admirer avec tendresse et amour. La petite semble à présent dormir. Ciara lui retire donc le sein de la bouche. Steph se lève précipitamment pour lui prendre le bébé entre les mains. Il la dépose ensuite dans son berceau placé non loin du lit de Ciara puis rejoint sa douce et tendre femme. Oui sa femme pense-t-il fièrement. Il s’allonge ensuite à ses côtés, enfouit son visage dans le creux de son cou et se lâche.

-         Hey ! Dit-elle en portant la main à ses cheveux. Depuis quand pleures tu toi ?

Elle essaie d’employer un ton taquin. Ses mains lui caressent la tête.

-         Depuis que j’ai cru te perdre. Ne me fais plus jamais ça Ciara.

Il relève la tête et écrase ses lèvres sur les siennes.

-         Tu m’as manqué bébé ! Murmure-t-il contre ses lèvres.

-         Toi aussi mon chéri. Répond-elle en souriant.

Le bruit de la porte les tire de leur bulle.

-         Maman ? S’étonne Stéphane en se levant précipitamment.

Sa surprise devient plus grande lorsqu’il voit son père entrer une canne en main.

-         C’est quoi cette tête ? T’es pas content de nous voir ou quoi ?

-         Bien sûr que si papa ! Répond-il gaiement en allant le prendre dans ses bras.

-         Et moi ? Je compte pour du beurre ?

Rose prend un air frustré ce qui fait rire Stéphane.

-         Oh Maman !

Il la serre fortement  contre lui. Elle lui tapote le dos.

-         Aller c’est bon ! Laisse-moi dire bonjour à ma belle-fille.

Ciara arbore un large sourire depuis son lit. Rose s’approche puis se baisse  pour lui faire la bise. Le père de Stéphane l’embrasse à son tour.

-         Comment vas-tu ma chérie ?

-         Bien maman ! Merci d’avoir fait tout ce chemin pour moi.

-         Qu’est-ce que tu croyais ? Intervient David. Que nous serions restés tranquillement chez nous alors que tu n’allais pas bien ?

-         Je suis heureuse de vous rencontrer enfin même si nous nous parlions souvent sur Skype.

-         nous aussi avions hâte de rencontrer celle qui fait perdre la tête à notre fils.

-         Maman arrête s’il te plait !

Ciara regarde Steph amusée. Il a l’air embarrassé. C’est rare de le voir comme ça.

-         A présent il faut que j’embrasse ma petite fille. Ma petite fille. Répète Rose comme si elle n’y croyait pas.  

Elle prend la petite dans ses bras sans quitter son doux visage des yeux. Elle est si émue qu’elle en pleure.

-         Tu te rends compte David, nous sommes grands-parents. Dit-elle en sanglotant.

-         Tu as rêvé de ce moment ma chérie alors cesse de pleurer.

David s’approche de sa femme et caresse la joue du bébé. Lui aussi est heureux. Cela se voit sur son visage émerveillé.

-         Ce sont des larmes de joie mon chéri.

Rose adresse un regard reconnaissant à Ciara.

-         Merci ma fille pour ce beau cadeau que tu nous as fait.

Adossé contre le mur, les mains fourrés dans les poches, Stéphane assiste en silence à ce moment chargé en émotion.

-         A quelle heure êtes-vous arrivés ? Demande-t-il pour changer d’ambiance.

-         A l’instant. Nous sommes venus directement de l’aéroport. Répond David après s’être s’assis sur la chaise.

-         D’abord comment avez-vous su pour Ciara et le bébé ?

-         C’est ta domestique qui nous a tout raconté. Tu ne répondais pas à ton portable alors on a téléphoné chez toi.

Steph regarde son père ahuri. Comment ont-ils pu avoir un vol aussi vite ? Ce dernier semble avoir deviné ses pensées.

-         Je me suis récemment acheté un jet privé ! Répond fièrement David.

Ciara toussota aussitôt tandis que Steph écarquilla grandement les yeux !

-         T’es sérieux papa ?

David hoche la tête, le sourire aux lèvres.

-         Mais c’est de la folie ! Tu n’en as pas besoin car tu détestes voyager. En plus c’est du gaspillage d’argent.

-         Alors là, c’est l’hôpital qui se fout de la charité. Tu me fais la morale alors que tu as acheté un hôtel cinq étoiles en Espagne pour une fille à qui tu as brisé le cœur.

-         Quoi ! S’exclama Ciara !

Steph lui lance un regard vite fait avant de se reconcentrer sur son père.

-         C’était il y a longtemps papa et tu n’avais pas besoin de le dire en présence de Ciara.

Steph a l’air mécontent.

-         Parce qu’elle ne le savait pas ! S’écrie David sarcastique. On ne doit rien cacher à sa compagne fiston.

-         C’est bon papa. L’hôtel c’était pour me faire pardonner. Je vous l’ai déjà expliqué alors arrête. ça fait des années que tu trimbales cette histoire y’en a marre. Gronde Steph.

-         C’est toi qui a commencé, t’aurais pas dû…

-         Ça suffit tous les deux !

La voix autoritaire de Rose résonna dans la chambre.

-         Vous ne pouvez pas passer cinq minutes ensemble sans vous disputer ? Reprend-elle. Bravo ! la petite est réveillée. Vous pouvez être fiers de vous bande de gamins.  

-         Donnez-la-moi maman, je vais la bercer.

Ciara tend les bras mais Rose secoue la tête.

-         Toi repose toi ! C’est David qui va s’en occuper puisqu’il a tant d’énergie à dépenser.

-         Mais…

-         Mais rien du tout ! tend les bras. Ordonne Rose.

David obéit alors sa femme pose délicatement la petite dans ses bras. Cette dernière se tait aussitôt.

-         Mamie est méchante… c’est bon papi est là. Dit-il taquin.

-         Oui c’est ça ! Rétorque Rose en lui donnant une petite tape sur la tête.

Ciara les observe attendrie. Ils sont trop mignons tous les deux. Songe-t-elle. Ils lui font penser à ses parents. Mais c’est quoi cette histoire d’hôtel ? Ses yeux rencontrent ceux de Stéphane.  Il a dit que c’était il y a longtemps mais tout de même ! Un hôtel. Elle ne le lâche pas des yeux. Le regard de ce dernier semble vouloir dire ‘’n’y pense plus, c’est de l’histoire ancienne’’.

-         Coucou ! Pouvons-nous entrer ?

Chantal passa la tête par l’entrouverture de la porte.

-         Entre maman ! Répond Ciara.

-         Bonjour tout le monde. Lancent Chantal et Emile en cœur.

A tour de rôle, ils embrassent leur fille avant que Chantal ne s’installe sur le bord du lit, près de Ciara.

-         Je suis contente que tu sois réveillée et en bonne santé. Tu nous as fait une peur bleue.

Sa voix se casse. Ciara prend ses mains.

-         Ne pleure pas maman. Je vais bien.

Elle acquiesce.

-         M. Kipré, je vous présente mes parents.

Emile se tourne vers Rose et lui fais la bise.

-         Ravi de faire votre connaissance Mme N’Goran.

-         Je vous en prie. Appelez-moi Rose.

-         Très bien Rose.

-         Soyez les bienvenues. Renchérit Chantal.

-         Merci très chère. Répond David.

-         Puis-je la prendre ?

-         Bien sûr c’est aussi votre petite fille.

Chantal prend le bébé des bras de David. Emile en profite pour lui serrer la main.

-         Elle est magnifique ! S’exclame Chantal.

-         Félicitations les enfants. Vous avez une belle petite fille. Ajoute Emile.

-         Vous lui avez déjà trouvé un nom ? Questionne Rose.

-         Oui. Répond Stéphane.

Ciara le regarde avec surprise.

-         Elle s’appelle Lala.

Les yeux de Ciara se remplirent de larmes. Steph l’a fait pour elle en mémoire de sa meilleure amie. Elle lui sera toujours reconnaissante pour ce geste. Emile étreint sa fille. Lui plus que quiconque sait ce que représentait Lala pour elle.

-         Lala ? C’est joli tout comme elle. Déclare David.

Le portable de Stéphane sonne. Il le prend de sa poche.

-         Oui ?

-         …

-         Attend moi, je viens.

-         Où vas-tu ? Qui était-ce ?

Ne t’inquiète pas ma puce. C’est Ange, il m’attend à l’accueil. Je vais le voir. Je serai de retour dans dix minutes.

-         Tu me le promets ?

-         Oui princesse.

Il vient lui donner un baiser sur la bouche puis quitte la chambre.

-         Alors ?

-         Tout est ok monsieur.

-         Ils ont tout gobé.

Ange acquiesce.

-         Parfait.

-         Allons à la cafétéria. Tu m’expliqueras tout en détail.

Une fois installés à leur table Ange se lance dans un long récit.

-         Après que vous soyez partis vous et M. Siméon, la police est arrivée. Le lieutenant en charge de l’affaire m’a posé un tas de question mais je lui ai dit ce qu’il devait savoir.

-         C’est bien… C’est bien Ange. Tu ne me déçois jamais. Répète moi tout ce que tu lui as dit, ses commentaires ses réactions, tout je veux tout savoir.

-         Ils ont trouvé le cadavre de votre gouvernante…

-         Cette chienne, si elle n’était pas morte je l’aurais fait regretter d’être née crois-moi.

-         … je leur ai dit que quand nous sommes arrivés sur les lieux, elle était déjà morte, et madame N’Goran…

Madame N’Goran ? Pense Steph la joie au cœur. Entendre Ange appeler Ciara ainsi lui procure tellement de joie qu’il en est surpris lui-même. Il ne pourrait plus attendre encore longtemps. Dès que Ciara sortira de l’hôpital, ils organiseront la dot puis le mariage.

-         … était évanouie, son bébé dans les bras. Je leur ai dit que Bamba s’était enfuit après avoir reçu une balle dans la jambe et que  vous aviez emmené madame à L’hôpital.  

-         T’a-t-il semblé convaincu ?

-         Au début non. Mais je suis resté sur ma version alors il a fini par me croire. Du moins je pense.

-         C’est parfait. Tu as été à la cabane ?

-         J’y reviens.

-         Siméon y est ?

-         Oui monsieur, il s’occupe encore de notre invité.

Steph sourit.

-         Comment se porte madame ? Demande Ange d’une voix coupable.

-         Bien. Elle s’est réveillée et se porte à merveille. La petite aussi.

-         Dieu merci.

-         Ce n’était pas ta faute Ange. C’est moi qui n’aurais dû te faire sortir de la maison. Mais toi seul pouvait pénétrer dans l’ordinateur d’Elodie.

-         Mais tout cela ne serait pas arrivé si j’avais vite réussi à déchiffrer son mot de passe.

-         Ne culpabilise pas. Tu n’es pas une machine ni Dieu. Le plus important c’est qu’elles aillent bien toutes les deux.

-         Oui monsieur. Alors pas trop mal. Demande Steph en baissant les yeux sur les poings abimés D’Ange.

-         Piqure de moustique.

-         Je n’ose même pas imaginer l’état dans lequel il se trouve. J’espère au moins qu’il a toujours ses dents…

-         Je crois qu’il lui en reste quelques-unes.

Steph éclate de rire. Tout le monde en avait après Bamba. Même Ange mourait d’envie de lui régler son compte. Steph savait que du commissariat il se rendrait  directement à la cabane. Lorsqu’ils ont appris pour Elodie, ils ont tout de suite foncé à la villa mais c’était trop tard. Heureusement que tous leurs véhicules sont équipés d’un traceur GPS. Sur ce coup, cette pétasse n’a pas été intelligente et Dieu merci d’ailleurs sinon ils n’auraient jamais pu les retrouver.

-         Montons, tu vas lui dire bonjour.

-         Je ne voudrais pas la déranger.

-         Bah non voyons. Elle serait ravie de te voir.

-         D’accord.

Lorsqu’ils rentrent dans la chambre, Ciara est seule avec sa mère.

-         Où sont les autres ? Demande Steph après avoir refermé la porte.

-         Descendus prendre le petit déjeuner. Et moi je t’attendais pour aller les rejoindre. Répond Chantal en se levant de la chaise.

-         Très bien. Je m’occupe d’elle. Bon appétit.

-         Merci.

-         Bonjour madame. Dit timidement ange lorsque Chantal fut sortie.

-         Bonjour Ange. Merci de venir me voir. Comment vas-tu ?

-         Bien madame. Je suis désolé pour…

-         Rien du tout. On n’en parle plus. Viens approche. Tu veux la prendre ?

-         Heu… J’ai peur de lui faire mal.

-         Mais non voyons. Tu n’as qu’à juste la tenir dans tes bras.

-         En plus tu l’as déjà prise, tu t’en souviens ?

Steph lui fait un clin d’œil et Ange se souvint aussitôt. C’est lui qui a tenu la petite pendant que son patron portait madame jusqu’à la voiture pour l’emmener à l’hôpital.

-         Ah quand ça ? Questionne Ciara, le sourcil levé.

-         Il n’y a pas si longtemps. Bref Ange n’aies pas peur, prend la.

Steph changea rapidement de sujet. Inutile de se remémorer les mauvais souvenir.

Cette journée va-t-elle enfin se terminer ? Pense Ciara en fermant les yeux. Elle espère ne plus recevoir de visite pour aujourd’hui. Ça n’a pas cessé une seule seconde. D’abord il y a eu les parents de Steph puis les siens. Après sont arrivés Michel et Isa, sa secrétaire, ses collègues et même son supérieur M. Kouassi. Elle est épuisée. Il faut qu’elle fasse un petit som pendant que Lala est endormie. Steph est parti il y a de cela une trentaine de minute. Il lui a dit que la police avait attrapé Bamba mais pourquoi ne le croit-elle pas ? Arrête Ciara, Bamba ne peut plus nuire alors dors.

Fin du quarante-quatrième chapitre. Bizbi et désolée pour la longue attente mes chéries. Voyage et problème en sont la cause.