Chapitre 49
Write by Myss StaDou
Chapitre 49
− Quoi ?! m’écrié-je.
− Félicitations, dit le médecin. Les tests sont formels. Vous êtes enceinte.
− Hein Tonton, tu es sûr ? s’écrie Josy.
− Ce n’est pas possible ! Non, non… C’est une blague. Dis-moi que c’est une blague, Josy ? S’il te plaît…
Josy me regarde aussi ébahie que je ne l’étais. J’émets alors un petit rire narquois, complètement perdue et incrédule face à la nouvelle que le médecin venait de lâcher tout sourire.
− Non, docteur. Il doit il y avoir une erreur. Je refuse !
Je dis cela en me levant d’un geste vif, poussant ma chaise de manière très bruyante. Josy qui était dans un état de torpeur sursaute à l’entente de ce son strident.
− Calmez-vous, Nicole, m’interpelle le médecin.
Je maugrée de méfiance. Le médecin est toujours calme.
− Asseyez-vous. Ça va aller.
− Non ! hurlé-je, hystérique. Ça va aller comment ?
Josy prend ma main :
− Ma puce, assieds-toi et écoutons-le.
Je la regarde un instant avant de me résigner à me rasseoir. Comment on peut choquer les gens de cette manière tôt le matin… Quelle histoire incongrue ! Moi enceinte ? Que j’ai bu ça dans l’eau glacée ? Je vois déjà les gens me tuer.
− Nicole, vous êtes bel et bien enceinte. Les tests sont formels.
Il me tend le papier du laboratoire et me montre un endroit sur la feuille.
− Vous voyez bien ce qui est écrit là : Positif.
Josy frappe dans ses mains et tourne sa chaise pour bien me regarder.
− Qu… quoi ? begaie-je.
− Mama eh ! s’exclame Josy.
Son oncle nous guette en silence en observant les résultats, comme pour vérifier qu’il n’y avait rien d’autres à m’annoncer.
− Mais Tonton, dis-moi un peu, dit Josy. Tu es sur qu’on n’a pas changé les examens ? Genre confondu les noms…
Le docteur sourit et secoue la tête négativement.
− Non, Josy. Nous travaillons de manière très professionnelle ici. Aucune erreur n’est possible. Et j’ai demandé des résultats rapides pour ses examens. Tu m’avais dit qu’elle rentrait lundi, donc j’ai fait le nécessaire.
Le docteur se tourne vers moi :
− Nicole, vous semblez vraiment surprise par cette nouvelle. N’aviez pas prise cette éventualité en considération comme la cause de votre évanouissement ?
− Non, pourquoi l’aurais-je fait?
− J’aimerais vous poser quelques questions qui nous aideront à mieux comprendre la situation. Vous êtes d’accord ?
− Hum, maugrée-je, assez sceptique. Ok.
− Avez-vous eu durant les derniers jours des symptômes de grossesse ? Un retard de règles par exemple.
− Non. J’ai eu mes règles il y a à peine deux semaines.
− Étaient-elles comme à la normale ? Leur durée, leur texture ?
− Elles étaient…, commencé-je en réfléchissant, moins abondantes. Elles sont arrivées avec un peu d’avance. Mais elles étaient là !
− Ok. Des nausées ? Appétit grandissant ?
− J’ai eu une seule fois la nausée il y a une semaine, mais c’est parce que je n’avais pas mangé.
− Ok. Fatigue ? Sautes d’humeur ?
− Pas exceptionnellement. Je suis très occupée avec l’école et je dors beaucoup pour me reposer. Bon… Pour mes humeurs, ma vie est un chaos, donc beaucoup de colère domine mes actions.
Ses questions m’agacent.
− Mais docteur, tout ça change même quoi ?
− Juste des éléments pour appuyer les résultats. Le fait que vous ayez eu vos menstrues n’empêchent pas le fait que vous soyez enceinte. C’est un phénomène certes rare. Mais cela arrive.
On frappe à la porte et une infirmière entre :
− Docteur, la patiente de la chambre 8 aimerait vous voir.
− Ok. J’arrive dans quelques minutes.
− Ok. Docteur.
Je regarde Josy qui se tient la tête, dépassée par la nouvelle. Le docteur revient à nous.
− Nicole, je sais que ça peut être difficile à accepter quand on ne s’y attendait pas. Mais la situation est là et il faut la gérer. Vous serez bientôt maman et vous devriez commencer à vous préparer pour cela.
Je sens une larme qui coule sur ma joue.
− Une grossesse est un état à prendre avec des pincettes, dit le médecin. Prenez très grand soin de votre santé, ayez une alimentation stable et équilibrée.
− J’ai compris, concédé-je avec tristesse.
− Et surtout… Évitez toute situation de stress ou de choc. Cela ne plait apparemment pas à votre bébé !
Il dit cela en se levant et prenant un dossier sur la table.
− Si vous avez des soucis ou des questions, Josy peut vous donner mon numéro de téléphone. Appelez-moi sans hésitation quand le besoin se fait sentir.
− OK.
Le docteur se tourne vers Josy :
− Ma fille, prends soin de ton amie et repasses me voir quand tu auras le temps.
− Ok… Merci Tonton.
Il sourit et sort du bureau. Je reste assise à fixer sa chaise, jusqu’à ce que Josy me prenne la main et me lève du siège.
− Viens, on sort. Tout ça est ….
− Mais… Comment ?
− Allons d’abord. Nous allons réfléchir à ça dehors.
Nous sortons du bureau et descendons vers la sortie. Une fois assises dans la voiture, Josy pousse une grande inspiration avant de m’observer attentivement :
− Nicole, est-ce vrai que tu n’avais pas idée que tu étais enceinte ?
− Non ! Que j’ai bu ça dans l’eau ? Quelle poisse ? Comme si je n’avais pas assez de problèmes !
− Calme-toi. Tonton a dit quoi ? Pas de stress dans ton état.
− Ah, laisse-moi ça. Ce n’est pas vrai. Son test est sûrement erroné.
− S’il dit que …
− Je m’en fous de ce qu’il dit ! Je ne suis pas enceinte, merde !
− Calme-toi, Nini. Ce n’est pas la bagarre.
− Hum.
− Tu sais ce qu’on va faire ?
− Non.
− Il y a une pharmacie pas loin d’ici. Nous allons y aller, je vais acheter deux ou trois tests de grossesse, etnous allons tester nous même.
− Ok. C’est une très bonne idée. Vraiment ! C’est quoi cette blague un lundi matin ? Comme si je n’ai pas assez de problèmes….
− Ça va aller.
Elle démarre et au bout de quelques minutes se gare devant une pharmacie. Elle prend son sac à main posé à l’arrière de la voiture et va dans la pharmacie. Je reste assise dans un état de choc total. Elle revient quelques minutes plus tard et me remet un paquet. Je jette un coup d’œil et aperçoit trois paquets contenant des tests de grossesse. Je me mets à rire doucement … Je trouve la situation tellement insolite. Moi Nicole Ngono… Je suis venue à Douala choquée à bout. Et me voici sur le chemin du retour, en train de vouloir faire des tests de grossesse.
Eh Ngono eh ! Ah Zamba ! Moi enceinte ? Je suis morte dans mon propre film ! Josy me regarde et en fait un sourire en posant sa main sur mon épaule.
− Eh Nicole, ne fais pas cette tête. Ce n’est pas la fin du monde. Nous allons gérer la situation. Ne te dérange même pas pour ça.
− Ok.
− Tu as faim, n’est-ce pas ? me demande-t-elle d’un ton flatteur.
− Non.
− Oh. Ne fais pas ta boudeuse. Je sais que tu as faim. Nous n’avons pas mangé depuis hier. Je t’emmène dans un restaurant en ville.
− Ok.
− Nous allons faire le test là aux toilettes. Ça ira plus vite.
Je l’écoute d’une oreille distraite. Ma vie se déroule en accélérer devant mes yeux. Je pense à ma relation avec Victor, la situation avec ma sœur, mes parents… Oh non. Tomber enceinte n’est pas le geste juste en ce moment. Ah ça non !
Josy nous conduit dans un restaurant situé à Akwa. Je ne fais même pas attention à l’endroit, tellement je suis dans les nuages. Je fourre le paquet de la pharmacie. Je descends de la voiture et m’adosse sur la portière, le temps que Josy descende. Elle vient et me prend par le coude. Nous avançons vers l’entrée. Une fois à l’intérieur, elle choisit une table et nous nous asseyons. Elle fait signe à une serveuse qui vient immédiatement vers nous.
− Bonjour Mesdames. Bienvenue.
− Bonjour, répond Josy.
− Vous désirez quoi comme repas, Mesdames ?
− Apportez-nous deux plats de Ndolè crevettes.
− Avec quels compléments Madame ?
Josy réfléchit :
− Frites de plantains et Miondos. C’est possible ?
− Bien sûr, Madame. Des boissons ?
− Deux Top Ananas, s’il vous plaît.
− Ok. Je viens vous servir dans quelques minutes.
− Merci.
La serveuse semble intriguée que je ne dise mot pendant tout leur échange. Est-ce que je gère quelqu’un en ce moment ? J’ai trop de problèmes.
− Ma chérie, désolée d’avoir pris l’initiative, dit Josy. Mais je sais que tu n’allais pas m’aider.
− Ah !
− Tu vas manger, que tu le veuilles ou non. Il est hors de question que tu tombes évanouie à l’agence à Yaoundé.
− C’est devenu alors la force, mama ? demandé-je, estomaquée par le sérieux avec lequel elle s’exprime.
− Oui oui. Je vais même mâcher les crevettes et les mettre dans ta bouche pour que tu avales.
Je souris malgré moi :
− Josy, tu es vraiment folle.
− Je sais. C’est pour ça que tu m’aimes.
Je reste un moment pensive. J’essaie de faire introspections.
− Josy, ma vie ces derniers temps me dépasse. Trop de choses étranges, des successions d’événements. On dirait que les problèmes se sont donné rendez-vous dans ma vie.
− Ne sois pas si négative, s’il te plait.
− Non, mais c’est vrai. D’abord maman qui me bassine à épouser Stéphane, ensuite la mère de Victor qui me chasse comme un souillon de chez elle, après Victor qui s’envoie en l’air avec ma sœur. Et maintenant ça ! Non. J’ai trop peur pour cette histoire.
Elle garde le silence.
− Je ne suis pas sur que cette histoire va tenir. S’il s’avère que je suis enceinte… Est-ce qu’il va accepter ? Pourquoi tous ces stress n’ont choisi que ma tête pour venir entrer ? Weh !
Je pose mes coudes sur la table et me tient la tête de mes mains. Les yeux fermés, j’essaie de m’imaginer que tout cela n’est pas réel. C’est sûr que je rêve. Oui c’est ça. Ça fait deux semaines que je rêve…
La serveuse vient nous servir nos boissons. Nous lui demandons de ne pas les ouvrir car nous avons envie de faire un tour aux toilettes avant de manger.
− Attendez notre retour pour nous servir, lui dit Josy.
− Sans souci, Mesdames.
À peine la serveuse a tourné le dos, que Josy me tire vers une porte qui semble être celle des toilettes. Nous entrons dans les toilettes pour femmes et Josy ferme la porte. Je sors le paquet contenant les tests et nous les ouvrons tous les trois.
− Je n’ai pas envie de pisser, marmonné-je.
− Mouf, ne m’énerve pas maintenant… Force !
− Josy. Ce n’est pas la force dis donc.
− Maintenant, il n’y a pas la honte, ma chérie. Tu dois pisser sur les bâtons, un à un. Comme il n’y a pas beaucoup de place, tu vas me donner les tests au fur et à mesure.
− Ok. Mais les urines peuvent toucher les tests.
− Je m’en fous. Je vais de toutes les manières me laver les mains après. Fais seulement.
− Et comment saura-t-on si c’est bon ?
− Je vais chronométrer les tests. Si deux barres apparaissent…
− Non, murmuré-je, apeurée.
− C’est que ça a cuit pour toi ! termine-t-elle.
− Ne parle pas comme ça. Tu m’effrayes encore !
− Ok. Je m’excuse. Concentre-toi et vise bien, je t’en prie.
Je prends une grande inspiration et ferme les yeux en priant que ces tests soient négatifs. Sinon, je suis vraiment dans le pétrin à la Nicole !