Chapitre 5

Write by MoïchaJones

Alors que nous avançons vers les voitures, mes yeux tombent sur le regard interloqué de M&M. Mes gorilles. Je les comprends. Moi aussi j’aurai été choquée si j’avais été à leur place. Une fois l’instant de surprise passé, le plus jeune descend promptement et s’avance vers moi avec un parapluie ouvert.


- Je crois que vous arrivez un peu tard avec ça. Dis-je avec un clin d’œil.


Il a l’air vraiment gêné, mais n’en démord pas pour autant. Il joint son pas au mien, pendant que ma main se glisse dans la poche arrière de mon jeans. Mes clés de voiture me sont presque arrachées des mains à peine sorti à l’air libre.


- Vous devriez me laisser ramener votre voiture madame, vous êtes couverte de boue.


Je ne peux cacher l’étonnement dans mon regard, entendant le reproche dans sa voix. Son aplomb est une nouveauté. Jamais auparavant aucun des deux n’a eu à agir ainsi. Je ne saurai dire si c’est à cause de mon attitude qui a changé ou alors si c’est juste parce que je les ai laissé en plan tout à l’heure ?


- Pardon ?
- Dominique vas vous ramener et moi je vous suivrai avec la vôtre. Ajoute-il avec un geste de la tête  vers son collègue.
- Je ne crois pas non…
- Madame Kibaki, pardonnez-moi mais je pense que c’est mieux pour vos sièges.
- Etes-vous payé pour penser ?
- Belinda...


La voix d’Ifousa me rappelle à l’ordre. Et dire que je l’avais presqu’oublié. Je prends une inspiration profonde pour me calmer et me tourne vers lui.  Il est dans un aussi piteux état  que moi, avec ses habits ratatinés à cause de l’humidité. Plus je m’étale en discussion avec ces cerbères qui me tienne lieu de protecteur, moins vite il ira se mettre au chaud. Je n’aimerai pas être la cause pour laquelle il irait attraper la mort.


Je soupire résignée, avant de hocher la tête.


- D’accord !


Je fais ce qu’on attend de moi sans plus rien ajouter. Je n’essaie même pas de deviner d’où vient cet anorak noir qui git sur la banquette arrière, je m’y installe simplement. Un silence lourd règne dans la voiture et ma colère ne le rend que plus assourdissant à mes oreilles. Je me sens comme une enfant qui a été prise en flagrant délit d’une bêtise catastrophique. J’ai juste un peu salit mes vêtements, ce n’est pas la fin du monde. Les affaires sont faites pour être usées, sinon en fabriquerai plus de nouvelles.


Je sens son regard sur moi à travers le rétroviseur, quand il se décide enfin à démarrer. Instantanément, je sens une légère chaleur poindre droit sur moi, et malgré que je leur en veuille, je ne sais même plus pourquoi soit dit en passant, je le remercie intérieurement. Je commençais déjà à avoir froid. Tout le trajet se passe dans ce même silence pesant. Pas de conversation stérile, ni aucune voix rêche des présentateurs radio. Rien. Même pas le bruit de nos respirations. Le silence total.


Une fois à la maison, c’est avec soulagement que je sors enfin de l’espace oppressant dans lequel on était confiné. Je cours me plonger dans un bain brulant. La morsure de la chaleur me vrille langoureusement la peau, tandis que mes muscles endoloris se détendent l’un après l’autre. Je me laisse lentement couler, m’immergeant complètement. Plus rien n’existe à part cette sensation doucereuse qui m’envahi. Je me laisse porter par le bonheur de l’instant. Il n’existe plus rien d’autre, plus de mal, plus de bien, que moi dans ce bain parfumé. Plus de pauvreté, plus de richesse, que les papouilles qui ne me donne pas envie de rire.


J’aurai pu rester ainsi une éternité, mais il aurait fallu que j’aie des poumons d’acier. Je ressors ma tête jusqu’au cou et garde les yeux. Je n’ai pas envie que ça s’arrête. Garder les yeux fermés me donne l’illusion d’être toujours milles lieu sous l’eau. Là-bas il n’existe pas de loi de la pesanteur. Ce qui flotte n’est pas obligé de retomber. On n’est pas obligé de garder les pieds sur terre.


- Belinda ?


La voix paniquée d’Amaya me parvient de la chambre. Je suis tentée de jouer la morte, mais finira à un moment donné par me trouver. Je débarrasse mon visage du peu de liquide qui y suinte encore avant de répondre calmement.


- Je suis là.


La porte s’ouvrez avec fracas et je la vois débouler devant moi comme une furie.


- Je peux savoir ce qui t’a pris ?


Euh… Quelqu’un pour m’expliquer ce qui lui arrive.


- De faire quoi ?
- Ne joue pas à ça avec moi.


Je suis dépassée par son attitude et sans m’en rendre compte je laisse fuser un rire amusée. La flamme dans son regard me rappelle à l’ordre. Elle est sérieuse, sauf que je ne sais pas de quoi elle parle.


- Mais…
- Pourquoi tu es allée te balader sans protection dans cet endroit. En plus sans rien dire, s’il t’était arrivé quoi que ce soit, qu’aurai-je dit à ton mari ?


Ah ! C’est donc ça le problème, je stoppe automatiquement un autre éclat de rire qui menace au même instant de traverser la barrière de mes lèvres.


- Excuse-moi, je ne savais pas que j’étais en conditionnel.


Elle marque un temps d’arrêt, sans doute choquée par ce que je viens de dire.


- Je me suis fait du souci Belinda.
- Avant ou après que tu l’aies appris ?


Elle me regarde maintenant avec des yeux inquiets et à ce moment seulement je me rends compte que ces derniers mots n’ont pas franchis les barrières de mon cerveau. Autrement son regard ne reflèterait pas toute cette sollicitude. Je me sens coupable et m’empresse de rectifier le tir.


- Il ne m’est rien arrivé et je ne comprends pas pourquoi tu te mets dans cet état ? Je suis là, en bonne santé.
- Tu as eu de la chance.


Je souris et me redresse dans la baignoire.


- Je n’avais rien à craindre, je n’étais pas seule. Et puis Kibera est juste un quartier de Nairobi.
- Un quartier mal famé.


Elle a crié et je remarque ses mains qui tremblent irrépressiblement. Elle me regarde, la sollicitude a laissé place à la panique. Qu’est-ce qu’elle me fait là ? Je me lève, prenant au passage peignoir éponge que je revêts en même temps que je sors de la cuvette.


- Maman je vais bien, ne t’inquiète pas. Regarde par toi-même, je ne suis pas blessée, je n’ai absolument rien.


Comme elle doute encore, je prends ses mains flageolantes que je balade sur mon corps nu. Dans une autre situation ça m’aurai paru bizarre tout ça, mais à l’instant présent, je sais que c’est la chose à faire.


- Ne fait plus jamais ça, d’accord ?
- D’accord.


Elle me serre dans ses bras pendant de longues minutes, puis ressort aussi vite qu’elle était venue. Je ne comprends pas ce qui vient de se passer, le pire c’est que je n’ai décelé aucunes fausses notes. Pas de faux semblant, elle était sincère sur toute la ligne.


Le temps de reprendre mes esprits, je rejoins à mon tour la chambre. Elle m’a enlevé toute envie de continuer de me prélasser. J’enfile un ensemble sport en coton fin, puis descends dans la cuisine pour me faire un thé chaud. Je trouve Amanda, la bonne qui s’inquiète à son tour de ma santé. Apparemment tout le monde est au courant de comment j’ai passé mon après-midi. Je lui réponds aussi aimablement que possible et lui demande qui est à l’origine de tout ce manège. 


Elle m’informe que c’est Aba, le deuxième garde, qui a été obligé de tout dire quand Amaya l’a interrogé. Cette dernière avait vu les traces de pas sur le sol, avant qu’elle n’ait eu le temps de nettoyer. Tout ça pour des traces de boue.
Celui-là, un jour je lui règlerai son compte une bonne fois pour toute.


Le reste de la soirée se passe sans incident. Je la passe devant des cartoons avec Imani, jusqu’à ce que nous tombions toutes deux de sommeil et que nous rejoignons mon lit. J’ai envie de l’avoir dans les bras, ce soir, toujours. Qu’elle reste mon bébé, et que jamais elle ne grandisse pour vivre tout le stresse de l’âge adulte.


*
**


L’annonceur vient de dire que son avion a atterri. Je trépide d’impatience de le voir. 6 mois. 6 longs mois ont passé, qui me semblent être 6 longues années. Je serre la main d’Imani dans la mienne. Elle aussi elle ne tient plus en place. Elle va voir son père. Je vais voir mon mari. Mon homme mon amoureux. Mon regard va sans cesse du panneau d’affichage à la porte qui refuse de cracher son flow de passager. Que se passe-t-il ? Qu’est-ce qui leur prend autant de temps ? Pourquoi il ne vient pas. Est-il encore furieux contre moi et c’est tout ce qu’il a trouvé pour me faire payer ?


Toute cette décharge de questions me paralyse d’un coup. Je serre encore plus la main frêle d’Imani qui me jette des coups d’œil inquiet. Elle veut la retirer, mais je n’arrive pas à la lâcher. Ma main se resserre encore plus fort, comme mu par une volonté propre. Les cris de mon bébé n’arrivent pas à me faire reprendre le control. Qu’est-ce qui m’arrive ?


Le premier passager sort enfin, mais j’ai du mal à respirer. Mon souffle est court, irrégulier, et chaud. Une deuxième personne sort, c’est un homme. Une femme court vers lui avec un cri hystérique, et mes poumons brulent brusquement ma poitrine. J’arrive enfin à me faire lâcher prise. Enfin je crois, ou alors Imani a juste disparu, mais bizarrement ça ne m’inquiète pas. Ma main s’agrippe à ma peau comme si elle pouvait avoir accès à l’intérieur. Comme si elle pouvait me délivré de brasier qui menace de me tuer. Mes narines déjà épatées s’écarquillent encore plus, mais je n’arrive toujours pas à respirer.


L’un après l’autre, ils sortent tous, mais il n’est nulle part. Un inconnu s’avance vers moi, il me tend une enveloppe, elle est noire, mon nom y est gravé en rouge. Belinda Bell. Ca résonne comme une fatalité. Je lève la tête et encore une fois, la personne à mes côté a disparu sans que ça ne me semble étrange. Mon regard retombe sur le carré de papier qui ne demande qu’à être ouvert. Les mains tremblantes, je tire sur le sceau de cire rouge pour qu’il me laisse accéder au contenu. Qu’elle idée de sceller son courrier de cette manière si médiévale. C’est tellement solennel et ça ne lui ressemble tellement pas.


Mon cœur manque s’arrêter quand les papiers à l’intérieur finissent sur le sol en marbre lustré de l’aéroport. Uhu demande le divorce ? Il demande le divorce ? Je n’en reviens pas. Pour si peu, il veut me laisser tomber comme une vieille chaussette ? Il pardonne à son frère mais moi je ne mérite pas son indulgence ? Ma tête est prête d’exploser et cette musique pourtant si douce, qui sature les neurones n’arrange rien. Elle résonne fort dans ma tête, comme diffusé à travers des baffles géants. Je ne la remarque que maintenant, pourtant elle passe en boucle depuis un bout. C’est la voix de Charlotte Dipanda. Que fait-elle dans ma tête ?


C’est quand le silence se fait aussi brusquement que le bruit était arrivé, que j’intègre ce qui se passe. Je suis en train de vivre un de ces moments où, en plein rêve, tu réalises que tu es juste dans ton propre rêve. Tout ce qui te semblait si réel, n’existe que dans ton imagination. Ton subconscient à tout inventer. Oui, mon subconscient vient de me faire la frayeur de ma vie. Je gémis en m’étirant, puis tends la main vers le réveil sur la table basse. Vingt-trois heures trente ! Je me tourne vers Imani qui est couchée près de moi. Comme à son habitude elle est couchée n’importe comment, les quatre fers loin des draps. Je remonte le bout de tissu sur elle puis me recouche. Quand je ferme de nouveau les yeux, mon portable se remet à sonner. Je décroche les yeux fermés.


- Allo ?


Il ne dit rien, mais je sais que c’est lui. Cette respiration lente, maitrisée, ne peut être que la sienne. Mon cœur qui s’affole fini de me rassurer. C’est bien lui.


- Uhu ?


Toujours rien. Mais le rythme de sa respiration a changé. Il sait que je sais que c’est lui, mais ne dit toujours rien. Moi non plus je ne dis rien. J’écouterai bien cette respiration tout le restant de ma vie, il m’a affreusement manqué. Ca m’a affreusement manqué de savoir que je l’ai au bout du fils, que je peux lui parler sans un intermédiaire entre nous. Que je puisse lui dire un mot qui ira directement se loger dans son crâne, mais apparemment lui, il veut qu’on joue à qui cèdera le premier. Je m’en fou de perdre face à lui, si c’est pour qu’il m’écoute.


- Salut !


Sa voix prend possession de tout mon être.  Il ne m’a pas laissé le temps de perdre. Je ne l’ai pas entendu depuis si longtemps, que mon estomac se noue. C’est juste un délice de l’entendre. Sa voix grave, basse, et pourtant si intense.


- Salut ! 


Je suis émue et ça s’entend surement à ma voix. J’arrive à peine à murmurer, j’ai une boule dans la gorge.


- Ca va ?


J’essaie de me reprendre aussi vite que je peux. Faut pas non plus que je le laisse se rendre compte de l’état dans lequel il me met. C’est de sa faute tout ça.


- Oui je vais bien et toi ?
- Ca peut aller mieux.


Un nouveau silence que j’ai peur de briser.


-    Tu es sûre que tu vas bien ?


Je perçois l’inquiétude dans la voix et une idée germe dans un coin de mon cerveau. Je pousse un soupir dépité avant de le rassurer.


- Tu ne devrais pas te montrer aussi imprudente Wapenzie, Kibera n’est pas un lieu pour toi.


Une éternité que je ne l’ai pas entendu m’appeler ainsi. Je me pince pour être bien sûr que ce n’est pas un mirage.


- Belinda ?


Non je ne rêve pas.


- Ne fait pas ça Uhu…


J’ai parlé de cette même voix calme que je garde depuis que j’ai décroché.


- Je ne fais pas quoi ? M’inquiéter pour toi ?


Je sens comme un intonation de colère, et ça fini de m’agacer.


- Je vois que ta gentille maman s’est empressée de faire son rapport.


Je n’ai pas pu empêcher ma voix d’être sèche.


- Elle s’inquiète pour toi.


Inquiéter. Je n’entends que ce mot depuis cet après-midi. Comme quoi tout le monde est plus inquiet de mon sort que moi-même. Soit je suis une écervelée, soit une inconsciente. Dans tous les cas, c’est du pareil au même. Il me faut toujours des yeux qui m’espionnent en permanence pour qu’il ne m’arrive rien de grave.


- C’est pour me faire la leçon que tu m’appelles ?
- Belinda… Murmure-t-il dans un soupir.


Je ne le laisse pas continuer.


- Ca fait presque deux mois que tu es parti, pas un coup de fil. Rien. Tu m’as laissé sans nouvelle pendant tout ce temps et quand ta mère pique une crise d’angoisse, injustifié soit dit en passant, tu trouves le moment opportun pour me contacter. Moi ta femme. Tu as surement oublié que c’est moi que tu as épousé.


De dépit, j’éclate de rire ; Il est grave et sans joie. Imani remue à mes côtés.


- J’ai été occupé.


Sa voix est calme, sans une nuance de regret ou de culpabilité. Je n’en reviens pas qu’il me le dise ainsi.


- Tu t’entends là ? Non mais…
- Wapenzi.
- Ne me Wapenzi pas. Non mais tu te rends compte de comment tu me traites ? Tu me traites comme de la merde Uhu, c’est tout ce que je mérite selon toi ?
- Evite d’être grossière.
- Je suis grossière si je veux, qu’est-ce que ça peut bien te faire ?


Bon là, je crois que ça commence à partir en vrille.


- Ca suffit Belinda. Je ne t’ai pas appelé pour être l’objet d’une crise de nerf.


Sa voix est froide et en temps normal elle m’aurait gelé sur place. Sauf que ce matin, elle en rajoute une couche à mon irritation.


- Et pourquoi tu m’as appelé dans ce cas ?


Silence.


- Pourquoi tu ne m’as pas appelé avant ce matin ?


Silence.


- Tu n’as plus rien à dire c’est ça ? Pour me blâmer tu ne perds pourtant pas tes mots. Je suis si abominable que ça ?
- Belinda…
- Répond moi franchement Uhu, que je sache sur quel pied danser avec toi dès à présent. Qu’est-ce que j’ai fait qui ne puisse être pardonné ?


Je retiens mon souffle. Je n’étais pas préparée à lui sortir ça. Mais voilà, c’est sorti. Maintenant un silence pesant nous relie. J’ai l’impression de l’entre se contenir.


- Tu m’as trompé avec mon propre frère. Aboie-t-il au bout d’un moment.
- Tu as pardonné à ton frère.


Silence.


Si j’avais un doute la dessus, il vient de disparaitre. La logique masculine, je n’y comprendrai jamais rien.


- C’est mon frère.


Il l’a dit dans un souffle, j’ai eu du mal à l’entendre. Comme si ça justifiait tout.


- Et moi je suis ta femme, à moins que tu ne songes à rompe ton engagement. Dis-je en pensant à cette enveloppe funeste que j’ai tenue entre les doigts.
- Ne me fait pas passer pour le méchant. C’est toi qui la première a rompu le contrat. C’est toi qui a craché sur ce qu’on avait de sacré. Ne vient pas faire l’innocente ici quand c’est toi qui est allée jouer la pute dans le lit d’un autre.


Il a parlé d’une traite, m’inondant de toute sa rancœur. J’ai une fois de plus le souffle coupé, pour la troisième fois ce soir, sauf que là, je ne fais rien pour respirer. Je sens les larmes silencieuses ruisseler sur mon visage et finir leur course quelque part plus bas. Voilà donc ce qu’il reste de son amour pour moi, de la rancœur. Du dégout. Ce même dégout qui ne quittait pratiquement plus ses yeux avant qu’il ne parte, ce dégout qui me rappelait toujours à quel point j’ai été idiote de m’être laissé bernée par les apparences.


- Va te faire foutre Uhu, je réussis à murmurer avant que mon téléphone ne se fracasse sur le mur en face.


Le bruit sec réveille Imani qui me regarde effrayée. Je me sens coupable de n’avoir pas pu me retenir.


- Ce n’est rien chérie, rendors toi.


Ma voix contient à peine mes sanglots, je renifle discrètement en passant ma mains sur mon visage.


- Pourquoi tu pleures maman.
- J’ai fait un cauchemar, ce n’est rien.


Elle me regarde dubitative en se redressant dans le lit.


- Allez vient mon bébé, maman est désolée de t’avoir réveillé.


Je la prends dans mes bras et l’entraine avec moi sur le lit. Je remonte le drap sur nous et la berce jusqu’à ce que je sente son souffle lent et régulier sur mon cou. Je tarde à m’endormir, toute chamboulée par la conversation que je viens d’avoir. Un cauchemar, si ça pouvait n’être que ça. Mais non, les morceaux de verre brisé qui m’entaille les côtes et les poumons ne peuvent pas être le fruit de mon imagination. J’ai le cœur en morceau, après tout ce qu’il m’a craché. Ses paroles sont gravées dans ma mémoire, je sais ce que j’ai fait, mais je ne mérite pas d’être désigné en paria toute seule. Je ne mérite pas d’être traité comme ça. Non je ne mérite pas ça.

Jamais sans elle