Chapitre 5
Write by Myss StaDou
J’essaie de me dire que Victor n’est pas comme les autres mecs mais c’est dur … Je pense encore à l’histoire avec Olivier. Après l’histoire du cinéma, nous nous sommes revus une fois pour manger. Quelques jours plus tard, j’ai voulu lui faire la surprise de débarquer pour la première fois chez lui. J’y suis arrivée sans l’appeler et le prévenir. Il louait un studio à Obili (un quartier de Yaoundé). Je m’étais faite belle et sexy, pour bien passer l’après-midi avec lui.
J’ai frappé à la porte du studio. Une fille plus âgée que moi avec un pagne attaché sous les aisselles vint m’ouvrir avec un balai en main, des odeurs de cuissons s’échappant de la pièce.
J’étais interloquée et déçue. Il était difficile de ne pas comprendre que c’était probablement la copine d’Olivier. J’ai tout de même pris mon courage en main et je lui ai demandé de manière décontractée où était Olivier. Je ne voulais pas la bagarre. En y repensant, elle était en position de force. Monsieur était sorti et reviendrait dans quelques heures. Je poussais l’effronterie et en mentant que j’étais sa cousine qui venait de Douala, j’ai demandé à la fille si elle était la copine dont Olivier m’avait parlé. Toute fière, elle m’a répondu par l’affirmative et m’a prié d’entrer l’attendre. Trop déçue, j’ai poliment refusé en prétextant que j’essaie rais de le voir en ville.
Le salaud m’avait menti et utilisé pour assouvir ses besoins… Olivier a essayé de m’appeler ce soir-là mais je n’ai pas décroché le téléphone, trop triste d’avoir pleuré tout l’après-midi. Il finit par se lasser après que ses échecs sur plusieurs jours ne produisaient aucune réaction de mon côté. Une coupure nette est mieux que de longs bavardages.
******
Je regarde Victor en me demandant s’il me réserverait une surprise tel qu’Olivier. Les beaux mecs sont de vrais vendeurs de rêves. Tu t’amuses, ils t’enferment dans la bouteille.
− En tout cas, c’est ta vie. Je ne peux que te croire si tu le dis.
Je baisse la tête pensive. Il doit lire une expression triste sur mon visage, car posant une main sur ma cuisse, il me dit d’une voix qui se veut rassurante :
− C’est quoi, Nicole ? As-tu un problème ?
− Non non, réponds-je rapidement, peut être trop vite d’ailleurs. Tout va bien.
− Tu peux me parler, tu sais. Je suis là. Tu peux te confier à moi si tu ne peux pas parler de ce qui te préoccupe à ton amie Jeanne.
Rougissant ou noircissant – compliqué à définir vu que je suis noire de peau – je ne savais pas quoi dire pour me sortir de cette situation. Et cette main posée sur ma cuisse nue me met mal à l’aise.
− Ça va, Victor. Je vais bien.
− Pourquoi as-tu l’air si embarrassée ? Ça te gêne que je te touche ?
− No… non, ça va, dis-je en bégayant. Tu peux laisser ta main. Il n’y a rien.
Souriant, il comprend soudain ce qui me préoccupe.
− Dis-moi un peu Nicole, dit-il d’une voix douce et posée.
Soudain silencieux il me regarde, me scrutant intensément comme s’il veut percer les secrets de mon âme.
− Oui, vas-y. Je t’écoute.
Je lève tout doucement les yeux, pour montrer que je peux soutenir son regard et que la conversation ne m’embarrassait pas du tout.
− Je te plais ?
− Hein ? m’écrié-je, estomaquée par sa question.
Cet homme fait le vaudou ? Comment a-t-il su ?
− Pourquoi demandes-tu cela ?
− Parce que tu as la tête d’une fille devant un mec pour qui elle a le béguin. Tes questions, ton attitude, tout ramène à ca.
Je veux jouer la fière. Mais en y réfléchissant, c’est le destin qui me tend une perche terrible. Si cet homme me plaît et si je veux voir si c’est partagé, c’est maintenant ou jamais. C’est un « oui » gêné et crié rapidement qui sort de mes lèvres. J’ai baissé la tête. D’un doigt posé sous mon menton, il la soulève tout doucement.
− De quoi as-tu peur ?
− Toi aussi ! Tu poses trop de questions !
− Ne t’énerve pas, tout va bien.
− Tu es fier maintenant. Au moins, tu sais qu’une fille de plus flashe sur toi, ça va !
− Ne joue pas la fière non plus. Tu seras bien étonnée.
− Pourquoi ?
Je le regarde enfin droit dans les yeux, étonnée par sa remarque.
− Parce que toi aussi tu me plais…
C’est avec une bouche bée et les yeux grands ouverts que je l’ai regardé. Comment ? Où ? Depuis quand ? Pourquoi n’avais je rien remarqué jusque la ? C’est sûr qu’il bluffe.
− Je n’arrive pas à te croire, désolée.
− Crois-moi. Je t’observe depuis quelques temps. Je ne savais pas comment t’aborder et j’avais peur que tu me voies comme un grand frère. Donc je ne me suis pas lancé par respect aussi envers Jeanne.
Je ne peux que garder le silence.
− Je m’entends bien avec elle et je ne veux que rien n’entrave notre relation. Je ne drague pas ses copines parce que je sais qu’en cas de rupture avec la fille, elle aura une amie en moins.
− Et moi ?
− Toi, tu me plais vraiment.
Je commence à fondre. « Anti ! Cette journée est bien jusqu’à ».
− Comment je te plais ?
Il sourit et tout doucement, il s’avance et pose ses lèvres sur les miennes. Whaouh… Je ressens quelque chose de magique, de chaud, d’unique. Il caresse mes lèvres de sa langue, forçant le passage de mes lèvres, comme pour entrer en moi. J’ouvre tout doucement la bouche pour accueillir sa langue gourmande, que j’imagine furtivement œuvrer à d’autres endroits de mon corps. C’est magique de pouvoir l’embrasser ainsi, de pouvoir partager ce moment avec lui et pourtant c’est notre premier baiser.
Il y a quelques minutes à peine je lui faisais part de mes sentiments pour lui. C’est allé super vite entre nous. Dans un mélange d’étonnement et de peur, l’excitation grandissait. Malgré tout cela, je ne veux pas qu’il arrête. Et soudain la porte s’ouvre, laissant entrer une Jeanne ébahie par la scène qu’elle découvre. Elle nous regarde, sourit et s’exclame plutôt amusée :
− Vous deux, ça va très vite hein. Ça ne tarde pas.
Victor et moi nous regardons gênés et soudain nous éclatons de rire. Et c’est passé. Nous restons encore un petit moment à bavarder ensemble. Vu le temps qui passe, la nuit commence déjà à tomber. L’heure de partir approche. J’attrape mon sac.
− Jeanne, je dois rentrer. Il commence à se faire tard. Je dois me dépêcher pour attraper un car.
− Je peux te raccompagner. Ce n’est pas un problème. Je te laisserai même chez toi une fois. C’est plus prudent.
C’est plutôt cool d’avoir un prétendant qui possède une voiture, pensé-je en souriant intérieurement. L’odeur de l’essence a toujours le même effet sur les femmes.
− Merci. Ce serait très gentil de ta part. Jeanne, on se voit demain non. Tu dors bien.
Nous sortons de la chambre. La voiture n’étant pas garé très loin, nous montons, et Victor la démarre. Sur le chemin du retour, nous bavardons de sujets divers. Nous parlons de nous, de choses qui nous plaisent et de ce que nous aimerions bien nous revoir et passer de bons moments ensemble. Victor n’hésite pas de temps à poser sa main sur ma cuisse, comme pour bâtir un chemin sensuel entre nous.
Arrivés devant la maison de mes parents à Essos, je descends, non sans lui avoir d’abord donné un baiser langoureux, et lui avoir présenté mon humble demeure, un peu intimidée après ce qu’il s’est passé entre nous.
− Je peux avoir ton numéro de téléphone ? demande Victor. J’aimerais te rappeler plus tard ce soir. Nous pourrions ainsi continuer de bavarder et mieux nous connaître.
− Bien sûr.
Je lui passe mon numéro, le cœur battant la chamade.
« Eh Ngono, à quel âge trembles-tu devant un homme comme une adolescente ? Honte à toi ! »
− J’ai hâte de revoir, dit Victor en rangeant son téléphone.
− C’est vrai ?
− Oui. Mais seul à seule cette fois, en riant.
Boum !!! Ça y est. Je suis vraiment amoureuse. Le genre où je fonds devant lui, les jambes qui tremble, le cœur qui bat. Il n’y a pas de doute.
Le téléphone chauffe cette nuit et les nuits suivantes. Nous passons des heures à bavarder. Quand il peut, il me fait des transferts de crédit. Nous nous envoyons sans cesse des SMS. C’est fou comme un amour naissant donne des ailes.