Chapitre 4
Write by Myss StaDou
C’est un tambourinement sur la porte et le contact glacé de l’eau sur ma peau qui me ramenèrent à la réalité. Et mon petit frère qui se mit à crier :
− Tu veux devenir blanche ? Dépêche-toi de sortir de là.
− C’est quoi ? On ne peut plus avoir un moment d’intimité dans cette maison ?
Honteuse tout de même de trainer ainsi, je me demande bien si j’ai mis si longtemps à rêvasser. Les effets de ce bond dans le passé se font d’ailleurs ressentir par une chaleur bien localisée, mais je ne pouvais pas m’occuper de résoudre ce problème. Il fallait se dépêcher et sortir. La journée sera longue. Après ma douche je remercie le ciel de mon étourderie, car je me rends compte que j’avais oublié ma brosse à dents dans la chambre à coucher, avant de l’apercevoir posée sur le lavabo de la salle d’eau. Après un lavage de dents rapide, je sors sous le regard nerveux de Junior.
− C’est quoi ? Tu veux me taper ?
− Toi la fille-ci…
− Es-tu es obligé de te laver ? N’est-ce pas tu t’es lavé hier ? Lui lancé-je, en riant tout en courant vers la chambre.
Je m’habille rapidement, portant une robe fleuri et des ballerines, qui s’accordait avec les sous-vêtements fleuris que j’avais porté plus tôt.
« Ou les fleurs m’ont fait quoi aujourd’hui ? ».
Rapidement je sors de la chambre. Au salon, je croise ma sœur Carole qui visiblement rentre à peine de sa sortie nocturne. Carole à 25ans est le mouton noir de la famille. Très rebelle, elle est très difficile à vivre, n’en faisait qu’à sa tête. Elle s’habille toujours trop sexy, comme pour attirer le regard de tous les hommes. Malgré tous les efforts des parents pour lui donner un avenir prometteur, elle préfère largement sortir manger dans des restaurants chics et faire la fête avec ses copines, avoir des aventures de gauche à droite avec des inconnus, que de se concentrer à ses études ou de bâtir une relation stable.
Étant donné que je l’observe d’un regard réprobateur, je reçois une remarque allant dans le même sens :
− Nini…
Depuis ma plus tendre enfance, Carole aimait bien abréger mon prénom de la sorte.
− Nini, je te préviens, dit-elle d’une voix menaçante. Je ne suis pas d’humeur pour un quelconque sermon ce matin. Je ne veux rien entendre sortir de ta petite bouche la.
− Carole, bonjour, dis-je d’un ton effronté.
− Je fais quoi avec ton bonjour ?
− Mince, cette maison n’est pas facile. Mama, excuse-moi. Je ne savais pas qu’il était interdit te regarder. Pardon, je dois partir. J’ai cours ce matin.
Elle tchipe en me toisant de la tête au pied. Je remets une couche tout en passant devant elle à vive allure, sachant qu’elle ne fera probablement rien ce matin :
− Bonne nuit et fais de beaux rêves, ma chère.
Je me mets à courir… On ne sait jamais. Elle peut me lancer quelque chose. Un fou-rire s’empare de moi. J’adore provoquer, mais je ne reste jamais pour gérer mon adversaire. Un jour cela me portera préjudice. C’est ainsi que je me lance dans une longue journée.
Nous vivons à Essos, ce qui me rendait la tâche aisée pour aller au quartier Omnisport prendre les cars qui menaient à Soa. Une fois arrivée au campus, je rejoins mon groupe de copines ; elles sont au nombre de trois. Nous passons la journée entre les différents cours ou à bavarder chez l’une d’elle, très souvent chez Jeanne, ayant une chambre à Soa. J’aurais bien aimé avoir aussi ma chambre au campus, mais mes parents n’ont pas voulu. Cette journée se passe comme toutes les autres, un peu ennuyeuse. L’après-midi, l’ennui est à son paroxysme en plein cours quand je commence à rêver de Victor…
Victor, un mec plutôt canon. Il est le cousin de Jeanne, une des filles avec qui je marche. Il travaille dans le service marketing d’une boite de la ville et gagne plutôt bien sa vie pour un jeune de son âge, à peine fin vingtaine - début trentaine. Étant bel homme et en célibataire inconditionnel, il est toujours accompagné d’une jeune fille, qui joue la belle quand elle monte dans sa superbe voiture ou quand elle est vue dans un restaurant avec lui. Ça m’énerve trop !
Pourquoi est-ce que je pense si négatif de ces filles d’ailleurs ? Serais-je en train de craquer pour cet homme ?
Les mecs de ma faculté m’ont déjà fatigué ! Après avoir débuté en première année une histoire foireuse avec Adam qui n’a même pas tenu six mois, j’ai décidé de ne plus leur donner l’espace pour me distraire. Je préfère me concentrer sur ma scolarité. De toutes les manières, c’est difficile quand on ne peut pas avoir d’intimité, son propre espace de vie. À l’écoute des récits des histoires pimentées de mes copines, je les enviais grave. Leur liberté, leur ouverture aux aventures et tout ce qu’elles vivaient. Je voulais aussi me sentir vivante, vivre à cent à l’heure, mais jusque-là je n’avais pas vraiment eu de déclic.
Je ne sais pas ce qu’il y a de particulier aujourd’hui, mais je me sens une autre personne.
******
Après mûres réflexions, je me suis décide à essayer de parler avec Jeanne pour en savoir plus sur son cousin. Je sais qu’il était bafia, et qu’ils s’entendent plutôt bien. Il vient très souvent lui rendre visite, la dépanne financièrement et nous avons déjà eu à discuter brièvement tous les deux – mais dans le groupe.
À la fin des cours, nous étions assises dans sa chambre, attendant une camarade qui devrait lui remettre des documents :
− Jeanne, tu as des nouvelles de ton cousin Victor ?
− Oui oui. Il m’a appelé hier soir. Il va bien.
− Ah, c’est bien. Juste que ça fait peut-être deux semaines que je l’ai pas vu.
− C’est quoi ? Ses faux divers te manquent ? Ou c’est plutôt lui qui te manque ? demande-t-elle elle en riant.
− Non, pourquoi ? C’est mon gars ?
Toujours en riant, Jeanne se lève pour bien me regarder :
− Nicole, tu flashes sur mon frère en secret ou quoi ?
− Non, je te dis ! dis-je en cachant le fait que sa déduction rapide m’offense. Je voulais juste avoir de ses nouvelles, c’est tout.
− Vu la hargne avec laquelle tu refuses, cela veut dire que j’ai raison. Tu es ma pote. N’aie pas honte de te confier à moi. Mon frère est seul en ce moment. Si tu veux, je te place.
− C’est vrai ? demandé-je en balbutiant.
Puis je me ressaisis, ne voulant pas lui faire deviner mes sentiments, je rétorque :
− Victor, célibataire ? C’est possible ?
Riant de plus belle, Jeanne semble très amusée par notre conversation et mes réactions.
− Bien sûr. Ne te fie pas à toutes les filles qui tournent autour lui, C’est un bel homme. Il est jeune. Il a le droit de vivre.
− Je n’ai pas dit le contraire.
− Il n’est pas en bois non plus, donc…
− Weh, est ce que j’ai dit alors le contraire ? Je dois avouer qu’il me plaît mais…
Je m’arrête, la laissant imaginer la suite.
− Ah, si tu veux je te branche, ma sœur. À toi de voir. Il n’y a rien. Si je lui parle avant, je crois que ça va aller.
− On verra.
Je me dépêche de changer de sujet pour ne plus penser à cela. Je lui demande de me parler d’un de ses nouveaux prétendants. Quinze minutes plus tard, comme quand on parle du loup… On frappe à la porte.
− Entrez, crie Jeanne.
Aucun mouvement ne suivi. Croyant que c’est enfin la camarade qui se décide à venir lui rendre ses documents et qui fait la dure oreille, Jeanne se lève la mine renfrognée et vexée vers la porte. Elle ouvre celle-ci brusquement, voulant sans doute montrer son mécontentement.
− Je dis hein… lance-t-elle avant de s’arrêtant tout d’un coup dans son élan. Ah, c’est toi ? reprend-elle de surprise, puis elle tchipe.
Étant placée de l’autre côté de la porte, je ne peux pas imaginer qui se tient devant Jeanne. La personne ne dit rien durant quelques secondes. Puis j’entends une voix d’homme dire :
− Ok, je te rappelle plus tard. On finira d’en discuter. On m’attend. Bye.
Je reconnais la voix dans un sursaut. C’est Victor. Que fait-il ici ? À cette heure de plus ? Sans prévenir ? Depuis quand il prévenait d’ailleurs ? J’exagère un peu. Il est libre de venir voir sa cousine quand il veut. Surtout qu’ils s’entendent assez bien, malgré une différence d’âge d’au moins cinq ans. Victor étant au téléphone, il n’a pas voulu par respect entrer de la sorte dans la chambre de sa cousine. Mais il veutt lui signaler sa présence.
− Bonjour Jeanne. Ne voulais-tu pas me voir ou quoi ? demande Victor en entrant dans la chambre.
− Non. Juste que j’attends une copine depuis et ça commence à m’énerver.
− Ok, je comprends. Elle a sûrement un empêchement.
C’est à ce moment que tournant la tête vers le lit, pour probablement chercher ou s’asseoir, il se rend compte de ma présence :
− Nicole, tu es là ? Bonjour. Désolé, je ne t’avais pas vu.
− Bonjour Victor. Ce n’est pas grave. Ça va ?
− Oui, ça va et toi ?
− Je vais bien merci.
− Eh, si je vous dérange, vous me dites, s’écrie Jeanne, légèrement offusquée.
Victor se mit à rire :
− Jeanne, toi aussi. Je ne fais que saluer ta copine.
− Ai-je dis le contraire ?
Victor vient s’assoir près de moi sur le lit. Nous nous conversons tous les trois pendant un bon moment. La camarade de Jeanne vient rapidement lui remettre les documents et repart. Je ne cesse de jeter des coups d’œil à Jeanne, ne sachant pas quoi faire. Elle me répond par des clignements d’œil accompagnés d’un sourire espiègle. Jeanne sort de la chambre, prétextant devoir rapidement voir une voisine, pour je ne sais quoi. Un silence gêné s’installe. Quelques minutes plus tôt, nous parlions à bâtons rompus, là plus rien. Je me rends compte que nous ne nous sommes jamais retrouvés seul à seule depuis que nous nous connaissons. Tout genre d’idées me passe dans la tête.
Finalement, je prends le devant et romps le silence :
− Jeanne m’a dit que tu étais célibataire.
− Malheureusement oui.
− Pourquoi j’ai dû mal à te croire ? demandé-je en souriant.
− C’est toi qui sais. C’est pourtant vrai. Malgré toutes les filles avec lesquelles je traine, je n’ai pas de petites amies. On s’amuse juste un peu.
− Tu t’amuses donc au dépend de gens ? Un peu vexée de sa remarque.
− Non. Ne me comprends pas mal. Elles savent toutes de quoi il en retourne dès le départ. Je ne fais pas de fausses promesses aux femmes. Ce n’est pas bien.
Je le regarde d’un air suspicieux. Je n’arrive pas à le croire. Trop souvent, on m’a menti…