CHAPITRE 5: JE NE VEUX PAS.
Write by L'UNIVERS DE JOLA
CHAPITRE 5 : JE NE VEUX PAS.
**JANAÏ OLIWINA**
Mamie : Oliwina, l’eau chaude là doit d’abord refroidir avant que tu ne sortes de cette chambre ?
Moi : (Malgré moi) J’arrive, je donne d’abord à Ephraïm le sein.
Mamie : L’enfant boit le sein pendant une heure ?
Maman : (Rentrant dans la salle) Janaï donne l’enfant et tu vas aller te laver.
Moi : Maman je suis fatiguée.
Maman : C’est pour ton propre bien. Crois moi si je ne savais pas que c’était pour la bonne cause, je ne t’aurais pas forcé à faire cette eau. Mais moi-même je suis passée par là avec vous trois et je connais les bien fait.
Moi : (Boudant) Ça fait déjà 1 mois, je vais faire ça jusqu’à quand ?
Maman : Aussi longtemps que possible. Même si c’est trois mois, il faut faire. C’est ta première grossesse et en plus elle a été longue et pénible, il faut que ton corps se remette de tous les traumatismes qu’il a subi et maman mieux que tout le monde fait ça bien. N’est-ce pas les massages là te font du bien ? Regarde toi-même comment tu es en train de briller.
Je n’ai pas répondu car en effet, les massages me font du bien. Comme je l’avais dit, cette grossesse m’avait énormément fait souffrir. Entre douleur du dos, des pieds, du ventre et parfois de la tête, ça c’est sans compter mes pieds qui étaient gonflés comme ceux d’un éléphant, je ne savais pas où donner de la tête. Même après la grossesse, j’avais toujours mal et il faut dire que c’est l’eau chaude là et les massages de mamie qui m’ont fait du bien. Aujourd’hui mes pieds ont retrouvé leur taille normale, mon dos aussi ça va déjà. Les douleurs à la tête ont disparu et les huiles que mamie me frottent sont en train de faire ressortir mon teint. Ça ce sont les avantages mais l’inconvénient c’est que l’eau là chauffe trop et mamie fait jusqu’à 4 grosses bassines matin et soir. Ça c’est sans compter sur le bain de vapeur intime que je dois faire en m’asseyant sur un grand pot d’eau chaude avec des plantes à l’intérieur. Et ce pendant 30 minutes chaque matin. Elle a dit que c’est non seulement pour bien resserrer mes parties intimes mais c’est aussi pour bien dégager le sang à l’intérieur et guérir les organes. Quand on finit avec ça, j’ai encore un grand gobelet d’eau chaude plein de plantes amères à boire pour stimuler le lait et nettoyer mon ventre de l’intérieur. J’ai essayé de zapper tout ça en achetant les médicaments que ma sage femme m’a prescrits mais impossible, mamie et maman ont refusé. Tout mon traitement est à l’ancienne. Les résultats sont là mais c’est stressant. Rien que l’idée que bientôt l’heure du bain, je commence à avoir les palpitations.
Maman : (Prenant Ephraïm) Donne le moi et va.
Dès qu’il quitte mes bras, il se met automatiquement à pleurer. Voilà ça aussi, les pleurs de l’enfant là. Il refuse les gens et pleure quand une autre personne que moi le soulève. Il accepte mamie à la limite mais le reste rien. 1 mois seulement et il agit ainsi. Ce n’est pas parce que je lui aurais habitué à mes bras ni quoique ce soit mais depuis ma sortie de l’hôpital c’est ainsi.
Mamie : (Devant la porte les mains aux hanches, en langue) Attends, l’enfant là je ne t’attends pas ?
Moi : (Petite voix) Si, je voulais d’abord faire dormir Ephraïm pour qu’il ne pleure pas.
Mamie : Lève-toi là-bas. C’est aujourd’hui que l’enfant là a pleuré ?
Je me suis levée malgré moi et je suis allée retirer ma robe et le pagne que j’avais par-dessus. Je suis sortie en laissant l’enfant en train de pleurer dans les bras de ma mère. Je suis allée à la douche et les palpitations ont commencé à me prendre rien qu’en voyant la fumée sortir de la grosse bassine qui m’attendait déjà.
Mamie : Oliwina avance ne m’énerve pas.
J’ai commencé à pleurer sans les larmes. Elle est venue tirer ma serviette et m’entrainer dans l’espace où elle me lave. Elle m’a frotté le gommage fait à base de caolin rouge et d’huile de palme avant de me faire asseoir sur le pot pour le bain de vapeur local.
Mamie : L’eau là a même déjà refroidi. Si tu étais venue depuis là on serait déjà très loin. Mais non, tu aimes d’abord faire la bagarre pour tout.
Je ne la calculais pas et essayais de me relever du pot là car sa soi-disant eau refroidie me chauffait comme si ça voulait me brûler la peau. En un rien de temps, je transpirais à grosses gouttes.
Mamie : (M’empêchant de me relever) Mais où veux-tu partir ?
Moi : (Pleurant) Oyooo, mamie ça me brûle, ça a brûlé toutes mes fesses, je jure.
Mamie : N’importe quoi.
Moi : Je jure mamie, je n’ai plus les fesses. Attends tu vas voir.
Mamie : (Me bloquant bien sur le pot) Comme c’est aujourd’hui que j’ai commencé ça. Attends je vais couper les fesses là et tu vas arrêter le bruit.
Elle a réussi à me maintenir là une quinzaine de minutes puis nous sommes passées à de l’eau chaude. Malgré le temps là, ça n’avait même pas un peu refroidi. J’ai crié tout le long des deux bassines et elle m’a achevée avec deux seaux d’eau chaudes sur la tête.
Mamie : (Faisant le mélange pour mon bain) Il ne faut pas dormir ici comme tu as l’habitude de faire. Lave toi rapidement on va frotter l’huile de palme.
Moi : (Assise parterre et recroquevillée, silence)
Elle a fini et est sortie de la douche. Je me suis allongée avec la sensation de planer dans les airs qui me tenait. Au bout de 5 minutes, j’ai pris sur moi de me laver et je suis sortie après m’être essuyée. Je suis allée la trouver dans la salle où elle me frotte l’huile. Elle avait déjà dressé la grande natte. Je suis allée m’allonger et elle a commencé le massage. C’est la partie que j’aime le plus, ici j’ai toujours le sourire et je ne veux même pas qu’elle s’arrête.
Moi : Mamie, tu n’as pas bien fait l’épaule gauche là.
Mamie : Binbinberk, là tu connais donner les directives non ? Mais quand c’était pour dire que je veux te tuer là-bas, tu ne faisais pas ça.
Moi : (Souriante) Mamie tu sais que je ne pense pas ce que je dis là-bas non ?
Mamie : Hum. Si ce n’était pas que tu étais de mon sang, j’allais déjà t’abandonner depuis. Il faut te lever on va attacher le ventre.
Je me suis exécutée et elle l’a fait avant de me donner mon slip et une grosse robe. J’ai enfilé le tout et je suis partie à la chambre, Ephraïm était endormi. Je suis ressortie pour aller étendre ma serviette puis je suis allée au salon où j’ai trouvé maman en train de finir d’apprêter la table.
Maman : Viens t’asseoir tu vas manger.
Je me suis exécutée.
Maman : (S’asseyant en face de moi) J’ai discuté avec papa ( mon père) et il a été catégorique, je suis obligée de remonter demain d’abord sur Port-Gentil puis sur Libreville.
Moi : (Silence)
Maman : Toi, tu vas continuer à rester ici au moins pour finir avec de l’eau chaude jusqu’à tes trois mois comme ça je vais continuer à lui parler pour qu’il te laisse revenir, depuis là sa colère n’est pas toujours passée.
Moi : J’ai compris. Mais maman, je ne vais pas passer le reste de ma vie ici à Gamba. J’ai déjà perdu mon travail et il faut que je trouve un autre, je ne pourrai pas le faire en étant ici. Si malgré tout, il ne veut toujours pas de moi dans sa maison, ce n’est pas grave, j’irai louer même une chambre avec mon enfant et je vais me débrouiller toute seule.
Maman : On n’est pas encore arrivé là. Mais il faut aussi reconnaître que ce que tu as fait n’était pas simple.
Moi : C’est toi-même qui m’a dit de ne pas parler sur l’argent de Loyd.
Maman : Je sais mais ce n’était pas censé sortir. On n’avait pas prévu ton affaire de tomber enceinte de on ne sait qui là.
Moi : (Silence)
Je n’ai rien dit. Ce jour où mon père m’avait dit via le téléphone de Jada que je ne devrais plus être dans la ville au levé du soleil, j’avais pleuré et au petit matin, il avait débarqué à la maison pour me mettre dehors. Oui, la maison dans laquelle nous vivons à Kanté Jada et moi est celle de mon père. Il nous l’avait donné d’abord parce que maman lui avait dit que nous étions déjà de grandes filles et que nous devrions maintenant avoir un peu d’indépendance mais aussi parce que nous étions étudiantes. Il avait boudé au début mais avait décidé de nous laisser y aller mais à la condition que nous payions nous-mêmes les charges d’eau, électricité et de nourriture. Si on voulait être plus ou moins indépendantes, il fallait que l’on lui montre qu’on pouvait plus ou moins nous prendre en charge et nous l’avons fait avec l’aide de maman au début, bien-sûr c’était en secret et par la suite nous avons nous-même pris le relais quand on a eu nos petites activités puis notre travail. La maison, appartenant donc à mon père, il était tout à fait capable de me mettre dehors et ce jour il l’avait fait.
Papa : (Me traînant hors de la maison) Sort rapidement d’ici Janaï.
Maman : (Essayant de l’arrêter) Pamphile stp, l’enfant a fait une erreur c’est vrai mais
Papa : (Lui coupant la parole) Tu parles d’erreur Astrid ? Une erreur ? Quand ta fille a le courage de venir devant les gens pour dire qu’elle a emprunté l’argent pour rembourser elle-même parce que son rigolo là a fui sans rien dire tout en sachant que c’est faux, l’erreur est à quel niveau ?
Maman : (Silence)
Papa : Quand elle va se faire enceinter par je ne sais qui et vient mentir sur l’auteur, l’erreur est à quel niveau ?
Maman : (Silence)
Papa : Quand elle a le courage de me laisser aller m’humilier chez des gens pour les forcer à prendre une responsabilité qui ne les concerne pas, l’erreur est à quel niveau ?
Maman : (Silence)
Papa : (Grondant) Réponds- moi Astrid, l’erreur est à quel niveau ?
Maman : (Silence)
Papa : Tes enfants et toi vous me prenez pour qui ? Un imbécile ? Un con ? Me faire mobiliser ma famille et passer des coups de fils ici et là pour faire un combat qui n’a pas lieu d’être ? Tu sais les retombées que votre connerie a sur moi ? Et tu viens me parler d’erreur ? Quelle erreur ?
Maman : (Silence)
Papa : Dégage rapidement de mon chemin si tu ne veux pas que toi aussi je te chasse en même temps que ta menteuse de fille.
Elle est quittée sur le passage et il m’a traînée jusqu’au portail et m’a mise dehors. Mes affaires m’ont suivies pêle-mêle. J’ai essayé de le supplier mais rien. Quand il a tout balancé à la route, il a dit à Jada que si jamais il retrouvait une de mes affaires dans la maison ou que moi-même j’avais dormi là-bas, elle serait la prochaine à me suivre. Quant à moi, il m’a dit qu’il ne voulait plus rien savoir de moi. Ma mère et Jada m’avaient aidée à ramasser mes affaires et m’avaient accompagnée dans une chambre de motel que j’avais prise pour une semaine. Comme on ne voulait pas que cette histoire s’ébruite dans la famille et parmi nos connaissances, j’ai continué à agir de façon normale jusqu’en janvier puis je suis venue chez la mère de maman ici à Gamba, d’abord pour calmer la colère de papa, ensuite pour me faire oublier des têtes des gens à cause de mon mariage annulé et enfin pour avoir mon bébé à l’abris des regards pour préserver les apparences à tous les niveaux d’abord au niveau de l’église mais aussi dans ma famille. Les enfants hors mariage et surtout sans père n’étant pas tolérés dans la maison de mon père. Il a déjà fait du bruit pour mes cousines et autres là qui ont fait ça alors ce n’était pas envisageable pour un de ses enfants.
Maman : Tu as pu contacter le père de ton enfant ?
Moi : Je n’ai pas son numéro maman.
Maman : Janaï j’essaie de t’aider alors ne me complique pas la tâche. Ta sœur m’a dit que le père d’Ephraïm c’est le collègue de Loyd et que tu as son contact. D’ailleurs elle aussi a son numéro.
Moi : J’ai bien dit à Jada qu’elle ne devait rien dire.
Maman : Pourquoi ?
Moi : Maman je ne veux pas de problèmes supplémentaires.
Maman : Qu’est-ce que tu appelles problèmes supplémentaires ? Ta sœur m’a dit que le monsieur a les moyens alors c’est quoi le problème ?
Moi : Elle a oublié de te dire qu’il est fiancé.
Maman : Le problème est où même s’il est fiancé ? N’est-ce pas il a couché avec toi en sachant sa condition ? Qu’est-ce qu’on a à foutre de sa fiancée ? Il a fait, il doit assumer.
Moi : J’ai déjà dit que je ne veux pas maman. Je préfère me débrouiller toute seule avec mon enfant. Je n’ai pas besoin de son père. Je ne veux pas de problème.
Maman : Il fallait y penser quand tu partais au Ghana, maintenant que l’enfant là est né tu ne peux plus agir comme s’il s’agissait de toi. C’est pourquoi je t’informe que quand je retourne à Libreville, je vais contacter ce monsieur afin qu’il vienne prendre ses responsabilités.
Moi : (Les yeux rouges) J’ai dit que je ne veux pas maman, je ne veux pas que la vie de mon enfant soit mêlée à cet homme. Vous ne le connaissez pas alors ne vous mêlez pas de ça.
Maman : ( Se levant) J’ai fini de parler.
Moi : (Coulant des larmes) Maman j’ai dit que je ne veux pas.
Elle a quitté la table et s’est rendue à la cuisine avec les choses qu’elle avait utilisées. Ma grand-mère qui était dehors est rentrée dans la maison et m’a trouvée en train de pleurer.
Mamie : Tu pleures quoi Oliwina ?
Moi : (Pleurant) Ce n’est pas ta fille qui ne veut pas écouter ce que je lui dis ?
Mamie : (Regardant ma mère qui revenait de la cuisine) Astrid c’est comment avec l’enfant ?
Maman : Je ne sais pas.
Mamie : Tu ne sais pas et puis elle pleure ?
Maman : Mais je ne sais pas pourquoi elle pleure.
Mamie : (Me regardant) Oliwina c’est quoi ?
Moi : (Pleurant) J’ai déjà dit que je ne veux pas qu’elle prenne contact avec l’auteur de ma grossesse. Cet homme a une vie et il est fiancé, ce qui s’est passé entre nous était une simple erreur alors je ne veux pas que vous l’appeliez pour lui dire quoique ce soit sur moi ou sur mon enfant.
Mamie : Maintenant le problème se trouve à quel niveau ?
Maman : J’ai décidé de l’appeler.
Mamie : Mais pourquoi alors que l’enfant t’a déjà dit qu’elle ne veut pas ?
Maman : Parce qu’il n’ y a pas d’enfant sans père dans ma famille.
Mamie : Ah bon ? Tu veux que je parle de cette histoire ?
Maman : (S’énervant) Ne me provoque pas et ne va pas soulever des choses qui vont te dépasser.
Mamie : Ton enfant n’est pas toi et ce que tu as fait ne la concerne pas. Si elle est capable de s’occuper de son enfant toute seule, laisse la tranquille.
Maman : Je ne tiens pas à avoir cette conversation avec toi. Je ne serai pas la grand-mère d’un enfant dont on ne connait pas le père. Je ne serai pas comme tes enfants maman et mon enfant ne sera pas comme tes petites filles que vous encouragez dans le désordre. Cet enfant a un père et qui de surcroît a des moyens pour s’occuper de son enfant et il le fera. Cette discussion est terminée.
Elle s’est dirigée vers la porte et est sortie de la maison en claquant la porte.
Mamie : Il faut casser ma porte hein, surtout ne te gêne pas. Tout ça va finir un jour. C’est la pression inutile que vous mettez sur les enfants là qui les pousse à faire les bêtises. L’enfant a dit non, laisse la tranquille. Non, il faut absolument tout faire pour paraître parfait. Au lieu d’être non, il faut toujours faire semblant. Être mère célibataire c’est la mort de quelqu’un ? C’est comme ça que vous poussez les gens à la mort. (Me regardant) Arrête de pleurer. Il faut finir de manger avant que l’enfant là ne se réveille.
C’est malgré moi que j’ai essuyé mes larmes et que j’ai continué mon repas…