Chapitre 51 : Break

Write by Benedictaaurellia

Un mois plus tard.

Guillaume.

C’est avec un pincement au cœur que je foule à nouveau le sol béninois.

La dernière fois que j’étais là, c’était pour enterrer mon père. Quelques mois plus tard,  j’enterrais aussi ma femme et notre fille mais cette fois ci, en France. Je n’avais pas le cœur à les ramener au Bénin. D’ailleurs, ma femme n’y avait aucune attache bien que béninoise elle aussi était.

Seigneur ! Tous ces mois sont passés mais la douleur est toujours là.

Le temps guérit-il vraiment les blessures ?

J’en doute.

Aujourd’hui encore, je ressens la douleur de la perte de ma mère.

Cela fait pourtant près de vingt-ans qu’elle n’est plus.

Marc me sort de mes pensées en me tapant dans le dos.

Marc : Reviens sur terre, frère !

Ne ressasse pas le passé.

 

Quand j’ai dit à Edmund vouloir rentrer passer du temps sur mon sol natal avant de prendre du service dans son cabinet, il m’a imposé la présence de Marc.

Donc, nous voilà tous les deux, sortant de l’aéroport Bernadin Gantin de Cotonou et cherchant un taxi pour l’hôtel du Lac.

Nous y avons réservé des chambres en attendant d'aller dans ma maison familiale. Maison dans laquell je ne 

 

Je remercie mentalement Edmund pour la présence de Marc. Même s’il est un peu con quand il s’agit des filles, c’est un ami qui n’a pas son pareil. Avec lui, je sais que j’aurai droit à des fous rires même quand je n’en aurai pas envie. Il ne me laissera pas sombrer dans la mélancolie.

Nous sommes dans le taxi qui nous ramène à notre hôtel et je l’entends demander au taximan.

Marc : Mon frère, quel coin branché de Cotonou tu peux nous conseiller ?

Taximan : Patron ça dépend de ce que vous voulez faire.

Marc : Où peut-on bien s’amuser ? Les nights clubs quoi.

Taximan : Il y en a plein. Code bar qui est vers l’aéroport, il y a aussi calypso qui est à Cadjèhoun vers la haie vive.

Sous le pont que vous voyez de l’autre côté, il y a Pacha. 

Et à côté de votre hôtel il y a Concerto.

Si vous voulez, je peux vous attendre ou je reviens vous cherchez pour vous conduire.

Marc : Reviens mon frère.

Dans deux heures de temps nous serons prêts.

Tiens voici ma carte. Quand tu arrives, donnes là à l’accueil et ils nous appellerons.

Il lui glisse ensuite un billet de dix mille et nous descendons du véhicule.

 

Nous entrons dans l’hôtel et je lui dis.

Guillaume : Tu es sérieux ? On vient à peine d’arriver.

Marc : Il faut battre le fer quand il est chaud mon frère.

Guillaume : Bats le si ça te chante. Moi je n’ai pas ton temps.

 

Une hôtesse nous accueille.

Hôtesse : Bienvenue à l’hôtel du Lac, Messieurs.

Nous : Merci.

Nous présentons nos pièces pour qu’elle vérifie les réservations et nous donne les clés de nos chambres.

Nous nous dirigeons vers les ascenseurs une fois nos clés en poche.

 

Marc : Détrompe-toi. Tu viens avec moi. Tu penses que je vais te laisser et teuffer seul ? Je ne suis pas égoïste moi.

Guillaume : Il y a égoïsme dans ça aussi ?

Marc : Bien sûr. De toute façon, tu n’as pas le choix. Edmund a dit, c’est ton pied mon pied.

Guillaume : Depuis quand écoutes-tu ce qu’on te dit ?

Marc : Depuis aujourd’hui.

Je voulais riposter quand il me coupe et me dit en me poussant devant ma chambre :

Trêve de bavardage. Prépare-toi, on va diner dans le restaurant de l’hôtel et on met les voiles.

Allez ! 

 

Je n’ai plus rien dit sachant que quoique je dise, il trouvera autre chose à ajouter.

 

Près de deux (02) heures plus tard, après une petite sieste et une bonne douche, c’est sans surprise que je l’entends cogner à ma porte.

J’ouvre et nous descendons dans le hall de l’hôtel.

Il s’avance vers la réception et commence à faire du charme à la réceptionniste qui nous a reçu tout à l’heure.

Je vais m’asseoir dans le fauteuil le temps qu’il finisse.

Quelque chose me dit qu’il ne dormira pas seul ce soir.

 

Moi, mon ventre commence à crier famine.

Je n’ai pas mangé grand-chose dans l’avion. J’avais l’estomac trop noué.

Trop de souvenirs douloureux remontaient à la surface.

A cette heure, le restaurant de l’hôtel doit être fermé.

 

Marc revient vers moi à cet instant.

Marc : La charmante dame de la réception m’a donné l’adresse d’un bon restau. On y va avant de faire la fiesta. A voir ta tête, je sais que tu meurs de faim.

Guillaume (sarcastique) : Merci de penser à moi.

Marc : Ne fais pas ton grognon. Tout ça c’est le manque. Après avoir tiré un bon coup tu verras que ça ira mieux.

Guillaume : Je ne veux pas parler de ma vie sexuelle avec toi Marc.

Il me donne une tape dans le dos et déclare juste.

Marc : Viens, le taximan de toute à l’heure nous attend.

Guillaume : Pas de femmes s’il te plait.

Je veux passer une soirée tranquille.

Marc : Mon frère, je ne te garantis rien. Ce sont les filles elles même qui me courent après.

Je vous traduis sa phrase : Autrement dit, nous serons encore entourés d’une nuée de filles.

Marc et les femmes !

 

Ainara.

J’ai repris le boulot deux jours après l’enterrement au grand dam de tout le monde.

Tout le monde, d’Edmund à mes parents voulait que je prenne le temps de me reposer.

Mais, je ne pouvais pas.

Je ne pouvais pas rester les bras croisés.

Il fallait que je m’occupe.

La seule chose qui pouvait m’y aider c’est le travail.

Mireille était une partie de moi.

Avec elle, une partie de moi s’en est allée.

Je crois qu’il en est ainsi pour chacun de nous quand nous perdons un être cher.

Donc, bref, je suis encore au travail.

Actuellement, je suis sur le dossier de Mr LIU-YANG.

Vous vous souvenez de lui ?

L’asiatique qui m’avait fait aller à Singapour.

Finalement, nous avons trouvé un compromis.

Je viens de trouver le terrain idéal pour son hôtel.

Nous débuterons les travaux dans quelques jours.

J’ai beaucoup de chantiers en cours actuellement. Tous mes chefs chantiers sont occupés. Je fais des pieds et des mains pour en trouver d’autres mais, je n’ai encore trouvé personne.

 

L’assistante de papa, Amélia frappe à la porte et entre.

Dès qu’elle ouvre je lui demande :

Moi : Je t’en prie dis-moi que tu as trouvé quelqu’un.

Elle : Exact. Me dit-elle.

Moi : Dieu soit loué.

J’ai promis à Mr LIU-YANG qu’on débuterait les travaux avant la fin de la semaine.

Je commençais à désespérer.

Elle : Je viens à point nommé donc.

Moi : Vas-y dis-moi tout.

Elle me tend le dossier qu’elle a en main.

Elle : Avant tout, je te précise qu’il s’agit d’une connaissance. Je ne veux pas qu’il y ait un malentendu après.

Je fronce les soucis quand elle dit ça.

Moi : Je ne veux pas traiter quelqu’un avec faveur.

Elle : Ne t’inquiète pas pour ça.

J’ai procédé à toutes les vérifications d’usage et tout est en ordre. J’ai obtenu des avis positifs de personnes avec qui ils ont travaillé par le passé. Tu verras que tout est réglo.

Moi : Ok. Dis-moi qui est le propriétaire pour toi.

Elle : Le frère d’une amie. J’ai fait les bancs avec sa sœur.

Tu sais comment sont ces histoires. J’ai eu le béguin pour lui et ça a mal finit.

Moi : Tu es sûr que tu sauras rester professionnelle ?

Tu sais qu’on reste en étroite collaboration avec les entreprises qui matérialisent nos projets.

C’est toi le pont entre ces entreprises et nous. Tu seras appelé à être constamment en contact avec lui.

Je ne veux pas qu’il y ait des scènes inutiles.

Elle : Ne t’inquiète pas pour ça.

C’est le passé.

Moi : J’espère que je fais bien de te faire confiance.

Elle : Tu ne seras pas déçue.

Moi : Bien. Regarde mon agenda et fixe leur rendez-vous le plus tôt possible.

Elle : demain matin ?

Moi : S’il est disponible, il n’y a pas de soucis.

Elle : Bien.

 

Enfin, je vais avoir une épine de moins dans le pied.

Je range mes documents et prends mon sac.

Je dois aller inspecter les différents chantiers qui sont en cours maintenant.

Quand j’arrive à l’accueil, je vois un jeune homme en pleine discussion avec Amanda, notre réceptionniste.

Amanda hausse le ton et ce qui attire mon attention c’est le visage que le jeune homme affiche. J’y lis du désespoir.

Je m’approche d’eux et demande :

Moi : Un problème Amanda ?

Amanda : Non Mlle. Ce jeune homme voulait déposer son CV mais je lui faisais comprendre qu’actuellement nous ne recrutons pas. Il ne semblait pas comprendre.

Moi : Jeune homme, puis-je vous aider ?

Jeune homme : Madame, je veux juste un petit travail. J’ai déposé mes dossiers un peu partout mais c’est toujours la même phrase qui revient. Il n’y a pas de recrutement en cours. Je vous en prie madame. Aidez-moi. J’ai besoin de ce travail.

Moi : Comment t’appelles-tu ?

Lui : Emmanuel madame.

Moi : Suis-moi Emmanuel.

Je sors avec lui sur mes talons.

Je ne sais pas pourquoi mais j’ai envie d’aider ce jeune homme.

Une fois que nous sommes dehors, je l’invite à prendre place avec moi dans ma voiture.

Je démarre et lui demande.

Moi : Que fais-tu dans la vie ? Quel diplôme as-tu ?

Il baise la tête et répond d’une petite voix.

Lui : Je fais de petits boulots ici et là. Je n’ai même pas le BEPC.

Moi : Laisse-moi te donner un conseil. N’aie jamais honte de ta situation. Tu te bats pour vivre ? D’accord. Tu fais de petits boulots ? D’accord. C’est ta vie et sois en fier parce que personne ne le sera à ta place.

Sois d’abord reconnaissant pour le peu que tu as et le reste viendra. D’accord ?

Lui : Merci madame.

Moi : Appelle-moi Ainara.

Qu’est-ce que tu aimerais faire comme travail ?

Lui : Je peux tout faire. J’apprends vite.

Je viens d’arriver sur mon premier chantier.

Je gare ma voiture et me tourne vers lui.

 

Moi : Je vais être sincère avec toi.

Actuellement, nous n’avons pas besoin de personnel. On ne pourra pas t’embaucher.

Lui : Je comprends madame. Merci d’avoir pris le temps de parler avec moi.

Moi : Mais, j’aimerais t’aider.

Tiens, voici ma carte. Appelle-moi et on pourra discuter plus amplement. Je verrai dans quelle mesure t’aider.

Je lui tends ma carte et lui donne aussi un billet.

Prends ceci pour ton déplacement.

Lui : Merci madame. Je vous appellerai.

Moi : J’y compte bien.

Je le regarde descendre de la voiture et s’éloigner.

Ce jeune me donne envie de l’aider.

Il a la volonté ce qui manque à certaines personnes.

Tant que la personne a la volonté, je pense qu’il faut lui tendre une perche.

Je reste pensive un moment avant de troquer mes talons compensés contre une paire de basquet noire. Je refuse d’abimer les talons de mes chaussures donc, à chaque fois que je vais sur le terrain je porte des basquets ou des tennis.

Je vous ai déjà dit que j’aime les chaussures ?

Jumelles de cœur