Chapitre 52

Write by Jennie390

⚜️Chapitre 52⚜️


Deux mois plus tard...


Odile Odjele


Après le kidnapping de Mélissa, j'ai pris un moment pour m'effacer comme j'ai pu. Pendant tout ce temps, j'aurais voulu voir ma petite chérie. Mais c'était impossible parce que selon Landry Ratanga et sa sœur, il était très probable que monsieur Biyoghe ait mis mon téléphone sur écoute ainsi que des détectives privés qui me suivent partout.


Je suis donc allée dans mon village et j'y suis restée pendant un bon moment. La semaine dernière, j'ai reçu un appel de la directrice d'OASIS qui souhaitait que je reprenne le boulot. De nouveaux jeunes et enfants sont arrivés à l'institut et on aimerait que je m'occupe de l'un comme je l'ai fait avec Mel.


J'ai tellement envie de voir ma petite Mel, de la serrer dans mes bras, de lui faire de gros câlins. Mais pour l'instant, c'est impossible. Ça fait un mois que je n'ai pas eu les Ratanga au téléphone. Un mois que je n'ai aucune nouvelle de Mel. J'espère qu'elle va bien.


Je frappe à la porte du bureau de la directrice et dès qu'elle me répond, je me glisse à l'intérieur. Je prends place juste en face d'elle.


—Alors, madame Odjele, comment allez-vous ?


—Je vais bien, merci, et vous ?


—Moi aussi, ça va. Même si c'est vrai que l'institut a traversé une mauvaise passe. La disparition de Mélissa nous a fait mauvaise presse. Beaucoup de parents ont retiré leurs enfants d'Oasis.


—On ne peut même pas leur en vouloir, c'est normal d'avoir eu peur et d'être méfiant après l'histoire de Mélissa, je réplique. Mais Dieu merci que les choses commencent à s'arranger petit à petit.


—Oui, Dieu merci. Bon, et cette période de repos ?


—Ça m'a fait beaucoup de bien, dis-je avec un léger sourire. Même si c'est vrai que je ne passe pas une seule journée sans penser à Melissa. Mais mis à part ça, je suis prête à reprendre le boulot et à prendre en charge un autre enfant.


—Je suis très ravi de l'entendre, madame Odjele. On vous a assignée aux soins d'un jeune adolescent de 16 ans et demi, il s'appelle Tobias Mekui. C'est le fils d'un ancien député de la République. Vu le rang de son père, il faudra bien prendre soin de lui.


—J'ai toujours bien fait mon boulot, contré-je. Ça s'est vu avec les grands progrès de Mélissa.


—Ne le prenez pas personnellement, mais les fondateurs ne voulaient plus de vous dans nos effectifs à cause de la tragédie qui a eu lieu pendant votre service. J'ai dû négocier pour qu'ils acceptent de vous reprendre. Ne me décevez pas.


—Je ferai de mon mieux pour bien prendre soin de Tobias.


La directrice me remet le dossier de Tobias avant que je ne sorte de son bureau. Je dois le lire et comprendre son histoire. Le fait que les grands patrons de l'institut n'aient plus voulu de moi par manque de confiance, m'a un peu blessé. Mais si l'histoire avec Mélissa était à refaire, je ferais exactement la même chose. J'ai agi pour le bien de cette petite et je ne le regrette pas.

***

Une heure plus tard, j'ai terminé de lire le dossier de Tobias et j'ai pu passer une demi-heure avec lui. J'ai découvert un petit encore plus affecté que Mélissa. Il ne parle pas. Il faut que je dise une phrase à plusieurs reprises et dans un français extrêmement terre à terre pour qu'il comprenne un temps, soit peu. Et quand il s'agit de répondre, il se contente de hocher la tête ou de la bousculer. Les cas des personnes atteintes de retard psychologique sont différents les uns des autres.


Dans le cas de Mélissa, elle avait la chance d'avoir vécu avec une grande sœur qui l'aimait énormément et qui était présente pour elle à tout moment. Pour la soutenir, la couvrir d'amour, d'attention, lui tenir la main dans les moments de doutes, etc. Mais Tobias est le fils d'un homme riche qui a occupé de grandes fonctions dans ce pays. Sa mère est décédée en le mettant au monde. Et vu son état, son père ne se souciait pas tellement de lui. Il a pratiquement été élevé par la ménagère de leur maison qui s'occupait de lui au quotidien. Ces cas sont très typiques, le papa qui a beaucoup d'argent et qui n'a pas du temps à consacrer à sa famille à cause de son boulot. Peut-être que si sa mère était encore en vie, son état aurait été un peu plus amélioré comme celui de Mélissa.


Une fois la nuit tombée, j'ai terminé de m'occuper de Tobias et je l'ai aidé à se mettre au lit. Je sors de la chambre dans le but d'aller me chercher quelque chose à manger. J'arrive dans la cour lorsqu'un livreur remet un paquet au gardien. Il lit le nom et s'approche de moi.


—Madame Odjele, c'est pour vous.


—Pour moi? Qu'est-ce que c'est ?


—Vu l'odeur, on dirait que c'est de la nourriture.


—Je n'ai pas commandé à manger, il doit y avoir une erreur.


—Non , c'est votre nom qui est marqué sur les paquets. Peut-être que c'est la directrice qui a commandé ça pour vous.


Vu que j'ai terriblement faim, je récupère les paquets. Mais il y a au moins trois gros sacs. Ça, c'est la nourriture pour combien de personnes ? J'arrive dans la cuisine qui est déserte, tout le monde est déjà au lit. Mais vu que je suis une couche tard, il n'y a rien d'étonnant à ce que je sois la seule personne éveillée dans tout l'institut. Je m'installe à la table et je découvre dans un des paquets, un burger, des frites, un soda et un sundae. Dans le deuxième paquet, un taco, un chawarma et un téléphone portable.


Intriguée, je l'allume et quelques minutes plus tard, un texto arrive.


[Bonsoir madame Odile, j'espère que vous vous portez bien. J'ai appris que vous avez repris le boulot à Oasis. C'est une très bonne chose. Il faut continuer à mener une vie normale pour ne pas éveiller les soupçons. J'ai dû passer par ce stratagème de nourriture pour pouvoir entrer en contact avec vous, vu qu'on ne sait pas si votre propre téléphone est sur écoute ou alors si vous êtes suivie. On ne sait vraiment pas qui est qui. Dans le troisième paquet, vous trouverez une tablette tactile. Mettez-vous dans un endroit isolé dans lequel vous êtes sûre et certaine d'être seule, allumez-le, puis attendez.

Je vous souhaite une bonne soirée.

Landry Ratanga].


C'est toute excitée que j'ouvre le troisième paquet dans lequel je trouve effectivement une tablette. Intriguée, je mets la bouffe dans le four et je retourne dans la chambre. Tobias est profondément endormi dans son lit. Je récupère mes clés de voiture à côté du mien et je sors de la chambre en la refermant à clé. Il ne faudrait pas qu'en mon absence Tobias commence à déambuler partout dans l'institut à cette heure de la nuit. C'est un tout nouvel environnement pour lui, il n'est pas encore habitué. J'arrive dans le parking et je monte dans mon véhicule. Les vitres sont montées et toutes noires. Après l'histoire avec Mélissa, Landry Ratanga m'a conseillé de faire fumer mes vitres, ce que j'ai fait. Je démarre le véhicule et je quitte le parking de l'institut. Je roule jusqu'à une rue animée avec beaucoup de passants, puis je gare.


C'est une rue animée, s'il y a des gens qui m'ont suivi depuis l'institut, ils ne pourront rien faire vu le monde qu'il y a autour. J'allume la tablette et j'attends, environ une demi-heure, plus tard, un appel vidéo s'affiche sur l'écran. Je vois la tête du Docteur.


—Madame Odile, bonsoir.


—Bonsoir Doc, comment allez-vous ?


—Moi ça va, j'espère que vous aussi.


—Oui, grâce à Dieu, merci. Tout un stratagème précis digne d'un film au cinéma. Vous avez raté une carrière d'espion. Vous auriez été une pépite !


N'est-ce pas ? je peux toujours me reconvertir.


Nous rigolons pendant un moment.


—Vous avez pu vous reposer correctement dans votre village ?


—Oui, j'étais avec ma famille, donc j'étais bien. Ça m'a fait du bien.


—Super! Bon, il y a quelqu'un qui meurt d'envie de vous parler.


—Ah oui?


Il tourne la tête et s'adresse à quelqu'un que je ne vois pas.


—Tu peux venir ma chérie, dit-il doucement avec un sourire.


Environ une minute plus tard, c'est le visage de Mélissa que je vois à l'écran. Mon cœur se serre de joie en la voyant. Cette petite est comme mon enfant. Plus de sept ans à m'occuper d'elle, j'ai créé un lien très fort avec elle. Ça me fait tellement du bien de la voir.


—Odi...


—Meli mon bébé...


—Odi...


—Oui ma chérie.


On se regarde un moment sans rien dire. Je vois à sa tête que je lui manque, ma pauvre fifille. 


—Tu vas bien ?


—Ça va.


— Je t'ai manqué mon bébé ?


Elle hoche la tête.


—Tu viens ?


—Oui, on se verra bientôt ma puce d'accord ?


Elle hoche à nouveau la tête.


—Yoyo?


—Yoyo va bientôt arriver.


Je vois ses yeux se remplir de larmes. Mon estomac se serre devant un tel spectacle.


—Tout le monde est gentil avec toi là-bas où tu es ?


Elle me regarde un court instant avant de hocher la tête encore. Elle essayait de déchiffrer ma phrase. Je suis fière d'elle parce que je me rends compte qu'elle n'a pas perdu ce qu'elle avait déjà appris.


—Bon, il faut que j'y aille. Mais tu dois être sage et il ne faut plus que tu pleures. Tu es une grande fille, n'est-ce pas ?


Elle hoche la tête.


—Et les grandes filles font quoi ?


—Pleurent pas.


—Voila. Tu passes une bonne nuit. Je t'aime mon bébé.


Elle me sourit et me fait un cœur avec les mains. Qu'est-ce que j'aime cette petite ! Elle me repasse le Doc avec qui je parle encore quelques minutes avant de raccrocher. J'éteins la tablette et je rentre à OASIS, le cœur léger. J'ai ensuite une pensée vers Yolande, j'espère qu'elle va bien entre les mains de cet homme. Et que le chagrin de la disparition de sa sœur ne l'a pas fait sombrer.


 Landry Ratanga 


Épuisé et à moitié endormi par la lourde journée que j'ai eue, j'entends la notification d'un message. Je me retourne dans mon lit et je m'empare de mon téléphone. Après l'avoir déverrouillé, je lis le SMS que j'ai reçu. J'écarquille les yeux de surprise et d'effroi tout en bondissant de mon lit.


—Non! Non! Non! Pas ça! Merde!


J'ouvre la porte à la volée et je fonce dans le couloir avant de m'arrêter devant la chambre du couple Izangault. Je frappe vigoureusement à la porte.


—C'est qui ? demande Richard de l'intérieur.


—C'est Landry, je réplique en relisant le message. On a un gros souci.


Il ouvre la porte et je vois Hortense qui se tient derrière lui.


—Que se passe-t-il ?


—Je viens de recevoir un message de Vincent. Marleyne Ovono a été retrouvée pen*due, il y a quelques heures, dans les toilettes de la prison.


—Quoi? crie Hortense. Dis-moi que c'est une plaisanterie.

L'histoire que vous lisez

Statistiques du chapitre

Ces histoires vous intéresseront

Dans le secret