Chapitre 56

Write by Auby88


Chanson intro du chapitre


"Aurea - i didn't mean it


You say the words I wanna hear

Tu dis les mots que je veux entendre

But they are as empty as the air

Mais ils sont aussi vides que l'air

Just like you mean it

Tout comme si tu le penses

But you didn't mean it At all

Mais tu ne le pensais pas Du tout


As I go walking through this night

En marchant cette nuit

Telling myself I will survive

Me disant que je survivrai

I wish I could mean it

J'aimerais pouvoir le penser.

But I didn't mean it At all

Mais je ne le pensais pas du tout.


We can tell so far how endless seems

On peut dire jusqu'à quel point cela semble infini.

And you can be someone that you can be.

Et tu peux être celui que tu peux être.

It's a gentle lie

C'est un pieux mensonge

But it will leave me crying through the night

Mais cela me laissera en pleurs toute la nuit.

But that's how it is, sometimes. (…)

Mais c'est comme ça, parfois (…)


Didn't think love should be like this

Je ne pensais pas que l'amour devrait être comme ça.

You and I both know what this is

Toi et moi savons tous les deux ce que c'est

You wanted to mean it

Tu voulais le dire

But you didn't mean it At all (…)

Mais tu ne le pensais pas Du tout (…)"


********************


Maëlly FREITAS

Je regarde Edric prendre son deuxième verre de Ti-punch.

- Je trouve que tu abuses un peu de Ti-punch ces jours-ci !

- Ce n'est qu'un cocktail, Maëlly !

- Un cocktail à base de rhum, donc d'alcool.

- Merci de me rappeler que j'étais un alcoolique ! me lance-t-il sèchement en se redressant dans son fauteuil.

- Je n'avais pas l'intention de te blesser. C'est juste une remarque que j'ai faite, surtout parce que je te sens trop soucieux. Tu as un problème ?

- Non.

- Pourtant ce n'est pas ce que je vois. Tu le nies, mais je sens bien que quelque chose te tracasse. Ou bien cela me concerne ?


Il lève les yeux vers moi et me fixe.

- Ai-je fait ou dit quelque chose qui t'a contrarié ? ajouté-je.

- Non, Maëlly.

- Tu en es bien certain ?

- Pourquoi insistes-tu autant ? Ai-je des raisons de me fâcher contre toi ?

- Non, je n'en vois pas ! fais-je en haussant les épaules.

- Parfait ! Alors, je te le répète. Je n'ai rien contre toi.

- Alors, il s'agit d'une autre femme qui… occupe tes pensées ? Tu es... amoureux, c'est ça ?


Il inspire bruyamment avant de me répondre. Un peu comme si mes questions l'agaçaient.

- Non. Je ne suis pas amoureux.  Et je n'ai aucun souci. Si je parais tant absent, c'est juste parce que je réfléchis sur l'histoire que j'écris actuellement. Et j'ai parfois besoin de me couper du monde réel pour mieux vivre les scènes que je décris.

- Je vois.


Il avale à nouveau une gorgée de son cocktail. Je le regarde faire. Mes yeux restent concentrés sur cette bouche virile qu'il a et sur laquelle je fantasme depuis... Puis-je ou ne puis-je pas ? J'hésite mais finis par me hasarder... A ma grande surprise, il me repousse. Je me sens gauche.


- Tu voulais m'embrasser, c'est ça ?

- Oui, admets-je timidement. J'en avais grandement envie et... je pensais que c'était pareil pour toi.

- Pourquoi penses-tu à ma place ?

- Parce que…

- Nous ne sommes que des amis, toi et moi. L'as-tu oublié ?

- Non, je ne l'ai pas oublié. Mais je ne peux nier que tu me plais énormément, Edric. De plus en plus d'ailleurs. Je supposais que c'était pareil pour toi.

- Tu t'es complètement trompée à mon sujet. Pour moi, tu es juste ma petite sœur, mon amie. Rien de plus, Maëlly. Il ne peut rien avoir de sentimental entre toi et moi.

- Tu étais si attentionné avec moi que j'ai cru…


Il prend ma main et ajoute en souriant :

- Tout ce temps, je n'ai agi qu'en tant qu'ami. Rien d'autre. Alors ne confonds pas les choses. Et puis, tu ne dois pas te sentir redevable envers moi. De quelque manière que ce soit.

- Je ne te parle pas de gratitude, Edric. Je suis vraiment sérieuse quand je te dis que je ressens quelque chose pour toi, que tu me plais énormément.

- Tu me confonds à Eliad ?

- Eliad ? Qu'est-ce qu'il vient faire dans notre discussion ?

- Tu ne ressens plus rien pour lui, c'est cela ?

- Eliad, c'est… de l'histoire ancienne !


Il lâche subitement ma main avant d'ajouter :

- C'est très bien, Maëlly ! A présent, je dois te laisser.  


Il se lève.

- Tu pars déjà ?

- Oui, j'ai expressément besoin de faire une sieste.

- Mais on n'a pas fini de discuter.

- On s'est déjà tout dit, Maëlly. En plus, ce sujet de conversation n'aurait jamais dû se tenir entre nous deux.


Il conclut en esquissant un sourire :

- Tout cela est bien ridicule, voire même absurde, Maëlly ! Admets-le. On se voit plus tard.


Je ne réussis pas à placer un seul mot. Je suis trop perdue, déçue, triste… pour lui répondre quoi que ce soit.

Je le regarde s'en aller. Vers le sol, je baisse la tête.



************


Des jours plus tard


Edric MARIANO


- Où vas-tu habillée ainsi à une heure pareille ? demandé-je à Maëlly qui porte une courte robe rouge très moulante.

- Je vais en boîte de nuit.

- Toi, Maëlly ! En boîte de nuit !

- Oui, il y a une première à tout.

- Tu restes à la maison. Cet endroit-là ne te convient pas. Ce n'est pas prudent pour toi d'y aller seule.

- Ah ! Parce que maintenant tu te soucies de moi ?

- Tu es sous ma responsabilité, je te rappelle !


Je l'entends ricaner.

- Ça fait des jours que tu ne m'adresses plus vraiment la parole, que tu restes distant. Et ce depuis le jour où je t'ai parlé de mes sentiments pour toi.

- Oui, je le reconnais. Mais ce n'est pas pour autant que je te laisserai te mettre en danger sans intervenir.

- N'exagère pas ! Je vais juste me divertir un peu. Et Je te rappelle que j'ai presque 30 ans. Je suis donc assez mature, assez responsable pour agir comme bon me semble !


J'immobilise son bras.

- Peut-être. Mais tu n'iras nulle part, Maëlly !

- Lâche-moi, Edric ! Je fais ce qui me plaît !

- C'est insensé, Maëlly !


Elle me défie du regard.

- Je n'ai pas d'ordre à recevoir de toi !

- Maëlly !

- J'ai besoin de sortir. Parce que j'étouffe à l'intérieur, parce que j'étouffe entre ces quatre murs, parce que je ne supporte plus ton indifférence et surtout parce que la femme que je suis a besoin de trouver quelqu'un pour qui elle comptera vraiment, quelqu'un qui ne la verra pas juste comme une amie ou une sœur, quelqu'un qui ne prendra pas à la légère ces mots quand elle lui parle de ses sentiments pour lui ! Alors laisse-moi m'en aller !

- Non, Maëlly ! Tu restes à la maison !

- Tu m'as clairement fait comprendre que tu n'es pas cette personne, alors laisse-moi tranquille !


Je libère son bras.

- Ok, vas-y ! Je t'aurais prévenue.


Elle me lance un regard froid puis se dirige vers la porte de sortie tandis que moi, je prends la direction de ma chambre.



Une demi-heure plus tard.

Je tourne en rond à l'intérieur. Je n'ai pas l'âme en paix, avec Maëlly seule dans un night-club. Vite, j'enfile une chemise puis sors...


Elle est là au milieu de la piste, dansant du zouk avec trois hommes autour d'elle. Leurs gestes sont trop explicitement sexuels. Et leurs têtes ne me plaisent pas. Oui, ils ne m'inspirent pas confiance…


- Maëlly, on s'en va ! tonné-je en m'approchant d'eux.

- Tu es qui toi ? me demande l'un d'entre eux.

- Maëlly, on s'en va ! répété-je.

- Laisse-moi tranquille !

- Tu l'as entendue, va-t'en ! renchérit un autre.

- Je ne m'adresse pas à toi, mais à ma fiancée !

- Je ne suis pas ta fiancée ! rétorque Maëlly.


J'attrape aussitôt son bras. L'un des hommes me pousse en arrière.

- Lâche-la. Elle ne veut pas te suivre.

 Nos voix montent de plus en plus dans la salle.

- Non ! Elle part avec moi !

- On s'occupe bien de la demoiselle. Alors barre-toi d'ici ! D'ailleurs, elle ne veut plus de toi ! me lance le troisième.

- Maëlly, tu viens avec moi !

- Non, Edric je refuse.

- Je te le redis : barre- toi ! Ou bien tu cherches la bagarre ?

En parlant, l'homme retrousse ses manches puis me pousse en arrière. J'ai bien envie de lui mettre mon poing dans le visage mais je me calme. Je n'ai aucune chance, seul contre ces trois voyous. Mais je ne compte pas abandonner Maëlly à leur merci. Comment sortir entier de ce merdier avec Maëlly ?


* *

 *

Ouf. Enfin dehors. Bien sûr avec Maëlly à mes côtés. Elle me boude, mais je m'en fous royalement. Elle est saine et sauve. Moi aussi. C'est l'essentiel.


Comment a-t-on pu décanter la situation ? Grâce à l'une de mes connaissances qui était familier à l'un des membres de la bande et qui a réussi à calmer les esprits. Un vrai coup de chance !


- Maintenant lâche-moi !

Je n'écoute pas Maëlly. Je garde fermement son bras, pousse la porte de sa chambre et allume l'interrupteur.

- Laisse mon bras.


Je l'entraîne vers son lit et la fais asseoir.

- Maintenant explique-moi ce que tu faisais avec ces trois pervers ?

- Tu l'as bien vu. Nous dansions. Et puis moi je les ai trouvés très inoffensifs et sympathiques.

- Tu les aurais trouvés moins sympathiques et inoffensifs si tu t'étais retrouvée droguée, nue et violée dans une miteuse chambre de passe avec plein de bleus sur ton corps !

- Bof !

- Bof, tu oses dire ? As-tu conscience de ce qu'est un viol ? Pire d'un viol collectif ? Es-tu consciente que ça peut détruire toute une vie ?


Ele détourne la tête. Je la force à me regarder.

- Ce ne sera pas qu'un mais plusieurs détraqués qui abuseraient de toi à tour de rôle avec une sauvagerie inqualifiable !

- Tu exagères à la fin ! Ces gars n'avaient rien de louche. Des femmes vont tout le temps en boîte, sans qu'il leur arrive quoi que ce soit ! De toutes façons, je suis déjà à la maison. Alors je ne comprends pas pourquoi tu insistes autant là-dessus.


" Je sais que j'exagère, Maëlly. Mais c'est parce que je tiens beaucoup trop à toi que je m'inquiète autant." me dis-je intérieurement avant de lui répondre :


- C'est parce que je ne veux pas que tu refasses une bêtise pareille que j'insiste autant. Voilà, c'est tout.


Elle se lève et vient près de moi pour me fixer droit dans les yeux.

- Quoi qu'il en soit, tu ne peux m'empêcher de faire ce que je veux !

- Si, je le peux.

- Sache que je sortirai autant que je le voudrai !

- Essaye et tu verras.

- Je n'ai pas peur de toi, Edric !

- Tu devrais pourtant !


Nous nous défions du regard. Quelques secondes. Puis Maëlly me regarde différemment. Un de ces regards intenses qui me troublent, m'immobilisent sur place et me laissent sans voix.

- Pourquoi nous nous disputons autant Edric ? Pourquoi tout a changé entre nous ?


Je n'arrive pas à émettre le moindre son. Nous sommes proches, très proches. Trop proches d'ailleurs. Un silence s'installe entre nous... Maëlly approche ses lèvres des miennes...Mais plutôt que de les recevoir, je pousse ma tête en arrière. Juste à temps, heureusement !


-  Edric, pourquoi me repousses-tu autant quand tout en moi te désire tellement !


Je la désire aussi, mais je ne veux pas céder à la tentation. NON !

Reprenant tous mes esprits, je lui réponds :

- Ce doit être l'alcool qui te fait délirer, Maëlly !

- Je ne suis pas saoule. Je te dis ce que je ressens.

- Je t'ai déjà dit qu'il ne peut rien avoir entre nous.

- Putain ! Oublie que je suis comme ta sœur. Vois-moi comme une femme et aide-moi à me sentir comme telle !

- Après une bonne nuit de sommeil, tu retrouveras tes esprits.

- Le sommeil ne m'aidera pas. Ça fait des jours que je te désire, Edric. Fais-moi l'amour. Je t'en supplie !

- Tu sembles ne pas avoir tiré leçon du passé, Maëlly ! C'est vulgaire de vouloir se donner à un homme ainsi !

- Vulgaire, tu trouves ! Et pourtant, tu n'as aucun mal à te taper les putes !

- Toi et elles, vous n'êtes pas pareilles, Maëlly !

- Pour une fois, je voudrais que tu me vois comme l'une d'entre elles, oui comme l'une de tes salopes et que tu me traites comme telle. Sans pudeur !

- Tu as assez dit de bêtises pour aujourd'hui. Ça me suffit. Je vais dans ma chambre !

- Non ! Tu n'iras nulle part ! objecte-t-elle en me devançant pour atteindre la porte.

Je la vois fermer la porte à double tour, se placer devant puis commencer à se dévêtir.


- Maëlly, ne fais pas ça ! Maëlly !


Trop tard. Elle est nue devant moi. J'avale ma salive et demeure fixe, contemplant son beau corps offert à ma vue. Elle se rapproche de moi.


Je mène mon combat intérieur : "Tu en as très envie Edric, mais tu ne peux pas. Non tu ne peux pas t'unir à Maëlly dans des conditions pareilles. NON. Contrôle-toi au maximum. Oui, reste maître de ton corps !"


- Je te fais de l'effet, n'est-ce pas ? me demande-t-elle en me souriant coquinement.

- Non, Maëlly. Tu me répugnes plutôt, dis-je en la poussant sur le lit.


Elle se relève aussitôt.

- Pourquoi Edric ? Pourquoi mon corps ne te fait aucun effet ? Pourquoi ne veux-tu pas me faire l'amour, Edric ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?


Elle est entrain de me pousser à bout... Je ne peux plus me taire.


- Parce que je suis trop amoureux de toi pour te faire l'amour, tout en sachant que tu aimes encore Eliad et que tu penses toujours à lui !


Je l'ai dit d'un trait. Et mes yeux ont croisé les siens qui exprimaient de l'étonnement.

- Edric, je…

Je n'attends pas pour l'écouter. Je me précipite sur la porte et l'ouvre rapidement. J'ai besoin de m'éloigner de Maëlly. C'est vital pour moi en ce moment !



**********


Maëlly FREITAS


Edric vient de m'avouer qu'il m'aime et j'ai encore du mal à assimiler tout ça. J'ai besoin qu'il me donne plus d'explications. C'est nécessaire pour moi. J'enfile un vêtement à la hâte et sors de la chambre. Contre la porte de la chambre d'Edric, je vais cogner.

- Edric, ouvre-moi. Je t'en supplie. Il faut qu'on parle.


Je suis arrêtée par monsieur Delmundo.

- Il vaut mieux que tu le laisses tranquille, Maëlly !

- Non, il faut que je lui parle... Il vient juste de m'avouer qu'il est très amoureux de moi. Et j'ai besoin qu'on s'explique à ce sujet !


Je remarque un sourire moqueur sur le visage de l'homme.

- Vous expliquer ?

- Oui.

- Pour que tu lui rappelles que tu aimes encore ton ex !

- Lui, c'est de l'histoire ancienne !

- Tu parles d'histoire ancienne et pourtant tu possèdes des photos récentes de lui.

- Non. Je les ai déjà toutes détruites, il y a bien longtemps !

- Hypocrite ! Menteuse !

- Mais..., bégayé-je.

- Ce n'est pas la peine de le nier. Edric les a vues sous ton oreiller la dernière fois. Et cela l'a contristé !


Je me retourne à nouveau vers la porte d'Edric et cogne de toutes mes forces.

- Edric, ouvre cette porte. Je t'en supplie. Laisse-moi t'expliquer.


Je frappe en vain.

- Qu'est-ce que tu veux lui expliquer, Maëlly ? Admets que tu es toujours obsédée par ton ex et que tu t'es juste servie d'Edric pour te sentir moins seule !


Je secoue fortement la tête.


- J'ai pourtant conseillé à mon fiston de rester très loin de toi ou de t'avouer ses sentiments avant qu'il y ait confusion entre vous. Mais il n'en a fait qu'à sa tête ; il a préféré attendre d'être sûr que tu n'aimes plus ton ex pour pouvoir te déclarer sa flamme. Puis vous êtes devenus si proches, si complices, si heureux ensemble qu'il a cru que tu l'aimais enfin. Malheureusement sa désillusion a été grande quand il s'est rendu compte que tout n'était que du leurre. Du leurre, Maëlly !


- Ce n'est pas vrai ! objecté-je. Je ne me suis pas servie de lui, même si les photos de mon ex en ma possession démontrent le contraire... Je vous assure que je tiens énormément à Edric et je ne mens pas quand je dis que je ressens quelque chose pour lui. Mais mon cœur est en pleine reconstruction, un vrai chantier, un vrai bazar où tout est sens dessus-dessous. Et j'ai du mal à y voir clair. Je…


Il m'interrompt.

- Ce que tu ressens pour Edric, c'est juste de la gratitude, de l'amitié ! Rien de plus.

- NON ! Ce que je ressens pour lui va au-delà de tout cela !

- Arrête de mentir, Maëlly. Je te le redis : le mieux que tu puisses faire pour Edric, c'est de t'éloigner de lui.

Repars au Bénin et ne l'importune plus jamais parce que tu es toxique pour lui, tu es un poison dont il faut qu'il se débarrasse au plus vite avant que cela le ronge complètement. Arrête de lui pourrir la vie, Maëlly. Arrête ! Ça suffit !

- Vous êtes bien trop sévère avec moi ! Vous n'essayez même pas de me comprendre et lui encore moins.

- Sors de sa vie, Maëlly. Tu lui as fait assez de mal comme ça et je ne voudrais pas que cet amour à sens unique qu'il a pour toi le conduise, une fois encore, dans ses vices passés dont il s'est difficilement soustrait.


J'ai dû mal à comprendre ce qu'il vient de dire.


- De quoi est-ce que vous parlez ?

- De l'alcool et des prostituées !

- Mais je n'y suis pour rien !

- Oh que si Maëlly ! C'est à cause de toi, de son amour si fort pour toi, de tes moqueries incessantes, de ce mot " RATÉ" dont tu le qualifiais tout le temps qu'il s'est mis à boire excessivement et surtout qu'il s'est mis à fréquenter les prostituées. Avec elles, il se sentait supérieur, dominateur ; Sur elles, ils déchargeait à volonté toute cette colère qu'il avait contre toi, toutes les frustrations que tu rajoutais à son âme déjà tourmentée ; En elles, il pouvait satisfaire son envie de toi. Et quand il finissait de coucher avec elles, ils les obligeait à écouter cette histoire qu'il avait écrite pour toi, qui lui avait valu un prix littéraire mais que tu n'as certainement jamais lue !


Est-ce encore la peine de lui préciser que je l'ai lue ? Non... Je sens que je perds l'équilibre. Alors je me laisse choir sur le sol. De mes yeux, les larmes sortent sans effort.


-  Et malgré tout cela, malgré que tu l'aies toujours mal traité, il a tenu à te soutenir quand tu allais mal. Par amour, Maëlly ! Un amour que tu ne mérites même pas, selon moi… A présent, tu sais tout Maëlly. Alors, disparais de sa vie avant qu'il ne sombre à nouveau dans cette vie vicieuse. Je t'en supplie, Maëlly. Fais-le avant qu'il soit trop tard !


L'homme n'est plus là. Je regarde une dernière fois en direction de la chambre d'Edric, puis regagne la mienne en marchant telle une somnambule…


Les images du passé défilent devant mes yeux, qui continuent de pleurer. Je revois ces fois-là où j'ai humilié, insulté, nargué Edric... Je revois tous ces moments-là où il m'a épaulée... Je repense au roman et à tout ce qu'il a dit sur moi. Comment ai-je pu être aussi cruelle avec lui ?


Quelques heures plus tard.

Je viens d'entendre un bruit de porte à l'extérieur. Je me dépêche d'ouvrir ma porte. Ce doit être Edric.

Oui, c'est bien lui. Il vient de sortir de la maison. Je regarde la montre. Il est 2h.  J'ai comme un noeud dans la poitrine qui m'empêche de respirer. Tout cela ne présage rien de bon. J'ai vraiment peur pour Edric. J'ai vraiment peur qu'il retombe dans ses vices passés. Encore par ma faute.













ÂMES SOLITAIRES