Chapitre 57

Write by Auby88


Chanson intro du chapitre

" Grandir, c'est dire je t'aime - Natasha St-Pier


Quand viennent pleurer tes soirs de solitude

Quand l'absence d'amour vient détruire tes rêves

Tu ressens chaque jour l'ennui qui se lève

Ton coeur t'avait promis la lune

Il a la fièvre...


Qui peut grandir sans dire je t'aime

Et tout changer dans ses veines

Qui peut retrouver les gestes

Et tout l'amour qu'il nous reste


Qui pourra vivre ses réveils

Sans personne dans son sommeil

Laisse ton coeur être lui-même

Grandir, c'est dire je t'aime...


Tu as longtemps dormi sur tes chagrins

Mais un beau matin, tu te lèves enfin

L'amour qui t'a donné la vie, revient

Ton coeur t'avait promis la lune

Il la retient (…)


Mais il faut garder l'espérance

De ces matins où tout commence

Où tout commence, où tout commence (…)"


*******************


Edric MARIANO


Je regarde en continu le verre de whisky sec posé devant moi. Je devrais le boire, mais j'hésite encore. Parce que dès qu'il aura coulé dans mon gosier, je serai tenté d'en prendre encore et encore.

Tant pis ! Je me lance. J'ai besoin de tout oublier, jusqu'à l'existence de Maëlly. Alors d'un trait, j'avale le contenu du verre.


- Un autre, s'il vous plaît ! m'adressé-je au barman.

J'ingurgite mon deuxième verre à la vitesse de la lumière puis demande un troisième et ainsi de suite …


De retour à la maison.

En titubant, je tente d'ouvrir la porte d'entrée. J'ai du mal à insérer la clé. Est-ce l'alcool qui me fait voir trouble ? Ou bien me suis-je trompé de clé ? C'est la première hypothèse qui semble juste. Quel idiot, je suis ! (Rire)


Je viens de m'introduire dans ce qui semble être ma chambre. Je regarde de part et d'autre pour en être sûr. Oui, c'est bien ma chambre.

J'ai terriblement chaud malgré le courant d'air qui circule en continu dans la pièce. Alors, je laisse ma porte entrouverte.


Avec maladresse, je me débarrasse de ma chemise et m'apprête à ouvrir la braguette de mon pantalon quand je remarque que quelqu'un m'observe. Je me retourne aussitôt et aperçois une silhouette sur le seuil de ma porte. Je rabats mes paupières puis les rouvre pour m'assurer que je ne rêve pas. Non, je ne rêve pas. Il y a bien une personne devant moi qui me fixe à l'instant. Et c'est Maëlly FREITAS.  

- Je me suis fait un sang d'encre pour toi, Edric.


Je fais tout pour me libérer de son emprise, mais elle continue de me tourmenter. Putain ! Je la toise quelques secondes avant de lui répondre sur un ton moqueur.


- Miss Maëlly FREITAS. Comme vous pouvez le constater, je suis rentré entier. Alors, vous pouvez aller vous recoucher.

- Tu t'es encore remis à boire ?

- Oui. Et alors ?

- Je pensais que tu avais définitivement arrêté !

- En effet, j'y avais mis un terme. Mais ce soir, j'ai décidé de renouer avec mon bon vieil ami qu'est l'alcool. Il m'aide à me sentir tellement mieux, il me console quand je suis au plus mal. Alors pourquoi me priver de sa compagnie ?

- Tu te fais du mal, Edric, en agissant ainsi.

- Oh non, je ne me suis jamais senti aussi mieux que maintenant.


J'affiche un sourire béat en sa direction.

- Tu ne vas pas bien, Edric ! Tu ne vas pas bien... Je m'en veux tellement… Je suis désolée pour tout…Je suis sincère…. Il faut…


En parlant, elle avance vers moi. Tout ce que je vois à l'instant, c'est le corps nu de Maëlly offert à ma vue quelques heures plus tôt... Tout ce que je sens à présent, c'est que ma masculinité se réveille et que je ne pourrai pas la contrôler cette fois-ci... Tout ce que j'imagine, c'est une Maëlly apeurée collée contre le sol pendant que moi j'assouvis sauvagement mes bas instincts en elle. Non ! Ce ne doit jamais devenir réalité. Je ne me le pardonnerai jamais ! Non, je ne suis pas un violeur. Je ne l'ai jamais été et je ne le serai jamais !


- Reste bien loin de moi, Maëlly ! crié-je aussitôt.

- Il faut qu'on parle, Edric qu'on s'explique.

- Je n'ai rien à te dire. Va-t'en !

- Non, je n'irai nulle part.

- Va-t'en, je t'en supplie ! grondé-je. Va-t'en ou je ne réponds plus de rien, Maëlly.


Elle continue ses pas vers moi, tandis que je recule.


- Je sais que tu ne me feras jamais de mal !

- Tu ne me connais pas, Maëlly ! Tu ne sais pas ce dont je suis capable quand je suis dans cet état là. Alors, disparais d'ici ! C'est un ordre !

- Non, je…

Je saisis fortement son bras puis la fais sortir de ma chambre. Mon geste est si brusque qu'elle atterrit violemment sur le sol. Elle me fixe avec effroi. Je fuis son regard et m'apprête à fermer ma porte quand je remarque papa Delmundo et son épouse. Les yeux de l'homme croisent les miens et je lis de la déception sur son visage. Son épouse aide Maëlly à se relever. J'ai à la peine le temps de pousser ma porte pour la fermer que mon mentor me bouscule pour entrer à l'intérieur de ma chambre.


- Tu t'es encore remis à boire après toutes les efforts que tu as consentis pour venir à bout de ton alcoolisme et mener une vie saine !

- Il n'y a pas de quoi faire un drame. Je n'ai pris que quelques verres !

- Que quelques verres ? Tu t'es vu ? Tu tiens difficilement debout !


Je suis trop en colère actuellement pour entendre ses reproches.

- Je comprends que tu préoccupes pour moi. Mais je ne suis pas d'humeur à écouter tes remontrances. Je te rappelle que je suis un adulte.

- Un adulte immature oui, qui s'abandonne à ses vices dès qu'il a un problème...


Il continue de me gronder. Ses mots, même si vrais, m'agacent de plus en plus, attisent la colère en moi. Et le pire, c'est que j'ai l'impression d'entendre mon père.

- Ça suffit ! J'en ai assez de t'entendre.


Je viens de hausser la voix en m'adressant à lui.

- Tu baisses le ton quand tu t'adresses à moi, petit ! Sache que chaque fois que tu agiras mal, je me ferai le devoir de te rappeler à l'ordre. Sévèrement, s'il le faut !

- Tu te trompes si tu crois que je te donnerai encore ce plaisir.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Tu le vois bien ! Je m'en vais d'ici vers un endroit où je pourrai vivre ma vie comme bon me semble ! répliqué-je en jettant quelques vêtements dans ma valise.

- C'est sûr, tu as complètement perdu la tête ! Mais oui vas-y ! Je ne te retiendrai pas.

- Edric, ne fais pas ça ! intervient Maëlly.

- Mon fils, n'agis pas ainsi ! Je t'en supplie ! renchérit la femme de Delmundo.

- J'ai pris ma décision.


Je regarde tous trois une dernière fois puis saisis ma valise.

- Edric ! Ne t'en va pas ! S'il te plaît ! ajoute Maëlly en attrapant mon bras.

 

Ses yeux sont humides. Je la fixe droit dans les yeux et lui lance :

- Loin de toi, je me sentirai mieux. Bye !

- Edric ! crie-t-elle une fois encore.

- Laisse cet idiot partir, Maëlly ! lui suggère Papa Delmundo.


Je ne peux m'empêcher de regarder derrière, de contempler ma Maé une dernière fois. Je vois ses yeux tristes qui me font face et mon cœur se serre. Mais aussi poignant que ce soit, je me dois de partir de cette maison. Oui, je me dois de rester bien loin de Maëlly.


Quelques minutes plus tard.

Avec ma voiture, je longe la route des belles de nuit. J'ai besoin de satisfaire ma libido longtemps refoulée. Et je viens juste de repérer la pute parfaite. Je frotte les doigts en avance. (Sourire)



 *************

 

Maëlly FREITAS


Assise dans la salle d'embarquement de l'Aéroport international Martinique Aimé Césaire, je repense aux mots de la femme de Delmundo.


"… Je te crois, Maëlly, quand tu dis que tu ne t'es pas servie d'Edric et qu'il compte beaucoup pour toi. Parce que je suis une femme comme toi et j'ai pris le temps d'observer tes faits et gestes quand tu es avec lui. Il y a entre vous deux une alchimie indéniable qui pourrait déboucher sur une belle histoire d'amour. Mais la question est : Est-ce que tu l'aimes vraiment ?

C'est à cela que tu dois trouver une réponse. Questionne ton coeur même si tu le sais en chantier. Trouve la réponse et ainsi tu sauras si tu dois rester ou si tu dois partir..."


J'ai passé des jours à réfléchir sur la question. Et finalement, j'ai décidé de rentrer au Bénin. Nous nous sommes assez fait du mal, l'un à l'autre, Edric et moi.


Edric ! murmuré-je en contemplant le gros appareil qui m'emmènera loin de la Martinique.


 "Les passagers du vol… à destination de Paris sont priés de se rendre à la porte d'embarquement...".


J'ai subitement chaud. Je manque d'air… J'étouffe... Je ne sais pas comment l'expliquer mais je ne me sens pas bien. C'est comme si je manquais d'air. C'est comme si une partie de mon coeur, ou mon cœur tout entier était resté de l'autre côté, là-bas à Le Diamant. Et sans cela, je ne pourrai plus respirer comme avant. Que dois-je faire ?


"Les passagers du vol… à destination de Paris sont priés de se rendre à la porte d'embarquement…" ! entends-je dire à nouveau.


A présent, confiante et sûre de ma décision, je me lève et marche vers mon futur…


* *

 *

Quelques heures plus tard.

Je cogne contre la porte de la chambre d'hôtel. Je sais qu'Edric réside ici depuis quelques jours. La porte s'ouvre et il apparaît devant moi, le torse nu et un drap noué autour de la taille.

- Encore toi ! T'es plus qu'une colle ! me lance-t-il.


Je ne donne aucune réplique à son commentaire plutôt blessant.

 - J'ai besoin de te parler.

- On s'est déjà tout dit.

- J'insiste Edric.

- Non, Maëlly. Va-t'en d'ici.

 Je ne l'écoute pas. Je le feinte et réussis à me faufiler à l'intérieur. Je….


Les larmes me montent subitement aux yeux. C'est comme si une flèche venait de me transpercer en plein cœur. Mais je me retiens de pleurer.


Je détourne la tête. Je ne veux plus voir cette femme vulgaire à demi-nue qui me lorgne ouvertement en se rhabillant. Je n'ai pas besoin de plus détails pour savoir que c'est une professionnelle du sexe. Je me sens trahie, trompée. J'ai juste envie de m'en aller… Mais je ne le fais pas. Je ravale ma fierté. Je mets mon orgueil de côté... Pour Edric.


- Comme tu peux le voir, Maëlly, je suis occupé ! Alors le mieux, c'est que tu t'en ailles.


Je continue de fixer Edric sans dire mot.

- Attends ! intervient la prostituée. tu ne m'avais pas parlé d'un plan à trois.


Edric lui lance un regard froid.

 - Ah zut ! Ou bien c'est ta petite amie ?

- On ne t'a rien demandé toi. Finis de te rhabiller et dégage d'ici !

- Bah, mon chou. Pas la peine de t'énerver pour si peu. Donne-moi mon argent et je déguerpis d'ici.


Je n'ai qu'une envie, que cette femme disparaisse d'ici. Et surtout, je ne veux pas entendre le montant qu'il lui doit.


- Tiens, ceci devrait suffire ! dis-je en lui tendant de l'argent, qu'elle arrache presque de mes mains.

 - Tu n'aurais pas dû faire cela, Maëlly. C'est moi qui l'ai engagée et c'était à moi de la payer. Toi, rends-moi les billets. C'est bien trop pour juste…


Mes yeux toujours tristes croisent ceux d'Edric. Il ne continue pas sa phrase.

 - Je suis bien chanceuse aujourd'hui. Merci madame. Maintenant je vous le laisse. Vous devez avoir beaucoup à vous dire. Mon poulet, sache que tu peux m'appeler à tout instant. Ciao !

- Dégage vite d'ici !


La pute est partie. Je me laisse choir dans le canapé et garde mes yeux sur Edric.

- Cesse de me regarder ainsi, Maëlly !  Nous ne sommes pas ensemble, je te rappelle.

- Je vois.

- Mais dis, n'étais tu pas censée repartir au pays aujourd'hui ?

- Oui, c'était bien le cas. Mais j'ai finalement changé d'avis… A présent que tu sembles libre, peut-on enfin parler ?

- Tu me fatigues à la fin, Maëlly !

- J'ai pris la peine de venir jusqu'ici, alors prends au moins la peine d'écouter ce que j'ai à te dire.

- Écoute, je…

- Je t'en prie.

- Ok.

Il vient s'asseoir près de moi dans le  canapé.

- Ne le prends pas mal, Edric. Mais pourrais-tu d'abord prendre une douche ? C'est juste que je sens encore l'odeur désagréable de cette femme sur toi.


Il secoue la tête en me toisant, puis sans dire mot disparaît dans la salle de bain. En attendant qu'il revienne, je balaie la chambre du regard. Mes yeux tombent sur une boîte de préservatifs, posée au chevet du lit. Je me lève et vais la prendre… pour constater qu'elle est à moitié pleine. Je pousse un long soupir et inspire profondément pour réprimer les larmes qui me montent aux yeux.…


* *

 *

Environ une demi-heure plus tard. Edric et moi sommes en pleine discussion.


-… Si je ne suis pas partie, c'est parce que mon cœur est ici avec toi. Or sans mon cœur, je ne peux pas respirer.

- Tu me confonds de nouveau avec Eliad !

- C'est faux.

- Maëlly ! Ce n'est pas la peine de me faire croire le contraire. Je me suis assez nourri d'illusions avec toi. Maintenant, j'en ai assez !

- Je ne suis peut-être pas en mesure de te dire que je t'aime autant que tu m'aimes, mais il est certain que tu comptes beaucoup pour moi. Plus que tu l'imagines Edric !

- Arrête ton baratin ! Admets enfin que tu continues d'être obsédée par Eliad et laisse-moi tranquille !


Je secoue la tête.

- Dans quelle langue faudra-t-il encore que je te le dise, Maëlly ? Pourquoi continues-tu à me troubler autant ? Pourquoi ne me laisses-tu pas respirer enfin ?


Je plonge mon regard dans le sien et laisse échapper un :

- Parce que tu es l'homme de ma vie, Edric ! C'est à tes côtés que je veux être !

Il ricane puis va s'asseoir sur le lit, me fixant bizarrement. Il ne me croit pas, c'est évident.

- Tu ne cesseras jamais de m'étonner Maëlly FREITAS ! Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre comme bêtise de ta bouche ? Attends, ou bien tu penses que je t'en veux encore et alors tu cherches désespérément la meilleure manière de te faire pardonner ? Si c'est le cas, je te rassure. Je ne t'en veux point car tout ce qu'il y a eu entre nous relève du passé. Et tu n'as pas à avoir pitié de moi ou te sentir redevable !

- Mais je te dis la vérité, Edric. Je te dis ce que je ressens au plus profond de moi. Pourquoi refuses-tu de me croire ? Regarde dans le blanc de mes yeux et dis-moi si tu penses toujours que je te mens.


Il détourne la tête et se lève pour aller prendre une bouteille de liqueur.

- Tu ne comptes quand même boire en ma présence ?

- Que veux-tu que je fasse d'autre si tu ne veux pas t'en aller ?

- Ne fais pas ça, Edric. Je t'en supplie, Edric. En tout cas, pas pendant que je suis ici.


Il me répond en ironisant.

- Ok, tu as gagné. Je dépose ma bouteille et  je reviens m'asseoir sagement pour écouter tout ce qui sort de la bouche de miss Maëlly et qu'elle prétend être vrai.


Son attitude me révolte, mais je continue de garder mon calme. Je le fixe un instant avant de continuer.


- Ceci te fera peut-être changer d'avis sur moi, sur nous. C'est une vérité que je n'ai jamais dite à personne, que j'ai toujours cachée. Même à moi-même.

- Bof ! Je t'écoute.

- Nous étions trois, trois amis...

- Maëlly ! Ça ne sert à rien de ressasser le passé. Va droit au but pour qu'on en finisse une fois pour toutes. Parce que j'en ai marre que tu insistes autant.


Je baisse la tête quelques secondes avant de poursuivre.

- C'est dans le passé que tout a débuté, Edric. Alors, laisse moi m'exprimer sans m'interrompre à chaque fois.

- Bof ! OK.

- Nous étions trois amis. Moi, j'étais plus jeune que vous. Vous me considériez comme votre petite sœur et je me sentais si fière. Puis à l'adolescence, j'ai commencé à vous voir tous les deux différemment. C'est bizarre à croire mais j'avais des sentiments autant pour toi que pour Eliad.



**************


Edric MARIANO


Mais qu'est-ce qu'elle raconte encore ? Une histoire montée de toutes pièces, c'est sûr. Je ne devrais pas lui couper la parole, mais je le fais.


- Ça n'a aucun sens, Maëlly ! objecté-je. On ne peut aimer deux personnes à la fois.

- Pourtant cela existe ! Et ce fut mon cas. Vous aviez deux personnalités à la fois différentes et complémentaires. J'aimais autant Eliad que toi. Mais je ne pouvais continuer ainsi. Il me fallait à tout prix faire un choix. Et j'ai choisi le meilleur à mes yeux, Eliad MONTEIRO. Il était un élève modèle, promis à une brillante carrière d'architecte tandis que toi tu n'étais que le cancre, le pagailleur, le fauteur de troubles, le type qui avait tout le temps la tête dans des romans et jamais dans ses cahiers. J'étais certaine que tu ne serais rien d'autre qu'un RATÉ... J'ai donc commencé à construire mon monde, mes espoirs autour d'Eliad. Je me suis promis, oui j'ai juré que mes yeux ne seraient que sur lui, que jamais ils ne se poseraient sur toi à nouveau. Je me suis efforcée de tuer ce sentiment que j'avais pour toi.… Ça a été difficile, très difficile pour moi mais j'y suis arrivée. Ou plutôt j'ai cru y être arrivée. J'ai cru t'avoir définitivement ôté de mon cœur. Mais je me suis trompée. Je n'ai jamais réussi à t'oublier, Edric. Jamais. A chaque fois qu'Eliad me repoussait, mes pas me ramenaient vers toi, vers ta maison. Mais au lieu de laisser parler mon cœur, je me plaisais à t'humilier pour me convaincre que tu n'étais qu'un RATE et que je devais rester bien lon de toi... J'étais si perturbée par cet amour double que j'ai décidé d'aller voir une voyante pour qu'elle me décrive l'homme de ma vie. Ainsi, j'aurais moins de mal à faire un choix définitif. Malheureusement, elle m'a donné une description qui correspondait autant à Eliad qu'à toi ! De petits détails dont les initiales E et M. J'en étais bien consciente parce que je vous connaissais bien tous les deux. Je vous avais taquiné tant et tant de fois sur ces initiales que vous aviez en  commun. Cependant, j'ai une fois encore choisi de privilégier Eliad MONTEIRO, de me convaincre que c'était lui et non toi l'homme de ma vie même quand il me montrait que je ne l'intéressais pas et qu'il ne m'aimerait jamais... J'ai continué à me mentir, à m'accrocher désespérément à Eliad même si je sentais bien qu'il n'était pas le mien. Parce c'était toujours impossible pour la femme que j'étais, pour la grande, célèbre et hautaine Maëlly FREITAS de reconnaître qu'elle éprouve quelque chose pour quelqu'un qu'elle a toujours considéré comme un RATÉ...


Je passe la main dans mon visage. J'ai chaud tout d'un coup.


- ... Puis tu m'as tendu la main quand j'étais au plus mal, tu es resté avec moi malgré que je continuais à te rabaisser… Nous nous sommes peu à peu rapprochés et ce sentiment que je croyais finalement mort a refait surface... Oui, je me suis retrouvée une fois encore dans le même dilemme qu'avant avec toi et Eliad ici dans mon cœur. Sauf que cette fois-ci, j'ai décidé de te choisir toi. Je m'y suis certes mal pris mais j'ai essayé de te montrer que tu m'intéressais. J'étais également sûr que tu ressentais quelque chose pour moi, vu la manière dont tu étais aux petits soins pour moi. Malheureusement, tu as tout nié et tu m'as rejetée. Je me suis sentie tellement blessée, tu sais... Mais malgré tout, je suis là aujourd'hui Edric pour te dire que je t'ai choisi TOI et pas Eliad. Il fait partie de mon passé et toi de mon futur.

- Admettons que tout ceci soit vrai. Est-ce que tu penses qu'on se trouve dans un Kdrama, pour vouloir que j'adhère à ce triangle amoureux ? Dois-je te rappeler qu'une relation normale se passe juste entre deux personnes !

- Et c'est le cas, Edric. Je viens de te dire que je te choisis TOI !

- Parce qu'Eliad n'est pas là, parce qu'Eliad ne veut pas de toi… parce qu'il n'est plus une option pour toi. C'est tout !


Elle fait fermement NON de la tête.

- Non, c'est parce que c'est toi qui occupes actuellement mes pensées, parce que c'est toi qui se trouve ici dans mon cœur, parce que c'est toi qui me rends heureuse. Comme jamais auparavant. Toi et toi seul, Edric.

- Balivernes, Maëlly. Va convaincre quelqu'un d'autre !


Je me lève et lui fais dos. Je la sens debout derrière moi.  


- Pourquoi continues-tu de me rejetter, de ne pas me croire maintenant que tu sais tout. Je veux la même chose que toi, Edric : être très près de toi, jour après jour !… Nous sommes faits l'un pour l'autre, Edric. Nous sommes destinés à être ensemble… Tu es l'homme de ma vie... J'ai beau te fuir. Tout me ramène vers toi, Edric. Tout nous ramène l'un vers l'autre. Parfois inconsciemment. Comme ce jour là, ou tu m'as sauvée in extremis d'un accident.


- Ce n'était pas une coïncidence, Maëlly, répliqué-je en me retournant vers elle. Je n'étais pas là par hasard… J'étais revenu de la Martinique et J'avais appris que tu déprimais fortement. Mais je n'osais pas aller te voir chez toi parce que tu étais fâchée contre moi. Ce jour-là, j'ai appris que tu serais à la télévision. Alors je m'y suis rendu. J'ai attendu, espérant revoir ton visage, ne serait-ce qu'une derrière fois... Puis je t'ai vue sortir en vitesse... La suite, tu la connais.


Elle me sourit.

- Tu m'as sauvé la vie et tu es revenu après me sauver une fois encore après ma … tentative de suicide.

- Oui, Maëlly. J'ai vraiment eu peur de te perdre. Il me fallait à tout prix rester près de toi jusqu'à ce que tu retrouves goût à la vie. Je me suis arrangé avec tes parents pour te tenir compagnie à l'hôpital et même après l'hôpital.

- Ils le savent, n'est-ce pas ? Ils savent que tu as toujours eu des sentiments pour moi.

- Oui, Maëlly. Ils le savent… Je dois moi aussi te confesser quelque chose, quelque chose que j'ai faite dans le passé, que j'ai regretté par la suite et qui m'a fait culpabiliser vis-à-vis de toi...Eh bien, la veille de ton mariage avec Eliad, je suis allé le voir pour… pour le dissuader de t'épouser.

- C'était donc bien toi ? Pourquoi Edric ? Pour m'avoir humiliée autant ?

- Parce mon cœur se refusait de te laisser épouser Eliad et parce que je savais que vous seriez tous les deux malheureux, surtout parce qu'il ne t'aimait pas toi mais PAGE. Et tu en étais bien consciente, Maëlly ! Tu viens  toi même de l'admettre. Tu ne le sais peut-être pas mais il a fallu beaucoup de courage à PAGE pour pouvoir supporter Eliad, pour pouvoir dompter complètement son coeur malgré qu'il ressentait quelque chose pour elle. A sa place, tu aurais complètement sombré... A présent, tu devrais me détester davantage !

- Il est trop tard pour te détester. Trop tard pour te haïr parce que je ne te vois plus comme un adversaire, un ennemi. Plus du tout. Je veux être avec toi, Edric... Malgré tout.

- Je ne veux pas être à nouveau désillusionné, Maëlly ! dis-je en m'éloignant à nouveau d'elle.


Elle me suit.

- Je suis sincère, Edric. Je sais que je ne te mérite pas ton amour, je sais que j'ai plein de défauts, que je t'ai fait du mal par le passé. Mais tu crois que si je ne tenais pas à toi je serai restée après avoir vue cette fille ici, après avoir vue la boîte de préservatifs à moitié utilisée ?


J'ai honte de moi. Alors, j'évite de la regarder.


- Tu ne peux savoir combien j'ai eu mal, Edric. Je me suis sentie trahie, trompée tout à l'heure et pourtant je suis restée, j'ai laissé cette fille me narguer... Pour toi, Edric... Je ne suis peut-être pas en mesure actuellement de crier tout fort JE T'AIME, EDRIC mais je t'en supplie, ne me tourne plus le dos, tends-moi la main une fois encore. Et apprends-moi à t'aimer comme il se doit, Edric. Regarde-moi avec des yeux qui ne jugent pas… offre-moi tes bras qui savent me réconforter… montre-moi ce que ça fait quand quelqu'un t'aime vraiment… risque-toi pour moi une fois encore, accorde-moi ta confiance… JE T'EN SUPPLIE, EDRIC MARIANO.


Elle fléchit les genoux comme pour s'agenouiller. Je l'en empêche aussitôt et nettoie les larmes qui ruissellent sur son joli visage.

- Viens, ma Maé.

En parlant, je lui souris. Elle m'offre un frêle sourire.

Je lui dépose un baiser sur le front et la serre fortement contre moi. Puis nous nous regardons longtemps, nous nous sourions largement avant de laisser nos bouches se croiser et "s'imbriquer" l'une dans l'autre… Le plus naturellement possible... Avec une émotion sans pareille.… (Sourire)






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