Chapitre 57

Write by Jennie390

⚜️Chapitre 57⚜️


Yolande Otando 


Le peuple a réclamé une femme fo*lle ? Eh bien, le peuple a été servi ! Cette idée de me faire passer pour une fo*lle m'est passée par la tête, il y a plusieurs mois en arrière. C'était la seule façon de faire baisser la garde de ce sale chien. Vu qu'il était toujours sur ses gardes. J'ai juste attendu qu'une opportunité se présente à moi pour justifier la perte de ma raison. La disparition de mon bébé Mel est tombée à pic.


En réalité, savoir que Mélissa a disparu m'a donné de la force, de la volonté et un sentiment de n'avoir plus rien à perdre. Si j'ai supporté ma condition pendant tout ce temps, c'est parce que je ne voulais pas tenter quoi que ce soit qui pourrait porter préjudice à Mel. Mais quand j'ai réalisé qu'il n'avait rien à voir avec sa disparition et que lui aussi était désespéré qu'elle lui ait échappé, j'ai donc pris ma décision. Tout faire pour sortir d'ici et pourquoi pas, moi-même aller chercher mon bébé, dans l'infime espoir qu'elle soit toujours en vie.


Sachant qu'Émile n'allait pas gober une fo*lie subite, j'ai commencé à me comporter bizarrement petit à petit. Depuis plus de cinq à six mois. Des gestes, des paroles, des actions décousues, et ce, même quand il n'était pas à la maison parce que je savais qu'il y a des caméras de surveillance. J'ai commencé à me pisser dessus, à me cracher dessus et un peu partout. J'ai transformé ma chambre en une véritable poubelle. J'ai vu progressivement comment son regard vis-à-vis de moi changeait. Je me doutais bien que tôt ou tard il voudrait coucher avec moi, qu'il baisserait la garde quand il me croirait psychologiquement perdue. Et il était impératif que je sois prête lorsque ce jour arriverait.


Et les médicaments... Je ne me rappelle plus à quand remonte la dernière fois où j'ai bu des médicaments. Depuis plusieurs mois déjà, je gardais les comprimés qu'Émile m'apportait. Que ce soit pour les maux de tête, les maux d'estomac, le paracétamol, etc. Et il est arrivé à un niveau où ça ne l'intéressait plus que je les boive ou pas. Je les gardais derrière le petit meuble qui est près de mon lit. Dieu merci, il n'y a qu'une seule caméra dans ma chambre et elle est postée du côté opposé à ce meuble.


Depuis quelques jours, j'ai remarqué comment son regard sur moi a changé. Il me regardait avec des yeux pleins de lubricité. J'ai donc compris que le moment était arrivé, que très bientôt il essaierait de me monter dessus. J'ai alors pris le soin d'écraser les comprimés avec la cuillère qu'il m'apportait pour les repas. J'ai également ouvert les gélules en deux pour recueillir la poudre. Toutes les poudres mélangées, je les ai séparées dans plusieurs flacons vides. Une chance que la caméra de la chambre ne filme pas sous le lit, sinon il m'aurait vu faire ma préparation.


Il ne me restait plus qu'à jouer avec comme des voitures en priant qu'il ne cherche pas à les ouvrir. Ce soir, pendant qu'il faisait ses va-et-vient entre la cuisine et la chambre, j'ai profité de mettre le contenu de tous les flacons dans sa bouteille de vin. Ce n'est pas la peur de me faire attraper qui allait m'empêcher de le faire. Durant plus d'un an, je suis restée captive entre les griffes d'un psy*chopathe. J'ai saisi ma chance dès que l'opportunité s'est présentée. D'ailleurs, même s'il m'attrapait, ça n'aurait pas été grave, j'aurais cherché une autre solution une prochaine fois. Avant, j'avais quelque chose à perdre, mais aujourd'hui ? Il n'y a plus rien...


Je suis debout dans la chambre et j'observe son corps qui ne bouge plus. Je lui donne un autre coup de pied dans la gueule. Il ne bouge évidemment pas. Je sais qu'il n'est pas encore mort, mais ça ne saurait tarder avec le mélange de médicaments qu'il a consommé. Il y avait de tout : du paracétamol, de l'aspirine, du diclofenac, de l'ibuprofen, de Lexomil et tous les médicaments contre la dépression et l'anxiété. On parle là de plus de 200 comprimés, sachant qu'il y a des mélanges qu'il faut éviter, car ils peuvent nuire gravement à la santé. J'ai même cru qu'il allait remarquer le goût étrange. Mais apparemment, le vin a bien masqué le tout et vu qu'il avait les idées et les yeux sur moi en pensant déjà à comment il allait me sauter. Il n'a pas été vigilant.


—Espèce de cou*illon que tu sois ! dis-je en lui donnant un autre coup de pied.


J'entends le téléphone d'Émile qui sonne pour la troisième fois. Je regarde l'écran, c'est écrit "Chef de la Police ".


Ça m'intrigue.


—Pourquoi il l'appelle ? me demandé-je à moi-même. C'est bizarre.


L'appel s'arrête et je prends le téléphone. Je n'ai pas le mot de passe, donc je m'accroupis devant Émile et je pose son pouce sur l'écran pour déverrouiller avec son empreinte digitale. Un texto du même numéro arrive.


« J'essaye de t'appeler, mais tu ne décroches pas. Je voulais te dire que si tu te trouves dans ton domicile actuellement, dépêche-toi de déguerpir. Le petit procureur qu'on a nommé il y a quelques jours là, vient de délivrer un mandat d'arrêt contre toi, il y a moins d'une heure. Donc des agents de police sont en chemin vers ton domicile. C'est long à expliquer, mais pour le moment, disparaît. »


—La police vient l'arrêter ? Mais... pour quelles raisons ? Peu importe, il aura enfin ce qu'il mérite ! j'ajoute avec un petit sourire triomphant qui s'efface aussi vite qu'il est apparu.


Je regarde son corps étendu au sol et une idée me traverse l'esprit. Si la police vient ici et me trouve avec Émile dans cet état, que va-t-il m'arriver ? Même si je dis qu'il me gardait prisonnière, on ne me laissera jamais partir tranquillement, vu que le meurtre ou la tentative de meurtre est un crime, peu importe la raison. Il ne faut pas que la police me trouve ici. Un an en captivité. Je ne peux pas me retrouver en prison, hors de question ! Il faut que je me casse le plus vite possible. Mais je ne peux pas partir les mains vides.


Je me mets donc à fouiller rapidement dans la commode et les armoires de la chambre à la recherche de n'importe quoi qui pourrait me servir hors d'ici. En fouillant pendant quelques minutes, je finis par tomber sur mon passeport au fond d'un tiroir. Je le récupère et je sors de la chambre en vitesse après avoir donné un autre coup de pied dans sa gueule.


J'arrive dans son bureau qui en bas des escaliers. J'aurais bien voulu fouiller pendant un bon moment, mais je ne peux pas prendre le risque qu'on me trouve ici. Je fouille donc très vite dans les tiroirs à la recherche de je ne sais quoi. Je trouve un chèque à blanc et sans nom. Je le redépose.

 À quoi ça va me servir ? 


Je suis attirée par la lumière dans une pièce, toujours dans le bureau. En l'ouvrant, je me rends compte que c'est la salle de visionnage des caméras de surveillance. Je vois tout un meuble avec des CD rangés par date. Il y en a beaucoup trop, je ne peux pas tous les prendre. Je dois me repérer avec les dates.


—17 Avril 2023, c'est deux mois après notre mariage. J'étais déjà enfermée ici. Parfait ! 


Je prends donc le CD d'enregistrement de cette date et ceux des dix jours qui ont suivi. Je pense qu'on verra bien comment il m'a traitée. Je ne sais pas de quoi sera fait demain, donc il me faut emmener quelque chose qui pourra me protéger. Il y a une enveloppe posée sur le bureau d'Émile. Je la vide complètement et j'y mets les CD et mon passeport. Au moment de traverser la porte, je m'arrête subitement au seuil.


—Le chèque... Ça peut finalement me servir !


Je récupère le chèque à blanc dans le tiroir et je le mets dans l'enveloppe et referme le tout. Une fois dans le salon, je déverrouille la porte de la maison et je me retrouve dans la cour. Je regarde le portail et je me souviens qu'il est électrifié.


—Malade mental !, dis-je en retournant dans la maison en courant. 


Je me rends dans la pièce où il y a tout le gros système de sécurité de toute la maison. Je désactive le tout et je ressors encore en courant, le cœur battant.


—J'ai déjà trop duré ici, il ne manquerait plus que les agents là me trouvent ici! Ou pire que ce bâtard refuse de crever et qu'il vienne m'attraper.


Je suis tellement stressée que je parle seule comme une vraie fo*lle. J'aurais bien pris un véhicule pour m'échapper très vite, mais manque de pot, je ne sais pas conduire. J'ouvre le portail et je sors. La sensation est étrange, irréelle. Pendant une fraction de secondes, j'ai l'impression d'être en train de rêver. 


—Merci, Seigneur, fais-je avec la main sur le cœur. 


Mon cœur se serre et des larmes de joie me piquent les yeux. Je les refoule très vite. Ce n'est pas le moment de traîner. On ne va plus jamais m'enfermer, que ce soit dans cette maison ou même en prison. Je préférerais même me tu*er que de revivre la captivité comme un animal.


Je me mets à courir à vive allure jusqu'à ce qu'une voiture sortie de je ne sais où me renverse presque. Je me remets à courir lorsque j'entends le conducteur crier derrière moi.


—Attendez, Madame ! crie-t-il, ne partez pas.


Je m'arrête et le regarde à nouveau. Il essaye de s'approcher de moi, mais je recule. Émile a tellement de gens qu'il soudoie, que ça pourrait être quelqu'un qui m'a reconnu et qui veut me ramener à la maison, mais c'est hors de question. Je veux me remettre en mouvement lorsqu'il parle à nouveau.


—Landry ! dit-il, subitement. Vous connaissez Landry et Hortense Ratanga, n'est-ce pas ? Ce sont des amis à moi.


Hein? Les Ratanga? Mais...


Je ne dis rien, mais je suis surprise que cet homme que je n'ai jamais vu me parle des Ratanga. Comment il sait que je les connais ? Ils lui ont parlé de moi ? Je suis confuse. Il met la main dans sa poche pour sortir son téléphone, mais je me tiens sur le qui vive. Je regarde autour de moi comme une parano, priant pour que ce ne soit pas encore un piège d'Émile. Il m'a tellement prouvé à plusieurs reprises qu'il avait toujours une longueur d'avance sur moi. 


—Écoutez, je veux passer un coup de fil, dit-il en manipulant son téléphone. Ne fuyez pas, s'il vous plaît.


Je comprends qu'il a mis l'appel en haut-parleur lorsque j'entends une personne parler à l'autre bout du fil.


—Oui, allô, dit une voix masculine pleine de sommeil. Loïc, que me veux-tu à cette heure-ci ?


—Peu importe ce que tu es en train de faire, ajoute l'homme pas loin de moi. Dépêche-toi de sauter dans ton véhicule et viens me retrouver à la sortie de ton quartier.


—Quoi ? Mais que fous-tu dans mon quartier à une heure pareille ? Tu ne...


—Landry ! Je n'ai pas le temps de beaucoup discuter au téléphone. Je veux te voir ici dans les deux minutes qui suivent ! Devant moi, à l'heure actuelle, je n'ai ni plus ni moins que Yolande.


—Quelle Yolande ?


—Yolande Otando...


L'interlocuteur éclate de rire...


— Vu l'heure, je suppose que tu étais en boîte, réplique-t-il, amusé. C'est uniquement l'alcool que tu as consommé ou alors, tu as ajouté des feuilles hallucinogènes ?


—Landry, je ne suis pas en train de rigoler ! sur un ton à peine calme. Dépêche-toi de ramener tes fesses ici!!


Petit silence...


—Attends, tu es sérieux là ?


—Évidemment que je ne rigole pas ! Fais vite !


Il raccroche.


—Vous pouvez venir attendre dans la voiture, l'arrivée de Landry.


Dans sa voiture ? C'est écrit stupide sur mon front ?


—Vous devez vraiment me prendre pour une co*nne si vous pensez que je vais monter dans votre voiture, sachant que je ne vous connais pas. Et d'ailleurs, rien ne me dit que vous parliez réellement avec Landry Ratanga.


—Mais pourtant vous l'avez entendu répondre quand je l'ai appelé par ce prénom.


Que fais-tu ici, Yolande ? me dit une petite voix au fond de moi. Tu as vu des vertes et des pas mûres avec Émile. Il t'a montré que tout était possible quand il y a de l'argent. Même si au téléphone, c'était vraiment Landry Ratanga, le frère d'Hortense, rien ne te dit pas qu'il ne sera pas du côté d'Émile. Et jusqu'à preuve du contraire, Richard Izangault, le mari d'Hortense, est un ami d'Émile. Toi-même, tu as vu comment son ami Eduardo, le manager de l'hôtel au Mexique, était du côté d'Émile malgré toutes les horreurs qu'il t'a fait vivre. Tout ça à cause de l'argent. Donc qui te dit que ses amis ici au Gabon, Richard et Vincent, seront différents ? Tu ne peux pas te faire avoir une fois de plus.


—Ouais, c'est ça ! dis-je en me remettant à courir. On m'a déjà mordu une fois, j'ai retenu la leçon !


—Yolande, attendez !


Cette fois-ci, je ne m'arrête pas, mais je l'entends hurler derrière moi au loin.


—Mer*de ! Elle se tire!


Je cours en serrant mon enveloppe dans ma main. Au bout d'une minute, j'entends le bruit d'une voiture. S'il me poursuit en voiture, il va vite me rattraper ! Je réussis à sortir du quartier. Je cours maintenant en pleine rue. Il se fait tard, il n'y a personne sur la route et les voitures qui passent sont rares. La voiture de cet homme me dépasse avant de me barrer le chemin. Il descend du véhicule.


—Écoutez Yolande...


Landry Ratanga


Quand mon appel téléphonique avec Loïc s'arrête, je bondis du lit. C'est un emmerdeur, mais jamais il ne m'appellerait pour me faire une telle plaisanterie. Et je sais qu'il tient parfaitement l'alcool, c'est difficile qu'il soit saoul. J'enfile à la vitesse de la lumière, un bas de survêtement, un tee-shirt et des babouches. J'attrape la clé de mon véhicule et mon téléphone avant de quitter la maison comme si j'avais le feu aux fesses. Une fois derrière le volant, j'appuie sur l'accélérateur et je file dans le quartier. Au bout de deux minutes, je vois deux voitures de police qui passent près de moi. À cet instant, je pense à Émile Biyoghe. Avec un peu de chance, c'est là-bas où ils partent. Chez ce chien.


Je reconcentre mes pensées sur Yolande. Je rappelle Loïc et il me dit qu'ils ont quitté le quartier et que Yolande court dans la nuit aussi vite qu'une championne olympique. J'appuie davantage sur l'accélérateur jusqu'à ce que j'aperçoive de loin la voiture de Loïc. Ce dernier est devant le véhicule et il y a une femme qui se tient à une certaine distance. À cause de l'éclat de mes phares, la femme tourne la tête dans ma direction. Plus je me rapproche, plus je reconnais son visage. Mon cerveau beug pendant une fraction de secondes.


—Comment a-t-elle fait pour sortir de cette maison ? me dis-je à moi-même.


Je descends du véhicule sans arrêter le moteur quand Yolande me voit. Elle veut fuir, mais Loïc la retient. Elle lui mord fortement la main et lorsqu'il la lâche, elle déguerpit en courant. J'arrive devant Loïc.


—Elle a voulu m'arracher la peau ! hurle-t-il.


—Toi aussi, tu ne pouvais pas l'attraper plus fort pour qu'elle ne s'échappe pas? je demande, affolé. Tu sais qu'on ne peut pas se permettre de la perdre.


—Tu es aveugle ou quoi ? me répond-il en me toisant. Tu n'as pas vu comment elle a sorti les crocs sur moi ?


—Genre ce sont les dents qui te font peur ?


—Pardon ! Va plutôt la rattraper, moi, je suis déjà fatigué avec tout l'alcool que j'ai ingurgité ce soir.


Je remonte dans mon véhicule et je file. C'est une chance que nous soyons au niveau d'un carrefour, en pleine ville. Elle n'a nulle part où se cacher et la rue est libre, elle ne trouvera pas facilement un taxi. Je finis par l'apercevoir qui continue à courir. 


—Elle ne se fatigue pas? Regarde la distance qu'elle a courue depuis notre quartier jusqu'à ici et à quelle vitesse ? 


Elle court vraiment comme quelqu'un qui sort de l'enfer et qui ne veut pas y retourner. Je finis par la dépasser et lui barrer le chemin comme Loïc avait fait avec son véhicule. Au moment où je m'apprête à descendre, elle n'attend même pas que je pose le pied au sol, elle se retourne et se met à courir dans l'autre sens. Elle a l'air très affolée et désespérée. Je cours assez vite, donc je la rattrape en un rien de temps.


—Yolande, attends! dis-je en attrapant son bras à la volée. Attends un instant, je ne te veux aucun mal, au contraire.


—Lâche-moi ! hurle-t-elle. Vous n'allez pas me ramener là-bas. Plutôt mourir !


—Personne ne te ramène nulle part, écoute-moi...


—Je t'ai dit de me lâcher !


Elle devient totalement hystérique, elle se débat, elle crie, elle me griffe !


Elle est atteinte de rage?


Quand ma patience s'envole, je lui tiens fermement les deux mains.


—Maintenant ça suffit ! 


Je gronde littéralement, elle tressaillit et s'arrête subitement. Elle a les yeux rouges, ça se voit qu'elle est sur le point de pleurer. Désespérée.


—Je t'en prie, laisse-moi partir. Je préfère mourir aujourd'hui que de repartir dans cette prison. Je ne sais pas si c'est lui qui vous a envoyé, mais il te faudra me tu*er avant de me ramener là-bas.


—Je ne te ramène pas chez Émile, Yolande.


Elle me regarde de travers.


—À aucun moment, je n'ai cité son nom, donc comment tu sais que je parle de lui? C'est trop louche. Comme par hasard, cet homme et toi, vous vous retrouvez à me poursuivre dans la rue à une heure très avancée de la nuit. Et je garde en tête, que ton beau-frère et Émile sont amis. Donc, vous n'ignorez pas ce qu'il m'a fait subir.


—Je...


Sans que je ne m'y attende, elle me donne un coup de genou dans les bijoux de famille. La douleur est subite et trop forte, alors, je lâche ses mains. Et sans surprise, elle se remet à courir.


—Putain !, hurlé-je en me tortillant ! Tu étais obligé de me frapper à cet endroit ?Yolande, ce n'est plus drôle du tout. Je commence à vraiment perdre patience.


Je serre la mâchoire, hautement agacé avec les coui*lles en feu. Je remonte dans mon véhicule. Je la rattrape très vite. Je saute pratiquement hors du véhicule et j'attrape son poignet. Elle hurle, toute agitée.


—Laisse-moi tranquille ! Mon Dieu ! Je suis fatiguée, j'ai trop subi. Je mérite de souffler !


—Je sais que tu en as bavé.


Je finis par la serrer fort dans mes bras en bloquant ses bras pour qu'elle arrête de s'agiter. Elle veut lutter davantage, mais finalement, elle abandonne. Sa voix se brise. Les larmes contenues coulent. 


—Non, tu ne sais pas à quel point ! Tu n'as aucune idée de ce qu'a été ma vie depuis que je me suis mariée. Je suis épuisée, je n'en peux plus de tout ça.


—Si, je t'assure que je sais. Voilà pourquoi je te demande de me faire confiance. Je ne veux vraiment aucun mal. 


Elle pleure désormais à chaudes larmes. Je resserre mes bras autour d'elle, ça me fait mal de l'entendre pleurer ainsi. Elle sort vraiment d'un enfer, la pauvre.


Au bout de quelques minutes, ses pleurs s'arrêtent et elle se détache de moi, mais je tiens toujours son poignet pour éviter qu'elle ne s'enfuit à nouveau.


Elle plonge ses yeux dans les miens.


—Si vraiment, tu ne me veux aucun mal, laisse-moi partir, s'il te plaît, dit-elle doucement. Fais comme si tu ne m'avais pas vu.


—Je ne peux pas te laisser partir parce que s'il y a quelqu'un avec qui tu es en sécurité, c'est bien moi. Je suis de ton côté.


Elle ouvre la bouche pour répondre, mais elle ne dit plus rien. Je vois dans son regard qu'elle n'a pas confiance. C'est normal, on ne pourrait pas lui en vouloir après ce par quoi elle est passée. Quand tu as vécu dans les mailles du filet du Prince du Mal, même des rats, tu dois te méfier parce qu'ils peuvent aussi être des espions.


Je sors mon téléphone de ma poche et je compose un numéro et je le mets en haut-parleur.


—Tu appelles qui ?


Je ne lui réponds pas. La personne décroche au bout du fil.


—Hello...


—Hello Bridget! Sorry to bother you at this time of the night but I want you to wake the little princess up and hand her the phone please. It is extremely important! (Salut Bridget! désolé de te déranger à cette heure de la nuit mais je veux que tu réveilles la petite princesse et passe lui le téléphone s’il te plaît. C’est extrêmement important! )


—Ok, I do it right away! (Ok, je le fais tout de suite)


—Thank you!


Pendant qu'on patiente Yolande veut retirer son poignet que je n'ai toujours pas lâché. 


—Tu... Tu as appelé qui?


—Attends, tu sauras.


Elle me lance un regard plein d'appréhension, de peur. Puis une voix remplie de sommeil retentit à l'autre bout du fil.


—Alloooo... Landry? fait la petite voix de Mélissa.


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