Chapitre 58

Write by Jennie390

⚜️ Chapitre 58⚜️


Yolande Otando


Mon cœur bat tellement fort que j'ai l'impression que d'une minute à l'autre, il va sortir de ma cage thoracique. Malgré la vitesse à laquelle j'ai sprinté, Landry a tout de même réussi à me mettre la main dessus. J'essaye de retirer mon poignet, mais il le tient bien trop fort. Quand il sort son téléphone pour passer un appel, je retiens ma respiration, le cœur plein d'appréhension. Si je me retrouve encore ce soir entre les quatre murs de la maison d'Émile, je chercherai désormais un moyen de m'ôter la vie. Il est hors de question que je sois encore enfermée comme un animal.


Je l'entends parler en anglais avec une voix féminine, mais à part les mots très basiques, je ne m'y connais pas dans la langue de Shakespeare. Je lui demande à qui il téléphone, il ne me répond pas, évidemment. Puis subitement, j'entends une petite voix qui m'est familière, très familière.


—Alloooo... Landry?


Mon corps tout entier se fige.


—Oui Meli, comment vas-tu ?


—Bian, Landry. Tu vas... venir ?


—Oui ma chérie, je vais venir demain matin. Je vais t'apporter du gâteau, du yaourt et une groooosse surprise. D'accord ?


—Oui.


—Voilà. Maintenant, tu peux retourner te coucher. Je voulais juste te parler un peu. Passe le téléphone à Bri. À demain.


—Demain...


—Yeah Mister Landry.


—Bridget, could you please take a little video of Mélissa right now and send it to me. I'm waiting. (Bridget, pourrais-tu, s'il te plaît, prendre une petite vidéo de Mélissa tout de suite et me l’envoyer. J’attends).


—Euhh...ok!


—Thank you. Good night.


Il raccroche et je suis toujours debout à le regarder avec incrédulité. Je suis sûre et certaine de ne pas avoir rêvé, c'était bien la voix de mon bébé.


—C'était Mel, dis-je, la voix tremblante. Mélissa ?


—Oui, c'était Mélissa. Elle n'a pas disparu. Bon en théorie, si, mais elle est avec nous.


Je suis sans voix, plusieurs questions fusent dans mon cerveau. Je ne sais même pas laquelle je vais commencer à formuler. Son téléphone émet un son, puis il le manipule un instant avant de me le tendre. Je regarde une vidéo de Mélissa assise sur un lit, vêtue d'un pyjama coloré. Elle boit de l'eau et dépose le verre sur le chevet à côté d'elle. Elle parle à quelqu'un, mais je ne vois pas qui est son interlocuteur. Elle sourit à la vidéo et s'allonge en serrant une peluche avec un visage apaisé. Elle a l'air en bonne santé, heureuse...


Landry récupère son téléphone et les larmes me montent aux yeux avant de rouler sur mes joues. Je ne pensais plus avoir de ses nouvelles. Mon bébé...


—Bon comme tu as pu le remarquer, Mélissa va très bien. On prend bien soin d'elle. Tu n'as pas à t'inquiéter.


—Je veux la voir...


—Oui, tu vas la voir, mais pas ce soir.


—Je veux la voir tout de suite.


—Malheureusement, ce n'est pas possible. Elle se trouve dans une maison qui est hors de Libreville. Figure-toi qu'on doit traverser la nationale 1 et de nuit, ce n'est pas recommandé. Donc, on va devoir patienter que le jour se lève et je vais t'y emmener, je te le promets.


—Et entre temps, je vais faire quoi? Rester ici debout à attendre que le foutu soleil se pointe ? Je ne peux pas perdre de temps ici pendant que ma sœur est, je ne sais où et avec qui? Rien ne me dit qu'elle est en sécurité.


—Sur la vidéo, elle avait l'air maltraitée ? me demande-t-il, en roulant presque des yeux. Tu as remarqué la moindre trace de souffrance sur elle ? Dans ses gestes ?


Non, au contraire, elle avait l'air très à l'aise. Les traits du visage détendus, sans le moindre signe de stress ou de peur.


—Elle avait l'air bien...


—Elle n'en a pas seulement l'air, elle se porte bien Yolande. On prend bien soin d'elle.


—C'est qui on? Pourquoi vous l'avez kidnappé ?


—Je vais répondre à toutes tes questions, mais pour l'instant, on doit dégager d'ici. Ce n'est pas une bonne idée de rester là sur la route.


—Je ne vais nulle part avec toi.


—Quoi, tu veux que je te laisse ici pour que ton mari te retrouve ? me demande-t-il avec sarcasme.


La pression remonte dans mon corps en flèche. C'est vrai que ce n'est pas sûr de rester ici. Mais est-ce que je peux faire confiance entièrement à Landry ? Parce que jusqu'à preuve du contraire, on ne se connait pas bien. Émile m'a déjà prouvé qu'il a tellement de tours dans son sac que j'ai peur de faire confiance aveuglément et la minute d'après, je serai de retour chez mon geôlier. L'argent achète les consciences et enterre les principes moraux. Voilà l'une des choses que j'ai retenues en vivant avec Émile. Même tes proches, parents ou amis peuvent te vendre demain.


Toutefois, je dois reconnaître qu'en plongeant les yeux dans ceux de Landry, je ne vois aucune malice, aucune intention malsaine cachée. Même si c'est vrai que beaucoup de gens dissimulent très bien leurs vraies intentions. Émile n'était-il pas l'homme parfait avant notre mariage ? Si à cette époque, on m'aurait dit que c'était l'un des pires psy*chopathes que la terre ait jamais portés, j'aurais rigolé jusqu'à m'en fendre les cordes vocales. Il s'est présenté comme l'homme fait de sucre et je n'y ai vu que du feu. Et s'en est ensuivi une année et demie pendant laquelle il m'a montré le vrai piment.


Mais Landry a Mélissa et elle m'avait l'air tellement bien portante et sereine que je ne pense pas qu'il lui ait fait du mal. Je vais évidemment rester sur mes gardes, mais pour l'instant, je n'ai d'autre choix que de coopérer avec lui pour qu'il m'emmène voir ma sœur. Une voiture gare près de nous et le compagnon de Landry qui m'a poursuivi tout à l'heure sort du véhicule.


—Ah tu as finalement mis la main sur elle, à ce que je vois, dit-il en me regardant. C'est ton psy*chopathe de mari qui t'a appris à mordre les gens ?


—Effectivement! Il m'a montré ce qu'il faut faire quand j'ai quelqu'un qui me tape sur le système. 


—Tu te...


—Euh s'il vous plaît, merci de reporter cette charmante discussion à plus tard, intervient Landry. Yolande, je te présente Loïc, un très bon ami à moi, très fiable. 


—Fiable à quel point ? 


—En situation de danger, je remettrai sans réfléchir ma vie entre ses mains. Donc considère-le comme un allié.


—En tout cas! Maintenant, que fait-on ?


—Bah on va quitter la rue, on ne sait jamais ce qui peut nous tomber dessus. Je t'aurais bien emmené chez Hortense, mais vu qu'elle vit dans le même quartier qu'Émile, c'est donc une très mauvaise idée. On ne peut pas aller chez Paul non plus, vu que nos domiciles respectifs peuvent être sous surveillance. Donc, la seule solution c'est de trouver un hôtel au centre-ville et d'y rester jusqu'au matin.


Je le regarde de travers. Je me méfie de chaque situation. C'est Émile qui m'a rendu parano comme ça.


—Genre, je vais aller dormir dans un hôtel avec deux hommes. Moi, une femme seule.


—Et tu crois qu'on va te faire quoi? demande Loïc en me toisant.


—Tout et n'importe quoi, je réplique. Ça a commencé comme une histoire de sauvetage et bam à l'hôtel, l'esprit embrumé, vous pouvez essayer de me toucher, de me... Surtout que toi, tu sens l'alcool à plein nez. Donc, je préfère qu'on monte dans le véhicule, on roule jusqu'à un endroit sûr et on attend que le jour se lève. Pas d'hôtel, pas de chambres...


—Euh...tu sais que les gens ne font pas ça qu'à l'hôtel, n'est-ce pas ? demande Landry en me regardant. Donc, si on veut te toucher et te..., même dans la voiture, on le fera. Je t'assure que damer sur la banquette arrière d'un véhicule, c'est le pied. 


Il parle en me fixant droit dans les yeux. J'ai les joues en feu. Je détourne le regard et je vois cet idiot de Loïc qui se tord de rire. 


—Ah Landry, tu es vraiment malade, man !


—Tu viens avec nous ou tu rentres chez toi ? demande Landry en montant dans son véhicule.


—J'ai trop bu ce soir, j'ai besoin de repos, réplique Loic. Je vais rentrer chez moi. On s'appelle demain matin.


—D'accord. Bon Yolande, tu montes ou pas ?


J'entends Loïc qui éclate de rire encore. Je bouscule la tête et je monte dans le véhicule qui démarre juste après.


Un reste un moment silencieux sans parler. Puis, il prend la parole.


—Comment tu t'es échappée ?


Je préfère ne pas dire que j'ai peut-être tué Émile. Je dois faire attention.


—Je n'ai pas envie de parler de ça. Du moins pas ce soir.


—Comme tu veux, répond-il après m'avoir observé un moment.


Son téléphone sonne et il décroche en mettant le haut-parleur.


—Oui, Hortense.


—Je suis passée dans ta chambre, mais je ne t'ai pas trouvé. C'était pour te dire qu'un mandat d'arrêt contre Émile Biyoghe a été délivré ce soir.


—C'est une excellente nouvelle.


—C'est vraiment la nouvelle du siècle. Le procureur a fait un bon boulot. C'est une chance que ce ne soit pas un corrompu.


—Yes. On a misé gros en lui remettant les enregistrements. Mais Dieu merci, il a été honnête.


—Oui. Et avec un peu de chance, Yolande sera libre aujourd'hui. Elle pourra enfin revoir sa sœur.


—Elle est déjà libre, dit Landry en me regardant. Elle verra sa sœur demain.


J'écoute leur conversation en silence et mon cœur s'apaise. Ils ont vraiment bosser pour nous sauver, Mélissa et moi ? Sans qu'ils n'aient le moindre lien de parenté avec nous ?


—Euh... C'est une blague ?


—Bah non. Elle a réussi à s'échapper. C'est Loïc qui l'a trouvé sur la route en train de jouer à Usain Bolt dans la rue. Il m'a appelé. 


—Incroyable ! Et elle va bien ?


—Physiquement, elle a l'air d'aller bien. Mais psychologiquement, elle est perturbée. Enfin, sur le qui vive, quoi.


—Ouais je vois. Mais bon, je suppose que c'est normal après ce par quoi elle est passée. Elle ira bien en voyant sa sœur.


—Oui oui. Bon, je vais rester avec elle dans un hôtel, dit Landry. Dès que les premiers rayons de soleil apparaîtront, je l'emmènerai voir Mélissa.


—Oui, c'est mieux. On ne sait pas si nos domiciles sont surveillés. Il y a mandat d'arrêt contre Émile, mais tant que je ne le saurai pas derrière les barreaux, je ne serai pas en paix.


—Je pense pareil. Bon, on s'appelle demain matin.


—D'accord. Bonne nuit.


Il met fin à son appel.


—Vous avez récolté des preuves pour faire incarcérer Émile ?


—En gros, oui.


—Comment vous y êtes parvenu ? Et surtout pour quelles raisons ? Je croyais que ton beau-frère était ami avec Émile.


—Il l'était, mais plus maintenant. Écoute, je sais que tu dois avoir beaucoup de questions. Mais demain, on ira voir Mélissa et tout le monde va nous rejoindre là-bas. Tu pourras poser toutes tes questions. On te dira tout en détail. Nous sommes tes alliés, pas tes ennemis, donc baisse la garde. Tu comprends ?


Je hoche la tête. Et nous arrivons à l'hôtel. À la réception, Landry prend une chambre avec deux lits. On entre dans la chambre et Landry s'affale directement sur l'un des lits. Moi, je n'ai pas sommeil, je fais les cent pas dans la chambre. Je veux juste que le soleil se lève et que je puisse aller voir Mel.


—Tu tiens cette enveloppe depuis tout à l'heure, comme si ta vie en dépendait. Que contient-elle ?


—Une garantie. Mon assurance-vie.


Il lève les sourcils, ne comprenant certainement pas de quoi je parle, mais il ne pose plus la moindre question. Et c'est tant mieux, je n'ai pas envie de parler.


—Il est quelle heure ?


—Quatre heures trente. Essaye de te reposer un peu. Très tôt le matin, on va s'en aller. Ce n'est pas en restant debout que le temps s'écoulera plus vite. Si tu ne veux pas dormir, assieds-toi ou allonge-toi tout simplement pour détendre tes muscles.


Je hoche la tête. Je m'assois sur le lit et Landry s'endort quelques minutes plus tard. Je l'observe. Je suis méfiante, mais avec lui, j'ai l'impression que je peux baisser complètement la garde. La fatigue finit par s'emparer de moi et je sombre également dans le sommeil.


 Landry Ratanga 


J'ai toujours un sommeil très léger, donc je finis par me réveiller. Je regarde ma montre, il est cinq heures quarante-cinq. J'ai quand même dormi plus d'une heure tellement j'étais épuisé. Je regarde Yolande, elle est allongée sur son lit , recroquevillée comme un fœtus. Elle a l'air plus détendue dans son sommeil. Le Prince des Ténèbres, n'a pas pu éteindre sa lumière, elle est toujours aussi belle. Même si c'est vrai qu'elle a perdu du poids.


À 6 h 40, j'appelle le service des chambres pour demander des brosses à dents neuves et du dentifrice. Je me lave le visage, me brosse les dents, puis je quitte la chambre en fermant la porte à clé. Il y a une boutique de vêtements dans l'hôtel. J'achète un legging, un tee-shirt et une paire de baskets blanches et une brosse à cheveux pour Yolande et des vêtements pour moi. Je retourne dans la chambre, Yolande dort toujours. C'est quand la dernière fois où elle a pu dormir paisiblement ?


Le room service monte un petit déjeuner. Je mange et je laisse la part de Yolande. Elle finit par se lever vers 8h.


—Il est quelle heure ?


—Bonjour Yolande. Il est 8h. Bien dormi ?


—Euh bonjour...Il est tard, pourquoi tu ne m'as pas réveillée? On devrait déjà être en route pour aller voir Mel.


—Prend une douche. Mange quelque chose et on s'en va.


—Je peux partir habillée comme ça, ce n'est pas un soucis.


—T'es-tu regardée ? je demande, amusé. Est-ce que je dois te rappeler que tu es habillée en pyjama ? Et tu as vu tes cheveux ? On dirait un nid d'oiseaux. Tu ne feras qu'attirer l'attention sur nous.


Elle se regarde puis passe une main dans la termitière qu'elle a sur la tête.


—Je me suis échappée, je ne pouvais pas chercher à m'habiller convenablement et à me coiffer, marmonne-t-elle.


—Je t'ai acheté des vêtements dans le magasin en bas.


Elle se lève et touche les habits et les chaussures.


—Comment tu as deviné ma pointure pour les baskets ?


—J'ai regardé les babouches que tu avais aux pieds.


—Ah ok. Merci.


—De rien. Au moins, quand tu vas décider de te mettre à courir partout comme une championne olympique du 100 mètres, au moins tu auras des chaussures adaptées.


Elle pouffe de rire.


—Championne olympique, répète-t-elle en riant. Tu es très bête. Bon, je vais me doucher, merci encore.


—Je t'en prie.


Elle s'enferme dans la salle de bain puis ressort un peu plus tard, déjà habillée et peignée. Elle prend place autour de la table.


—Salade de fruits, viennoiseries, omelettes, café, lait, thé, dit-elle. Ce n'est pas un peu trop pour deux personnes ?


—Je ne savais pas de quoi tu aurais eu envie, donc j'ai pris un peu de tout.


Elle m'observe un moment sans rien dire, puis elle se met à manger. Ses yeux se posent sur sa fameuse enveloppe. Elle la récupère et revient s'asseoir. Elle en sort un papier qu'elle me tend. Je me rends compte qu'il s'agit d'un chèque à blanc d'Émile Biyoghe sans bénéficiaire.


—Tu l'as pris en partant ?


Elle hoche la tête.


—Tu veux te dédommager pour toute la période de souffrance ?


—Je le mérite ou pas?


—Tu le mérites, mais ça n'effacera pas ce que tu as vécu. Le traumatisme, etc. Ça ne te fera pas te sentir mieux.


—Je sais, mais j'ai besoin d'argent pour recommencer à zéro. Mon institut de beauté que j'ai vendu, le travail de toute une vie. Il avait confisqué cet argent. Je mérite ce frique et bien plus.


—D'accord. Mais si tu veux encaisser ce chèque, il faut le faire le plus tôt possible. Même avant qu'on aille voir Mélissa. De cette façon, tu pourras le mettre en sécurité. Avec Le Prince du Mal, il faut s'attendre à tout.


Elle bouscule la tête, amusée.


—Tu n'aurais pas pu trouver un surnom plus exact, réplique-t-elle. Il nous faut un stylo.


J'appelle la réception et je reçois un stylo quelques minutes plus tard.


—Euh, tu devrais écrire, dit Yolande. J'ai les doigts engourdis.


—Non, toi-même, écris. Je suis médecin et on n'a pas la réputation d'avoir de jolies écritures. Mais assure-toi de ne faire aucune erreur.


Elle écrit pendant un moment et me tend le chèque. Je manque de m'étouffer en voyant le montant inscrit.


—Tu es sérieuse là ? Deux cent cinquante millions ? Plus le montant est trop important, plus la banque peut chercher à contacter le propriétaire du compte pour une confirmation. Tu ne veux pas qu'Émile sache que tu veux lui prendre de l'argent quand même ?


—Non mais...bon, de toute façon, je ne peux plus effacer.


—Je suppose que si tu réussis à retirer une telle somme, il sera au bord de la faillite.


—Oh je t'assure que non. Il a des comptes très garnis dans quatre banques ici au Gabon. Il a des comptes en France et aux États-Unis. Je me souviens que lorsqu'on préparait le mariage, il m'avait remis une carte de crédit avec plafond illimité. Ce salopard est vraiment très riche. Son boulot d'architecte lui rapporte des millions, mais je sais qu'il a hérité de tout ce que son père avait. Ce monsieur avait fait fortune dans le pétrole du Gabon, donc tu imagines le genre de richesse dont il s'agit.


—Ouais, je vois. Deux cent cinquante millions, c'est de la petite monnaie pour lui.


—Exactement. Mais tu as raison quand tu dis que la banque peut ne pas vouloir libérer un tel montant sans avoir une confirmation du propriétaire du compte.


Je réfléchis un moment, puis je pense à Richard. J'aurais dû y penser plus tôt ! Je compose son numéro et je mets en haut-parleur.


—Allo Landry.


—Bonjour Richard. Comment vas-tu ?


—Bah, moi, ça va. J'ai bien dormi, vu que je sais que la police est arrivée hier chez Émile.


—Ils l'ont arrêté ?


—En quelque sorte, réplique-t-il. On en parlera tout à l'heure quand on se verra. Comment va Yolande ?


—Elle va bien. Elle a pu se reposer.


—Super.


—Justement, en parlant d'elle, elle a pris un chèque à blanc avant de quitter le domicile. Elle veut l'encaisser aujourd'hui. Le problème, c'est que le montant est tellement élevé, que la banque peut être réticente à décaisser sans l'accord d'Émile.


—Oui, je vois.


— Mais il se trouve que c'est un chèque de la banque dans laquelle tu bosses. Donc, je me demandais si tu pouvais faire quelque chose. Vu que tu as un poste élevé.


Il réfléchit un moment.


—Juste par formalité, elle a une pièce d'identité avec elle ? 


Yolande sort son passeport de l'enveloppe.


—Elle a son passeport.


—D'accord. Je suis déjà au bureau. Passez avec le chèque et son passeport. C'est son épouse légitime, je ferai passer le chèque. Et en plus, à la banque, les gens savent qui est Émile Biyoghe et que c'est "mon ami". Il est déjà venu à plusieurs reprises pour que je gère des transactions pour lui. Donc celle-ci passera crème. On va lui ouvrir un compte sur place et transférer la somme du compte d'Émile vers le sien. Au moins, elle sera en sécurité.


—D'accord. Et concernant Émile, on peut souffler ?


—En principe, oui, mais bon, on en discutera plus tard avec Vincent et Hortense. À tout à l'heure.


Clic!


—On a trouvé une solution !, dis-je avec le sourire.


—Merci. Mais Richard a le pouvoir de le faire sans problème ?


—Il est DGA(Directeur Général Adjoint) de la banque.


—Ah d'accord.


Une heure plus tard, nous quittons la chambre et je paye la note à la réception avec mon Airtel money vu que je suis sorti hier sans mon portefeuille. On se rend à la banque et on ressort de là-bas, une heure et demie plus tard.


***


À 14h, je gare mon véhicule dans la cour de la maison. Yolande me regarde, les yeux pleins d'appréhension.


—Mon bébé est là ?


—Yep. Tu peux descendre.


Elle descend et on entre dans la maison. Mélissa est assise en tailleur sur le tapis, les yeux rivés sur la télé avec un verre de jus en main. Yolande la regarde, ses yeux se remplissent de larmes. Elle est debout, figée. Au bout d'un moment, Mélissa tourne la tête dans notre direction. Son visage s'illumine littéralement comme des guirlandes de Noël. Elle lâche son verre qui se brise sur le sol. Elle se rue sur Yolande qui la reçoit directement dans ses bras.

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