Chapitre 59 : Virée à Cotonou 4 : Ganvié.

Write by Benedictaaurellia

Le lendemain.

Orlane.

J’ai eu l’impression de n’avoir dormi qu’une trentaine de minutes cette nuit et pourtant, j’ai fait mon quota de quatre (4) heures.

Il était minuit quand nous nous sommes séparés de Guillaume et Marc hier ou disons plutôt aujourd’hui.

Quand nous sommes revenus au Festival, nous avons encore trainé en discutant de nos activités de la journée avant de nous endormir les filles et moi.

Nous venons de finir de prendre notre petit déjeuner à l’hôtel du lac et c’est sans exagération que j’affirme que nous nous sommes tous régalés. Si vous êtes à Cotonou ou si vous y faites un tour, je vous recommande vivement ce buffet.

Guillaume : Qu’est-ce que vous avez prévu pour ce matin ?

Edmund : J’aimerais qu’on aille à Ganvié.

Guillaume : Bonne idée. Très pittoresque comme endroit.

Ainara : C’est quoi Ganvié ?

Orlane : Il y a quoi de pittoresque là ?

Marc : C’est une cité lacustre.

Guillaume : Non hein. Précise bien les choses. Ganvié est la plus grande cité lacustre d’Afrique.

Mélanie : Euh quelqu’un veut bien m’expliquer ce que c’est qu’une cité lacustre ?

Marc : En gros, c’est une ville sur l’eau.

Mélanie : Comment ça sur l’eau ?

Guillaume : Les maisons sont sur l’eau, les écoles, les hôtels, bref, tout est construit sur l’eau quoi.

Orlane : Woaouh. Ça doit être quelque chose. J’imagine un peu. Comment font les gens pour se déplacer alors ?

Guillaume : Ils se déplacent en pirogue.

Mélanie : J’ai hâte de voir ça.

Edmund : Alors, allons-y. Guillaume, on prend par où ?

Guillaume : Nous allons prendre la route comme si nous allions à Lomé. Vers l’entrée de Cotonou, il y a Abomey-Calavi. C’est une autre commune. Il y a un embarcadère où en prendra des pirogues pour Ganvié. Les filles, j’espère que vous n’avez pas froid aux yeux. La balade en pirogue c’est tout autre chose. Surtout quand le lac est agité.

Moi : Nous avons toutes un cœur solide.

 

J’ai regretté d’avoir dit cette phrase quand nous sommes arrivés dans la cité un quart d’heure plus tard après la traversée  sur des embarcadères à moteur.

Les hommes ont eu la merveilleuse idée de faire des courses de pirogues. Je ne sais même pas si ça existe un jeu pareil.

Bref, voilà l’idée. Les hommes sont montés dans une pirogue et nous avons pris une autre. Le but c’est de voir laquelle, de nos deux pirogues, allait arriver en premier dans le village. Guillaume a expliqué ce qu’ils voulaient aux piroguiers et eux aussi se sont prêté au jeu. Au lieu de diriger les barques doucement, ils essayaient chacun d’aller le plus vite qu’ils pouvaient.

Je ne vous cache pas que nous avons toutes criées comme des folles.

Je ne sais pas pour les autres mais mon cœur battait à vive allure.

Le vent soufflait fort, les pirogues tanguaient sur l’eau et nous nous accrochions comme nous pouvions à la pirogue Mel et moi.

Cette sensation-là, elle dépasse celle qu’on ressent quand on fait un tour du grand huit.

Vous voyez des sorciers comme ça ?

Seule Ainara semblait sereine.

Heureusement car dans l’état de panique où nous étions, Mel et moi n’avons pas pu immortaliser ses moments. Ainara elle, de son appareil photo, a pris des photos  et a même fait des vidéos de nous et des gars. Dans l’autre pirogue, je voyais les gars aussi faire pareil.

A un moment, Mel a sorti son téléphone et voulait faire un selfie mais, il a failli tomber dans l’eau du coup, ça nous a refroidi.

Pour chasser la peur qui me sortait par tous les pores, je me repassais en tête le petit cours que nous a fait Guillaume, quand nous étions en voiture, sur Ganvié.

Située sur le lac de Nokoué, à dix-huit (18) kilomètres au nord de Cotonou, la cité lacustre de Ganvié est surnommée la Venise de l’Afrique. Elle regroupe quelques milliers de cases en bois construites sur des pilotis. Elle compte environ trente mille (30 000) habitants qui vivent essentiellement de la pêche.

Ganvié dont le nom signifie en langue fon « communauté sauvée », fût créée par des populations ayant fui les enlèvements esclavagistes. C’est un véritable refuse sur l’eau.

Au fur et à mesure que la barque s’éloigne du rivage en fendant les tapis de nénuphars et de jacinthes d’eau, Abomey et Cotonou deviennent plus petites, plus humaines, adoucies par le vert mousseux du plan d’eau. On oublie lentement la poussière, la pollution, les voitures… « Certains habitants de Cotonou qui viennent le week-end nous disent : “Ah, Ganvié ! Pourquoi je n’y suis jamais venu avant !” » lance en souriant Fabrice, le guide. Pourtant, la traversée depuis Abomey dure à peine quinze minutes.

 

En arrivant dans la ville, nous avons pu voir ici et là les habitants qu’on appelle les Toffinous lancer leurs filets de pêche avec habileté.

Sur l’eau, je voyais des roseaux qui hérissaient la surface de l’eau.

A ma question de savoir ce que c’est, notre piroguier m’a répondu que ce sont de petites pâtures aquacoles, appelées acadjas. Ce sont des amas de branchages plantés en eau peu profonde, dans lesquels les poissons se réfugient, se nourrissent et se reproduisent. Une technique utilisée par les Toffins (« hommes de l’eau »), l’une des principales ethnies de la région et, en particulier, de Ganvié, pour augmenter la productivité piscicole. Après avoir soigneusement entretenu six mois durant leur acadja, qu'ils possèdent sur le lac, les pêcheurs peuvent enfin procéder à la récolte. Il y a quelques années encore, les grands filets tendus pour l'occasion renfermaient suffisamment de poissons pour faire vivre toute leur famille pendant plusieurs mois.

 

À l’approche de la cité, des bribes de conversations mêlées de cris d’enfants viennent glisser sur l’eau, résonnant comme dans un rêve.

A partir de là, on commençait à apercevoir les maisons qui sont jaugées sur l’eau. Elles sont en fait construites sur les pilotis qui sont profondément enfoncés dans le sol.

Par quel miracle ont-ils réussi cela ? Me suis-je demandé.

Les cases sur pilotis sont bâties en bambous et en bois pour la plupart, en parpaings pour quelques-unes, couvertes d’un toit de chaume ou de tôle.

Une fois sur place, nous avons découvert un marché insolite ! Les marchandises s’échangeaient de barque en barque !

C’est vrai que Guillaume avait dit depuis le départ que tout se faisait en pirogue mais je n’imaginais pas que ce serait à ce point.

Nous ne nous sommes pas privés pour faire des photos après bien sûr avoir recueilli le consentement des concernés qui avaient d’ailleurs l’air d’y être habitués.

Nous avons aussi fait un tour dans le palais royal de Ganvié.

Dans sa maison, reliée aux autres îlets par un petit pont en béton, vit le dernier roi de Ganvié, sa majesté Missikpo Yoka III Azinkpodoté. Derrière son autel vaudou, entouré de ses fétiches, sceptre en main, il partage volontiers un verre d’alcool de palme (sodabi) avec les visiteurs.

« Mon ancêtre fit la découverte de Ganvié vers 1710. Il s’était transformé en épervier pour ne pas être démasqué, puis il s’est mué en crocodile pour transporter et protéger son peuple. Depuis, notre dynastie n’a jamais cessé de régner sur la région du lac, même du temps des Français. » En seulement quelques mots, le vieux roi a livré la magie du lieu et sa genèse (en langue fon, « gan » signifie « sauvé » et « vié » « la collectivité »).

Déambuler à Ganvié, c’est à la fois naviguer dans l’ordinaire quotidien et traverser « l’Afrique éternelle ». Ici la boutique du sorcier, là celle de la rebouteuse. Ici des poussins piaillent dans une cour, là des enfants pêchent. Et, partout, ce courant d’air et d’eau qui fait glisser silencieusement les embarcations et sur lequel se réverbèrent les murmures de la cité, ponctués par les coups de pagaie.

Deux hôtels accueillent les visiteurs de passage, dont le plus pittoresque est le Carrefour Ganvié Chez M. Située en plein cœur du village, cette auberge a l’avantage de plonger le visiteur dans la vie des habitants. Les chambres sont sommaires mais propres et offrent une vue imprenable sur la lagune. C’est là que nous avons pris notre déjeuner après notre balade dans la cité.

Après avoir pris des articles à la boutique de souvenirs, nous sommes rentrés sur Cotonou. Cette fois ci, le tour en pirogue fut des plus calmes. J’ai enfin pu savourer l’instant.

Ça fait du bien de se sentir porter par l’eau

C’est apaisant.

   

Mel.

 Après une bonne sieste, c’est au Miam’s que Marc nous emmène pour diner parce qu’Edmund voulait faire plaisir à sa chérie en lui faisant manger des pâtes.

Comment la femme ci aime les pâtes, franchement, je ne comprends pas.

L’après-midi, nous étions dans un glacier, le Ci-gusta.

Nous y avons dégusté de bonnes glaces et avons profité de l’air de jeux qui y est installé.

Nous avons ensuite tourné un peu dans Cotonou avant d’aller diner.

Le Miam’s sert à la fois des spécialités locales et européennes.

Mis à part Ainara qui tenait à prendre les pâtes, nous avons tous pris des spécialités locales.

Ainara a quand même gouté de nos plats.

Guillaume et Marc eux ont pris du mawè (ou makoumé comme on l’appelle chez nous) avec de la sauce crincrin (adémè ou feuilles de corète) avec de la friture. Ça c’est un plat typiquement béninois. Crin crin et friture. Hm je ne dis rien. Tout le monde sait qu’Edmund aime cette sauce non ? C’est sans surprise qu’il a lui aussi opté pour ça. Orlane a opté pour du amiyo (djékoumé) avec du poulet mais, elle a abandonné son plat au profit du mien quand nous avons été servis.

Moi, j’ai fait honneur au télibo (pate noire faite à base de cosette d’igname) sauce feuilles de vernonia (amanvivé ou aloman) faite avec les graines de pistache (goussi). Hmm le gôut de ça.

La sauce même est surchargée de viande comme ça. Poisson fumé par ci, viande de bœuf par là. Au point où, on mange plus de la viande que les feuilles elles-mêmes.

J’avais gouté à ça lors d’un précédent séjour que j’avais fait ici avec mes parents il y a deux ans. Bien sûr, c’était à l’insu de ma mère parce que j’avais peur de sa réaction.

Aujourd’hui par contre, je ne me prive pas de prendre une photo du plat et de la lui envoyer.

Nos rapports ont changés et sont devenus meilleurs.

Elle ne me dicte plus quoi manger, je mange à ma faim sans pour autant exagérer.

 

Après le diner, nous sommes restés sur la terrasse pour savourer des boissons locales et prendre du bon air tout en bavardant gaiement.

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