CHAPITRE 6
Write by queen of africa
CHAPITRE 6
**** Domicile familial des MAIGA. ****
-tonton Karim j’ai bien compris tout ce que vous m’avez dit. Néanmoins je reste sur ma position, j’ai déjà une femme dans ma vie que vous connaissez tous très bien et je ne souhaite pas en avoir d’autres.
- eh Allah Latif mbe na faga (eh dieu Latif va me tuer), tu parles de quoi même ?ce que tu as déposé dans ta maison la ? c’est une femme ça ?
- Maman stp…
-écoute on va faire court, on sait tous que tu es marié et patati et patata .oui on sait cela et je regrette aujourd’hui de ne m’être pas opposé à cette mascarade .tu es marié oui et après ? C’est vos bagues là on va présenter aux gens quand il y’a des cérémonies ou la famille doit être honorée ?c’est votre mariage-là qui va me donner des petits-enfants et perpétuer le nom des Maiga sur cette terre??
-…
- réponds-moi Latif
-maman ne le prends pas comme cela, c’est Dieu qui donne les enfants…
- je suis d’accord avec Toi. Il est juste Allah, c’est pour cela qu’il permet qu’il y a pleins d’autres femmes sur terre, et dans cette ville précisément que tu peux épouser si celle que tu as choisie sans mon accord je rappelle est incapable de te donner des enfants.
- je refuse la polygamie dans ma vie maman.
-eh bien tu n’as pas le choix mon fils, tu es un musulman, de père et de mère, eux-mêmes musulmans. Notre religion te permet d’avoir jusqu’à 4 femmes, alors le problème ne se pose même pas rétorque-t-elle en se mettant debout.
-mais maman je suis marié légalement …
- épargne-moi tes bêtises Latif. Cela n’empêche aucunement que tu épouses d’autres femmes. On se contentera du mariage à la mosquée, le temps que les écailles que cette sorcière t’a mises dans les yeux tombent.
-maman je ne suis plus le petit garçon que tu as élevé, je suis un homme à présent, seul maitre de mes décisions, et j’assume pleinement mon choix d’avoir épousé Cyrielle. C’est la seule femme que je désire avoir dans ma vie.
- je suis un homme, je suis un homme répètent-elle en imitant ma voix. Eh bien mon cher tu n’es pas tombé du ciel saches-le, même si tu as grandi, c’est de mon devoir de mère de veiller à ce que tout aille bien dans ta vie, je fais tout cela pour ton bonheur, tu ne t’en rends pas compte pour le moment mais crois-moi un jour tu me remercieras.
Je transpire à grosses gouttes, tellement je suis en colère. ma mère ne peut pas me faire cela. J’ai promis fidélité à Cyrielle. Comment je vais lui expliquer cela ?je vais tenter de convaincre oncle Karim de lui enlever cette idée de la tête.
-Tonton stp parles a maman, je n’ai pas besoin d’une seconde épouse je dis en me tournant vers lui.
-je suis d’accord avec ta mère mon fils, bientôt 4 ans de mariage et toujours pas d’enfants. Notre famille est l’une des plus respectées et les plus en vue de cette ville, il ne faut pas que la scène que tu as vécue aux baptêmes de tes nièces se répète .cela n’honore pas les Maiga.
Je me prends la tête entre les mains en entendant ces mots, je suis dans de beaux draps. Mon oncle sur lequel je comptais pour dissuader ma mère est d’accord avec elle.je tombe des nues. Mon Dieu aidez-moi svp.
-ne te fatigue pas Latif, toute la famille est unanime, tu dois prendre une seconde épouse, et faire des enfants très rapidement pour honorer le nom de notre famille.
-et si je refuse je réponds avec colère.
- tu n’oseras pas me défier Latif, j’ai du respect et de la considération pour toi, sinon rien ne m’empêche de marier une fille pour toi même sans ta présence et de débarquer avec elle dans ta maison me lance-t-elle en me regardant dans les yeux.
-…
- tu me mets au défi ??
Au regard qu’elle me lance, je devine aisément qu’elle est capable de faire ce qu’elle vient de dire et même plus. C’est ma mère et je l’a connait .quand elle a une idée derrière la tête, impossible de l’a persuadé de l’abandonner.
J’essaie de gagner du temps, je vais bien finir par trouver le moyen pour l’empêcher de foutre ma vie en l’air.
-dans combien de temps comptes-tu faire ce mariage maman ?
Elle se rapproche automatiquement de moi à ses mots
-Voilà ça c’est mon Latif fait-elle en me prenant dans ses bras.
-combien de temps maman ?je répète.
-laisse-moi réfléchir réponds-elle. Hum dans un mois ce sera le carême, disons 3 mois après le carême. Nous serons en octobre.
- 3 mois maman ?? Je demande ahuri
-oui tu trouves que c’est trop loin ? me demande-t-elle en souriant
-donne-moi du temps maman, stp faut que j’en parle à Cyrielle pour l’a préparé à cela.
- préparé à quoi ? C’est qui l’homme dans votre foyer ?elle n’aura pas d’autres choix que d’accepter sa coépouse, si elle ne veut pas, elle peut partir .ce sera un bon débarras, le nom de femme se mérite, qu’est-ce qu’elle croit tchrr
- maman stp j’ai besoin de plus de temps .en plus cela te permettra d’avoir du temps dans tes recherches je lance à bout d’arguments
- hum fais-t- elle hésitante, tu n’as pas tort. Comme cela tu pourras éventuellement me faire signe si tu repères une qui te plaît en particulier même si j’ai déjà certaines à te proposer me dit-elle en souriant.
-disons fin d’année maman, en décembre c’est bon ?
- OK .moi ça me va du moment que tu épouses une femme, une vraie cette fois, qui va te faire de beaux enfants et perpétuer le nom de notre famille.
-maman j’ai une doléance néanmoins
-quoi encore Latif ??
-Tu n’as jamais vraiment accepté Cyrielle, tout simplement parce qu’elle est d’une religion différente de la nôtre. Tu n’as pas cherché à l’a connaitre, car les préjugés t’avaient déjà mis en tête qu’elle ne ferait pas une bonne épouse pour moi. Malheureusement elle tarde à me donner un enfant et tu trouves là, l’occasion de faire entrer une seconde femme dans ma vie malgré mon refus. Tu es ma mère et je te dois respect et obéissance. Je te demande de m’accorder jusqu’à la fin de l’année et si Cyrielle n’arrive pas à me donner un enfant, j’accepterais de prendre une seconde épouse.
-tu es sure que ce n’est pas pour me tourner en bourrique après ? Ne joue pas avec moi Latif ? J’ai ouvert les yeux sur ce monde avant toi.
-je te donne ma parole maman je lui réponds la mine grave. Je prends l’assemblée à témoin, je suis un homme et je n’ai qu’une parole.
-bien, je te concède cela. Je suis confiante.je sais que cette fille est un ventre vide. Attendre jusqu’en fin d’année ne fera que me donner raison.
-bien je vais faire la prière du Maghrib (prière au coucher du soleil) avant de rentrer je termine en me levant.
***Latif***
Le chemin qui me rapproche de la maison me semble bien court aujourd’hui. Je redoute vraiment de me retrouver face à Cyrielle. Perspicace comme elle est, elle saura automatiquement que quelque chose me tracasse. Il est bientôt 19 h, et je suis épuisé, aussi bien physiquement que moralement. J‘ai beau penser à une solution, une échappatoire pour me sortir de cet engrenage dans lequel ma mère veut me conduire, je ne trouve rien. Comment je vais le dire Cyrielle ? Et dire que j’ai donné cet ultimatum et ma parole à ma mère pour pouvoir gagner du temps. Je m’en remets à Dieu. il ne reste plus qu’à prier afin qu’un miracle se produise et qu’avant la fin de l’année Cyrielle tombe enceinte. Sans cela ce sera le début d’un calvaire qui ne dit pas son nom que ma mère va se faire un plaisir de lui faire vivre. Ma mère pff je l’adore mais quand elle s’y met elle peut ressembler à un vrai petit diable. Bon déjà faut que j’arrive à ne rien laisser paraître devant Cyrielle, et attendre le moment propice pour lui expliquer la situation. Je prie que pour une fois, elle n’arrive pas à lire en moi comme dans un livre ouvert, elle me connaît tellement cette femme. C’est la mienne et je l’adore.
-bonsoir chéri, tout va bien ? me lance-t-elle dès que j’arrive au salon. je la trouve assise devant son ordinateur.
-oui je vais bien, pourquoi cette question ?
-Tu ne m’as pas fait signe comme convenu ce matin, je suis allé aux nouvelles et c’est ta mère qui à décrocher ton téléphone, elle m’a dit que vous étiez en réunion pour remettre les pendules à l’heure…
-je suis épuisé Cyrielle, laisse-moi prendre une douche et je rejoins .on doit avoir une conversation sérieuse toi et moi. J’ai quelque chose de très important à te dire.
-cela tombe bien moi aussi
Mon cœur bat la chamade, assise au salon, je regarde les images de la télévision défiler sans les voir. Je suis impatiente et en même temps je redoute d’entendre ce qu’il a à me dire. J’ai fait quelque chose de mal ? Ai-je offensé un membre de ma belle-famille sans le savoir ?je me torture l’esprit en me posant milles et une question.je me dirige nonchalamment vers notre chambre en l’entendant m’appeler. Seigneur donne-moi la force de supporter ce que je vais entendre.
Je trouve Latif assis sur le lit, la mine grave.
-je t’écoute me dit-il.
- toi d’abord je réponds.
- non commence, alors ?
-Voilà, chéri je sais que ta mère ne m’apprécie pas beaucoup malgré tous les efforts que je fais, elle ne m’accepte pas en tant que belle-fille et cela nous empêche d’avoir une relation saine…
-va droit au but Cyrielle, où est-ce que tu veux en venir je lui demande car je commence à paniquer. Vu la tournure que prennent les choses, ce que je vais lui dire va l’achever.
-ce n’est pas dans mon intention de te raconter des ragots sur ta mère car je l’as connais et j’ai appris à l’accepter telle qu’elle est, je la respecte énormément et j’attends de sa part que ce soit réciproque. Figure-toi que quand je t’ai appelé ce matin elle a décroché et vu que j’ai l’habitude de t’appeler « bébé », c’est ce que j’ai dit quand j’ai vu que l’appel a été décroché m’attendant à toi. Bref on n’a pas parlé longtemps et elle me lance : « cesse d’appeler mon Latif bébé, bébé ! Bébé ! Fais le tien si déjà tu en es capable .bonne journée » avant de me raccrocher au nez.
Je garde la tête baissée, tout le temps que Cyrielle parle. Je reconnais là ma mère, elle annonce les couleurs. Je sais qu’elle a dû se retenir pour ne pas parler à Cyrielle de son projet de seconde épouse pour moi, histoire de l’a choqué encore plus. Autant tout lui raconter qu’on en finisse.
-je t’assure que j’ai eu très mal en entendant ces paroles, ce sont des paroles très blessantes et je ne m’attendais pas du tout à cela venant d’elle-même si je sais qu’elle me déteste.
-justement c’est de cela que je voulais te parler …
-tu ne dis rien me coupe-t-elle, je t’explique que ta mère m’a manqué de respect et…
-j’ai eu une réunion avec ma famille …
-mais …
-laisse-moi finir Cyrielle (en criant) les choses sont déjà assez difficiles comme cela…
-te laisser finir, mais je rêve Latif s’écrit-elle en se levant furieuse, je t’explique que ta mère me traite comme la dernière des souillons et non comme ton épouse et toi tu me parles de votre réunion de famille.
- que veux –tu que je te dise ? (m’énervant) Nous sommes mariés depuis bientôt 4 ans et nous n’avons toujours pas d’enfants. Regarde l’humiliation que tu m’as fait subir au baptême de mes nièces. Je devais être le premier à être présenté à l’assemblée avec femme et enfants, mais j’ai dû corrompre les griots pour éviter la honte. Et pourquoi ? Parce que ma femme n’arrive pas à me donner un enfant. C’est cette situation qui donne l’occasion à ma mère de te dire ce genre de parole puisqu’elle ne te porte pas dans son cœur, et cette situation n’arrange pas les choses.
Cyrielle se tenait debout, médusée, en écoutant Latif. Mais elle n’était apparemment pas au bout de mes peines, car elle n’avait pas entendu le pire.
-ma famille, plus précisément ma mère me donne un ultimatum, si tu n’es pas enceinte d’ici à la fin de l’année au plus tard, je serais contraint de prendre une seconde épouse.
J’ai comme un bug à l’entente de ses mots. Seconde épouse !!!
-quoi ?? Qu’est-ce que tu viens de dire Latif ?
-tu m’as très bien entendu Cyrielle, tu auras une coépouse si d’ici à la fin de l’année, tu n’es pas enceinte.
-tu es d’accord avec eux Latif ? C’est ce que tu veux ? me demande-t-elle les larmes aux yeux.
-ce que je veux ne compte pas Cyrielle, je suis dans une impasse. Je t’ai épousé en forçant la main à ma famille, j’ai épousé celle que j’aime contre vents et marrées et aujourd’hui elle ne peut pas me donner d’enfants. Les enfants sont signes de respect et de richesse chez nous les musulmans, et là ma famille ma mère la première, me mettent le couteau sous la gorge. Ils tiennent là le moyen pour me contraindre à accepter ce que j’ai toujours refusé, c’est à- dire épouser une fille de chez nous. Tu les connais avec leur fichu tradition. Ça leur était resté dans la gorge que je m’entête à t’épouser malgré leur désaccord. Je n’ai pas d’autre alternative que d’accepter leur proposition sous peine de me faire renier, j’espère que tu me comprends ?
Je comprends et même trop bien, je n’en crois pas mes oreilles. Une coépouse, ce mot résonnait dans mes esprits comme une chanson. Je vais partager mon Latif avec une autre, si je n’arrive pas à lui d’enfant. Quel cauchemar je me dis intérieurement en me mettant à pleurer.
Latif souffrait de devoir imposer cela à sa femme, et il savait qu’elle souffrait encore plus que lui, la voir pleurer ainsi lui brisait le cœur. Il en avait même les larmes aux yeux. Il aurait voulu la prendre dans ses bras, pour l’a consolé, l’a cajolé mais il était tout autant perdu et bouleversé qu’elle face à cette épée de Damoclès qui planait sur leur couple. Il sortit silencieusement de la chambre, la laissant seule à sa peine.