Chapitre 6: Un saut dans le passé
Write by Missladj
CHAPITRE 6: UN SAUT DANS LE PASSÉ
10 ans plus tôt
Quelque part dans un village en Haiti
Sandos
On est enfin arrivé dans un village éloigné de la Ville-Bonheur en Haïti. Un village qui est très réputé pour la pratique du vaudou. Je ne m’y connais pas trop, mais ma mère me racontait beaucoup d’histoires dans ce genre quand j’étais petite. Makana ne sait pas où on est, elle pense qu’on est juste venue visiter un village et faire un peu de bénévolat. Quoique si je lui avais donné la vrai raison de notre venue ici, elle ne m’aurait jamais suivit, déjà que c’était pas facile de la convaincre de venir passer les vacances d’été avec moi ici en Haïti.
Pour la petite histoire, on vivait ensemble à Baltimore dans le campus de College of Notre Dame University. Elle faisait commerce international et moi je faisais du droit. Elle venait de casser avec son énième gars qu’elle a surpris entrain coucher avec une fille qu’il a rencontré sur facebook. Pas qu’elle a eu énormément de copains, mais à 20 ans elle avait déjà eu pas mal de gars qui se sont tous donnés le mot pour la trompé. Mais ce gars là, l’avait spécialement marquée et lorsqu’elle l’a trouvé au lit avec une autre c’est tout son monde qui s’est écroulé, ce jour-là, elle venait lui annoncer qu’elle était enceinte. Makana n’était plus que l’ombre d’elle-même, elle se croyait maudite. Lorsque ses parents ont appris pour la grossesse, ils étaient déçus, sa mère a coupé les ponts avec elle lui disant qu’elle a foutu la honte à la famille et qu’elle allait gâter son image auprès de la communauté si elle continuait à lui parler parce qu’elle était une bonne religieuse. C’est avec son père qu’elle parlait de temps en temps et qui prenait des nouvelles. Pourtant elle n’a jamais baissé les bras et a continué à travailler dur, elle a eu sa fille et son bachelor en même temps. Un jour que tout allait bien, elle m’a laissé sa fille me disant qu’elle avait une course à faire et reviendrai dans quelques temps. On avait alors déménager dans un appartement à 2 chambres, elle avait un boulot et moi j’étudiais toujours. Donc ce jour elle est partit et je ne l’ai revu que 4 mois plus tard comme si de rien était, comme si elle était partie il y a quelques heures. Ma réaction? Je l’ai giflée aller-retour avec escale à l’appui puis je l’ai prise dans mes bras parce que je l’aime plus que tout ma Makana. On s’est mise à pleurer pendant longtemps puis elle s’est mise à genoux pour me demander pardon et me remercier de m’être occupée de sa fille. Je n’ai jamais su où elle avait disparu pendant 4 mois. Elle est ma soeur mais elle a droit à son jardin secret, mais je n’ai jamais autant eu peur de ma vie. J’ai fais appel à la police, on avait mis ses photos partout, plusieurs fois j’ai cru qu’elle était morte lorsqu’à la télé ils disaient qu’ils avaient retrouvé un corps. Mais elle est revenue et c’est de là que j’ai commencé à nourrir l’idée d’aller voir Baba Yaga, une vieille dame dans un village en Haïti dont m’avait parlé ma mère (qui est Haïtienne d’origine mais qui a grandit et s’est marié en Mozambique) pendant ces temps où je cherchais Makana.
De retour au village, certaines habitations sont en briques, je suppose que c’est la que ceux qui ont un peu de moyen logent, la plupart sont fait en paille. Beaucoup de gens sont assis dehors et nous regardent marcher. Je ne savais pas vraiment où était la case de Baba Yaga, ma mère m’avait juste parlé d’elle mais ne m’avait pas vraiment donné d’indications sur comment la trouver, j’ai du faire mes recherches moi-même.
Moi: Makana attend moi ici je demande la route à ce vieux qui est vers le puit là-bas!
Makana: Ah non! On bouge partout ensemble. Je ne sais pas pourquoi mais ce village me fait peur. Les gens ont un regard bizarre ça me donne la chair de poule.
On avance vers le vieux et avant d’ouvrir la bouche il tend la main devant lui montrant une unique case perchée sur le haut d’une colline, elle est entourée d’arbres.
Comme c’est le soir je préfère qu’on attendent le matin pour aller la voir. Je n’aimerai pas être sur la colline cette nuit là avec tous ces arbres. Non merci!
Le vieux (sourire aux lèvres): Baba Yaga ap tann kounye a. (Baba Yaga vous attend en haut maintenant)
Je ne comprends pas trop le créole mais je suppose qu’il nous dit d’aller la voir de suite.
Makana (s’énervant): Bon tu vas me dire ce qui se passe à la fin? Je ne sens pas cet endroit et je préfère retourner à Port au Prince.
Moi: Makana s’il te plaît suis moi, dès qu’on arrive chez Baba Yaga je t’explique tout.
Makana (s’arrêtant net): Chez quoi?
Moi: S’il te plait, fais moi confiance. Tu sauras tout mais suis moi je t’en prie.
Elle fait la moue mais me suis quand même.
Quand nous arrivons au-dessus de la colline la nuit commence à tomber. La porte s’ouvre sur une vieille dame bien en chair et toute souriante.
Elle: Bienvenue les enfants, vous avez duré. Entrez donc.
Moi: Merci Baba...
Elle (m’interrompant): Ohh pas de ça entre nous! Appelez-moi Ta Phine comme tout le monde. Prenez place.
De l’extérieur la case a l’air petite. Mais à l’intérieur on découvre un tout autre espace. Ce n’est pas du tout ce que j’avais imaginé. Il n’y a pas de poupées vaudou qui pendent partout, la case n’est pas bourrée d’amulettes non plus. C’est une case simple avec un lit dans un coin et une vieille télé à antenne en face, une table ronde au centre avec 4 chaises et une petite cuisine qui est juste à l’entrée. Toute la case n'est éclairée que par des bougies. Je m’assois sur une des chaises de la table et regarde Makana qui est arrêtée devant la porte d’entrée.
Ta Phine (souriant): Ta copine a peur. Dit lui qu’elle n’a rien à craindre. Baba Yaga ne ferait pas de mal à une mouche.
Moi: S’il te plait Makana, viens t’asseoir à côté de moi.
Makana: Pas avant que tu m’expliques à quoi rime tout ça! Pourquoi m’as-tu amené ici?
Ta Phine (s’approchant de Makana): Assied toi ma fille ta copine va tout te dire.
Makana me lance un regard noir et vient s’asseoir sur une chaise vide à son tour. Ta Phine fait sortir une marmite et une louche d’une étagère et les posent au centre de la table. Elle s’assoie en face de nous toujours souriante.
Ta Phine (me regardant): Parle à ta copine.
Moi: Écoute ma soeur je suis désolée de t’avoir emmené ici a ton insu, mais depuis la fois ou tu es partie j’ai toujours peur que quelque chose t’arrive. Tu sais que tu es ma soeur, je n'ai que toi et ma mère dans ce monde et ça me fait énormément mal de te voir souffrir en silence. Donc je t’ai emmené ici pour que Ta Phine nous lie.
Makana: Hein? Mais de quoi tu parles? On est déjà lié tu es plus qu’une soeur pour moi. Et je me suis déjà excusée de t’avoir causé du soucis la dernière fois. Je ne vois pas jusqu’où tu veux aller.
Moi: je veux ressentir ta peine, partager tes souffrances. Être ta jumelle. Et si jamais tu es en danger, je pourrais être la pour toi. Et ça sera de même pour toi.
Makana: Mais on partage déjà tout ça pourquoi faire ça encore?
Ta Phine (fixant Makana étrangement): Hummmmm Makana TRONE, pendant des mois tu as fait et vu des choses. Tu n’as pas rêvé. Ton amie veux te protéger, tu as un long trajet houleux devant toi et tu as besoin de protection.
Moi (regardant ma soeur dans les yeux): On veut être lié Ta Phine. N’est-ce pas Makana?
Elle acquiesce sans un mot. Je sais qu’elle n’aime pas trop ce genre de choses. Mais il y a une force indescriptible qui me pousse à me lier à Makana. Ta Phine sifflote et fait sortir un couteau de son pagne qu’elle dépose sur la table. Elle sort nonchalamment de la case et revient quelque minutes plus tard toujours en sifflotant avec quelques feuilles de ces arbres qu’elle posent sur la table et finalement apporte une calebasse d’eau. Elle prend le couteau et me tend sa main où je pose la mienne droite et me fait une petite entaille sur l’auriculaire et appui pour que le sang jaillisse. Après quoi elle met 7 gouttes de mon sang dans la marmite et fait de même pour ma soeur. Elle fait quelques incantations et ajoute quelques feuilles qu’elle a soigneusement choisit dans la marmite ensuite elle verse la totalité de l’eau de la calebasse. Elle se lève, danse et fait des incantations, le sourire toujours aux lèvres. Makana cherche ma main qu’elle prend dans la sienne et la serre fort signe qu’elle a peur. La louche se met à remuer le contenu de la marmite qui est entrain de bouillir toute seule. Moi aussi je commence à avoir peur. Après quelques minutes Ta Phine s’arrête et tout s’arrête avec elle. Elle prend deux tasses dans la même étagère que la marmite, les remplis du liquide rouge provenant de la marmite et nous demande de boire.
Je presse un peu sur la main de Makana pour lui donner du courage et boit tout le contenu d’un coup. C’est chaud, ça brûle à la gorge. Mais ça n’avait aucun goût, c’est comme si on buvait de l’eau tout simplement. Makana fait comme moi, tousse un peu mais termine le contenu de sa tasse.
Ta Phine: Maintenant vous êtes liées mes chéries comme des jumeaux à la naissance. Si quelqu’un a mal dans le corps l’autre aura mal dans le corps, si l’une est en danger, l’autre pourra l’aider. Vous êtes liées corps et esprit. Pendant 2 jours vous allez rester ici et faire les initiations sans vous voir ni vous toucher, vous allez apprendre à vous connaître spirituellement. L’une de vous est déjà très spirituelle, l’autre devra apprendre. Mais vous savez rien n’est gratuit ici bas, lorsqu’on dérange la balance des choses il faut payer le prix.
Moi: Lequel? Je paierai le prix quelqu’il soit.
Ta Phine (me regardant aimablement): Tellement protectrice ma chérie, tu connais ces choses là, mais ce n’est pas comme ça que ça se passe ici. Vos esprits sont liés c’est pour ça que si l’une de vous deux meurt, l’autre va perdre la tête.
Makana (criant): Quoi?
Moi (réalisant): Donc si j’ai bien compris si l’une de nous deux meurt, l’autre devient folle?
Elle acquiesce de la tête toujours le sourire aux lèvres.