Chapitre 60
Write by Auby88
" Le pardon n’est pas quelque chose que nous faisons pour les autres. Nous le faisons pour nous-mêmes afin d’aller mieux et d’aller de l’avant ( Auteur inconnu)"
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Maëlly FREITAS
- Ed, tu penses que c'est une bonne idée ?
- Oui, Maé.
- On aurait peut-être dû les prévenir avant de venir.
- C'est mieux qu'ils ne sachent rien.
- Eliad m'a interdit l'accès à sa maison. Voilà que j'y suis. Je suis certaine que ça ne lui plaira pas... D'ailleurs, tu as bien vu le regard que m'a lancé la gouvernante tout à l'heure !
- Oublie cela, Maé… Nous sommes ici pour un but précis... De toutes façons, je ne laisserai personne te faire du mal. Pas même, Eliad. Alors détends-toi, ma jolie.
Nous entendons à l'instant un bruit de poignet de porte qu'on tourne. Mon cœur fait "boum boum" à l'intérieur.
- Ce... doit être eux.
- Garde ton calme, Maé.
Je serre fortement la main d'Edric.
La porte s'ouvre et je vois apparaître Eliad, Milena, la… Nadia et surtout le petit dernier, Camilo. Nous nous levons.
- Qu'est-ce qu'elle fait ici, Edric ? débute Eliad en me pointant du doigt.
- Maëlly a quelque chose à vous dire.
Ils continuent de parler, mais je ne les écoute pas vraiment. Toute mon attention est centrée sur Camilo.
- Ecoute frérot, tu es le bienvenu ici. Tu peux entrer dans ma maison et en sortir comme tu le souhaites. Mais pas ta petite-amie.
- Je comprends que tu sois fâché, mais écoute-la d'abord, Eliad. Je t'en prie. Fais-le pour ton petit-frère.
Oh mon Dieu ! Quelle ressemblance troublante ! J'ai l'impression de voir Eliad en double... Je lâche la main d'Edric. Je passe près d'Eliad pour aller m'accroupir devant ce petit bonhomme. Sa mère tente de l'attirer contre elle, mais il refuse.
- Bonjour Tata.
- Bonjour Camilo. Que tu es beau !
- Madame Jeanne, emmenez les enfants s'il vous plaît.
- Bien, monsieur.
Je suis contrainte de laisser les mains de l'enfant. Je le regarde disparaître en haut.
- Je ne voulais pas lui faire du mal ! répliqué-je un peu déçue par l'attitude des parents de Camilo.
- Viens, Maé ! viens t'asseoir ! me dit Edric en me prenant la main.
Mes yeux perdus rencontrent les siens pleins d'assurance. Je me laisse conduire.
- Page, asseyons-nous.
Elle hésite un peu puis finit par s'asseoir quand Eliad appelle à nouveau son prénom. Je le vois prendre sa main et la poser sur sa jambe.
- Nous t'écoutons, Maëlly.
Je lève les yeux vers Edric qui cligne des yeux en ma direction. Il me donne tellement de courage, de confiance en moi cet homme assis près de moi. Que serais-je sans lui ?
- Maëlly, nous t'écoutons.
J'inspire profondément avant de commencer.
- Je tiens à présenter mes excuses sincères à toi Eliad, mais surtout à toi… (pause)… Nadia. Pardonnez-moi. Je…
- Excusez-moi, mais je dois vous laisser. Ne m'en veuillez surtout pas.
Elle libère ses mains de celle de son époux qui ne la retient pas...
- Je crois que ta... femme ne me pardonnera jamais !
- Si je n'avais beaucoup d'estime pour Edric, je me serais levé d'ici comme mon épouse. Tu lui as fait tant de mal, Maëlly. En plus, tes excuses en son endroit n'ont pas semblé sincères. Il t'a fallu plus d'une seconde pour prononcer son prénom. Edric aussi peut l'attester.
- Maëlly, là je suis entièrement d'accord avec Eliad.
- Je m'y suis mal pris, je le reconnais. Mais je suis quand même venue jusqu'ici, Eliad. J'ai mis mon orgueil de côté et je suis venue demander pardon... Ne dis surtout pas qu'Edric m'y a obligée. Et c'est pareil pour toi ; Je suis sincère quand je te demande pardon... J'ai longtemps refusé d'admettre mes propres torts, refusé de reconnaître que tout ce qu'il y a eu de fâcheux entre nous était aussi de ma faute... Je savais bien que tu ne m'aimais pas, je savais bien que mon cœur était partagé entre Edric et toi, mais je me suis quand même entêtée… Et après quand tout s'est écroulé, j'ai préféré faire porter le chapeau à quelqu'un d'autre : cette femme-là qui avait réussi à voler ton coeur... Mais aujourd'hui, c'est fini. Je suis guérie grâce à l'amour qu'Edric a pour moi, grâce à l'amour que j'ai pour lui... Mais pour que mon bonheur soit complet, j'ai besoin d'obtenir le pardon de ceux auxquels j'ai fait du mal. C'est vital pour moi, Eliad !
Je l'entends expirer bruyamment.
- Je te pardonne, Maëlly. Et une fois encore, je te demande pardon pour tout le mal que j'ai pu te faire... Je suis content que tu sois aujourd'hui en couple avec Edric... Cependant, je te préviens ; cet homme-là, c'est mon frère. Je tiens beaucoup à lui. Alors ne lui brise jamais le cœur ou sinon tu auras affaire à moi. Je suis sérieux, Maëlly !
Edric sourit en regardant Eliad. Je réponds à Eliad en fixant Edric.
- Ne t'inquiète pas, Eliad. Ton frère a conquis mon cœur et il n'est pas prêt d'en sortir de si tôt.
- Je l'espère vraiment, Maëlly.
- Au fait, frérot, ceci est pour toi.
- Qu'est-ce que c'est ? demande Eliad à Edric.
- Ouvre l'enveloppe et tu verras.
- Ohhh ! Un faire-part de mariage ! s'exclame-t-il tout joyeux en regardant Edric.
- Exactement !
- Enfin, mon frérot va se caser. Depuis le temps où j'attendais celà. Allez, viens dans mes bras, petit-frère !
Ils se font une accolade chaleureuse. C'est si beau de les voir ainsi, ces deux hommes qui ont marqué ma vie.
- Allez, Maëlly, approche ! fait Eliad.
J'hésite.
- Allez, viens, ne fais pas la timide, renchérit Edric.
Je me rapproche d'eux et nous nous faisons une accolade à trois comme au bon vieux temps….
Nous sommes sur le point de nous en aller.
- Tu feras des bisous aux enfants de ma part surtout à ton sosie. C'est fou comme il te ressemble. J'espère que je pourrai passer le visiter de temps en temps !
- On en reparlera après, Maëlly. Chaque chose en son temps. Ne précipitons rien.
- Tu as sans doute raison. J'espère que tu parleras à ta femme à mon sujet. Dis-lui que je tiens vraiment à ce qu'elle oublie le passé et qu'on puisse repartir sur de nouvelles bases.
- Je ne peux la forcer, Maëlly. Je te rappelle que tu lui as fait plus de mal à elle qu'à moi... De toutes façons, mon épouse n'a pas une âme rancunière. Donne-lui du temps. Ne la presse pas.
- Eliad a raison, Maëlly. Donne-lui du temps.
Je hoche la tête.
Edric et moi prenons congés d'Eliad puis nous marchons dans la cour en direction de notre voiture.
- Je me sens un peu soulagée… Dommage que j'ai gâché mes chances avec…Nadia.
Ed secoue la tête en ma direction.
- Pourquoi est-ce si difficile pour toi d'appeler son prénom Nadia ou PAGE ? Tu continues de la voir comme une pute, n'est-ce pas ?… Oui, c'est bien ça... Je reconnais que les prostituées ont toujours eu une mauvaise réputation. Mais Nadia est l'exception. Elle est altruiste, gentille, honnête, loyale…
- Je comprends Edric, mais il me faut du temps pour me faire à l'idée qu'elle n'est plus une prostituée aujourd'hui. Je trouve malgré tout qu'Eliad méritait mieux qu'une femme avec un passé sale comme le sien.
- Une femme comme toi alors ?
- Bien sûr que non. Voyons Ed !
- Tu en es bien sûre, Maé ? Es-tu bien certaine que revoir Eliad ne t'a pas fait douter sur nous ?
- Non.
- Si c'est le cas, dis-le moi franchement et on sursoit au projet de mariage. J'aurai très mal, j'en souffrirai beaucoup, mais je ne t'en voudrai pas d'être sincère avec moi.
Je prends son visage en coupe dans mes mains.
- Ed ! Comment peux-tu me dire cela quand mon corps a frémi tant de fois dans tes bras, quand juste entendre ta voix me remplit de bonheur, quand j'ai renoncé à beaucoup de choses pour toi, quand j'ai décidé de changer pour toi, quand je t'ai démontré et que je continue de te démontrer que je t'aime, toi Edric MARIANO !
- C'est juste que ton attitude me perd parfois.
- Je suis consciente que j'ai encore plein de défauts. Paris ne s'est pas fait en un jour dit-on. Cotonou, encore moins... On ne change pas d'un coup, Edric… C'est vrai que ça m'a fait tout bizarre de revoir Eliad sûrement parce qu'il a été mon premier homme, sûrement parce que j'ai partagé sa vie. Mais rien de plus, je t'assure...S'il y a une chose dont je ne veux pas que tu doutes, Ed, c'est que je t'aime, tu entends. Je t'aime Edric MARIANO et je ne me lasserai jamais de te le dire toutes les secondes s'il le faut pour que tu ne l'oublies jamais. Jamais, Ed !
Il me fixe intensément puis m'entoure de ses bras. Nous restons ainsi un moment puis reprenons notre chemin, main dans la main, cheveux au vent et souriant l'un à l'autre.
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Nadia Page AKLE
Debout près de la fenêtre, je regarde Edric et Maëlly. Ils semblent bien amoureux ces deux-là. C'est tant mieux pour eux. Mais aussi gentille, aussi pacifique que je sois, j'ai du mal à tourner la page Maëlly et à lui dire que je la pardonne. J'ai du mal à croire qu'elle a changé. En plus, elle ne m'a pas semblée sincère.
- PAGE, tu es là ?
- Oui, Eliad.
- Ils sont partis.
- Je le sais. Je les ai vus en bas.
- Tu n'aurais pas dû t'en aller ainsi, ma chérie.
- Je sais, mon cœur, mais elle ne m'a pas semblée sincère. Tu as vu combien ça a été difficile pour elle de prononcer mon prénom !
- Oui, je l'ai remarqué. Mais n'oublie pas qu'elle est venue jusqu'ici, malgré son caractère pas facile. Ça prouve qu'elle veut changer... Ne pense surtout pas que je prends sa défense... Je veux juste que tu te libères par rapport à elle… Je sais que tu diras que ce n'est pas la même chose, mais tu m'as pardonné alors que j'ai été mille fois odieux avec toi.
- Je le dis, ce n'est pas la même chose, Eliad. Elle est allée trop loin en voulant te conquérir coûte que coûte !
- Je le sais PAGE et je ne te force à rien. Tu as le droit de ne pas croire en elle, mais je ne veux pas que tu gardes du ressentiment pour qui que ce soit ….De toutes façons, je sais que tu as un bon cœur et qu'au moment voulu, tu sauras prendre la bonne décision...
- Merci, Eliad.
Il me sourit.
- Au fait, regarde ceci.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Ouvre et tu verras...
- Ils se marient ?
- Oui, me répond gaiement Eliad. Ils se marient. Et à ce que j'ai pu voir, ils sont terriblement épris l'un de l'autre.
- Je l'ai aussi constaté tout à l'heure en les regardant par la fenêtre.
- Parfait ! Ce qui signifie que le cas Maëlly FREITAS est définitivement clos dans notre vie. Plus jamais, elle ne constituera un souci pour nous.
- Je l'espère bien, Eliad.
- Alors, pense à ce que je t'ai dit tout à l'heure... En tout cas, je te fais confiance.
- Merci mon amour.
- Eh bien, maintenant que tout est dit, quand est-ce qu'on mange ?
- Eliad, on vient à peine de rentrer.
- Ce n'est pas ma faute si tu m'as rendu accro aux plats locaux que tu cuisines avec tant d'amour pour moi.
J'éclate de rire.
- Et surtout, mets beaucoup de gingembre parce que mon dessert d'aujourd'hui, ce sera TOI et je veux être en pleine forme en bas !
- T'es fou, Eliad !
- Oui, fou d'amour pour toi. Viens par ici.
Il m'attrape par derrière et essaie de m'embrasser de force.
- Laisse-moi, Eliad, je vais à la cuisine.
Il m'arrache un baiser puis me libère.
- Allez, vas-y. Mais je n'oublie pas.
Je m'exclaffe comme lui, puis disparais vite de la chambre.