CHAPITRE 60: LE VRAI VISAGE DE MON PÈRE.

Write by L'UNIVERS DE JOLA

***CHAPITRE 60: LE VRAI VISAGE DE MON PÈRE.***


**LINDA NDOMBI**


Raphaël : (Touchant mon bandage)Maman ?


Moi: Oui mon amour.


Raphaël : Tu as encore mal à la tête ? 


Moi: Non, la douleur est partie. On va bientôt enlever ça.


Raphaël : (Souriant) D'accord. Tes blessures ici (touchant mon bras gauche et ma jambe) et là te font encore mal?


Moi: Non, ça ne fait plus mal.


Raphaël : (Me fixant) Ton ventre te fait encore mal?


Je l'ai fixé pendant un moment en silence. La douleur de mon ventre n'est pas physique mais émotionnelle liée à la perte de mon bébé. Lorsqu'on me l'a dit il y a un peu plus de cinq semaines, ça m'a fait un gros coup et j'ai énormément pleuré. Heureusement pour moi, Jennifer et ma mère étaient présentes pour me soutenir mais surtout la présence des enfants m'a fait un grand bien. Ce jour-là, ils ne m'avaient pas lâché. À l'annonce même de la grossesse et de la fausse couche, ils avaient pleuré avec moi et avaient quitté leur lit pour le mien. Ils avaient dormi avec moi sur mon lit et avaient passé leur temps à me dire que ça devrait aller et que je ne devais plus pleurer.  J'en ai beaucoup voulu à leur père et je lui en veux toujours de même qu'à moi. Je m'en veux de ne pas avoir su le protéger. Il était dans mon ventre et j'avais la responsabilité d'en prendre soin mais malheureusement, obnubilé par mon chagrin amoureux, je n'ai non seulement pas pu déceler sa présence mais encore je n'ai pas pu le préserver de tout ce drame. Les enfants ont vraiment joué un grand rôle dans cette affaire pour m'empêcher de me renfermer, leur quasi présence constante à l'hôpital même après leur sortie a su apaiser mon cœur. Après j'essaie de relativiser en me disant, comme me le répète ma mère, que ce n'était certainement pas le moment. Avoir un enfant dans ces conditions, bien qu'étant un don de Dieu, n'allait pas être facile ni pour moi, ni pour son père et Dieu savait lui-même ce qui était bon pour nous. 


En ce qui concerne ce Dieu dont elle n'arrête pas de me parler, j'ai appris ce qui s'est passé à l'hôpital la dernière fois. Jennifer m'a expliqué le miracle de notre réveil, les enfants et moi. De comment il aurait donné des directives à Benjamin pour qu'il agisse. Elle m'a dit qu'ils pensaient tous que Benjamin était devenu fou lorsqu'il avait commencé à débrancher les enfants et dit qu'on devait les emmener dans ma chambre pour les déposer sur moi. Elle m'a ensuite expliqué comment le miracle s'est opéré à la suite duquel Benjamin s'est converti et a décidé de suivre le Seigneur. Maman m'a dit qu'il va déjà à l'église. Jennifer aussi pense à y aller car elle me dit qu'avec ce qui s'est passé et ce que ses yeux ont vu, elle sait que Dieu est réel et elle aussi a envie de l'expérimenter. Je lui ai dit qu'elle n'a qu'à faire ce qui lui semble bien pour elle, peu importe sa décision, j'allais l'accepter et l'épauler.


Pour ce qui est de Benjamin, depuis mon réveil, je l'ai vu cinq fois, la fois où je me suis réveillée, un peu plus tard dans la journée quand il est venu voir les enfants, le jour de leur sortie, la fois où il est venu me demander des excuses et le jour de son départ il y a une semaine. Comme je le disais plus haut, je lui en veux pour le bébé et pour autre chose. Quand je pense aux paroles qu'il m'a dites chez ses parents, mon cœur se remplit d'amertume et de ressentiment. Rien que sa vue me donnait des hauts le cœur. Mon histoire avec lui est terminée, en me levant de mon coma, je l'ai décidé. De toutes les façons, il l'avait dit, cela n'avait jamais existé, ce n'était pas réel. J'ai fini par sortir de cette illusion dans laquelle je m'étais plongée par rapport à nous. La vérité était dure et cruelle mais je l'ai acceptée. Il m'a d'ailleurs avoué qu'il était toujours amoureux de sa femme, mieux de lui, il n'a qu'à rester avec elle. Je suis tout de même contente qu'il admette qu'il est malade et qu'il ait décidé d'aller se faire soigner. Si sa rencontre avec le Seigneur peut l'aider en plus du traitement qu'il va suivre, cela me fera plaisir car ce sera bénéfique pour les enfants. S'il est émotionnellement instable comme il l'était jusqu'à maintenant, ce sont les enfants qui en patissent, donc sa bonne santé ne peut que me réjouir. Je suis en conflit avec l'homme mais pas avec le père des enfants alors je souhaite qu'il guérisse pour ses enfants. Ces derniers qu'il m'a confié à mon grand étonnement et pour mon plaisir avant son départ sont pour moi, ma plus grande thérapie. 


Moi: (Le regardant) Oui mon bébé, je n'ai plus mal au ventre.


Raphaël : D'accord. Je peux faire un bisou sur ton ventre ?


Moi: (Souriant) Vas y. 


Il a soulevé mon haut pour dénuder mon ventre et s'est mis à me faire plein de bisous qui m'ont arraché un grand sourire.


Raphaël : Mon petit frère est parti trouver maman Joliane chez Dieu, tu as compris ?


Moi: Oui.


Raphaël : (Caressant mon ventre) Ne t'inquiètes pas, papa va encore mettre les bébés dedans quand il va revenir. Il va mettre deux bébés.


Je n'ai pas répondu. Son père et moi c'est fini, par quel côté il va passer pour me mettre les bébés là ? Je préfère ne pas en parler et je zappe sur ce sujet.


Moi: Où sont les D?


Raphaël : Ils sont en bas. Daphnée est avec mamie, elles préparent les petits gâteaux qu'on a mangés l'autre jour.


Moi: les gaufres.


Raphaël : Voilà, les gaufres. Darnell est avec papi dans son bureau et moi, j'ai dit que je reste avec toi à la chambre pour te surveiller. Je vais aller jouer avec papi après.


Moi: (Souriant en le serrant dans mes bras) D'accord.


Depuis une semaine que les enfants sont là, ils ont su s'approprier les lieux. Les deux premiers jours c'était difficile avec mon père qui était froid avec eux en considération de leur père mais la perspicacité des enfants malgré son rejet a fini par avoir raison de lui et il a à nouveau baissé la garde, ils passent beaucoup de temps avec lui, notamment Darnell qui lorsqu'il rentre de l'école, court dans le bureau de son grand père, il dit qu'il apprend beaucoup de choses avec lui donc il aime énormément sa compagnie. Les deux autres aussi passent du temps avec lui mais pas comme Darnell qui est presque comme son ombre. Les enfants, après chaque moment passé avec lui, ont les yeux pétillants et le trouvent très drôle. Je me pose sans cesse la question: quelle est cette facette de cet homme qu'ils voient et qui m'est inconnue ? Comment peuvent-ils voir en mon père un homme drôle, aimant et bien là où moi je vois un homme cruel, froid et sans cœur ? Je me le demande toujours. 


Mon père et moi, ne nous entendons pas depuis ce qui s'est passé. À l'hôpital même, après cette fois où je m'étais réveillée et que je l'avais vu dans la salle avec tous les autres, il n'était plus revenu me voir. Depuis mon retour à la maison, deux semaines déjà, il ne m'a rien dit et moi non plus. Il faut aussi dire que je fais tout pour l'éviter. Je n'ai pas envie de l'entendre me dire qu'il m'avait averti que Benjamin n'était pas bien pour moi et que je n'avais fait qu'à la tête jusqu'à le défier en le décevant pour suivre un homme qui n'avait strictement rien à foutre de moi et qui m'avait presqu'envoyé dans la tombe. Je n'ai pas envie de voir son regard de déception sur son visage. Je n'ai pas envie de l'entendre me dire que j'avais foulée aux pieds tout ce que j'ai appris à cause d'un homme qui n'en valait pas la peine. Je n'ai pas envie de l'entendre me dire que j'avais choisi Benjamin à leur détriment et que celui-ci avait décidé de me larguer comme du n'importe quoi. Je n'ai pas besoin de tout ça alors je l'évite. À part quand nous sommes à table pour manger, le reste du temps je ne le vois pas et c'est tant mieux pour moi…


Je rentre de l'hôpital, j'y avais rendez-vous pour un dernier contrôle. On m'a retiré tous mes pansements aujourd'hui, nous sommes une semaine plus tard. Les examens ont révélé que j'allais mieux, toutes mes blessures, les plus graves, ont cicatrisé et les plus petites ont disparu. Je n'ai presque plus de tâches apparentes sur les zones visibles de mon corps, ça a du bon d'avoir une peau foncée et de plus, mes crèmes ont fait et continuent de faire un bon boulot. Le médecin m'a dit que je pouvais reprendre mes activités mais à condition de me ménager un peu. Après l'hôpital j'ai déjeuné avec Jennifer, elle m'a dit qu'elle était contente que je me sois remise aussi vite et que surtout je sois restée la même, c'est-à-dire, Linda. Elle avait peur qu'avec tout ceci, je redevienne froide et distante, que je redevienne Maxime. Je lui ai souri, et lui ai dit que ce n'est pas le cas. Là encore la présence des enfants a été pour beaucoup. Ils ne m'ont pas laissé le temps de me renfermer, étant constamment en leur compagnie, ils m'ont en quelque sorte obligé à rester Linda et la présence de maman aussi m'a beaucoup aidée.


Jennifer : (Souriante) Au moins cet imbécile de NGUEMA là a su faire quelque chose de bien dans sa vie en te laissant les enfants. (J'ai souri) Ils sont définitivement ton médicament. Parce qu'à bien y regarder, c'est depuis ta rencontre avec ces enfants que tu as changé, tu es devenue moins rigide, plus souriante, plus ouverte et que tu as même connu l'amour même si ça ne s'est pas bien terminé.


Moi: Ce n'est pas faux.


Jennifer : Ces enfants sont spéciaux et c'est d'ailleurs pourquoi on les aime autant (Riant) jusqu'à même le grand H est tombé dans la sauce des enfants NGUEMA.


Moi: (Riant) Moi-même l'affaire là me dépasse. Tout le dur qu'il fait avec tout le monde dehors ici et les gens ont peur de lui, ne marche pas avec eux. Il a tout essayé pour repousser les enfants là mais rien. Je pense même que plus il s'évertuait à les rejeter plus ils revenaient à la charge.


Jennifer : (Riant) By force tu vas nous aimer.


Moi: (Riant) Exactement. 


Nous avons continué à rire et à discuter avant d'aborder le sujet des préparatifs de son mariage. Lorsqu' elle m'avait annoncé ça le lendemain du jour où Paul lui avait dit qu'il voulait déjà se marier, j'étais trop contente. On avait dansé toutes les deux devant nos ordinateurs et on était toutes excitées à l'idée de préparer ce mariage. Elle a fait de moi sa dame de compagnie et bien sûr j'ai accepté. Seulement avec ce qui s'est passé, je n'étais pas très au fait des choses, entre mon goumin, mon accident et ma convalescence, presque deux mois sont passés et il ne nous reste plus que 4. Je dois me remettre dans le bain et assumer pleinement mon rôle comme il se doit jusque là, j'ai été relayée par sa sœur. Je ne sais pas si on l'a mentionné mais Jennifer a des frères et sœurs. Elle est enfant unique de sa mère mais elle a deux frères et une sœur issue du mariage de son père sauf que ce sont des adolescents, disons qu'ils sortent de là. 21 ans pour la fille, 18 et 16 ans pour les garçons. Ils s'entendent tous très bien même si l'écart d'âge qu'il y a entre eux place Jenny un peu plus comme une mère pour eux plutôt qu'une sœur. Enfin bref. Nous en avons parlé avant que nous nous séparions en établissant un programme pour la finalisation des achats et le choix des robes. Elle a tenu à le faire avec moi. 


Je rentre donc et je vais directement dans ma chambre pour me changer. Étant mercredi aujourd'hui, les enfants sont sortis à midi. C'est maman qui est allée les récupérer, j'avais signalé à l'école pour ça vu que je ne me déplaçais pas beaucoup. Je sors de la chambre et je vais en cuisine d'où me parvient le bruit de l'huile au feu, signe que maman est en train de faire de la friture et l'odeur qui me parvient dans les narines m'informe qu'il s'agit d'une part des beignets (banane frite) et des boulettes de viande d'une autre. J'entre dans la pièce et je constate qu'elle est toute seule.


Moi: (M'asseyant après lui avoir fait un bisou) Bonsoir maman.


Maman : Bonsoir ma chérie, tu as duré.


Moi: Après l'hôpital, j'ai vu Jennifer, nous avons déjeuné ensemble et parlé de son mariage.


Maman : Je vois, les choses se passent bien pour les préparatifs ?


Moi: Oui.


Maman : D'accord, je vais penser à lui envoyer notre participation à ton père et à moi d'ici- là. Les cahiers de cotisation sont déjà ouverts non?


Moi: Oui. C'est une de ses tantes qui gère ça. Elle m'a d'ailleurs dit qu'il y a une réunion ce dimanche après-midi, j'y prendrai part et je te ferai un compte rendu.


Maman : D'accord. Et à l'hôpital ? J'ai vu qu'on t'a enlevé tes bandages.


Moi: Oui. Les examens ont révélé que tout va bien. Je peux reprendre mes activités en me ménageant.


Maman : C'est une très bonne chose. 


Moi: Oui. Où sont les enfants ? Je ne les ai pas entendus depuis mon retour.


Maman : Ils sont sortis avec ton père pour faire une course.


Moi: D'accord.


Nous avons continué à discuter de tout et de rien, j'ai fini par l'aider avec la préparation. Les enfants sont rentrés une heure plus tard avec papa et sont venus me trouver à la chambre. Comme toujours ils avaient les yeux brillants et ne tarissaient pas d'éloges à son endroit en m'expliquant le magnifique après midi qu'ils avaient passé avec lui. Je les écoutais d'une oreille en pensant à la décision que j'avais prise, que j'ai d'ailleurs dite à haute voix pendant que nous étions à table un peu plus tard.


Moi: J'étais à l'hôpital aujourd'hui et j'ai fait un contrôle. Le médecin m'a dit que tout allait bien et que je pouvais reprendre mes activités si je le voulais. J'ai décidé de reprendre le travail la semaine prochaine et je compte rentrer chez moi cette fin de semaine avec les enfants. Je sais que si vous m'avez accepté ici c'était parce que j'étais malade et je vous en remercie. Maintenant que je vais mieux je ne continuerai pas à abuser de votre hospitalité.


Mon père : (S'essuyant la bouche) Tant mieux, de toutes les façons tu avais déjà fait ton choix. (Se levant de table) Excusez moi.


Il est parti. Maman m'a regardée avec un visage triste mais n'a rien dit. Nous avons poursuivi le repas dans un silence total, même les enfants semblaient tristes de cette nouvelle. Aussi quand je suis allée les coucher dans la chambre qu'ils occupent tous les trois, ils m'ont demandé.


Darnell : Maman, on est obligé de partir maintenant?


Daphnée : C'est vrai maman, papi a dit qu'on devait jouer au basket dimanche après l'église avec Raph.


Raphaël : Et puis si on part papi sera triste beaucoup triste. 


Je ne pouvais pas leur dire que mon père tolérait uniquement ma présence dans sa maison et que normalement je n'étais plus la bienvenue ici. Pour preuve, à mon annonce, il a dit tant mieux, ça veut dire qu'il n'attend que ça. 


Moi: Vous savez qu'on ne peut pas rester avec papi et mamie pour toujours. On était ici seulement parce que mamie devait s'occuper de moi comme j'étais malade. Maintenant que je suis guérie, on doit retourner à la maison. Mais ne vous inquiétez pas, vous allez toujours les voir. Mamie viendra souvent vous chercher pour vous emmener chez papi, d'accord ?


Eux: (Toujours tristes) D'accord.


Moi: Allez, on dort déjà, demain il y a école. 


Eux : Ok. 


Moi: (Leur faisant des bises sur les fronts) Je vous aime fort, dormez bien.


Eux: On t'aime aussi maman. Bonne nuit.


Je me suis levée du lit et je suis sortie de la chambre en arrêtant les lumières. Je suis redescendue à la cuisine pour me prendre une bouteille d'eau et j'y ai trouvé ma mère.


Moi: Tu n'as pas encore fini ?


Maman : Si, je viens de terminer. Je range seulement les torchons que j'ai utilisés.


Moi: D'accord. Je suis venue prendre une bouteille d'eau avant de remonter.


Maman : Les enfants se sont endormis ?


Moi: Oui. 


Maman : D'accord.


J'ai pris la bouteille dans le frigo et je m'apprêtais à partir quand elle m'a interpellée.


Maman : Linda?


Moi: (Me retournant pour la regarder) Hun?


Maman : Tu penses vraiment que si nous avions voulu que tu viennes ici c'est parce que tu étais malade? 


Moi: (La regardant en silence)


Maman : Ne sais-tu pas que ça nous fait plaisir de t'avoir dans cette maison ? 


Moi: À toi peut être oui mais ce n'est pas le cas pour papa. Il avait été clair avec moi la dernière fois que j'étais partie d'ici, il avait dit que si je partais je devais oublier que j'avais un père et il me l'a bien fait comprendre quand j'étais à l'hôpital, il n'est pas venu et ici m'a montré que je n'étais pas la bienvenue en ne se montrant que là où je ne me trouvais pas.


Maman : (Me fixant dans les yeux) La raison pour laquelle il a refusé de venir te voir à l'hôpital et il a préféré rester dans des pièces où tu n'étais pas c'est parce qu'il ne supportait pas de te voir avec le corps couvert de blessures. Après chaque repas depuis ton retour dans cette maison, il s'enferme dans son bureau et pleure.


J'ai écarquillé les yeux de surprise.


Maman : Ça t'étonne n'est-ce pas ? Pourtant c'est la vérité, ton père pleure lorsqu'il te sait malade, souffrante pour x ou y raison ou en te voyant pleurer. C'est l'une des raisons pour lesquelles il a toujours veillé à ce que tu ne pleures pas devant qui que ce soit et surtout pas devant lui. Ne t'es tu jamais posée la question de ses nombreuses intrusions dans ton travail ? Penses-tu vraiment qu'il a besoin de toi pour avoir le compte rendu de ce qui se passe à Digi tech officiel ? N'as-tu pas compris que c'est le moyen qu'il a trouvé pour rester proche de toi? Linda ton père t'aime, il t'aime plus que tout au monde, c'est la raison pour laquelle il est tombé malade juste après ton départ d'ici il y a deux mois, oui ton père est tombé malade pendant les deux semaines qui ont suivi ton départ et c'est ce que je voulais te dire lorsque tu étais chez Jennifer mais tu avais refusé de me recevoir encore moins de prendre mes appels. Je voulais te dire de revenir sur ta décision et de venir voir ton père car il souffrait de ton départ. Il s'est levé du lit le jour de ton accident et il a insisté à ce que je t'appelle parce qu'il disait qu'il ne se sentait pas bien, cette fois-ci ça n'avait rien à voir avec le fait qu'il était souffrant depuis deux semaines mais parce qu'il pressentait qu'un malheur devait t'arriver cette nuit. Si tu vérifies les appels manqués dans ton téléphone ce jour, y trouveras le numéro de ton père qui t'avait appelé cette nuit. Il a d'ailleurs fait une crise quelques temps avant que nous ne recevions l'appel de Jennifer qui nous a confirmé qu'il t'était bien arrivé quelque chose de mal ce jour. Comme ce jour où tu as failli te faire violer, ton père avait dit qu'il avait l'impression que tu n'allais pas bien mais lorsqu'on t'avait eu au téléphone tu nous avais assuré le contraire pourtant nous avons eu la confirmation qu'il avait bien eu raison cette nuit. Linda jamais ton père n'a voulu te faire du mal, tout ce qu'il a posé comme acte c'était pour ton bien. Il ne s'est peut-être pas pris comme il le fallait avec toi mais sache-le, c'était pour ton bien. 


Je ne revenais pas des informations que je venais d'écouter. Comment était-ce possible ? Si tout ce qu'elle venait de me dire était la vérité, pourquoi donc il m'a traité de la sorte ? Pourquoi m'a-t-il toujours donné l'impression du contraire ? Que je n'étais qu'un boulet pour lui? Que jamais rien de ce que je faisais n'était bien pour lui ? Comme si elle avait compris mes interrogations silencieuses, elle m'a dit.


Maman : Tu te demandes donc pourquoi il t'a élevé en te donnant l'impression qu'il ne t'aimait pas n'est ce pas ? 


Je l'ai regardée sans répondre.


Maman : Viens t'asseoir.


Elle est allée s'asseoir et j'en ai fait autant. Elle m'a regardé pendant un moment dans les yeux avant de prendre la parole.


Maman : Comme tu le sais, ton père et moi venons du même village. Nous sommes tous les deux nés ici et c'est lors d'une vacance au village que nous nous sommes rencontrés lui et moi. Il était parti à la demande de son grand-père qui voulait qu'il reste au village pour le succéder dans son rôle de chef de famille. Il ne comprenait pas que ce soit lui qu'on choisisse alors que son père et ses oncles étaient là et étaient tous vivants, de plus ce n'était pas quelqu'un du village, il avait d'autres projets pour son avenir. Il avait donc refusé la proposition de son grand-père de lui succéder et avait également refusé d'épouser la jeune fille qu'on lui avait trouvé au village. En faisant cela, il s'était mis les anciens à dos sans le savoir. 

En remontant sur Libreville après les vacances, ton père qui jusque-là me faisait la cour, avait fini par me faire flancher et nous avions commencé une relation amoureuse tous les deux. Au bout d'un moment, il avait demandé à venir voir mes parents pour se présenter. Lorsque mes parents avaient su que quelqu'un voulait se présenter, ils n'étaient pas d'accord, ils m'avaient dit qu'ils consentaient à ce que j'ai des fréquentations masculines mais il était hors de question que quelqu'un se présente à eux. Je ne comprenais pas cette logique et j'avais insisté jusqu'à ce qu'ils acceptent de le recevoir. Quand il avait franchi le pas de ma maison. Mes parents avaient paru effrayer en le voyant et en rentrant chez lui après la rencontre, on m'avait automatiquement demandé de rompre avec lui. Nous n'avions pas accepté cette éventualité et avions poursuivi notre relation. Seulement, il était difficile pour moi de tomber enceinte et les rares fois que j'avais eu des retards, j'avais eu de fausses couches. Nous avons consulté et tout était normal mais nous ne comprenions pas ce qui se passait. C'est là qu'un jour, il m'avait emmené chez son ami le père de Jennifer qui habitait à l'époque avec sa mère Orema, lorsqu'elle m'avait vu , elle lui avait dit que j'étais présentement enceinte mais que s'il ne se rendaient pas au village pour parler avec ses parents et les miens, l'enfant aussi allait passer. Elle s'était entretenue avec lui à part et nous étions partis de là. La semaine qui avait suivi, il s'était rendu au village pour s'entretenir avec mes parents, les siens et les anciens du village. C'était ainsi que j'avais pu mener cette grossesse à terme et ton frère Leonel avait vu le jour. Quelques mois après sa naissance, nous avions pu nous marier et nous avions vécu notre petite vie, tu es née quatre ans après. 

Deux ans après ta naissance, ton arrière grand-père est décédé et c'est là que nos problèmes ont commencé. Les gens voulaient qu'il aille au village pour le remplacer mais ton père ne voulait pas, ses parents lui avaient mis la pression pour qu'il le fasse, mais il avait refusé. Les miens, de mon côté, avaient essayé de me pousser à le décider d'accepter d'y aller mais comme j'avais refusé de le faire, ils avaient fini par laisser tomber. Ils nous avaient dit qu'ils respectaient notre décision et ce fut le silence radio pendant plusieurs mois. Puis un matin, ton frère a eu ce mal à la jambe, nous ne savions pas que c'était quelque chose de mystique et nous étions loin de nous douter que cela pouvait être quelque chose qui venait d'eux. C'est ainsi que ton frère est décédé et ils ont voulu retenter l'expérience avec toi. Ton père qui avait compris ce qui se passait avait rapidement réagi en les empêchant de te prendre mystiquement. Je crois que tu te rappelles de la fois où ton père avait tiré sur tes grands-pères n'est-ce pas ?


Moi: Oui.


Maman : Voilà. Il savait que c'était quelque chose qui venait d'eux et il avait agit en conséquence. Tu te demandes sans doute pourquoi ils ne l'ont pas tué lui ou moi en vampire ou pourquoi ils ne l'ont pas fait avec toi plus tard ? Eh bien, parce qu'ils ne le pouvaient pas. Ton père fait partie de ce qu'on appelle dans le monde mystique "des intouchables". Ça n'arrive pas à tout le monde mais celui sur qui ça tombe est destiné à devenir le chef spirituel du village, mais aussi le chef de famille. En dehors de ton arrière grand-père, c'est ton père qui l'avait et c'est la raison pour laquelle c'est lui qu'on avait choisi pour le succéder. Quant à moi, j'avais été consacrée à ne ni avoir des enfants ni me marier car ils avaient décidé que je devrais être celle là qui devrait rapporter de l'argent dans la famille. Lorsque je devais commencer à avoir des rapports sexuels avec un homme, la chose devait s'enclencher. Mais malheureusement pour eux, l'homme qui m'a initié au sexe et qui d'ailleurs l'experimentait par la même occasion, c'était ton père. Son énergie spirituelle a bloqué certaines choses et j'ai pu tomber enceinte. Seulement ils avaient accès aux grossesses tant que nous n'avions pas accompli les procédures pour le mariage. Quand nous nous sommes mariés, la porte fut fermée, c'est ainsi que tu as pu voir le jour sans problème. En ayant des rapports sexuels avec moi, la couverture spirituelle de ton père s'est étendue sur moi, faisant de moi, une intouchable au même titre que lui. Pour te rendre inaccessible, il a fallu qu'il te transmette cela mais cela impliquait deux choses. Premièrement, il perdrait la capacité de procréer et deuxièmement, il fallait qu'il t'endurcisse parce que tu étais trop faible. Tu devais être sous sa responsabilité jusqu'à l'âge nubile, c'est-à -dire, tes 15 ans. C'est à cause de ça que tu es devenue Maxime au lieu de Linda puis tu es redevenue Linda. Tu n'aurais pas pu supporter ce transfert dans l'état où tu étais. Pour ne pas prendre le risque de t'adoucir, il t'a éloigné de tout et de tout le monde. C'était un grand sacrifice, Linda, mais il a décidé de le payer, pour te garder en vie, il l'a fait. C'est pourquoi tout le monde dit que tu as la même aura que ton père, c'est parce qu'il te l'a transmise pour que tu vives jusqu'à maintenant. Il est certainement allé dans les extrêmes en te privant de tout mais c'était sa façon à lui de faire, il ne voulait pas prendre le risque de te perdre toi aussi et il a fait ce qu'il pensait être bien. Étant déjà empêtré dans ce rôle de père autoritaire, il l'a simplement poursuivi jusqu'à maintenant. Voici Linda, la personne derrière Hens Maxime NDOMBI, ton père. Maintenant que tu es au courant de ce qu'il a fait pour toi, continues-tu de penser que si tu es dans cette maison c'est parce qu'il te tolère ?


Je l'ai regardée sans répondre.


Maman : Il y a encore plein de choses que ton père a faites pour toi, mais ça, tu n'as pas besoin de le savoir. Je tenais juste à ce que tu saches cette partie de notre vie que tu ignorais. Avant de tirer les conclusions lorsque tu vois quelqu'un poser certains actes, il faut te poser les bonnes questions et chercher à comprendre avant de juger. (Se levant et me faisant un bisou sur le front) Je vais me coucher. Bonne nuit. 


Elle a marché et est sortie de la pièce. Je suis restée là sans bouger avec plein de choses qui se bousculaient dans ma tête. Je me suis vraiment gourée pendant tout ce temps sur mon père et son vrai visage. Et là comme si un filtre qui m'empêchait de voir derrière ses actions a été ôté, j'ai balayé d'un seul regard toutes les actions posées par lui et là j'ai vu, j'ai vu tout l'amour qu'il y avait derrière. Je me suis rendue compte de ô combien mon point de vue était biaisé. Je me suis levée telle une automate et je suis sortie de la cuisine pour me rendre dans ma chambre. J'ai aperçu mon père qui sortait de son bureau et se dirigeait vers les escaliers. En le voyant j'ai pu voir la tristesse dans son attitude, sans doute dû à la peine que lui causait mon départ ou les propos que j'avais sorti tout à l'heure au dîner. Il s'apprêtait à monter les premières marches quand je l'ai interpellé.


Moi: Papa ?


Il s'est arrêté et s'est retourné pour me regarder, j'ai couru pour venir me jeter dans ses bras en pleurant. Il m'a serrée contre sa poitrine et des larmes se sont mises à couler de ses yeux.


Papa : (Me serrant contre lui en pleurant) Linda?


Moi: (Pleurant) Je suis désolée papa, je suis vraiment désolée…

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