Chapitre 61

Write by WumiRa

Maya souhaita la bienvenue à la nouvelle venue, puis prit son sac.


- Ay maman, tu m'as apporté quoi qui fait que ton sac soit aussi lourd ?


Firda s'avança vers le salon, sa fille sur le pas, et quelle ne fut sa surprise lorsqu'elle trouva assise la dernière personne qu'elle s'attendait sans doute à voir là.


- Toi...?


Elle se tourna vers Maya.


- Que fait-elle ici ?


- Comment ça ? Elle est de la famille, non ?


Awa en profita pour se lever.


- C'est ce qu'elle t'a raconté ? Qu'elle est de notre famille ?


- Mais pourquoi tu cries comme ça ? Vous ne vous connaissez pas ?


- Laisse la se défouler, ma chérie, intervint Awa. Je comprends qu'elle ne s'attendait pas à me voir ici, d'ailleurs j'ignorais moi-même qu'elle allait venir.


- Comment...


- Quoiqu'il en soit, cela ne change rien à ce pourquoi je suis là. Au contraire, elle va pouvoir confirmer ce que j'ai à te dire.


- Dire quoi ?


- Tu ne diras rien du tout, répliqua Firda.


Maya se tourna vers Awa, ne comprenant rien à la dispute qui était en train d'éclater devant elle.


- Quel est le problème, tata ?


- Le problème, c'est que cette femme que tu appelles "maman" depuis des années n'est pas ta mère et elle refuse de l'avouer, voilà tout le problème. Celle qui t'a portée dans son ventre, celle qui t'a donné le jour, c'est moi qui suis devant toi. Elle et son mari n'ont fait que t'élever, tu n'es pas de leur sang.


Un grand froid l'envahit.


- Tu n'y gagneras absolument rien, déclara Firda. Si tu crois pouvoir briser ma famille, tu te mens à toi même !


- Chérie, je suis désolée d'avoir à te l'annoncer comme ça, mais ils ne m'ont pas laissé le choix. Oui, je suis celle qui n'a pas voulu de toi à ta naissance, je suis celle qui t'a abandonnée, mais je suis également ta maman. Je n'ai pas vraiment eu le choix, Dieu m'en est témoin.


Firda s'approcha de sa fille et la prit par les épaules.


- Ne l'écoute pas, tu sais très bien qui nous sommes pour toi. Tu n'as nul autre mère que moi et aucun autre homme ne peut se vanter d'être ton père à part celui que tu as toujours connu. Tu es une Fall.


En guise de réponse, Maya demanda simplement :


- C'est vrai ?


- Non, ce n'est pas vrai...


- Tu ferais mieux de lui dire la vérité, une bonne fois pour toute. Vous n'êtes pas ses parents biologiques, mais en plus de cela vous ne l'avez pas adoptée, Cobar vous l'a vendue alors qu'elle n'était qu'un bébé ; dis-lui.


- Qu...quoi ?


- Moi j'étais jeune, inexpérimentée et démunie. Son mari et elle en ont profité, pas parce qu'ils souhaitaient vraiment avoir un enfant, mais parce qu'il fallait faire taire les mauvaise langues. Ils ont tiré profit de ma situation, puis ils m'ont fait passer pour morte. Qui fait ce genre de choses ?


- Ça c'était un arrangement entre Cobar et toi ! Tu devrais avoir honte.


- Honte de quoi ? Du fait qu'à présent je veuille récupérer ma fille ? Celle qui doit avoir honte, c'est toi, ce n'est pas moi qui suis stérile.


- Tais-toi !


- Arrêtez ! les interrompit Maya.


Puis elle se tourna vers Awa.


- Qui êtes-vous au juste ?


- Ta mère biologique.


- Comment sa ma mère biologique ? Je n'ai pas été adoptée.


- Justement, non je viens de te le dire, les Fall m'ont proposé de l'argent en échange du bébé que tu étais alors. C'est difficile à croire, mais c'est la vérité, je t'ai donnée la vie.


- Avant de m'abandonner ?


- Je trop jeune pour voir que c'était mal...


Ne sachant pas exactement quelle réaction avoir, après une telle nouvelle, ni où se mettre, Maya se tourna à nouveau vers sa mère adoptive.


- Donc... C'est vrai.


- Oui, admit enfin Firda.


- Tu n'es pas ma mère ?


- Je le suis...


- Mais tu viens toi-même de l'admettre. Comment... Papa et toi...


Confrontée à toutes sortes d'émotions, elle voulut s'asseoir, mais ensuite, elle se ravisa.


- Vous m'avez acheté à cette femme ? 


- Les choses ne se sont pas exactement passées comme ça. Si nous ne t'avons rien dit c'était pour ne pas t'embêter avec ça. Tu es notre petite fille, Maya.


Elle eût un mouvement de recul, lorsque Firda voulut la toucher.


- Je crois qu'il est temps que vous partiez, déclara t-elle. Nous continuerons cette discussion plus tard.


- Je suis tout à fait d'accord, répondit Awa. Je n'imagines pas à quel point tu dois être bouleversée, par contre tu as besoin d'être seule pour digérer tout ça.


Elle déposa une carte de visite sur la table.


- Je serai disponible sur ce numéro de téléphone, si tu décides qu'un test est nécessaire pour prouver que tu es bien ma fille.


Elle prit son sac.


- J'espère que nous nous reverrons bientôt. Bien le bonjour à ton mari.


À peine fut-elle parti que Maya prit le chemin de sa chambre.


- Maya, dit Firda, elle ne t'a pas tout dit. Nous non plus, nous n'avions pas le choix.


- Je ne veux pas parler de tout ça, maintenant.


- Réfléchis un peu à ce qu'il serait advenu de toi, si nous ne t'avions pas acceuillie. 


Maya se retourna.


- Tu sais, maintenant que j'y pense, je ne suis pas plus surprise que ça. J'ai toujours su que je vous était redevable quelque part. Je ne savais juste pas pourquoi.


- Comment peux-tu dire une telle chose ? Si seulement tu savais la place que tu occupes dans mon cœur depuis le premier jour, tout le reste ne compte pas.


- Tu aurais dû me dire la vérité.


- Pourquoi ? Mets-toi un peu à ma place, je ne voulais pas te mettre des choses sans importance dans la tête.


- Sans importance ? Le fait que je sois une batarde n'a jamais eu d'importance pour papa et toi ? 


Sa voix se brisa.


- Vous ne m'avez même pas adoptée, ç'aurait été trop difficile pour vous d'aller dans un orphelinat ?


- C'était nous ou d'autres personnes.


- Oui cela ne change rien de toutes façons. J'étais un fardeau pour ma propre mère et vous l'avez aidée à se débarrasser de moi en lui offrant de l'argent. J'ai l'impression de rêver, vous ne savez pas à quel point vous venez de remettre en question tout ce en quoi j'ai toujours cru, l'amour, la famille, l'honnêteté... Je n'arrive pas à y croire.


Elle gravit les escaliers en courant.


- Maya.


Seul le bruit d'une porte claquée répondit aux appels de Firda.



***


Après la phrase de Malik, s'en suivit un très long silence, qui ne fut rompu que lorsqu'Henri ouvrit l'un des tiroirs de son bureau. Il en sortit un journal, coupé par endroit qu'il déplia, avant de le pousser vers son interlocuteur.


- Ce Barry Sylla ?


Automatiquement, les yeux de Malik se posèrent sur le journal en face de lui. Il le prit même et parcourut la première page des yeux. 


Incroyable.


Comme cela, ce vieux pervers avait gardé dans son bureau tout ce que la presse avait relaté de faux sur son père, il y avait de cela vingt ans. Sur une première photo, l'on voyait les deux ex meilleurs amis et associés se donnant l'accolade en public, puis sur une autre, Barry, le père de Malik essayait bien que mal de cacher son visage aux journalistes et cameramans, malgré les menottes qu'on lui avait mises. Le pouls de Malik s'accéléra de manière inhabituelle ; il reposa le journal.


- Oui.


- Donc, je ne me suis pas trompé.


 - Vous saviez qui je suis.


- À toi de me le confirmer, répondit Henri.


Il toussa, puis s'éclairçit la gorge avant de reprendre en disant :


- Malik Sylla, c'est cela ? Ou plutôt Zayn Sylla ? Je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas te reconnaître pendant tout ce temps. Mais je t'avoue que j'ai été très surpris il y a quelques jours, quand une évidence s'est enfin imposée à moi. Tu as le même tempérament que ta mère, Aïda.


La chaise de Malik grinça sous lui, lorsqu'il se mit debout.


- Laissons ma mère en dehors de tout ça.


- Si tu veux. N'empêche que je ne comprends pas pourquoi tu t'es fait passé pour quelqu'un d'autre alors que tu savais parfaitement qui j'étais. Tes parents et moi étions de bons amis.


- Jusqu'à ce que vous fassiez tuer mon père. Vous n'êtes plus obligé de faire semblant après tant d'années.


Le front d'Henri se plia d'incompréhension.


- Faire tuer Barry ? Moi ? 


- Qui d'autre que vous, l'unique personne qu'il considérait comme son ami ?


- C'est donc ce qu'on t'a raconté ? Que j'ai fait tuer ton père ? Tu as dû tout mélanger, tu n'étais qu'un enfant à l'époque.


- Je ne suis plus un enfant, Henri. 


Il pointa un doigt accusateur vers son interlocuteur.


- Et vous n'imaginez pas ce dont je suis capable. Si j'ai passé mon enfance dans un orphelinat, si tous les biens de ma famille ont été confisqués, c'est uniquement de votre faute. Si vous n'aviez pas témoigné contre mon père, il n'aurait pas tout perdu.


Henri sembla analyser les accusations portées contre lui. Il fouilla à nouveau dans un tiroir et sortit ses verres.


- Remerciez Dieu d'avoir placée Maya sur votre chemin, parce que j'étais vraiment décidé à en finir avec vous, vieux manipulateur. Ce n'est pas étonnant qu'elle ne soit pas de votre sang.


- C'est une chance qu'elle ne le soit pas.


Il mit ses verres et les ajusta sur son nez.


- À t'entendre, tu es tombé dans le même piège que ta mère.


Malik s'enflamma encore plus.


- C'est la dernière fois que vous la mentionnez.


- Des fois je pense à elle et je m'en veux de l'avoir laissée aux mains de l'homme qu'elle a épousé. Tu crois que je suis coupable de sa mort, mais tu serais peiné si tu savais comment mon cher ami la traitait une fois qu'ils étaient seuls. 


Il se remit à tousser.


- Tu veux la vérité ? Je n'ai rien à voir avec l'arrestation de Barry, ni avec le suicide de cette chère Aïda. Pourquoi aurais-je voulu la mort d'une femme que j'ai beaucoup aimé ? Nous avons tous été victime d'une machination et d'une trahison, mais ce n'est pas moi le coupable.


- A t-on déjà vu un malfaiteur avouer aussi facilement ? ironisa Malik. Je savais que vous alliez essayer de retourner les faits en votre faveur et je m'y suis préparé.


- Laisse moi donc te poser une question avant, répondit Henri, en se penchant en avant. As-tu des preuves ?


- Je ne suis pas un imbécile, j'ai des preuves qui font de vous un traître. Mon père n'a fait que vous tendre la main, est-ce un crime de vouloir aider son prochain ?


Des coups résonnèrent à la porte, mais Malik ne s'interrompit pas pour autant.


- Entrez ! cria Henri.


La porte s'ouvrit et Michel, le chef de sécurité entra.


- Bonjour monsieur, j'ai entendu des cris et je suis venu m'assurer que tout allait bien ici.


- Tout ça parfaitement bien, dit Henri. Retourne à ton post et que personne d'autre n'entre jusqu'à nouvel ordre.


- Très bien, monsieur.


Aussi vite qu'il était apparut, il s'éclipsa.


C'est seulement alors qu'Henri se leva à son tour.


- Parle moi de ce que tu crois savoir.


- Je vous demande pardon ? Si quelqu'un ici est censé parler et faire des aveux, c'est bien vous.


- Des aveux pour quoi ? Que j'avoue quelque chose que je n'ai pas fait ?


Il se rassit.


- Oui, tu as tout à fait raison de dire que Barry m'a aidé, mais ce que tu ne sais pas, c'est qu'il m'était redevable. Je ne veux pas le peindre auprès de toi comme étant quelqu'un de méchant, mais c'est ce qu'il était. À commencer par le fait qu'il m'ait prise la femme que je m'apprêtais à demander en mariage.


Malik croisa les bras, obstiné, prêt à en découdre.


- Dommage qu'elle ne soit plus en vie, pour confirmer mes dires. 


- Que voulez-vous dire par là ? De quelle femme s'agit-il ?


- De toutes les façons, tout ce que je dirai n'aura aucune importance, puisque pour toi, je suis le coupable. Admettre que tu t'es trompé, voudra dire remettre toute une vie passée à me haïr en question, et tu n'es pas prêt.


- Mes décisions ne regardent que moi, terminez ce que vous avez commencé.


- Sinon quoi ? 


- Je pourrai prouver à Maya que j'avais raison.


Henri prit sur le bureau, le vieux journal qu'il avait tendu à Malik bien plus tôt.


- Sais-tu qu'il est toujours en vie ?




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