Chapitre 68

Write by Jennie390

⚜️Chapitre 68⚜️


Landry Ratanga


2 jours plus tard...


—À ce que je vois, le sa*laud s'est vraiment préparé, dis-je en bousculant la tête. Et qu'est-ce que les policiers ont trouvé quand ils sont allés perquisitionner la maison ?


—Ils disent avoir trouvé des documents compromettants concernant notre blanchiment d'argent, répond Richard. Mais c'est aussi une histoire montée de toute pièce. Le gars est en combine avec certaines personnes haut placées de la justice. Donc, il est facile pour lui de monter une histoire de bout en bout, vu que les personnes qui sont censées assurer la justice dans ce pays le soutiennent.


—Le pouvoir de l'argent et des relations, renchérit Hortense.


—Bon, Dieu merci, vous êtes toujours au commissariat et pas encore déférés, dis-je. J'espère que ce n'est pas trop dur ici ?


—Vincent nous envoie à manger tous les jours, donc ça va. Mais le fait de ne pas bien dormir et ne pas pouvoir se laver commence à me fatiguer, rajoute Hortense. Et Yolande et...


Au moment où je m'apprête à répondre, mon téléphone sonne et c'est justement Yolande.


—C'est précisément elle, réponds-je en décrochant l'appel. Allo, Bonj...


—Il l'a prise ! hurle-t-elle en me coupant la parole. Il a pris mon bébé !


—Qui a pris qui, Yolande ? jdemande,de le cœur battant.


— Émile a pris Mélissa !!!


—Quoi ? Mais comment c'est possible ?


—Il...il...Oh, Seigneur, mon bébé !


L'entendre pleurer de la sorte me brise le cœur.


—Écoute, calme-toi et raconte, s'il te plaît. Hier, j'ai quitté la villa vers 23 h et tout allait bien. Quand je suis arrivée à l'hôpital pour ma garde, je t'ai appelé, il était 2 h du matin. Tout allait bien, non ?


—Oui, tout allait bien, dit-elle en pleurant. On s'est endormi après avoir regardé la télé, elle et moi. Subitement, au milieu de la nuit, j'ai entendu la porte de notre chambre s'ouvrir vu que j'ai le sommeil désormais très léger. Trois hommes cagoulés et armés sont entrés dans la pièce. Je n'ai pu faire quoi que ce soit lorsque l'un d'eux m'a mis un mouchoir sur le nez et au bout de quelques secondes, j'ai perdu connaissance. Quand je me suis réveillée, elle n'était plus là, Landry ! elle n'était plus là !!!


—Landry, qu'est-ce qui se passe ? me demande Hortense, visiblement inquiète.


—Melissa a été kidnappée hier tard dans la nuit.


—Mais comment est-ce possible ? Renchérit Richard. Avec toute la sécurité qui a été installée dans cette nouvelle maison, comment il a pu y entrer ?


—Moi-même je ne comprends pas, dis-je dépassé .


—Je veux mourir ! pleure Yolande à l'autre bout du fil. C'est la pire des choses qui pouvait arriver !!


—Ne dis pas ça Yolande, on va la retrouver.


—Comment on va faire ? C'est terminé, il a gagné, il a encore gagné.


—Non ne dis pas ça, calme-toi. Laisse-moi te rappeler pour que je vois que faire ici. Yolande, cette histoire va se terminer, je te le promets.


Elle raccroche et je pose les mains sur la tête.


—Hortense, on ne peut plus attendre d'avoir plus d'éléments, déclaré-je en regardant ma sœur. Il faut tout balancer aujourd'hui même.


—D'accord. Moi, je suis bloquée ici, mais tu peux aller au cybercafé qui est dans notre quartier. Demande à voir Billy Pambou, le gérant. Dis-lui que tu viens de la part d'Hortense. Je l'ai déjà briefé avant même qu'on nous arrête. Il saura quoi faire. Aide-le et lancez le tout. Mais en sortant d'ici, appelle Vincent et tu lui dis que c'est maintenant qu'il doit agir.


—Euh ok... Tu es sûr que ça va marcher ?


—Sûre et certaine ! Quand l'opinion publique est contre toi, même l'argent ne peut plus t'aider.


Je quitte le commissariat en vitesse pour accomplir les tâches qu'Hortense m'a données.


         

      ***


Diane Bibalou


Depuis que cette histoire de s*ex tape est sortie, ma vie n'est plus la même. Ma mère m'a appelé une fois et m'a copieusement insu*ltée. Mon père, quant à lui, ne veut pas que je mette les pieds chez lui à cause de la honte que je lui ai causée, à lui et même à toute la famille. Comme je m'en doutais depuis le début, cette histoire de mise à pied que mon employeur a créée n'était qu'un prétexte. Un prétexte pour me virer définitivement de la boîte. Quand je suis repartie au boulot, une semaine après, on m'a collé une faute professionnelle grave. Je ne sais même pas comment c'est arrivé, mais j'ai définitivement été virée.


Les choses deviennent tellement dures pour moi que j'ai dû me résoudre à quitter l'hôtel dans lequel je logeais pour une chambre « entrer - coucher ». Je n'ai plus de source de revenus, je suis donc obligée d'économiser le peu qu'il me reste. Je ne peux pas aller voir Vincent parce qu'il m'a prévenu qu'il ne le raterait pas si seulement j'osais me présenter devant lui.


Ce matin, j'ai déjà visité deux entreprises avec mon CV, mais je n'ai rien trouvé. Sous le soleil, je marche finalement jusqu'au cabinet d'Émile. Je ne lui ai pas parlé depuis l'histoire de la s*ex tape. Il a complètement bloqué mon numéro. J'arrive devant la secrétaire, mais elle me fait savoir que son boss est absent. Je sais qu'elle ment parce que j'ai vu, en arrivant, le véhicule d'Émile garé sur le parking. Je décide donc de ressortir tranquillement et décide d'aller attendre tranquillement à l'extérieur.


Il sort du cabinet environ deux heures plus tard accompagné d'un monsieur. Ils discutent un moment avant que ledit monsieur ne monte dans un véhicule et s'en va. Je traverse rapidement la route et au moment où il s'apprête à retourner dans son cabinet, je l'interpelle.


—Émile.


Il se retourne.


—Que fais-tu ici, Diane ?


— Émile, qu'est-ce que j'ai bien pu te faire ? Comment as-tu pu me faire une chose pareille à moi ?


—J'ai beaucoup de choses à faire, Diane, réplique-t-il en regardant sa montre. Je n'ai pas le temps pour toutes tes simagrées.


—Simagrées?! Tu appelles simagrées le fait que je veuille que tu m'expliques ce que je t'ai fait de mal pour que tu puisses gâcher ma vie de la sorte ? Mais tu es méchant, toi ! Après tout ce que j'ai fait pour toi, tu...


—Est-ce que je t'ai bien entendu dire « après tout ce que j'ai fait pour toi ? » demande-t-il en me toisant. Qu'as-tu fait pour moi, Diane ? Dis-moi un peu, qu'as-tu fait pour moi ?


—J'ai laissé mon foyer pour toi, dis-je en pleurant. Mon fils, mon mari, de plus de 15 ans de vie commune. Je l'ai espionné pour toi, j'ai tourné le dos à mes principes pour te...


Il m'interrompt en éclatant de rire.


—Tu as tourné le dos à tes principes à cause de moi ? Laisse-moi rire, Diane ! Tu crois te foutre de moi en disant ça, mais je t'assure que tu te fous de toi-même. Quand on a des principes, on ne court pas comme une chienne derrière l'ami de son mari. Quand on a des principes, on ne court pas derrière l'argent comme une affamée. Tu avais un mari riche, mais tu voulais plus ! Quand la première fois, il t'a jeté dehors, une femme normale aurait tout fait pour récupérer son foyer. Mais qu'as-tu fait? Tu es allée prendre des informations chez lui pour me les donner. Pourquoi as-tu fait ça ? parce que tu es égoïste, stupide, avec les yeux plus gros que le ventre et des délires de grandeur. Quant à moi, je n'ai fait que te donner ce que tu as toujours voulu: une partie de s*exe et je t'ai même payé, comme on paye une prostituée après l'avoir sautée. Donc de quoi tu te plains aujourd'hui ?


Les larmes ruissellent abondamment sur mes joues. Ses mots me font tellement mal.


—Bon, j'ai énormément de boulot, ma chère. Je n'ai pas le temps de discuter davantage avec toi. Et au fait, je ne veux plus que tu mettes tes pieds ici. Je te préviens.


—Tu n'es vraiment qu'un sa*lopard, dis-je en pleurant. Comment je n'ai pas pu le voir depuis toutes ces années ?


—Parce que tu es c*onne !


Il sourit et tourne les talons. Je pleure sans ménagement. Donc j'ai gâché ma vie pour ça ?! Seigneur, comment vais-je faire pour m'en sortir ?


             ***


Yolande Otando


La douleur que je ressens dans mon cœur est tellement vive que j'ai presque du mal à respirer. J'ai la sensation que le ciel m'est tombé sur la tête. Mon pire cauchemar vient de se produire, Émile a réussi à voler mon bébé. C'était la plus grosse crainte que j'avais et c'est finalement arrivé. Je suis assise dans le salon avec des larmes chaudes qui coulent le long de mes joues. La douleur que je ressens est insupportable. Mon esprit se met à imaginer toutes les horreurs que ce psyc*hopathe va faire subir à mon bébé et rien qu'à cette pensée, mon cœur se brise davantage.

Mon téléphone se met à sonner. Je me précipite pour le décrocher sans vraiment faire attention au nom de l'appelant, tellement ma vue est brouillée par les larmes.


—Oui, allô !, dis-je rapidement en espérant recevoir une bonne nouvelle. Mel?!


—Salut chérie, fais une voix doucereuse qui me donne automatiquement une envie de vomir. Alors, comment vas-tu?


Je me fige, les doigts tremblants.


—Émile...


—Oui, très chère épouse, c'est moi ?


—Comment as-tu eu mon numéro ?


—Quelle question ? se moque-t-il. Je peux trouver absolument tout ce que je cherche. Tu crois t'être suffisamment cachée avec Mel ? Il ne m'a donc fallu qu'un claquement de doigts pour avoir la petite. Si j'avais voulu, je t'aurais volé aussi. Mais je n'en voyais pas l'intérêt. Celle que j'ai toujours voulue est désormais à ma merci. La très jeune Mélissa : le petit corps bien juteux et intact...


— Émile, je t'en prie, supplié-je, tout doucement. Je suis prête à faire tout ce que tu voudras, je dis bien tout. Mais par pitié, laisse partir Mélissa.


Il ricane.


— Je dois laisser Mélissa pour récupérer tes vieilles fe*sses là ? J'emmène ça où ?


—Je t'en prie ! Ce n'est qu'une enfant.


—Oui, mais ne t'inquiète pas, je vais me charger de la transformer en une vraie femme dès aujourd'hui. Je vais explorer chaque partie de son corps.


S'il restait encore quelque chose de mon cœur, en entendant les paroles d'Émile, il explose dans ma poitrine tellement j'ai mal.


— Émile, je t'en prie...


—Mais ne t'inquiète pas, mon cœur, dit-il d'une voix glaciale. On va se revoir, toi et moi. Je n'ai pas oublié ce que tu as fait la dernière fois qu'on était ensemble. Je vais prendre soin de te t*orturer avant de te bu*ter comme un animal. Ce que tu as vécu en un an et demi n'est rien comparé à ce que je te réserve.


Mes larmes redoublent et mon corps tout entier se met à trembler. Je ne sais pas ce que j'ai pu faire de mal dans ma vie pour que la vie mette Émile Biyoghe sur mon chemin. Le jour où je l'ai rencontré, j'aurais dû fuir dans le sens inverse. Aujourd'hui, voilà ma vie, totalement gâchée.


—J'appelais juste pour te rassurer qu'elle est bien avec moi, déclare-t-il en riant. Histoire de ne pas trop t'inquiéter, vu qu'elle est entre de bonnes mains.


—Émile, je...


Il ne me laisse pas en placer une et il raccroche. Les doigts tremblants, j'essaye de rappeler son numéro, mais je me rends compte qu'il a bloqué le mien. Je m'écrase au sol, pleurant et criant. Je suis finie.


***

Émile Biyoghe


En fin d'après-midi...


Sigma m'a envoyé la localisation de l'endroit où il garde Mel depuis que ses hommes et lui l'ont kidnappé hier soir. Ça fait environ deux heures que je suis derrière le volant pour m'y rendre. C'est hors de Libreville, donc il m'a fallu du temps avant de pouvoir arriver à destination. Je gare mon véhicule et pénètre dans cette villa. Je trouve Sigma assis dans le salon, jambes croisées en train de manipuler son téléphone.


—Vous avez mis du temps avant d'arriver, me dit-il sans lever la tête de son écran. Vous vous êtes perdu ?


—Non, j'ai pris le volant en retard parce que j'avais des choses à faire. Où est la petite ?


—Dans la chambre.


—Elle a mangé ?


—Elle passe son temps à pleurer. Elle a refusé de manger tout ce qu'on lui a acheté.


—Où est la chambre ?


—C'est la porte juste au bout du couloir.


—J'espère que ni toi ni tes hommes n'avez osé poser vos mains sur elle, hein ! dis-je d'une voix glaciale. Je ne te paye pas pour toucher ce qui est à moi.


Sigma lève la tête de son téléphone et me regarde comme si j'avais perdu la raison.


—Premièrement, je ne touche pas aux mineurs, me dit-il sur un ton condescendant. Je préfère les vraies femmes. Et deuxièmement, je ne vois pas l'intérêt de toucher une femme qui ne connait même pas la différence entre sa gauche et sa droite.


Sa remarque m'énerve au plus haut point. Je le fusille du regard.


—C'est censé signifier quoi ça ? Que veux-tu insinuer ?


—Je n'insinue rien du tout, réplique-t-il nonchalamment. Je n'ai fait que vous dire que je n'ai pas les mêmes délires que vous en matière d'intérêt se*xuel. Point.


Il termine de parler et reporte son attention sur son téléphone comme si de rien n'était. Ce petit commence sérieusement à me taper sur le système. Je le tolère encore parce qu'il fait un excellent job, mais ça ne va pas en rester là. Il parle trop mal et je n'aime pas ça.


—Au fait, j'attendais que vous arriviez pour m'en aller, me dit-il au moment où je veux rejoindre la chambre.


—Tu veux t'en aller, mais qui va garder Mélissa ?


—Euh...le deal, c'était que j'organise l'enlèvement de la petite. Mes gars l'ont récupéré et me l'ont remis. Je suis venu seul ici avec elle pour ne pas que quelqu'un d'autre connaisse cet endroit. Je l'ai gardé depuis hier soir, là, il est 18 h. Maintenant que vous êtes arrivé, pourquoi vais-je rester ? Il n'a jamais été question que je joue à la nounou jusqu'à des heures impossibles.


—Je ne connais pas cette zone, si tu me laisses ici avec elle, comment vais-je me débrouiller au cas où j'ai besoin d'acheter quelque chose ? De me déplacer ?


—J'ai bien compris que vous aviez hâte de vous retrouver seul avec elle pour passer une excellente lune de miel, dit-il sur un ton qui me donne envie de lui sauter dessus et lui casser la gueule. Donc j'ai pris les devants : j'ai fait les courses, j'ai réglé le loyer ici pour deux mois en avance, j'ai mis suffisamment de recharge pour l'électricité. Pour l'eau et le gaz aussi, c'est ok.


—J'ai un boulot, contré-je les mains en poches. Je ne peux pas rester ici 24/24 ! Je vais...


— C'est votre propre cabinet d'architecture, donc vous pouvez vous absenter. En ce qui me concerne, j'ai énormément de choses à faire à Libreville. Alors, ce serait bien si je pouvais avoir le reste de mon argent maintenant.


—Je te ferai un transfert tout à l'heure, je réplique en voulant ouvrir la chambre.


—Monsieur Biyoghe dit-il d'un ton bizarrement trop calme. Je souhaiterais avoir mon argent tout de suite pour me tirer d'ici. J'ai fait ma part du contrat. À vous de faire la vôtre. Ça ne va pas vous prendre plus de trois minutes.


Ce petit-là! Hum...


Je sors mon téléphone de ma poche en étant très irrité. Je préfère ne plus beaucoup échanger avec lui, sinon ça va mal se passer.


—J'ai dépensé un million sept cents pour toutes les dépenses afin que cet endroit soit opérationnel, ajoute-t-il en me regardant. Donc, rajoutez ça dans ce que vous allez m'envoyer.


Je le fixe pendant un moment, les dents serrées, mais ç'a l'air de ne lui faire ni chaud ni froid... Je finis par lui transférer tout ce que je lui dois.


—C'est fait !


—Super !


Même pas un merci, tchuip!


J'entre enfin dans la chambre où Mel est gardée. Je la trouve endormie. Vu les traces sur son visage, je comprends qu'elle a énormément pleuré avant de finalement trouver le sommeil. Je la regarde et je remarque qu'elle a grandi. Sa poitrine et ses fesses sont plus fournies que la dernière fois que je l'ai vu. Elle ressemble davantage à une femme maintenant. Beaucoup plus jolie et d'ailleurs, elle ressemble encore plus à Yolande maintenant.


En parlant de celle-là, je n'ai pu m'empêcher de l'appeler ce matin en étant au bureau pour me moquer d'elle. C'était tellement jouissif de l'entendre me supplier en pleurs. J'aurais bien aimé voir sa tête à ce moment-là. Mais ce n'est que partie remise, on va se revoir très bientôt. Pour l'instant, c'est Meli avec qui j'ai des choses à faire.


En parlant de Mélissa, elle ouvre lentement les yeux et les garde mi-ouverts posés sur moi pendant quelques secondes avant de les refermer. Puis subitement, elle les ouvre à nouveau. Elle se redresse et s'assoit contre le mur, les jambes ramenées vers la poitrine. Elle m'observe, la peur dansant dans ses pupilles. Elle est terrifiée...


—Salut Mel, dis-je d'une voix douce.


—Je veux Yoyo...


—Comment vas-tu, ma belle ?


—Yoyo...


—Yoyo n'est pas là. Tu vas rester ici avecmoi,i d'accord ?


Elle bouscule la tête.


—On va bien s'amuser, tu verras.


—Je veux pas!


—T'inquiètes, réponds-je avec le sourire. Tu vas vouloir et en redemander.


Elle me regarde sans plus rien dire.


—Tu devrais prendre une petite douche, te changer, après on va manger quelque chose. Tu veux de la glace ?


—Je veux pas ! Je veux Yoyo!


—Bon, tu ne veux rien que je te propose, j'ai bien compris. Mets-toi quand même à l'aise et enlève ton sac à dos pour te soulager.


Elle me regarde sans répondre.


—Tu ne veux pas enlever ton sac?


Elle bouscule la tête.


D'où je me tiens, je vois que c'est un petit sac à dos en forme de peluche. Je comprends pourquoi elle ne veut pas s'en détacher. Elle a toujours beaucoup apprécié les nounours. Je n'insiste donc pas pour le lui arracher. D'ailleurs, c'est le cadet de mes soucis actuellement. En regardant Mel, j'imagine déjà tout ce que je vais pouvoir lui faire. Ça va être intéressant.


Je quitte donc la chambre et je trouve le salon vide. Je me dirige vers la cuisine pour voir si je peux grignoter quelque chose, je n'ai rien avalé depuis ce matin. J'ai du mal à manger ces jours-ci. J'ouvre le frigo et ce dernier est plein à craquer, pareil pour les placards. Ce petit impertinent de Sigma a vraiment fait les provisions. Je fais un sandwich rapide avec du pain de mie, du beurre, du jambon, puis je me sers un verre de jus de pomme. Je m'installe au comptoir de la cuisine et je commence à manger. Au bout de quelques bouchées, je ressens comme des reflux. Une forte envie de vomir. Je me précipite dans les toilettes et je rends tout le contenu de mon estomac dans le lavabo.


J'ai l'impression que d'un coup on m'a retiré toutes mes forces, je me sens très fatigué d'un coup. Je vomis ensuite un liquide jaune qui est amer et qui s'apparente à de la bile. À chaque poussée, j'ai une forte douleur à l'abdomen. Je me regarde dans la glace et je remarque que mes joues sont un tout petit peu creusées. J'ai perdu du poids, ce qui est normal vu que je n'arrive plus à garder quoi que ce soit dans mon estomac depuis des jours. Je vomis tout ce que je mange. Même boire de l'eau devient difficile, par conséquent j'urine difficilement aussi. J'ai également une douleur au niveau des reins. Je sais que je devrais aller voir le médecin, mais je n'en ai pas spécialement envie, surtout que depuis que je suis sorti de prison, je suis à fond sur ma vengeance.


Je me rince la bouche et le visage avant de sortir de la salle de bain. Le salon est toujours vide. Sigma doit déjà être parti. Il n'a vraiment aucune manière, ce gosse, partir sans dire au revoir... Je me rends dans la deuxième chambre, je vais laisser la petite tranquille pour l'instant, surtout que je sens un gros coup de fatigue. Je m'allonge sur le lit après avoir allumé la climatisation. Je finis par m'assoupir.


***

Je finis par me lever au bout d'un moment, en sueur, pourtant la climatisation est toujours en marche. Je ne vais pas bien. Je retourne dans la salle de bain et me rince le visage. Je vais ensuite dans la cuisine et je sers un verre de jus d'orange que j'emporte dans la chambre de Mélissa. Dès que j'ouvre la porte, elle se redresse et se remet dans la même position de tout à l'heure : jambes repliées vers la poitrine et dos collé au mur.


—Je t'ai apporté à boire Meli, dis-je en lui tendant le verre.


—Je veux Yoyo, pas le jus!


—Pourtant,vas bien devoir boire quelque chose, mademoiselle.


—Veux pas !


Je m'approche du lit et j'y dépose un genou. J'attrape une de ses mains de force pour qu'elle prenne le verre. Mais cette petite impolie repousse le verre d'un revers de la main et il tombe au sol où il se brise complètement. Une colère s'empare de moi.


—Ça ne va pas dans ta tête d'attardée là ? grondé-je, en levant son menton avec mon doigt. Tu...


Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase qu'elle me mord le doigt violemment. Je m'apprête à lui donner une bonne claque lorsque mon téléphone vibre. Je prends mon téléphone dans la poche de mon jean. C'est Philippe. Je renvoie l'appel. Mais ensuite je me rends compte que j'ai environ 30 appels manqués de lui depuis les deux dernières heures, sûrement quand je dormais.


30 appels ? Il a quel problème lui?


—Yoyo! Yoyo!


Je lève la tête et regarde Mélissa qui hurle le nom de sa sœur.

—Tu ferais mieux de la fermer toi!


Je gronde en la fusillant du regard. Je lance l'appel vers Phillipe tout en sortant de la chambre. Il décroche à la première sonnerie.


—Allo Émile , tu es où ? Depuis que je t'appelle !


— Oh calme toi pu*tain! Pourquoi cries-tu dans mes oreilles ?


—De me calmer, tu dis? hurle t-il dans le combiné. Tu veux que je me calme ? Tu es sérieux ou tu me fais une blague !


Il a quoi ?


—Oui je te demande de te calmer , réponds-je, agacé. C'est quoi ton souci?


—Où te trouves tu actuellement ? Tu es au Gabon ? Ou Alors tu as déjà fui sans me prévenir ?

—Fuir pour aller où Phillipe ? Évidemment que je suis au Gabon mais pas à Libreville ? C'est quoi le souci exactement ?


—Tu es sérieux que tu n'es pas au courant ? Comment est-ce possible ? Tu n'as pas vu les réseaux sociaux ?


Il commence à me taper sur le système à répondre à une question par une autre question.


—Si je savais, je ne te poserai pas la question Philippe. Que se passe-t-il ?


—Il se passe que tout a fuité?


—Qu'est ce qui a fuité ?


—Tout! Tout ce qui te concerne Émile. Que ce soit sur Facebook, Instagram, X, WhatsApp, Telegram, YouTube, c'est partout et ça passe en boucle. Tu es l'homme de l'heure, on ne parle que de toi sur la toile.


Hein?

—Comment ça tout ce qui me concerne ?


—Emile il y a des vidéos de chez toi quand tu séquestrais ta femme, quand elle restait des jours sans manger. On t'entend dans certaines vidéos dire comment tu avais l'intention de coucher avec ta petite belle sœur qui était à Oasis. Il y a les audios de tes appels téléphoniques avec le Docteur Marleyne Ovono quand tu lui as demandé de tu*er une certaine Bertille Otando. Il y a les enregistrements de ton dernier appel téléphonique avec Hortense Ratanga où tu dis que tu vas t'occuper de ses gosses et de celui de Vincent. Et ça ne s'arrête pas là, il y a les captures d'écran de nos messages et échanges de mail Émile. Quand on parle du fait qu'on a fait tu*er l'ancien procureur, qu'on a soudoyé le Président du Tribunal, qu'on a monté un dossier de toute pièce pour faire enfermer Hortense et son mari. Il y a nos anciens mails qui datent de plusieurs années en arrière où on parle de la mort de ton père, que je t'ai aidé à maquiller son décès. Il y a même des copies de ce qui ressemble à une sorte de journal intime numérique où tu dis que tu couchais avec ta mère dans ton adolescence pendant qu'elle était fo*lle. Émile, il y a absolument tout ce qu'il y a à savoir sur toi. Même les magouilles financières que je t'ai aidé à cacher dans le passé. Je dis que tout est dehors, tout ! Là je suis même en train de faire mes valises et je vais sauter dans un avion, direction Madrid.


Quoi ? C'est impossible !

Dans le secret