Chapitre 69

Write by Jennie390

⚜️Chapitre 69⚜️

Plusieurs jours plus tôt…

Odile Odjele

Ce weekend est mon weekend off, c’est-à-dire que je ne travaille pas. J’ai donc la possibilité de rentrer chez moi et me consacrer à moi-même. Aller voir des proches, me reposer, dormir dans mon propre lit et j’en passe. Ça m’a tout de même fait un pincement au cœur de laisser Tobias tout seul à Oasis. Bon, c’est vrai que quelqu’un prendra soin de lui en mon absence, mais j’aurais quand même voulu que son père vienne le chercher pour passer du temps avec lui.


Généralement, pendant les week-ends, les parents viennent chercher leurs enfants pour passer la journée, comme c’était par exemple le cas pour Mélissa. Yolande passait la prendre pour qu’elle prenne l’air, aille à la plage, suce des glaces, etc. Mais apparemment, monsieur Mezui, le papa de Tobias, est beaucoup trop occupé pour consacrer même une journée à son fils. Il estime qu’envoyer de l’argent tous les mois est suffisant. C’est vraiment désolant.


Toutefois, je suis tout de même ravie de passer du temps hors d’Oasis. Ce samedi, je décide d’aller à Bikélé pour rendre une visite à une de mes tantes. J’y passe la journée, on mange, on discute dans la bonne humeur, puis aux environs de 20 h, je décide de rentrer chez moi. J’emprunte alors un taxi pour une course afin que ce dernier me dépose directement devant ma maison. Pendant le trajet, je manipule mon téléphone et lève subitement la tête, puis je constate que nous sommes dans un embouteillage.


Alors que je tourne la tête vers la gauche, mes yeux tombent sur le conducteur de la voiture d’à côté. J’ai l’impression de rêver, je cligne des yeux à plusieurs reprises pour me rassurer que celui que je vois est bien réel. Tobias…  


J’observe ce jeune homme, une main posée sur le volant et dans l’autre main, il tient un téléphone à l’oreille, apparemment, il est en plein appel téléphonique. Je le vois de profil, il est identique à celui de qui je m’occupe à Oasis, mais c’est techniquement impossible que ce soit lui.

Tobias ne fait rien tout seul, je m'occupe de lui entièrement parce qu'il est complètement retardé. Il peut arriver que je lui parle pendant de longues minutes sans qu'il comprenne quoi que ce soit. J'ai même souvent l'impression de ne pas avancer avec lui parce qu'il ne montre aucun signe d'évolution. 


Je me dis parfois que son cas est peut-être désespéré. Il est donc techniquement impossible que celui que je vois dans la voiture d’à côté soit Tobias. Celui-ci est bien trop zen, très à l’aise dans ce véhicule. Ça se voit à la façon détendue avec laquelle il tient le volant, comme quelqu’un qui conduit depuis toujours.


 L’embouteillage se débloque et le véhicule d'à côté avance, puis je le perds de vue. Quand j'arrive chez moi, je prends une douche et je file au lit, mais je ne trouve pas le sommeil. Je passe toute la nuit à penser à celui que j'ai vu dans cette voiture et mon esprit est confus. J’essaye tant bien que mal de me convaincre en me disant que chaque personne a 

apparemment un sosie quelque part.


Le jeune homme dans cette voiture n'était qu’une photocopie anodine de Tobias. Oui, c'est cela ! Une photocopie. De toute façon, je sais que Tobias est à Oasis, c’est ça le plus important.


***

Le lendemain, 16h


Le taxi qui m’a prise à mon domicile me dépose devant le portail d’Oasis. Je règle ma course avant d’entrer dans la concession avec mon minuscule trolley. Je salue des collègues et je rejoins nos quartiers à l’étage. Quand j’entre dans la chambre, je trouve cette dernière vide.


 Je dépose mes affaires et m’assois sur mon lit lorsque subitement, la porte de la salle de bain s’ouvre sur Tobias. Quand nos yeux se croisent, je crois apercevoir une ombre de surprise passer furtivement dans son regard. Mais celle-ci s’en va aussi vite qu’elle est arrivée, à tel point que j’ai même l’impression de l’avoir imaginée.


—Bonjour Tobias, tu vas bien ?


Comme d’habitude, il ne me répond pas. Il s’assoit sur le lit et se met à manipuler ses petites figurines de super héros. Il est de profil et je repense à nouveau à celui que j’ai vu hier, ils sont trop identiques.


—Tobias, tu as pris ton gouter ?


Toujours rien. Ce qui ne devrait pas me surprendre, étant donné qu’il n’a jamais prononcé un seul mot depuis qu’il est ici. Mais l’image de celui d’hier, derrière le volant et qui parlait au téléphone, perturbe mon esprit. Je range mes affaires, puis je vais saluer la directrice qui est étrangement très étonnée de me voir. 


Plus tard dans la soirée, je prépare un plateau de sandwich au jambon et des verres de jus de fruits que j’emporte dans la chambre. Je le dépose sur la petite table qui est au centre de la pièce.


—Viens manger Tobias, dis-je en lui faisant signe d’approcher.

Il me regarde, puis ses yeux tombent sur le plateau, mais il ne bouge pas. Je finis par m’approcher de son lit et de le prendre par la main avant de l’entrainer vers la table. Il s’assoit sur le tapis vu que nous n’avons pas de chaise autour de cette petite table. Je retire son sandwich et son verre de jus du plateau et les dépose juste devant lui.


—Allez, mangez, bon appétit. Je te rejoins tout de suite.

Je fais un tour dans la salle de bain et reviens environ deux minutes plus tard. Je m’assois également sur le tapis, devant la table, juste en face de Tobias.


—C’est bon ?


Il mange sans même me regarder. Je bouscule la tête et m’apprête à prendre mon sandwich lorsque je me rends compte que le jus dans mon verre bouge légèrement, comme si quelqu’un 

avait remué mon verre. Ça me parait bizarre parce que la table est en bois dur, donc même si on la bouge un peu, la boisson dans le verre ne peut pas bouger. Sans oublier que ça fait environ 6 à 7 minutes que j’ai déposé le plateau, ma boisson devrait déjà être au repos. Je balaie cette idée de mon esprit et commence à manger en manipulant mon téléphone.


 Je me rends vite compte que Tobias jette plusieurs regards furtifs sur mon verre. Puis je repense à la pensée que j’ai eue par rapport à ma boisson. Tobias continue de manger, puis prend son verre et sirote une gorgée en ayant ses yeux dans les miens avant de les baisser à nouveau sur mon verre.


Ça commence à me mettre mal à l’aise.


Et s’il avait mis quelque chose dans ton verre ? murmure une voix dans ma tête, que je vais fais vite d’ignorer.

Pourquoi veut-il que tu boives ? me dit encore la voix.


Plusieurs pensées se bousculent dans mon esprit : le gars d'hier dans la voiture, le regard bizarre que Tobias m’a lancé quand je suis arrivée et là son comportement assez étrange face à ma boisson. Tobias est quelqu’un qui est toujours dans sa bulle, il ne fait presque jamais attention à moi. Aujourd’hui, son comportement me parait étrange. Mais je commence à me dire que je me fais trop de films. Tobias termine son sandwich avant de remonter sur son lit avec ses jouets. Il manipule ses jouets et me jette toujours des coups d’œil.


Puis, je décide de faire confiance à mon instinct. J’attrape mon verre et je bois une petite quantité de jus sans avaler. Je mets toutes les assiettes, les verres sur le plateau et me rends à la cuisine. Je dépose le plateau sur le comptoir, avant de cracher ce que j'ai dans la bouche. Je verse ensuite mon jus dans l’évier, rince mon verre et me sert un autre verre de jus. Mon cœur n’est pas en paix, je ne comprends pas. Je bois le jus en entrant dans la chambre et Tobias a encore les yeux sur moi. 


Je vide mon verre d’un trait et accompagne Tobias se brosser les dents avant de le mettre au lit. Je m’allonge sur mon lit et ferme les yeux. Quand je les ouvre à nouveau, Tobias m’observe. Cette fois-ci je sais que quelque chose cloche. Je referme les yeux et décide de les garder fermés pour faire semblant de dormir afin de voir si c’est moi qui m’imagine des choses. 


Au bout d’un moment, je sens une présence proche de mon lit. Je reconnais l’eau de Cologne de Tobias. J’ai le cœur qui bat à tout rompre, mais je fais de mon mieux pour ne pas ouvrir les yeux.

Puis subitement, il soulève mon poignet et le fait retomber, apparemment pour vérifier si je suis bien endormie. Je reste concentrée, sans bouger. 


Il reste encore un moment près de mon lit, avant de finalement s’éloigner. J’entends alors la porte de la chambre qui s’ouvre et se referme. J’attends encore un bon moment avant d’ouvrir les yeux. La chambre est vide, Tobias est sorti.


Qu’est-ce qui se passe, Seigneur ?


Je patiente un moment, mais toujours pas de signe de lui, je décide de sortir de la chambre. Mais avant de franchir la porte, quelque chose en moi me dit de prendre mon téléphone. Une fois à l’extérieur, je marche dans le couloir, sur la pointe des pieds, en évitant au maximum de faire du bruit. La peur envahit tout mon être parce que je ressens que ce que je vais découvrir ne va pas me plaire. 


Je continue de monter les escaliers pendant de longues minutes avant de finalement arriver au 4ᵉ étage, où se trouvent les appartements de la directrice. Plus je me rapproche, plus j’entends des bruits de voix sourdes. J’avance encore un peu plus et là, je reconnais la voix de la directrice et une voix masculine que je n’ai jamais entendue. 


J’entends le nom d’Émile Biyoghe et mon cœur fait un saut dans ma poitrine lorsque je me rapproche encore et aperçois Tobias, debout, les bras croisés, en train de parler avec la directrice. 


Dites-moi que c'est une blague !


J’ai le réflexe de lancer le dictaphone de mon téléphone avec des doigts tremblants. Pendant de longues minutes, j'écoute leur conversation et j’ai l’impression d'être dans un film. Je comprends que le jeune garçon dont je m’occupe depuis tous ces derniers mois, n’en n'est pas un. En l’entendant parler, je comprends qu’il s’agit d’un manipulateur, d'un criminel. 


La chair de poule me tient aux tripes quand je me rends compte qu’il aurait pu me faire du mal sans que je ne m'en rende compte. Puis j’ai une pensée vers ma petite Mel…


Je prends ensuite une photo et je retourne rapidement dans la chambre et m’enferme dans les toilettes et je vomis, sous le coup du stress, tout ce que j’ai dans mon estomac. Des larmes coulent sur mes joues quand je pense que je n’ai rien vu venir et qu’aujourd'hui Melissa et sa sœur sont en danger et que c’est entièrement ma faute. 


Il a donc l’habitude de mettre des somnifères dans mes boissons pour ensuite fouiller mes affaires, mes appareils, etc. Il a dit à la directrice qu’il a déjà tout raconté à monsieur Biyoghe et que ce dernier sait désormais où sont Melissa et Yolande. 


Je me dois de les prévenir, peut-être qu’elles pourront fuir à temps. Je transfère les photos et l’enregistrement que j’ai fait à Yolande, puis je lui envoie un texto pour lui expliquer. Après ça, je dois tout faire pour sortir de cet institut. Je ne me sens pas en sécurité ici.


Hortense Ratanga

Deux jours déjà que je trouve à peine le sommeil, deux jours déjà que je fais tourner mes méninges à cent à l’heure, que je cherche la solution pour nous sortir définitivement du problème qui pèse sur nos têtes à tous. 


Émile Biyoghe…


Voici le problème qui nous guette dans l’obscurité, attendant le bon moment pour nous étaler. Depuis qu’il est sorti de prison, le Gabon n’est plus un endroit sûr pour nous parce que tout et n’importe quoi peut nous arriver. On peut se faire tamponner par un véhicule dans la rue, se faire emp*oisonner dans un restaurant, se faire agr*esser à domicile, tout peut arriver. Surtout qu’il n’a pas toutes les cases au complet dans son cerveau, il doit avoir des milliers d’idées lumineuses sur la façon dont il va se venger de nous.


Je suis assise dans la salle à manger avec Richard, nous prenons le petit déjeuner. Enfin, nous essayons parce qu’aucun de nous n’a l’appétit.


—Bébé, tu n’as rien mangé hier, dis-je en le regardant. Pareil pour ce matin, fais un effort, s’il te plaît. Tu veux tomber malade ?


—Je n’ai vraiment pas faim.


—Oui, mais fais au moins un effort.


—Toi non plus, tu n’avales pratiquement rien, constate-t-il. Regarde ton assiette.


—Oui, mais moi, je…


Je n’arrive pas au bout de ma phrase lorsque mon téléphone se met à sonner. Un coup d’œil vers mon écran et je me fige légèrement en voyant le numéro d’Émile affiché. 


—Tu as l’air toute blême, qui t’appelle ? demande Richard.


—C’est Émile.


Il froisse la mine.


—Pourquoi il t’appelle celui-là ?


—Je n'en sais rien, je réplique en haussant les épaules. Ce n’est certainement pas pour prendre de mes nouvelles.


Je ne décroche évidemment pas, mais il insiste plusieurs fois. Piquée par la curiosité, je finis par prendre l’appel.


—J'ai toujours su que tu étais une fouine et une em*merdeuse de première catégorie, dit-il sans introduction. Mais à ce que j'ai compris, je t'ai malheureusement trop sous-estimé. Je prévois toujours tout. De ce fait, ç'a été très brillant de votre part à tous de réussir à me frapper sans que je voie le coup venir. Monter une cabale contre moi, m'envoyer en prison, kid*napper Mélissa : c'était audacieux. Mais tu vois, dans ce jeu, l'audace a un prix.


—C'est toi qui prends tout ça pour un jeu parce qu'autrement, tu ne t'amuserais pas autant avec la vie d'un être humain comme tu l'as fait avec Yolande et tout le reste. Tu n'es qu'un véritable délinquant et en tant que tel, ta place est derrière les barreaux. Je peux t'assurer que tu vas y retourner. Il faut vraiment être totalement taré pour avoir des envies lubriques sur des personnes avec des retards mentaux ou des fous. On ne pouvait pas rester les bras croisés pendant que tu foutais la m*erde un peu partout.


—Et vous vous vous êtes pris pour des justiciers des temps modernes, hein ? demande-t-il, sarcastiquement. Mettre votre nez où vous n'avez pas été invités. Mais ne vous inquiétez pas, je vais remettre les pendules à l'heure.


—Si tu crois que tu peux nous intimider, tu te trompes.


Je suis tellement en colère et agacée contre ce type que je me serre les poings à m’en blanchir les phalanges.


—Ce n’est pas une intimidation, c’est une promesse. Ceux qui se dressent contre moi finissent toujours par le regretter. Et vous, allez regretter d'avoir commencé quelque chose que vous ne serez pas en mesure d'arrêter. Préparez-vous !


—Ne t'inquiète pas, parce qu'en s'engageant dans tout ça, c'était en toute connaissance de cause. Nous savions parfaitement à quoi nous attendre avec une vermine de ton espèce.


—Ah, c'est bien que vous soyez tous préparés, Hortense ! se moque-t-il froidement. Tu viens de dire que je suis ta*ré, n'est-ce pas ? Je vais vous montrer à quel point je suis ta*ré ! Je vais m'occuper de chacun de vous, tous autant que vous êtes, et je ne vais pas m'arrêter là, non ! En ma qualité de ta*ré, je dois faire plus pour que vous compreniez bien que vous vous êtes attaqué à la mauvaise personne. Richard et toi avez apparemment oublié que vous avez des enfants, des jumelles, n'est-ce pas ? Tout comme cet imb*écile de Vincent a oublié qu'il a son fils Toby.


—On va seulement te tu*er une bonne fois, si tu t'en approches ! je menace, férocement. Tu...


—Je vais m'occuper de vos gosses, Hortense, ricane-t-il en me coupant brusquement la parole. Tu n'imagines même pas le genre d'idées qui traversent mon cerveau de ta*ré pour vos enfants. Préviens bien tes complices de mer*de. Soit dit en passant, dis à ma tendre épouse que le jour où je vais remettre la main sur elle, l'année et demie qu'elle a passé chez moi ressemblera désormais à des vacances à Miami par rapport à ce que je lui réserve. Vous êtes prévenus !


Il ne me laisse pas en placer une et raccroche subitement. Je suis très en colère parce qu’il a osé m’appeler pour me me*nacer, mais surtout parce qu’il a clairement dit qu’il s’en prendrait à mes enfants. Je sais qu’il va très certainement essayer de leur faire du mal, vu que c’est un psy*chopathe. Ça, je ne peux l’accepter ! On ne touche pas à mes gosses.


—Que se passe-t-il ? Il t’a donc appelé pour te me*nacer ?


—Il a me*nacé de s’en prendre à nos enfants.


Ses yeux s’agrandissent de stupéfaction.


—Quoi ?


 —Il a littéralement dit : « Tu n'imagines même pas le genre d'idées qui traversent mon cerveau de ta*ré pour vos enfants... »


—Là, ça commence à prendre des proportions qui ne me plaisent pas, dit Richard, visiblement agacé. Il faut qu’on fasse quelque chose. On ne peut pas rester les bras croisés pendant qu’il prépare des projets aussi funestes contre nous et surtout notre progéniture.


Une idée se forme dans ma tête et j’en parle rapidement à Richard. Pour ce plan, on aura besoin de Vincent, donc Richard lui donne rendez-vous à notre domicile. Ce dernier débarque 45 minutes plus tard. On s’assoit tous autour de la table pour qu’on mette les choses au point.


—Donc tu veux installer un logiciel espion dans son ordinateur ? demande Vincent.


—Oui, pour que je puisse avoir accès à ses dossiers personnels.


—Et comment tu veux le faire ? À distance ?


—Non, l’idéal serait de brancher un logiciel directement sur l’ordi. Le logiciel sera dans une clé USB, donc dès qu’il est branché, je peux lancer le programme à distance. Je pourrais donc naviguer incognito dans son système comme avec une sorte de cheval de Troie.


—Je vois, mais comment on va faire pour s’approcher de son ordi et y brancher le logiciel, demande Vincent. Ce n’est pas une mince affaire du tout. 


—Combien de temps faut-il pour que le programme soit lancé ? questionne Richard après avoir réfléchi un petit moment.


—Moins de deux minutes.


—Peut-être qu’il faudrait qu’on réussisse à détourner son attention, rajoute Vincent. Mais il est assez méfiant et méticuleux, donc, il faudra se la jouer fine.


—J’ai une idée, dit finalement Richard. 

Richard nous fait comprendre qu’il pourrait se servir de l’appel de tout à l’heure pour débarquer au bureau d’Émile, vu que ce dernier a menacé de faire du mal à nos enfants. Donc, il a l’intention d’enclencher une bagarre avec Émile, pendant ce temps Vincent devra brancher la clé USB sur l’ordi.


—Qu’en pensez-vous ?


—En théorie, ça peut marcher parce qu’Émile peut vraiment croire que tu es venu te battre avec lui pour ce qu’il a dit sur nos enfants, ce matin, quand il a appelé. Je ne pense pas qu’il puisse soupçonner que vous arrivez dans son bureau pour une tout autre raison. De toute façon, on n’a d’autre choix que d’essayer. 


—Oui, qui ne tente rien, n’a rien, acquiesce Vincent en hochant la tête. Allons-y et sur place, on va improviser au cas où les choses ne se passent pas comme prévu. 


On se met finalement d’accord et je leur remets la clé USB avant qu’ils ne s'en aillent. Quant à moi, je récupère tout mon matériel informatique et me rends dans le Cybercafé de mon quartier. Le gérant, Billy Pambou qui est un bon ami, me reçoit dans son bureau avec le sourire.


—Alors, dis-moi en quoi je peux t’être utile ?


—J’ai un boulot très important que je dois monter, mais j’aimerais le faire depuis ici et utiliser ton système réseau si tu n’y vois aucun inconvénient.


—Hortense, tu n’as même pas besoin de demander, me répond-il. N’oublie pas que quand il me manquait 5 millions pour ouvrir ce business, c’est toi qui m’as prêté cet argent et tu as refusé que je te rembourse, jusqu'à présent.


—Ce n’était pas un prêt, mais un don parce que j’ai vu que tu avais une vision. Et vu comment cet endroit s’est développé, comment il est fructueux, je suis très contente d’avoir pu t’apporter mon aide.


—Merci infiniment.


—Oh, s’il te plaît, c’est à ça que servent les amis.


—Le genre d’amis comme toi-là ne se trouvent pas facilement, dit-il en souriant. Bon, comme je t’ai dit, ici, c'est chez toi. Tu y fais ce que tu veux.


—Merci.


Il m’a laissé une pièce inoccupée de son cyber et j’y ai branché mes appareils. Quand Vincent m’a téléphoné pour me dire qu’ils sont arrivés au cabinet d’Émile et qu’ils sont sur le point d’entrer dans le bureau, je me suis tenue prête. Dès que j’ai détecté, quelques minutes plus tard, que ma clé USB a été insérée dans l’ordinateur, une joie immense m’a envahi. 


J’ai ensuite, pendant les heures qui ont suivi, navigué dans l’ordinateur d’Émile comme si ce dernier était devant moi. Je suis entrée partout : dossiers professionnels, e-mails, la corbeille (pour récupérer tout ce qui a été supprimé dans l’ordinateur), les fichiers multimédias, etc. J’ai épluché absolument tout et j’ai trouvé énormément de choses compromettantes. 


Je tombe également sur un journal intime numérique où il raconte tout ce qu’il faisait à sa mère lorsqu’elle était folle.


Je crée alors un dossier final où je rassemble tout ce que j’ai trouvé. J’ajoute aussi les quelques vidéos de surveillance que Yolande a prises avant de s’enfuir de la maison d’Émile. Ainsi que les enregistrements des conversations téléphoniques entre le docteur Marleyne Ovono et Émile. C’est vrai que ce dernier avait brûlé la maison de Marleyne pour qu’on ne mette pas la main sur ces enregistrements. Mais Dieu merci, on avait pu trouver des copies dans l’ordinateur de Marleyne qui était à l’hôpital. J’ajoute également l’audio et les photos que madame Odile a pris dans laquelle on voit Sigma et la directrice d’Oasis parler du plan avec Émile.


Quand je termine de remplir le dossier avec absolument tout ce qui compromet Émile, je le verrouille. Par précaution, je transfère une copie du dossier dans ma boîte mail. Ensuite, je dis à Billy Pambou que d’ici quelques jours, je reviendrai pour m’occuper de finaliser mon travail. Mais que dans le cas où je ne viens pas moi-même, j’enverrai quelqu’un de confiance et qu’il faudra qu’il aide cette personne à faire la publication généralisée du dossier sur les réseaux sociaux. Je préfère ne pas garder ce dossier chez moi ou à mon boulot parce qu’avec Émile, on ne sait jamais.


***

Landry Ratanga


Deux jours après l’arrestation de Richard et Hortense.


L’autre psy*chopathe de service a encore frappé, il a kid*nappé Mélissa. Je n’arrive même pas à comprendre comment ces hommes ont pu entrer dans cette maison, sachant que nous nous sommes attelés à renforcer la sécurité. Mais il a apparemment toujours un tour dans son sac. Je quitte rapidement le commissariat dans lequel sont détenus ma sœur et son mari. Puis j’arrive une demi-heure plus tard au cybercafé qui est dans notre quartier. Je demande à voir un certain Billy Pambou. Un homme d’une quarantaine d’années se présente à moi :


—Bonjour, je suis Billy Pambou, annonce-t-il en me tendant la main. Vous devez être le frère d’Hortense Ratanga.


—Euh… bonjour, je réplique en prenant sa main. Comment avez-vous deviné que je suis son frère ?


—La ressemblance est évidente.

Je hoche la tête. Il me propose de le suivre jusqu’à son bureau. Une fois sur place, nous nous asseyons.


—Alors, comment va Hortense ?

Je préfère ne pas mentionner que ma sœur se trouve actuellement en garde à vue au commissariat.


—Elle va bien.


—Super. Bon, la dernière fois qu’elle était ici, elle m’a fait savoir que si elle ne vient pas elle-même, elle enverra quelqu’un. Je suppose donc qu’il s’agit de vous.

—Oui, elle m’a envoyé.


—Vous êtes son frère, je comprends tout à fait. Mais ce jour-là, j’ai bien compris qu’il s’agissait d’une affaire de la plus haute importance. Donc, je veux m’assurer à 100% que c’est bien elle qui vous a envoyé.


Je peux comprendre sa réticence, surtout vu la situation avec Émile, on ne sait vraiment pas qui est qui. Je téléphone rapidement à Vincent pour qu’il appelle le commissariat afin qu’on permette à Hortense de prendre un appel. 


Une fois que j’ai l’autorisation, je téléphone à un des policiers qui me passe Hortense. Dès qu’Hortense prend l’appareil, je lui passe Billy Pambou. Ils discutent brièvement pendant quelques minutes avant qu’il ne raccroche.


—Maintenant que tout est clair, veuillez me suivre.


Nous sortons de son bureau et arrivons dans un autre, apparemment inoccupé. On se place devant les ordinateurs. Il insère le mot de passe qu’Hortense lui a donné au téléphone, puis nous commençons le boulot. Pendant un bon moment, nous partageons le document de manière séparée sur tous les réseaux sociaux.

 

Nous les partageons également dans plusieurs différents groupes. Nous montons des vidéos avec les copies des conversations issues des boites mail d'Émile, les vidéos de surveillance et nous les balançons sur YouTube. En l’espace de quelques heures, les vues et les partages se multiplient. Certains influenceurs s’emparent rapidement du dossier jusqu’à faire des lives partout sur la toile. 


Emile Biyoghe est le nom à la mode, tout le monde ne parle que de lui. J’en profite pour demander à Yolande de m’envoyer l’enregistrement de l’appel téléphonique de ce matin dans lequel Émile la nargue parce qu’il a kid*nappée Melissa. Dès que je le reçois, je le balance aussi sur la toile, étant donné que le but est de saturer internet avec l’histoire d’Émile Biyoghe. 


En faisant un tour dans les commentaires des différents postes, on peut remarquer que les internautes sont partagés entre la colère,entre la colère, l’indignation, la révolte, etc:


« Un vrai psy*chopathe ! » « Nous ne sommes plus en sécurité dans nos rues avec un prédateur pareil qui se balade en costard avec un sourire Colgate » « Justice pour ce jeune procureur qui avait toute la vie devant lui » « C’était un père de famille, il ne méritait pas de mourir si jeune » « Malheureusement cet Émile Biyoghe n’est qu’un monstre parmi tous les monstres qui existent dans ce pays et qui pensent que l’argent donne le droit à tout » « Il préfère coucher qui ? les folles ? Evou !!» « Elles n’ont pas de famille, voilà pourquoi cet homme se permet de faire tout ça. C’est vraiment triste. » « Quand vous avez un pays où les autorités qui sont censées nous protéger, nous vendent à cause de l’argent, vous vous attendez à quel résultat ? »


Aux alentours de 18h, je reçois un appel téléphonique de Vincent.


— Allo, comment vas-tu, Vincent ?

—Je me porte bien, surtout que les choses commencent à bouger.


—Ah bon ?


—Yes, répond-il, enthousiaste. Tu as commencé les publications vers 10 h moins, mais à l’heure actuelle, certains mandats d’arrêt ont déjà commencé à être délivrés.


—Déjà ? contre qui ? Et surtout, comment ça s’est fait aussi vite ?


—J’ai appelé la famille du jeune procureur assassiné, figure-toi qu’il a laissé une femme enceinte de huit mois. La pauvre est évidemment inconsolable.J’ai donc dit aux membres de cette famille que le pays dans lequel on vit là, nous le connaissons tous. Que si les gens restent les bras croisés, ça ne va pas avancer et qu’il faut en quelque sorte forcer la main aux autorités. En un rien de temps, les cousins, les sœurs, les tantes, les voisins, sont allés faire in sitting devant le tribunal pour certains, d’autres devant le ministère de la Justice avec des pancartes pour réclamer justice. 

Le procureur général près de la Cour de cassation a facilement fait délivrer les mandats d’arrêts pour tous les citoyens lambdas qui ont déjà été cités : Émile Biyoghe, Philippe Martins son avocat, Alex Bibang alias Sigma, la directrice d’Oasis. Ils sont recherchés pour déjà être interrogés, vu que c'est la procédure. Les photos sont déjà dans les ports, gares ferroviaires, gares routières, aéroports, etc. 


—C’est très bien ça, j’acquiesce. Mais en ce qui concerne le procureur actuel et son chef hiérarchique qui sont complices d’Emile et tout…


—Ils ne peuvent pas non plus quitter le pays vu que leurs noms ont été cités, mais vu que ce sont des magistrats, leurs cas vont être traités différemment. Le procureur général près de la Cour de cassation doit faire ouvrir une enquête spéciale. Et en ce qui concerne leurs arrestations, seul le président de la République peut donner l’ordre de les faire arrêter après avoir écouté les avis et recommandations du conseil supérieur de la magistrature. Leurs arrestations ne peuvent se faire dans l’immédiat, mais ils ne peuvent non plus quitter le territoire.


—C’est déjà très bien. Si Émile est déjà recherché, c’est un très bon début. Il faut que la police le retrouve le plus tôt possible.


—Oui et surtout, espérons qu’il n’a encore rien fait à la petite.


—Espérons !


—Bon, il faut que je te laisse, dit Vincent. Vu que l’arrestation de Richard et Hortense a été citée dans tout ce que vous avez publié, leur avocat est déjà en train de bosser sur leur libération immédiate. Normalement, ils peuvent quitter le commissariat d’ici demain matin.

—Pourquoi ils ne peuvent pas sortir aujourd’hui même ? Étant donné que dans les échanges de mail entre Émile et son avocat, ils disent clairement comment le coup a été monté.


—Le procureur actuel est normalement la personne qui pouvait autoriser leur libération immédiate, mais vu qu’il fait partie des personnes corrompues qui ont été citées, il est donc hors course. Le juge d’instruction est, de ce fait, celui qui va diriger toute l’affaire sous supervision du procureur général auprès de la Cour de cassation. Donc ça va prendre quelques heures de plus. Mais ne t’inquiète pas, vu comment le peuple se soulève actuellement, ils seront obligés de se dépêcher. Plusieurs têtes vont tomber dans cette histoire, et même le chef de la police qui a fait arrêter ta sœur et son mari, sans oublier la perquisition illégale de leur domicile. En tout cas, tout ceci va bouger le pays. Beaucoup seront obligés de tout faire pour que Biyoghe soit rapidement arrêté pour ne pas être entraîné avec lui dans sa chute.


—Il y a tellement de gens haut placés impliqués dans tout ça, dis-je. Vu la gravité des faits, certains peuvent même chercher à le faire tu*er pour qu'il ne cite pas leur nom dans un tribunal.


—Oui, pas faux. En tout cas, il faut qu’on mette la main sur Émile, le plus tôt possible.


Je soupire.


—Il en a trop fait. Vivement qu’il soit mis hors de course une bonne fois pour toutes. Quant à moi, je dois filer à la villa avec Paul et Loïc. De notre côté, on va voir comment accélérer les recherches pour retrouver rapidement Mélissa.


—Ok, ça marche ! On se tient au courant.

***

Yolande Otando


Je suis là, seule, dans la chambre, avec un vêtement de Mel que je tiens fort contre ma poitrine. Le vide autour de moi me serre la poitrine. La nuit dernière, tout a changé. Ma petite sœur n'est plus là. Elle n'est plus là et c'est ma faute. Je devais la protéger. Je lui avais promis, encore et encore, que rien ne lui arriverait tant que je suis là. Mais maintenant, tout est brisé. 


Je me sens tellement vide. Une rage sourde bouillonne en moi, mêlée à une culpabilité qui me ronge. Comment ai-je pu ne rien voir ? Comment ai-je pu laisser ça arriver ? Je repense à chaque petit geste, à chaque bruit dans la nuit. Peut-être que si j'avais été plus attentive, plus vigilante... Non, je n'ai pas su la garder en sécurité.


 Elle m’a fait confiance, et je l’ai trahie.

Chaque minute sans elle me déchire. Je l'entends encore rire, courir dans la maison, poser des questions sans fin. Et puis, ce silence. Ce silence qui hurle dans mes oreilles, chaque seconde, plus lourd. Je n'arrête pas de me demander où elle est et ce que cette crapule est en train de lui faire vivre. La peur m’envahit, un froid glacial dans mon ventre. Comment vais-je pouvoir vivre avec ça si je ne la retrouve pas ?


Et maintenant, elle est là-bas, quelque part, loin de moi, à la merci de cet homme que j’ai fait entrer dans nos vies.


C’est mon cœur qui se brise chaque seconde qui passe, cette douleur qui m’écrase la poitrine, cette angoisse qui m’étouffe. Mel... Elle est tout pour moi. Aujourd'hui, je la perds à cause de ma propre stupidité. Je n’arrive pas à me pardonner. Cette culpabilité me dévore. S'il lui arrivait quelque chose, ce serait moi qui l'aurais tuée. Oui, moi, parce que j'ai fait confiance à un loup et je lui ai donné accès à la vie de ma sœur. Si j'avais été plus lucide, j'aurais pu voir le démon qui se cachait derrière ce sourire.


Malheureusement, tout ce que je peux faire aujourd'hui, c'est me torturer en pensant à tout ce que j’aurais pu faire différemment. Je suis coupable, terriblement coupable, et je ne sais même pas par où commencer pour réparer tout ça.


Je suis là, complètement perdue, les larmes roulant sur mes joues sans que je puisse les arrêter. Chaque souffle est une douleur, chaque pensée un tourment. « C'est ma faute, tout est ma faute... », je répète sans cesse, comme un refrain déchirant, me disant que si j'avais été plus prudente, si j'avais vu plus clair, mon bébé serait encore là.


Et puis, je sens une présence près de moi, une chaleur réconfortante qui me tire un peu de mon abîme. C’est lui, Landry. Je reconnais son parfum sans avoir besoin de me retourner. Il me prend dans ses bras, par-derrière, doucement, mais fermement, comme pour m'ancrer dans la réalité.


—On va tout faire, on va tout faire pour la retrouver, murmure-t-il, sa voix calme et rassurante.


Mais je n’arrive pas à le croire. Comment pourrait-on retrouver ma sœur après tout ça ? Comment réparer une erreur aussi grave ?


Je m’accroche à lui, mais entre deux sanglots, je ne peux m'empêcher de répéter encore, plus fort : 


— C'est ma faute... Si je l'avais protégée, elle ne serait pas... elle ne serait pas là où elle est maintenant.


 Les mots me brûlent, ils me déchirent, mais je ne peux pas les retenir. Il me serre plus fort, me forçant à me retourner pour le regarder dans les yeux.

— Non, ce n’est pas ta faute. Ce n’est absolument pas ta faute, Yolande, me dit-il, avec une telle conviction que, pour un instant, ça m’arrête.

Mais la voix dans ma tête ne veut pas l’écouter. Je me sens tellement coupable. 


— Tu n’as rien fait de mal, tu n’as pas à te blâmer pour ça, insiste-t-il, comme un murmure d’espoir dans le chaos de mes pensées.


Je voudrais le croire. Vraiment. Mais cette culpabilité, elle est si lourde, elle m’écrase. 


— Mais, si j'avais pu...


Mes mots se brisent dans ma gorge, comme si les reconnaître en les disant rendait tout ça encore plus réel. Mais Landry, reste là, solide, un pilier au milieu de ma tempête. 


— On va la retrouver, tu comprends ? On va la ramener à la maison, parce qu’on est ensemble, et on ne va pas abandonner. D'ailleurs, Émile est déjà recherché, Mel aussi.


Je m’accroche à lui, je veux y croire. Pour elle. Pour mon bébé. Mais je suis si fatiguée, tellement désespérée... Je n'arrive pas à voir au-delà de la douleur et de la culpabilité. Mais lui, il me le répète, encore et encore, comme une promesse qu’il refuse de briser : 


— Ce n’est pas ta faute.


Une heure plus tard...


Je suis là, repliée sur moi-même, les bras autour de mes genoux, pleurant en silence. Il y a ce vide dans ma poitrine, ce gouffre qui me ronge, et la douleur de la perte de ma petite sœur me paralyse. Je suis assise sur le canapé du salon, Landry est toujours près de moi. Paul et Loïc, sont à la cuisine. Ils ressortent avec un plateau de nourriture et des boissons, qu'ils déposent sur la petite table devant moi.


— Mange un peu, s'il te plaît, propose Landry, la voix douce, mais ferme. 

Je le regarde à peine, mes yeux embués de larmes. La soupe que les gars ont cuisinée sent bon, mais je n'ai aucune envie de manger. Comment pourrais-je avaler quoi que ce soit alors que ma sœur n'est pas là, qu'elle est peut-être en danger quelque part ?


— Je n'ai pas faim.


—Tu dois te nourrir, tu n’es pas seule dans ça, on est là pour toi, déclare Paul gentiment. 


Mais j’ai la gorge nouée, l’idée de manger me semble insupportable.


—Je ne peux pas manger tant qu'on n'aura pas localisé Mel !

— On va la retrouver, Yolande. 

Et puis, soudain, Loïc, qui se tenait un peu en retrait, a un éclair dans les yeux, comme s’il venait de se souvenir de quelque chose d'important. 


— Attendez… la petite…, dit-il presque dans un murmure. Elle a constamment son sac à dos en forme de doudou et dont elle ne veut jamais se séparer, n'est-ce pas ?


—Oui, elle l'a toujours avec elle, je réponds en essuyant mes larmes, totalement abattue. Elle aime tellement ce sac, qu'elle dort même avec. Donc, ils l'ont kidnappée avec ça.


—Bah, donc c'est parfait, dit Loïc. Si j'ai bonne mémoire, elle a toujours le téléphone avec lequel elle joue toujours à Candy Crush.


Je le regarde sans comprendre où il veut en venir.


—Oui et ?


—Le téléphone...murmure Landry.

Il semble se réveiller brusquement, comme s'il venait de comprendre où Loïc voulait en venir.


— Si le téléphone est allumé, on peut peut-être le localiser ! 


Il se précipite alors vers l’entrée, fouillant dans son sac, dans ses poches, comme s'il espérait y trouver une solution. 


— C'est certainement notre chance...

Si on peut savoir où il est, on pourrait… peut-être retrouver la petite.


Je le regarde, tout à coup suspendue entre l’espoir et l’angoisse. Le téléphone. Elle avait toujours son téléphone, c’est vrai. Mais, est-ce qu’il est allumé ? Est-ce qu'on peut vraiment la retrouver comme ça ?


 Mon cœur s’emballe, un mélange de peur et de timide espoir. 


—Tu crois qu’il y a une chance pour qu’on la retrouve comme ça ?


Landry se tourne vers moi, ses yeux remplis de détermination.


—Oui, on va tout faire pour ça. On va la retrouver, je te le promets. Je vais appeler Vincent pour qu’il m’aide à avoir Hortense au téléphone. Elle me dira exactement ce qu’il en est en matière de localisation de téléphone.


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