Chapitre 7
Write by Kaylee
LA SECONDE ÉPOUSE
Épisode 07 : Encore une réunion !
**** Oumou Ali ****
À près de quatre mois de grossesse, mon ventre se fait de plus en plus voir. Cette grossesse m'a fait de mal plus que du bien jusqu'à présent. Je me fais pointer du doigt comme si j'avais commis un grave délit partout où je passe dans le village. Aussi je n'ai plus d'amis à proprement parler car elles m'ont tous lâché de peur qu'on les associes à moi depuis que mon état s'est fait connaître. Je ne blâme personne d'autre à part moi-même car si j'étais restée sagement à ma place durant ces vacances chez ma tante, rien de tout cela ne serait arrivé. Mais bon, le mal est déjà fait. Depuis que Salewa est allée en ville je me sens de plus en plus seule. En plus d'être ma grande sœur, elle était ma plus grande confidente. Être loin d'être est très difficile à supporter, autant pour les jumeaux et moi qu'autant pour les parents, même s'ils s'efforcent de ne pas le montrer. Mais on s'y fait même si l'idée qu'elle vit avec cette sournoise de Jessica en ville ne me réjouis pas du tout. Quoi qu'on me dise, je reste confortée dans l'idée que Jessica ne mène pas une existence catholique en ville. Cela saute aux yeux de tout le monde sauf à ceux de ma sœur qui adule notre cousine à un degré pas possible. J'espère juste que tout ira bien pour elle en ville.
Maman : Oumou !!!!!
Moi : Oui néné.
Maman : Ton père a à te parler. Nous sommes au salon.
Moi : D'accord.
Je me lève de ma table d'étude en prenant le soin de fermer mon cahier d'exercice avant de rejoindre les parents au salon en me demandant ce que mon père avait à me dire.
Moi : Baba, néné, me voici.
Maman : Assieds-toi. Ton père a une nouvelle à t'annoncer.
Moi ( inquiète): Rien de grave j'espère.
Papa : Non rassure-toi. C'est pour t'annoncer que les parents d'Amir seront ici après demain, c'est-à-dire samedi pour que nous discutons à propos de ton état. Tes oncles et tantes seront également présents. C'est vrai que j'ai été beaucoup déçu d'apprendre pour ta grossesse mais je ne vais pas te rejeter pour autant Oumou. Tu es ma fille et je t'aimerais toujours quoi qu'il arrive. Si je te dis tout ça, c'est pour que tu saches qu'importe l'issue où débouchera cette réunion samedi, ta mère et moi ne te laisserons pas tomber.
Mon père n'est pas quelqu'un de très bavard alors l'entendre me sortir ces belles paroles m'émeut plus que de raison. Les hormones n'aidant pas, j'éclate en sanglots et me jette dans ses bras pour un gros câlin.
Moi : Je m'excuse encore une fois pour la honte que je vous ai mis à néné et toi baba. Je t'aime aussi.
Ça fait du bien d'être dans les bras de son paternel. Je prie Allah pour que tout se passe bien samedi. Ce qui est déjà sûr d'avance, je sais que mes oncles n'abandonnerons pas cette histoire de mariage.
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**** Amir MOUSTAPHA ****
Assis du côté du hublot, je regarde dans le vague tout en priant que l'avion ne descende plus jamais. J'appréhende vraiment la confrontation avec les parents et rien qu'en y pensant, j'ai une boule qui se forme dans ma gorge et refuse de redescendre. Pas qu'on me donnera des coups, non . Mes parents n'ont jamais levé la main sur moi et en plus j'ai vingt-cinq ans ! J'estime avoir largement passé l'âge de me faire battre par mes parents pour une bourde. Tout ce que j'appréhende, ce sont les réprimandes. Je déteste qu'on me fasse des reproches, surtout venant de mon père, raison pour laquelle je prenais toujours le soin de bien cacher mes bêtises. C'est dans ces moments que je regrette encore une fois de m'être approché de cette Oumou.
Lorsque l'avion atterrit, j'étais de plus en plus stressé. Je suis comme pas possible. J'étais en pleine période de cour et comme je ne comptais pas trop durer ici, alors je n'avais gardé aucune valise hormis un petit trolley dans lequel j'avais fourré deux ou trois complets jogging et tee-shirt. Il sonnait précisément 11h 19 Alors je pris un taxi qui me dépose une vingtaine de minutes plus tard devant le portail de notre maison. Je prends un grand souffle avant d'appuyer sur la sonnerie. Bernard le gardien regarde par la fenêtre de son paillote avant se précipiter pour m'ouvrir le portail.
Bernard : Bonne arrivée petit patron.
Moi : Merci Bernard.
Bernard : Ah je ne savais pas que vous reviendrez du pays des blancs sitôt hein. Madame m'avait dit que votre rentrée avait déjà commencé.
Moi : Oui c'est vrai Bernard. Je suis venue pour une urgence. Je vais rentrer d'ici lundi si tout va bien.
Bernard ( se grattant la tête): Ah c'est bien petit patron.
Je fouille rapidement dans ma poche pour faire sortir un billet de deux mille francs.
Moi : Tiens Bernard. Prends-toi des beignets avec.
Bernard : Merci beaucoup ooh petit patron.
Moi : Je t'en prie.
Je le laisse pour me diriger vers la maison d'un pas lourd. Lorsque je traverse le re de chaussée pour le salon, je vois mes parents assis dans l'un des canapés en train de discuter. Je ne sais pas pourquoi mais mon cœur se met à battre beaucoup plus vite.
Papa : C'est quoi ? Tu rentres, tu restes debout là comme un mouton et tu ne salues pas ?
Moi : Euh... désolé papa. Salam aleykoum papa, maman.
Eux : Aleykoum salam.
Maman : Tu as fait un bon voyage mon chéri ?
Moi : Oui maman.
Papa : Va te changer. Nous n'attendions que toi pour partir.
Moi ( perdu): Partir où ?
Papa : Au village pardi ! C'est aujourd'hui que se tient la réunion avec les parents de Oumou.
Moi : Euh... je ne savais pas.
Papa : Tu le sais maintenant. Va te changer. Je suis pressé. Nous devrions être là avant seize heures.
Je file dans ma chambre prendre une douche rapide. Une fois prêt, je tourne en rond un bon moment dans la chambre. J'avais sérieusement peur. Comment allait se passer cette fameuse réunion ? Si seulement mes parents m'avaient prévenu pour que je puisse me préparer d'avance ! Le comportement de mon père aussi me faisait gravement flipper. C'était quelqu'un de très calme, à la limite froid d'habitude. Je ne l'ai jamais vu perdre son sang-froid alors le voir me donner des réponses cinglantes n'augurait rien de bon. Lorsque je les rejoignis à nouveau dans le salon, ils se lèvent simultanément et je les suivis dans leur voiture que le chauffeur avait déjà pris soin de garer. À cause de la situation, je n'avais même pas pu trouver le courage de demander d'après ma petite sœur Maïmouna âgée de 21 ans qui étudiait dans une université privé de la place et vivait avec les parents.
Je m'installe à côté de Rafiou le chauffeur tandis que les parents prenaient place derrière. Je n'étais pas du tout dans mon assiette et cela était facilement remarquable. Le trajet de la ville au village des parents de Oumou dura un bon bout de temps. Environ deux heures trente minutes sans escale.
Durant tout ce trajet, mes parents discutaient entre eux sans essayer de m'inclure une seule fois dans leur conversation, ce à quoi je n'étais pas aussi habitué. Je me sentais de trop et isolé car je ne pouvais pas faire la causette avec le chauffeur et à vrai dire, je n'avais pas la tête à une quelconque discussion. Néanmoins le fait que mes parents me mettent ainsi à l'écart m'irritait plus que de raison. Rafiou gare devant un portail fait de tôle et je comprends immédiatement qu'il était temps de descendre, ce que mes parents firent d'ailleurs. Ils ouvrent le portail pour rentrer dans une vaste cour tandis que je les suivait docilement.
Plusieurs personnes étaient installées en cercle sous un manguier. Nous nous approchons d'eux et les salutations fusent de part et d'autre. On nous désigne des sièges pour nous installer, ce que nous fîmes sans attendre. Je pouvais voir au regard que faisait ma mère qu'elle n'était pas du tout ravie d'être ici. Surtout que Ya Rokaya sa coépouse était parmi nous et était clairement en position de force par rapport à nous. C'était moi qui était allé coucher sa nièce sous son toit.
Oncle 1 : Bienvenue et bonsoir à toutes et à tous.
Nous : Merci et bonsoir.
Oncle 1 : Bon, tout d'abord, Ya Rose va me chercher Oumou.
Elle : Tout de suite.
La mère de Oumou que j'avais déjà vu quelques fois il y a longtemps se lève et se dirige vers leur chambre et reviens quelques minutes plus tard avec une Oumou aux formes plus prononcés et au teint plus clair et lumineux comparé à quelques mois en arrière. Elle fléchit les genoux et salue tout le monde poliment avant de s'asseoir à la place que lui désignait son oncle. Je constate qu'elle évitait consciencieusement de croiser mes yeux et c'était tant mieux pour elle sinon j'allais lui lancer un de ces regards déstabilisant qui allait la faire pâlir sur place. La voir devant moi me faisait encore plus rager.
Oncle 1 : Comme nous sommes tous présents, nous pouvons déjà commencer cette réunion. Je ne vais pas tourner autour du pot avant d'entrer dans le vif du sujet qui nous amène à tous nous réunir en ce jour. Il y a plusieurs semaines de cela, nous avons appris après un malaise de notre fille Oumou qu'elle était enceinte.
Oncle 2 : Effectivement.
Oncle 1 : Comme tout parents, nous avons non seulement été surpris mais également été déçu car nous croyions notre fille toujours chaste.
Je vois Oumou essuyer furtivement les larmes qui s'étaient mise à couler dur ses joues au fur et à mesure que son oncle parlait.
Oncle 1 : Tout d'abord, elle ne voulait pas nous avouer qui était l'auteur de sa grossesse mais après une multitude de questions et la pression, elle a finalement désigné Amir comme étant l'auteur.
Maman (intervenant): Rien ne prouve que ce soit mon fils qui l'a mis enceinte. Ça peut bien être une autre personne.
Oncle 1 : Vous avez parfaitement raison de douter. Mais retenez que si nous vous avions convoqué c'est tout d'abord parce que nous sommes sûr du fait que ce soit votre fils l'auteur de la grossesse de notre fille. Notre fille ne s'est certes pas respectée en couchant avant le mariage mais cela ne fait pas d'elle une menteuse. Amir ?
Moi : Oui ?
Oncle 1 : J'ai une question à te poser et je veux que tu me répondes en toute franchise.
Moi ( le cœur battant la chamade): OK.
Oncle 1 : Comment as-tu trouvé Oumou lors de vos premiers moments intimes ? Vierge ou non vierge ?
Moi ( honteusement): Vierge.
Oncle : Devant tes parents et devant Allah nies-tu la possibilité d'être l'auteur de la grossesse de Oumou ?
Moi : Non.
Oncle 1 : Bien. Vous avez alors votre réponse que votre fils est bien l'auteur de la grossesse.
Maman : Vous le prenez par les sentiments ! Oumou peut bien coucher avec d'autres hommes après qu'il l'ait dépucelé.
Le père de Oumou : Je ne vous permets pas d'ainsi médire sur ma fille en ma présence madame !
Papa : Excuse ma femme je t'en prie Moumouni. C'est la déception qui lui fait réagir ainsi.
Le père de Oumou : Ok.
Oncle : Bien, comme je te l'avais déjà dit il y a quelques jours Youssef, mes frères, sœurs et moi exigeons que ton fils épouse Oumou dans les plus brefs délais pour réparer son erreur.
Moi : Il n'en ai pas question !
Papa : AMIR !!!!
Je sursaute et m'interrompt immédiatement. Mais c'est quoi ces bêtises ? Les temps ont changé. Plus personne n'est obligé d'épouser une fille juste parce qu'elle attend un enfant. Les mères célibataires ont deux têtes ? Mais ces vieux sont fous ma veine !
Papa : Je m'excuse pour son comportement mes frères. Je suis d'accord qu'il épouse Oumou. Nous viendrons dès demain déposer les colas et aller voir l'imam pour sceller leur union.
HEIN ?????