Chapitre 7: le coup de foudre d'Hervé
Write by MTB
Ce
que désire ardemment le cœur met les jambes en route tôt le matin. Hervé ne put
s’empêcher de penser et repenser à la belle Chantal toute la nuit. Si seulement
Richard pouvait savoir à quel point cette fille avait fait effet sur lui quand
elle était montée sur scène, c’est certain qu’il l’égorgerait sans remords.
Mais que faire à présent qu’il savait que c’était à cause de cette fille que
son ami l’avait presque forcé à se rendre au concert ? Sortaient-ils déjà
ensemble ? Il ne le sait pas mais il peut toujours poser la question à
Richard. Peut-être était-ce une conquête comme les autres ? De toute
manière, il n’avait rien laissé paraître de tel quand il faisait les
présentations. Souvent il avait l’habitude d’ajouter, « Je te présente mon
poussin, ma chérie, mon doudou…. » Mais là, c’était juste Chantal.
Tant
bien que mal, Hervé réussit à s’endormir mais pas profondément à voir comment
il avait mal partout au réveil. Il avait l’impression de s’être laissé piétiner
par un éléphant. Il s’habilla nonchalamment et se rendit au boulot comme si de
rien n’était, essayant d’être jovial comme à l’accoutumée. Il travaillait dans
l’une des entreprises du père de son ami. Ils se connaissaient depuis près
d’une décennie. Hervé était l’aîné de Richard de deux ou trois ans. C’était une
course poursuite qui leur avait permis de se lier d’amitié. Hervé marchait
tranquillement quand il vit un groupe d’adolescents courir après Richard. Comme
il était grand de taille, il s’interposa et calma les adolescents. Richard se
sentait redevable et plaida auprès de son père pour trouver un emploi à son
nouvel ami quand il apprit qu’il cherchait du travail des années plus tard. Il
était affecté dans la Section Production Agricole de l’entreprise et bossait
dur. Un jour, Richard n’hésiterait peut-être pas à lui faire une promotion.
Mais ce n’est pas à cause de la promotion qu’il travaillait si dur. Il avait
besoin de se construire une place dans la société et avoir un nom. Il ne
voulait surtout pas une promotion à cause de son amitié avec Richard. C’est
pour cela qu’il ne sortait que rarement avec Richard quand ce dernier voulait
faire la fête.
Il
était installé à peine un quart d’heure que Richard débarqua dans son
bureau :
-
Eh mon pote,
comment vas-tu ?
-
Je vais bien.
Merci. Et Toi ?
-
Comme un charme.
-
Merci pour l’invitation
d’hier soir. J’ai adoré.
-
Hé !
Attention, j’espère que c’est la prestation que tu as adorée et non qui tu
sais ?
-
Alors c’est ta
nouvelle conquête ?
-
Pas encore mais je
crois qu’elle sera plus que cela pour moi. Tu sais, j’ai connu toutes sortes de
filles mais elle a quelque chose d’unique. Tu ne trouves pas ?
-
Quelque chose
d’unique ?
-
Bon, dis-moi, tu
penses quoi d’elle ?
-
Laisse-moi
réfléchir un peu. En plus, je ne l’ai vu qu’une fois. Je ne peux vraiment pas
te dire grande chose sur elle. Au contraire, c’est toi qui devrais me parler
d’elle.
-
Ok. Faisons
quelque chose tu veux bien ?
-
Quoi alors ?
J’écoute.
-
Et si j’organisais
une soirée barbecue chez moi ? Comme cela tu pourras l’observer un peu
plus et me dire ce que tu penses d’elle. Si tu me dis qu’elle est la bonne,
alors je te jure que moi avec les filles, c’est la fin. Je vais me caser.
-
Ok. Si tu
insistes.
-
Tu seras toujours
mon grand frère. Et c’est pour cela que je tiens à avoir tes commentaires. En
parlant, et Mireille ? Je crois que cela fait un bon bout de temps que je
ne vous vois plus ensemble.
-
Tu sais très bien
comment les filles sont compliquées de nos jours. Quand tu ne travailles pas,
c’est problème. Quand tu travailles aussi c’est un problème. Nous nous sommes
encore disputés il y a une semaine parce que j’étais rentré un peu tard du
service et elle m’a fait toute une misère. Actuellement je lui ai demandé de
faire une pause et de réfléchir.
-
Ah mon frère, tu
veux un conseil ? Les femmes constituent le meuble le plus compliqué que
Dieu ait créé. Essaie de te relâcher aussi un peu et de lui accorder du temps.
Le travail peut attendre. Mais le temps perdu difficilement surtout quand il
s’agit des gens qu’on aime.
-
Merci. Je vois que
tu commences par devenir de plus en plus sage.
-
Que veux-tu mon
frère ? Je grandis et j’apprends de quelqu’un.
-
Eh bien, continue
comme cela, et je suis certain que le bon Dieu enverra son fils pour la
deuxième fois sur terre.
-
On verra bien.
Allez, je te laisse. Je suppose que tu vas encore traîner au bureau mais de
grâce ne dis surtout pas que c’est de ma faute. Bonne journée.
-
Bonne journée à
toi aussi Richard.
-
Mais en passant,
grand frère Hervé, c’est juste à cause de Mireille que tu fais cette
mine ? On dirait que la foudre t’a frappé quelque part.
-
Ah bon !
Qu’est-ce qui te fait penser tout cela ? En plus, je ne pense pas avoir
une mine bizarre.
-
Oh que si !
Tu as l’air fatigué mais très heureux. On dirait qu’une lumière brille dans tes
yeux. Et à voir ce que tu viens de me raconter par rapport à Mireille, je me
demande si le flash n’a pas fonctionné avec une autre fille par hasard.
-
Je vois que tu as
non seulement de l’imagination mais tu as aussi maintenant besoin de lunettes
pour bien voir.
-
Je ne crois pas.
Je dis ce que je vois et tu sais très bien que je sais me montrer muet comme
une tombe. Personne ne sera mis au courant.
-
Je te fais
confiance sur ce coup et je te demande de faire pareil avec moi car il n’y a
rien. Et si j’ai bonne mémoire, tu as l’habitude de dire qu’il faut être
heureux tout le temps et partout et que c’était la clé du bonheur. Alors tu
vois, je ne fais que suivre tes conseils.
-
Ah oui ! Je
n’en doute pas un seul instant même si mon petit doigt me dit que tu rougis
actuellement. Heureusement que nous avons la peau noire et que la couleur rouge
n’apparait pas sur notre joue.
-
Richard, si je ne
finis pas mon travail dans les délais, c’est toi qui veillerais ici à ma place.
Et moi, j’irai me promener à ta place avec Chantal.
-
Dans tes rêves. Et
comme je ne veux pas que cela arrive, je te laisse bosser. Bonne journée une
deuxième fois.
Sur
ces paroles, Richard s’en alla. C’est vrai qu’Hervé était vraiment surpris de
voir la pertinence du conseil que venait de lui donner Richard. Mais aussi la
façon dont il a réussi à deviner que quelque chose n’allait pas bien. Serait-ce
un changement dû à Chantal ? Il y avait néanmoins un mystère que son ami
avait laissé et qu’il n’a pas réussi à éclairer. Certes, il n’a pas avoué
qu’ils étaient seulement amis, mais il n’avait pas non plus dit clairement qu’ils
étaient ensemble. A-t-il déjà commencé à la draguer ? Ou pas ? Et que
se passerait-il si lui Hervé passait en premier ? Cela ne
s’apparenterait-il pas à un coup bas ? Communément, les gens diraient
qu’il a tapé dans le dos de son ami. Non, il ne ferait pas un truc pareil à son
ami. Et pourtant il ne cessait de penser et de repenser à Chantal. Comment en
une seule soirée, il avait pu se la graver dans la mémoire à ce point ?
C’est vrai que parfois, tu peux croiser une fille et elle te fait de l’effet mais
tout s’estompe au bout de quelques heures. Alors il essaya de se convaincre que
ce serait le cas. Sûrement d’ici le soir, il ne penserait plus à elle et se
concentrerait sur la proposition de son ami en ce qui concerne Mireille.
C’était ce qu’il y avait de mieux. Il se replongea dans le travail et ignora
même de déjeuner au risque de laisser Chantal occuper son esprit. Quand il
sonna seize heures, il se permit une petite pause-café, décrocha le téléphone
et appela Mireille :
-
Allô Chérie, tu
vas bien ?
-
Oui mon chou. Et
toi ? répliqua la douce voix derrière le combiné.
-
Je vais bien
aussi.
-
Chéri, tu sais, je
voulais m’excuser pour ma réaction de la fois passée.
-
Non, tu n’as pas à
t’excuser. Je te comprends parfaitement. D’ailleurs je te propose d’aller dîner
ensemble ce soir. Tu en penses quoi ?
-
Tu es le meilleur
des chéris au monde. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles je suis dingue
de toi. Je t’attends, mon chou.
-
A ce soir donc.
Il
raccrocha le téléphone comme s’il avait été forcé de passer ce coup de fil et
d’un pas nonchalant, il regagna son poste de travail. Mireille est une fille
sympa et très patiente. Il l’avait connue il y a bientôt un an. Tout se passe
bien entre eux. Il se sentait mal de ce qui se passait car elle a toujours fait
preuve de patience et de compréhension à chaque fois qu’il rentrait tard à
cause du boulot ou qu’il oubliait qu’ils avaient rendez-vous parce qu’il était
occupé à finir un truc. Un dimanche, où il avait promis à Mireille de la
présenter à sa famille à la sortie de la messe, il fut surpris que ce soit sa
chérie qui l’appelle à la sortie de la messe pour lui demander sa position
alors qu’il dormait toujours. Elle lui a tout pardonné comme s’il était
parfait. Là, il a fallu qu’elle ait été en retard pour le cinéma pour qu’il piqua
une grosse colère et annula la soirée. Il n’avait même pas laissé Mireille
placer un seul mot. Pire, il ne s’est même pas soucié de comment elle ferait
pour rentrer alors que son taxi était déjà reparti. Vraiment, il ne savait pas
ce qui lui avait pris ce soir-là. Et quand il repense à Chantal et Richard, il
se disait qu’il valait mieux récupérer Mireille. Au moins, il cesserait de
penser à la copine de son ami.
à suivre...