On compare à tort les femmes aux fleurs car il y aura toujours entre elles cette différence suivant laquelle les fleurs sont belles et ne le savent pas. Richard savait plaire aux femmes et comptait en mettre plein la vue à Chantal. Il essayait de lui laisser un peu d’espace mais n’était pas souvent loin que ce soit à la cantine de l’université, ou comme par hasard à la paroisse ou même dans des lieux publics. Il était devenu tout d’un coup croyant et omniprésent.

Mais il savait bien cacher son jeu en feignant de ne pas la voir assez souvent. Il obligeait Chantal à être celle qui appelle en premier. Cependant, parfois, Chantal aussi jouait le jeu et l’ignorait. Après tout, elle ne voulait pas donner l’impression de courir après un si bel homme. C’est vrai qu’elle fantasmait souvent sur lui et s’imaginait à quoi ressemblerait sa poitrine nue. Mais n’osa pas aller plus loin dans son imagination au risque de trahir ses émotions en public.

Le début du week-end s’annonçait déjà. Richard qui voulait faire un pas de plus car il estimait avoir suffisamment pris le temps d’observer et d’analyser sa proie, décida de passer aux choses sérieuses et engagea la conversation au sortir de la cantine.

-          Je me dis que la charmante Chantal pourrait accepter se joindre à nous pour une soirée barbecue n’est-ce pas ?

-          Euh, je ne sais pas trop. Il faut d’abord que je vois mon programme.

-          Hahahaha.

-          Mais qu’est-ce qui te fait rire ?

-          En fait, je ne t’ai pas encore donné la date et le lieu, c’est pour cela que je me suis permis de rire.

-          Tu trouves cela drôle ? Eh bien, va faire ton barbecue tout seul.

Puis elle lui tourna le dos. Mais Richard fut prompt et la rattrapa par le bras en disant :

-          Tu me dois au moins cela.

-          Quoi ? Je te dois quoi ? Comment ?

-          Rappelle-toi l’invitation au concert. Tu ne m’as guerre laissé le choix en m’envoyant les cartes d’invitation.

-          Et pourtant tu étais libre de venir ou pas.

-          Oui mais comment peut-on refuser une invitation d’une si agréable demoiselle ?

-          Oh mon Dieu. Tu essaies de me faire un numéro de charme je suppose ?

-          Aucunement. Je trouve juste que tu es le moteur qui fait tourner mon cerveau pour me faire faire des folies.

-          En plus tu es poète.

-          Pour toi, je serai tout. Physicien en lançant une pomme pour découvrir la loi de la gravité, psychologue en mettant au point la théorie de Sigmund Freud, sourd pour exécuter l’une des symphonies de Beethoven.

-          Stop.

-          Oups !

-          OK, c’est quand et où ?

-          Chez moi, le samedi 12 septembre à dix-neuf heures.

-          Ok.

-          Tu peux inviter tes amies sans souci. La fête ne sera plus que belle.

-          Merci.

-          C’est moi qui suis reconnaissant.

Au moins, elle l’avait poussé à dévoiler ses intentions. Elle a réussi à jouer à la dure pour qu’il dévoile son jeu. S’il a choisi de faire la fête seulement dans une semaine, il devait avoir ses raisons. Et elle, de son côté, devrait se préparer pour affronter le méchant loup. Mais comment affronter un animal sans le connaître ? Elle s’empressa de mettre en place un plan de surveillance sans savoir qu’un plan similaire avait été mis en place par Richard à une exception : Elle surveillait elle-même Richard alors que ce dernier avait mis en place l’équipe habituelle.

Elle pouvait observer à quel point, il était souriant, charmant, et surtout travailleur. Il aidait à traverser la route à de petits enfants, il donnait quelques pièces aux mendiants dans la rue… Elle avait du mal à reconnaître le playboy habituel qui ne se souciait pas de ce qui l’entourait à part son clan serré. Sans s’en rendre compte, elle commençait déjà par en pincer pour lui.

De son côté, Richard recevait les informations régulièrement et était fier de l’effet qu’il avait sur elle. D’ailleurs, tout ce qu’il faisait, c’était en ce sens et elle ne se doutait de rien. Il avait grande envie de draguer la fille qui venait de lui passer sous le nez avec une jupe qui couvrait à peine le dessous des fesses mais réussit à se maitriser pour ne pas passer à l’acte. Sans le regard de Chantal dans son dos, c’était certain qu’il allait lui tapoter les fesses pour engager la conversation. Il fallait aussi qu’il s’organise pour que le barbecue soit une réussite et sous le regard admiratif de Chantal, il passait les commandes diverses et donnait des instructions. Il devait montrer qu’il savait maîtriser les situations.