CHAPITRE 7 : Sur les chapeaux de roues
Write by delali
Un mois plus tard à La Línea
Assise sur le bord de son lit, Mélina se rend compte qu’elle n’a pratiquement pas fermé l’œil de la nuit. Elle n’a rien de bien fâcheux, elle a tout simplement du mal à contenir sa joie de vivre. Elle a passé presque toute sa nuit à passer et repasser les moments passés avec Marcus dans sa tête. Un mois vient déjà de s’écouler depuis la dernière fois qu’ils se sont vus chez sa sœur et les choses ont évolué entre eux.
Il y a de cela deux semaines, elle y est retournée passer du temps avec lui et c’était vraiment la belle vie. Il l’a entrainée parcourir les petites contrés aux alentours de la ville durant toute la journée. Puis le soir tombé, Mélina ne se l’expliquait pas, mais elle redoutait de se retrouver seul à seul avec lui. Son physique de rêve aurait dû pourtant l’y avoir aider mais ce n’était pas le cas. Contre toute attente, durant cette nuit, Marcus a été des plus tendres avec elle, et surtout très patient. Il ne l’a pas obligée à aller plus loin que de simples flirts puisqu’il ne la sentait pas encore prête. Ce geste venant de lui a fait comme attiser les sentiments dans le cœur de Mélina pour sa personne. Les jours qui ont suivi ce séjour, Mélina s’est sentie sûre d’elle-même, et elle a accepté la proposition de Marcus d’entrer dans une relation sérieuse. Marcus lui a dit qu’il tenait à faire les choses comme il fallait.
J’attends ton ok ma puce pour faire la démarche pour rencontrer ta famille.
Déjà ?
Oui ! Pourquoi perdre du temps ? Je ne suis pas de cette nature-là.
Suite à cela Mélina a commencé en a parlé qu’a des membres de sa famille les plus proches, plus exactement à son petit frère, pour voir comment planifier tout ça. Surtout, elle compte sur lui, à cause de la complicité qu’il y a entre eux deux, pour prendre les températures des uns et des autres avant d’annoncer la nouvelle.
Toute seule dans cette ville étrangère, Mélina est tellement ivre de joie et en même temps stressée que le partager uniquement avec son frère ne la contente plus vraiment. Il faut qu’elle en parle à quelqu’un d’autre. Ses pensées vont vers Marianne d’abord, mais elle se ravise par la suite.
Non pas elle ! Sa mère aussi serait informée et tout Cotonou par la même occasion, s’est-elle dit.
Puis elle pense à sa propre mère, elle lui avait déjà parlé de Marcus, mais seulement en termes de ‘’bon ami’’. Ce dernier lui a même passé un bonsoir au téléphone la dernière fois qu’elle et lui étaient ensembles. Pour l’instant donc, sa mère ne se doute de rien. Elle se ravise aussitôt de tout lui révéler aussi.
Elle n’en finira pas de me mettre la pression. J’attendrais un peu encore.
Elle réalise que ce mois qui vient de passer a été plein d’émotions pour elle. Elle n’arrive pas à croire qu’elle est réellement sur le point de se caser. Mais une chose l’intriguait, normalement l’annonce de cet évènement ne devrait pas la stresser à ce point. « Cela doit être l’inconnu de la future vie à deux qui la stresse à ce point, rien d’autre. » s’est-elle dit pour se réconforter. Une chose est sûre, il faut qu’elle en parle à quelqu’un. Elle en sent trop le besoin aujourd’hui en particulier, sinon elle risque de craquer. Elle pense alors à Alexandro.
D’un bon, elle se met sur ses pieds et se presse d’être apprêtée pour le travail. Elle sait qu’il arrive souvent très tôt au bureau, il n’est que 7 heures. Ce jour-là, elle s’habille en une simple jupe taille haute vert citron et d’une chemise jaune poussin. Elle enfile des ballerines jaunes, pour cause, elle mesure déjà 1m73, alors elle n’affectionne pas trop les talons. Puis elle prend aussi un sac à main assortis à ses ballerines. Une demi-heure plus tard, elle est dans les locaux de Royal DrawArts. Elle n’est pas très familière avec les autres membres du personnel de l’entreprise. Ils se limitent très souvent aux strictes règles de courtoisie. Elle dit juste bonjour sur son passage et file directement dans le bureau d’Alexandro. Celui-ci est déjà là comme elle se le doutait, une tasse de thé à la main observant le paysage de par sa fenêtre de bureau. Dès qu’il entend la porte de son bureau s’ouvrir, il se retourne, voit Mélina et s’exclame :
Tiens ! Ma dessinatrice préférée est venue dans mon bureau aujourd’hui. Tu t’es enfin souvenue que j’existe ?
A ce moment, Mélina se rend compte qu’elle a passé tout le mois dernier sans vraiment se rapprocher, ni parler à Alexandro. Elle se sent à la limite honteuse, il a été un si bon ami pour elle.
Ne dis pas ça Alex. Je suis venue te voir.
Il l’observe en silence et sourire timidement.
Ça me fait plaisir de te voir. Tes irruptions inopinées dans mon bureau m’ont manquées.
A moi aussi Alex, rétorque-t-elle en souriant.
Des secondes de gêne se glissent entre eux, pendant ce temps, Alexandro la scrute de la tête aux pieds, pousse un soupir et demande :
Raconte qu’est ce qui t’amène ?
Elle vient s’asseoir devant lui, et lui aussi en fait de même. Elle commence.
J’ai un tas de chose à te raconter.
Vas-y.
Marcus est vraiment sérieux Alex. Il veut rencontrer mes parents…
Alexandro se lève de son siège tout doucement, lui tourne dos et fait face à sa fenêtre. Quand elle finit de tout lui raconter, il se retourne vers elle, lui sourit et lui dit :
Je suis … heureux pour toi Mélina.
Merci Alex.
C’est vrai que j’ai peur de perdre ma dessinatrice…
Ça n’arrivera pas Alex. Avoir une relation stable ne veut pas dire que je quitte la boite !
Ça arrive déjà Méli. Je ne sais pas si tu t’en rends compte, mais depuis plus d’un mois, on stagne sur le même projet. Qu’est ce qui se passe ?
Je…. C’est vrai que je manque d’un peu d’inspiration, mais cela va passer.
Si tu le dis. J’espère seulement que ce n’est pas ce …Marcus qui en est pour quelque chose…
Alex !
Excuse-moi, mais toute femme vraiment comblée ne peut qu’être productive.
Je … je vais me reprendre, ne t’inquiètes pas.
Il se rapproche d’elle, et s’accroupit à son niveau.
Écoute, je ne te fais pas des reproches, encore moins t’amener à te sentir mal à l’aise. Tout ce que je veux, c’est que tu sois heureuse, pas avoir l’illusion de l’être, vraiment heureuse… parce qu’une fois que c’est le cas, ton travail par exemple n’en pâtirait pas.
Merci Alex, d’être si gentil et compréhensif avec moi.
Tu n’as pas à me remercier, je le fais du fond du cœur. Au-delà des relations de travail, nous sommes …de bons amis.
Et si on se faisait une bonne glace ce soir pour rattraper le temps perdu.
Hum ! Je ne pense pas que Marcus apprécierait beaucoup.
Très drôle. Lui et moi n’avons rien de prévu ce soir, et puis faut bien qu’il se fasse à l’idée que j’avais des amis avant son apparition dans ma vie.
Ok. C’est d’accord. 7 heures du soir, c’est bon ?
Parfait ! je me remets au travail.
Ok.
Sur ce, ils se mettent debout. Une fois devant la porte, Mélina marque un arrêt. Elle se retourne vers lui et dit tout timidement et tout bas :
Tu pourrais m’accorder un bout de temps afin que je puisse profiter de tes ingénieuses idées ?
Il lui sourit et lui dit :
Je crois que je suis en train de retrouver ma Dona !
Elle lui rend son sourire et sort de son bureau.
***
Quelques heures plus tard à Cotonou
Kenji a repris du service. Cela fait maintenant un mois et quelques jours que son père est inhumé. Il essaie d’aller de l’avant sans trop de rancœur en lui. Il est comme d’habitude devant son chariot de noix de coco. Plus tôt dans la journée, il a encore fait presque le tour du quartier Ganhi et environs pour déposer des demandes d’emploi. Comme l’a dit sa mère, il faut qu’il sorte de cette concession, devenue une possession familiale. Mais ces demandes n’ont pas l’air de porter leur fruit, depuis des mois déjà, il ne voit toujours rien de porteur. Il s’impatiente vraiment. Il veut pouvoir voler de ses propres ailes, parce que depuis le départ de son père, il se contente de ses recettes de vente même si quelques fois ses grandes sœurs à tour de rôle le soutiennent financièrement. Il se sent humainement rabaissé à cause de cela.
Ohé ? Kenji ? Reviens sur terre !
Kenji est tiré de ses pensées par Malik. Celui-ci vient de faire son apparition, accompagné de deux jeunes filles. Malik lui demande :
Mais jusqu’où étais-tu man ? Tu ne m’as même pas vu arriver.
Désolé mec. J’étais encore perdu dans mes pensées.
Non, faut pas frangin. Faut que tu reprennes le dessus. J’imagine que cela doit être difficile, mais je suis sûr que lui-même ne voudrait pas te voir te laisser abattre.
Après un soupir, il dit avec un sourire :
Tu as raison. Alors raconte, quoi de neuf ?
J’ai ramené ces belles créatures. Elles veulent se désaltérer de tes juteuses noix de coco.
Avec plaisir !
Les filles sont un peu à l’écart et papotent entre elles. Kenji sert les fruits, y met les pailles et se dirige vers elles pour le leur donner.
Mesdemoiselles !
Merciiii ! répondent-elles en cœur.
Dès que Kenji s’éloigne, elles s’asseyent à même le sable et se mettent à discuter entre elles.
Comment tu le trouves ?
Qui ça ?
Toi aussi ! Le vendeur !
Bof, ma chérie, rien à cirer. N’oublie pas notre objectif premier, c’est de se trouver un bon touriste friqué !
Je sais mais…
Mais quoi ? On n’a rien à foutre avec les béninois hein.
Hum !
C’est quoi ? Ou bien tu es déjà tombé amoureuse de ce guide fauché là ?
Aïe !
Faut me dire la vérité. Parce que depuis là, on est avec lui, y’a pas bon touriste, sortons le plan B, tu refuses aussi. Y’a pas anguille sous roche par hasard ?
Eh ma copine, ton cœur est devenu dur dêh !
Or quitte là-bas ! L’homme cherche à évoluer.
En tout cas. Pardon oh !
Pendant ce temps, Kenji s’en est allé rejoindre son ami près de son chariot. Il détecte sur le visage de son ami un sourire malicieux. Celui-ci lui demande :
Dis-moi, tu ne reconnais pas ces deux gonzesses ?
Kenji tourne encore une fois son regard vers les deux jeunes filles, puis le ramène à son ami.
Non, je ne vois pas, dit-il.
Mais ce sont les deux gonzesses qui sont arrivées du Gabon, dont je t’avais parlé.
Ah bon ? Elles ne me disent rien du tout hein, désolé.
Vraiment toi hein. On ne peut pas t’envoyer de bons morceaux quoi ?
Tu dragues tes clientes maintenant ?
Mais, si elles ne veulent pas se faire draguer, pourquoi elles sont en train de faire tourisme depuis plus d’un mois. En tout cas, moi je ne rate pas les bonnes occasions.
Eh ! Le tout puissant Malik !
Ah ouais hein. Je t’ai amené la deuxième là, dit-il en regardant dans leur direction
Laquelle ?
La grande de taille parmi les deux.
Attends, ne me dis pas que tu gères déjà l’autre ?
Tu n’as pas confiance en moi ou bien ? C’est vieux ça. Depuis le tout début même.
Eh Malik. Noon ! C’est faux ! J’y crois pas, et tu ne m’as rien dit ?
Aïe mon gars, est ce que je peux te mentir. C’est parce que tu étais en deuil que je n’ai pas voulu t’embrouiller avec ça.
Mais tu es grave. Dans ta galère là, tu veux faire souffrir enfant des gens ou quoi ?
Laisse ça ! C’est elle-même qui est fan de moi. Moi je ne peux pas voir un si bon morceau et laisser.
Mais tu feras comment pour subvenir à ses besoins ?
Elle va gérer elle-même. Si elle est fatiguée, elle n’a qu’à partir. Après tout, je ne l’ai pas appelée.
Tu n’es pas sérieux toi. Sans façon, je ne suis pas intéressé.
Mr le saint ! Tu n’as encore rien compris, quand femme va te faire ça un jour, tu vas comprendre qu’on s’amuse pas avec elle.
Je suis d’accord qu’il y a des femmes qui ne méritent pas une petite attention, mais ce n’est pas une raison pour se comporter mal avec elles toutes !
Tu parles trop français Kenji. Si je savais, je n’allais même pas t’apprendre la langue.
Lol !
La jeune fille en question dont parlais Malik, se lève et se dirige vers les deux amis. Ceux-ci affichent rapidement leurs plus beaux sourires.
Merci beaucoup monsieur, les noix étaient bien fraîches.
Mais de rien belle dame, dit Kenji.
Non tu n’as pas besoin de l’appeler monsieur. Lui c’est mon ami Kenji. Kenji, voici ma princesse, Priscille elle s’appelle. Déclare Malik.
Enchanté mademoiselle, reprend Kenji.
Moi aussi, retorque Priscille. Les noix de coco font combien ?
Non, c’est bon ! C’est moi qui offre, déclare Kenji.
Merci beaucoup, c’est gentil, dit-elle.
Bon les filles ! On y va, s’exclame Malik.
Il entraîne les filles vers la sortie de la plage, puis il se retourne vers son ami et lui lance :
À tout à l’heure mec !
Sans faut, répond celui-ci.
Aussitôt il se remet à de nouveaux clients qui sont venus vers lui.
***
Pendant ce temps, Cotonou
Marianne est encore assise rêveuse devant son ordinateur. Environs un mois vient de s’écouler depuis que sa cousine Mélina lui a faite cette proposition de travail en Espagne, mais depuis, elle n’est plus revenue là-dessus. Elle est plus qu’heureuse sur un petit nuage. Pour couronner le tout, elle vient d’avoir une autre bonne nouvelle ce matin. Son supérieur hiérarchique vient d’être muté à l’intérieur du pays, dans une autre succursale de l’entreprise. Et pour cela, le poste de responsable des ressources humaines est vaquant. Elle en est trop heureuse, elle compte bien déposer sa candidature pour ce poste. Cependant, elle ne comprend pas pourquoi cela n’émeut pas son amie Stella.
Tu es bizarre hein Stella. Tu as la chance de devenir une patronne aussi et puis tu refuses.
Eh Ria, laisse seulement. Il y a trop de travaille à ce poste. Je n’aurais pas assez de temps pour aller chez ma coiffeuse et autres pour me rendre belle.
En tout cas, pour moi, c’est deux bonnes nouvelles à la fois. Ça j’irai le partager avec mon chéri.
Hum ! A vous les amoureux ooh ! Tu vas le voir à son bureau ?
Oui.
Mais est-ce que tu es sûre qu’il est là ?
Je ne sais pas trop. Mais normalement, il doit être là. Je l’appellerai au cas où je ne le vois pas.
Ah ok. Salue-le de ma part.
Je ne manquerai pas.
Moi aussi j’ai une course à faire ce midi. Mais on s’attrape pour manger hein.
Ok. Ça marche.
Marianne sait que malgré que ce soit l’heure de la pause, elle trouvera Samir à son cabinet d’architecte. Il est situé sur l’avenu Steinmetz. Elle-même travaillant au quartier Ganhi, cela lui a juste pris quelques minutes pour y être. Tout le monde la connait sur les lieux. Dès que la secrétaire la voit, elle lui sourit.
Bonjour madame Marianne.
Bonjouuuuur, comment allez-vous ?
Bien, merci. Et vous ?
Oh à merveille. Je vais voir Samir, dit-elle en engageant déjà le chemin qui mène à son bureau.
Mr SOUROU n’est pas là.
Marianne freine net son élan et revient sur ses pas.
Ah bon ? Est-il sur l’un de ses chantiers ?
Je ne sais pas trop, mais j’ai cru entendre lorsqu’il parlait au téléphone qu’il se rend à son domicile.
Ok, merci.
Aussitôt, Marianne sort son téléphone et lance le numéro de son chéri. Il ne répond pas. Elle lance une seconde fois, pareil. Elle pousse un soupir. Ceci étant, elle a trop envie de le voir, elle décide alors de faire un tour à son domicile. Elle se tourne vers la secrétaire, lui dit au revoir et s’empresse de sortir du bureau. Elle enfourche son engin à deux roues et direction, le quartier Jéricho.
Au bout d’une dizaine de minutes, elle arrive toute heureuse, elle veut partager sa bonne nouvelle avec lui. Elle grimpe les escaliers et comme à son habitude, elle n’a pas besoin de frapper avant d’entrer. Elle avait le double des clés, alors elle les sort. Mais ce jour-là, elle se rend compte que la porte était ouverte et chose curieuse, elle sort aussi son téléphone, le vérifie, Samir ne l’avait toujours pas rappelé. Alors qui a donc laissé la porte ouverte ? Elle commence à avoir peur. Une fois qu’elle avance à l’intérieur, elle se rend compte que ses téléphones sont sur la table basse dans le salon, mais aucune trace de Samir. Ceci étant, elle est rassurée du fait qu’il est présent. Elle appel :
Samir ? Samir ?
Toujours rien. Elle prend donc l’initiative de se rendre vers les chambres. C’est alors qu’elle entend d’abord des gémissements comme si l’on regardait un film. Plus elle se rapprochait de la chambre, plus les bruits devenaient distincts et clairs. Elle pousse la porte de la chambre, quelle ne fut pas sa surprise ? Marianne est sans voix devant le spectacle qui se déroule sous ses yeux, Samir en plein ébat sexuel.
Samir ! avait-elle eu la force de prononcer.
Les deux amants sursautent, et Samir se retourne pour constater la présence de Marianne.
Mais que fais-tu ici Ria ? questionne-t-il surprit de la voir.