Chapitre 8
Write by Jennie390
Angèle (dans sa tête): Partager sa tarte? Ce sont les amis, la famille, les intimes, les amoureux qui mangent dans une même assiette; lui et moi on n'est rien de tout ça. Il a quel problème ?
Angèle : Vous pourriez la rapporter à la maison et vous la finirez plus tard.
Lionel : Qu’est-ce qui vous presse, Mme Akan?
Angèle : Le temps est mauvais Monsieur.
Lionel (la fixant dans les yeux un moment avant de dire) : Oui, bien sûr!!! Je vais régler ma note, attendez-moi dehors.
Elle est sortie du café, se tenait sous l’auvent pour se protéger de la pluie, tapant du pied pour repousser le froid pendant qu’elle attendait George. Dès que ce dernier s’est arrêté, elle est directement montée dans le véhicule, mais elle a quand même eu le temps de se mouiller un peu.
Des gouttelettes de pluie ont glissé par le col de sa chemise. Elle a frissonné au contact de l’eau glacée glissant dans son dos. Elle a eu un horrible moment de panique, si bien que la sensation a déclenché le souvenir d’un couteau froid prenant exactement le même chemin que ces gouttelettes de pluie.
Le souvenir était désorientant et pendant une seconde, elle était de retour. À ce moment-là. Avec cet homme… impuissante, terrifiée et si seule.
Ces moments de panique aveugle et impuissante devenaient moins fréquents, mais Angèle savait qu’il était plus que temps de demander une aide professionnelle.
Rester ici, isolée, et se couper volontairement des gens qui l’aimaient le plus, avait semblé être une solution auparavant, mais elle savait que ce n’était rien de plus que de la lâcheté.
Lionel est sorti du café, abrité sous le parapluie. Il a marché doucement jusqu’au véhicule et y est monté. George ne perdit pas de temps à les remettre sur la route; la pluie avait doublé d’intensité.
De retour à la maison, George n’est resté que pour aider Angèle à décharger les courses. Il a garé le véhicule, demandé s’ils avaient besoin de quelque chose de plus, et est parti avec sa propre voiture.
Lionel : Je pense que je vais me retirer dans ma chambre pour un moment, Mme Akan.
Il avait l’air épuisé, et Angèle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter. Il avait l’air mille fois pire qu’avant qu’ils aient quitté la maison. Le peu d’activité avait clairement été de trop.
Angèle : Je vous appellerai pour dîner.
Elle voulait lui demander s’il allait bien, mais elle savait qu’il ferait abstraction de ses préoccupations. Ou pire lui dire— à juste titre — que cela ne la regardait pas.
Lionel : Ok.
Angèle : Voulez-vous que je prépare quelque chose en particulier ?
Lionel : Pas de soupe ou de bouillon, d’aucune sorte. Rien de fade — pas que votre cuisine soit parfois fade hein. Non du tout! Mais si je vois quelque chose cuit à la vapeur ou bouilli, je pense que je risque de mourir d’ennui.
Angèle : Noté M. Mebale.
Lionel : Et soit dit en passant, si je dois rester ici pendant six semaines, je préférerais que nous assouplissions les formalités. Appelez-moi Lionel.
Angèle (droite comme un balai) : Je ne pense pas… Je ne suis pas certaine que ce soit approprié.
Lionel : Moi ça m’agace. M.Mebale par ci, Mme Akan par là. Disons juste que pendant ce séjour je ne veux aucune formalité svp.
Elle s’est éclairci la gorge maladroitement.
Angèle : Je ne pense pas être à l’aise de vous appeler par votre prénom.
Lionel(se rapprochant d'elle en la fixant dans les yeux) : Comment pouvez-vous en être si sûre, vu que vous n’avez jamais essayé ?
Elle a fait un pas en arrière. Elle détestait se sentir captive. Envahir l’espace de quelqu’un était une tactique d’intimidation classique, et M.Mebale semblait le faire inconsciemment.
Angèle : Excusez-moi ?
Lionel (avec un sourire) : Essayez! Dites mon prénom et voyez si cela vous met mal à l’aise.
Angèle : Je ne préfère pas... M.Mebale.
Lionel (apparemment déçu) : D’accord, si vous y tenez tant, appelez-moi M.Mebale, mais moi je vous appellerai Angèle.
Elle a froncé les sourcils. Elle n’aimait pas du tout cela. Elle détestait entendre son prénom de ses lèvres. Il semblait le prononcer de manière un peu trop suggestive à son goût. Elle maintenait un silence stoïque, espérant qu’il en tirerait la conclusion qu’elle désapprouvait cette conversation.
Lionel (avec un sourire ravageur) : Détendez-vous svp, ce n’est pas parce que je vous appelle par votre prénom qu’il y aura le feu. C’est juste un mot hein.
Elle préférait la formalité d’être appelée Mme Akan, ça le maintenait à distance. Ça maintenait tout le monde à distance. Il l’a scrutée pendant une seconde, avant de paraître voir quelque chose dans son expression résolument neutre et glaciale.
Lionel (avec un ton tranchant) : Très bien, faites comme vous voulez, Mme Akan. Nous allons garder les choses formelles. Appelez-moi pour manger.