Chapitre 9
Write by Jennie390
Angèle
Quand j’ai terminé de cuisiner (du poulet au four, des patates sautées et une sauce aux oignons), je l’ai servi et j’ai mis le tout sur un plateau que j’ai déposé au salon. Je suis montée pour l’appeler.
Moi(frappant à la porte) : M.Mebale le repas est prêt.
Lionel : Apportez-le ici.
Moi : Vous avez dit qu’à part le petit-déjeuner, vous prendrez le reste de vos repas au salon. J’ai donc mis le plateau au salon.
Lionel(froid) : Mme Akan, vous êtes dure d’oreille ?
Moi : Pardon ?
Lionel : Vous avez parfaitement entendu. Faites monter ce plateau ici. Maintenant si c’est trop difficile pour vous, bah gardez-le.
Mais lui là il se prend même pour qui hein ? Quand ça va chauffer dans mon cerveau, je vais lui dire mes quatre vérités. Impoli comme ça. Tchrrrr !
Je suis descendue chercher le plateau, j’ai frappé à la porte, dès qu’il a répondu, je suis entrée. J’ai déposé le plateau sur la table de chevet.
Moi : Bon appétit Monsieur.
Lionel : J’ai horreur qu’on discute mes ordres. Evitez ça.
Façon je serre ma mâchoire là, tellement j’ai envie de sortir une réponse bien salée. Mais je préfère sortir automatiquement de la chambre sans rien ajouter.
Les jours qui suivent sont plutôt calmes, je sers les repas aux heures précises. Il prend toujours ses petits-déjeuners à la cuisine, en essayant de toujours faire la conversation mais je donne toujours des réponses brèves et sèches. C’est pas parce qu’il s’ennuie qu’il doit penser qu’on est des potes… Pardon.
Deux semaines plus tard…
M.Mebale commence à reprendre des couleurs, il a meilleure mine. Il va tous les soirs marcher dans les alentours pour prendre l’air. Il m’a même déjà invitée à une de ses balades, que j’ai évidemment refusée.
C’est déjà assez stressant d’être seule ici avec lui, s’il faille encore qu’on se balade à l’extérieur, non merci.
Cet après-midi, il est encore allé pour sa balade, moi j’ai commencé à préparer le repas du soir quand mon téléphone sonne.
C’est ma sœur Livia. Ça fait tellement longtemps qu’on s’est parlé.
Moi : Bonjour Livia.
Livia : Angie, ça va ?
Je ressens un profond dégoût en l’entendant m’appeler par ce surnom. (ANGIE). Cet homme aimait m’appeler ainsi, au début c’était adorable mais plus tard j’ai totalement détesté ce surnom. (Angie ma chérie… tu m’appartiens. Toute à moi…).
Moi : Euh... je vais bien. Et toi ?
Livia : Je vais plutôt bien également. Écoute, l’anniversaire de Marion approche, et je te veux ici.
Je sais très bien que ma nièce va avoir six ans le mois prochain, mais j’espérais pouvoir m’en tirer en envoyant un cadeau et en faisant un appel téléphonique.
Moi : Ça va être compliqué que je sois présente, mon patron est arrivé à l’improviste ; je ne peux donc quitter mon poste.
Livia : On organise une fête pour elle. Elle a demandé si tu viendras.
Moi : Vraiment désolée, je…
Livia (en m’interrompant) : Je lui ai dit que tu viendrais.
Moi : Mon patron est malade. Je ne peux pas me lever et partir comme ça.
Livia : Angèle ça fait trois ans.
La voix de ma sœur, douce et pleine d’empathie, m’a anéantie.
Mais Livia ne comprendrait pas, pas vraiment. Aucun d’eux ne comprendrait.
Livia : Je ne prétendrai pas savoir pourquoi tu as ressenti le besoin de quitter le pays et de déménager au milieu de nulle part.
Je pensais qu'après Daniel…tu voudrais reprendre là où tu avais laissé ta carrière. Au lieu de cela, tu as mis ta vie en attente pour devenir une femme de ménage.
Je comprends que tu avais peut-être besoin d’espace, et nous pensions que nous faisions ce qu’il fallait en te le donnant, mais nous n’aurions pas dû le faire. Tu as besoin de nous. Tu as besoin de ta famille.
Nous n’aurions jamais dû te laisser pleurer seule. Parce que tu n’as pas du tout guéri, n’est-ce pas ? Il faut que tu passes à autre chose.
Daniel nous manque à tous, Angie. Nous l’aimions autant que toi, et nous pleurons tous sa perte. Mais quand tu es partie, j’ai eu l’impression que nous t’avions perdue aussi.
Ma famille pense que je suis triste pour lui. Il leur manque, ils l’aimaient... cet homme. Mon défunt mari, Daniel Ebang. L’homme qui m’a battue, frappée, violée, maltraitée presque chaque jour de notre mariage de trois ans. L’homme qui avait essayé de me tuer cette dernière nuit horrible.
Ma famille pense qu’il a été un homme bon, et ils ont pleuré sa perte.
Les regarder pleurer sur lui s’était avéré impossible à faire, et j’avais supplié mon avocat, la seule personne sur cette terre qui connaissait la vérité, de m’aider à trouver un endroit où me refugier. Pour guérir de mes blessures en privé. Dès qu’il a trouvé ce poste pour moi, je suis partie.
Partir, quelque chose que j‘aurais dû faire pendant ces trois longues années d’abus. Je me détestais de ne pas l’avoir quitté. D’avoir trouvé à chaque fois des excuses pour justifier la façon dont il me traitait.
Je me suis rendue compte qu’en repensant à tous ces souvenirs douloureux, mon visage était trempé de larmes. Je ne suis pas guérie.
Moi : Je ne peux pas venir. J’ai des responsabilités ici.
Livia : Tu as une famille qui t’aime, reviens à la maison.
Moi : Je vais y réfléchir. Si je… si je peux trouver un moyen de… de venir.
Livia : Tout le monde aimerait te voir. Simone et Paul seront là aussi. Ils sont tellement perdus depuis… depuis que c’est arrivé. Ce serait merveilleux s’ils pouvaient passer du temps avec toi à nouveau.
Je le savais, et c’est la raison principale pour laquelle je ne veux pas aller à la fête de ma nièce. Simone et Paul Ebang, les parents de mon mari. J’ai cessé de les considérer comme ma belle-famille quand j’ai compris qu’ils ont toujours su comment me traitait leur fils.
Ce sont les meilleurs amis de mes parents. Bien sûr, ils seront à la fête. Tata Simone et Tonton Paul. LOL.
Un jour lors d’une cinglante bastille, Daniel m’avait cassé les côtes. C’est ma belle mère CHÉRIE qui m’avait emmenée à l’hôpital.
Elle : Arrête de le provoquer, mon fils est un garçon doux, c’est toi qui le rends aussi violent. Je me demande quelle éducation ta mère t'a donnée. Ne t'a-t-elle pas appris comment se comporter dans le foyer?
Quand j’ai levé la tête, j’ai vu le reflet de M. Mebale sur la vitre. Depuis combien de temps est-il dans la pièce ?
Moi : Livia je dois te laisser. Je t’aime, bisous à Marion de ma part.
Je suis obligée d’écourter l’appel. Je déteste que M. Mebale soit ici pour assister à une partie de cet appel. C’est comme une intrusion.
Je coupe l’appel avant qu’elle n’ait l’occasion de me répondre.
Je me racle la gorge et prends un moment pour me calmer avant de me tourner vers mon patron. Il ouvre le frigo pour y prendre une bouteille d’eau qu’il vide presque d’un trait. Je l’observe.
Je dois reconnaitre que c’est un bel homme avec ce côté inaccessible dans les gestes et le regard. Cette inaccessibilité est la raison même pour laquelle je devrais rester le plus loin possible de lui.
Pourtant, quelque chose chez lui me plaît d’une manière que je trouve troublante et que je tente de garder étouffée. Et alors qu’elle a toujours été là, cette petite attraction, je ne me la suis jamais vraiment avouée à moi-même, avant ce moment.
Mais cette reconnaissance terrifiante me pousse à fermer le couvercle sur cette attirance frémissante qui peut déborder si je ne maintiens pas ma vigilance et ma distance.
De prime abord, il a l’air tellement froid et insensible. Tout le contraire de mon défunt époux.
Daniel était tout mignon, tellement poli et charmeur. Tout le monde l’aimait, il semblait parfait. Pourtant il était pourri jusqu’à la moelle. Comme quoi il faut se méfier des apparences.
Lionel (claquant des doigts, amusé) : Mme
Akan, pourquoi me fixer ainsi ?
Je cligne des yeux. Je n’aime pas le fait d’avoir remarqué aujourd’hui à quel point il est beau. Je ne veux pas m’en rendre compte à son sujet, ni à l’égard d’aucun homme d’ailleurs. Je ne pense pas être prête pour cela.
Moi(gênée) : Euh …vous… vous devriez aller vous reposer, cette promenade vous a probablement épuisé.
Il prend une autre gorgée d’eau, en gardant cette fois son regard perspicace et troublant sur mon visage. Il s’est approché et a pointé son doigt vers ma joue.
Lionel : Vous avez quelque chose sur la joue.
Moi : Qu’est-ce que c’est ?
Lionel (avec un sourire) : De la poudre blanche. Vous avez sniffé de la coke pendant mon absence ?
Moi(offusquée): Non, bien sûr que non !
Lionel(amusé): Du calme, Mme Akan, je plaisante. Je vois que c’est de la farine.
Dès que son pouce a touché ma joue pendant un quart de seconde, j’ai pris peur, j’ai automatiquement reculé.
Lionel : Désolé, je voulais juste l’enlever. Je n’aurais pas dû vous toucher. Pardon!
Moi(un peu perdue): Je…c’est moi qui vous demande pardon…ma réaction était exagérée.
Lionel (changeant de sujet) : Était-ce votre famille ? Au téléphone ?
Je n’ai pas répondu, je me suis retournée pour continuer ce que je faisais dans l’évier.
Lionel : Vivent-ils à proximité ?
Moi : Non…
Lionel : Où vivent-ils ?
Moi : Loin d’ici.
Lionel : Les voyez-vous souvent ?
Moi(froide) : Non.
Lionel
Je l’observe de près pendant une seconde, son attitude glaciale est de retour, je comprends clairement qu’elle ne veut pas parler de sa famille. J’aimerais en savoir plus, elle avait l’air si triste quand elle était au téléphone.
Et vu sa réaction quand j'ai touché sa joue, elle était clairement effrayée. Et je ne veux vraiment pas qu'elle se sente en danger avec moi dans les alentours.
Je me racle la gorge, ne sachant plus quoi dire. Je devrais la laisser tranquille. Mais si elle pleurait encore ? Je n’aime pas l’idée de la laisser pleurer. Mais pourquoi ?
En fin de compte, c’est elle qui brise le silence.
Angèle : Comment s’est passée votre marche ?
Moi : Je ne suis pas allé bien loin, j’ai juste tourné dans les alentours. Ça m’a fait du bien. Mais à vrai dire, ça me fatigue de dormir toute la Journée. Je m’ennuie ici. Vous n’avez rien pour moi? (Rire)
Angèle : Comment ça Monsieur ?
Moi : Avez-vous besoin d’un coup de main ?
Elle semblait confuse, comme si elle ne comprenait pas tout à fait ce que j’avais demandé.
Moi(amusé): Ranger la vaisselle, laver un verre, rincer des tomates…n’importe quoi en fait. Du moment que je ne tourne pas en rond à ne rien faire dans ma chambre ça me va.
Angèle
Ce n’est pas une bonne idée. Il serait préférable qu’il reste hors de mon chemin et que les lignes entre nous, en tant qu’employeur et employée soient bien respectées.
Mais c’est sa maison, sa cuisine, et je suis son employée. Il aurait été tout à fait en droit d’exiger plutôt que de demander. Mais il ne l’a pas fait. Il m’a offert le choix.
Moi(pas convaincue): Très bien Monsieur! Prenez la salade sur le comptoir et lavez-la svp.
Il m’a souri...en plus il a des fossettes! Il m’a fixée un moment dans les yeux. Troublée, je me suis rapidement retournée vers l’évier.
Lionel : Bon je vais me changer et je reviens.
Ça ne me plaît vraiment pas qu’il soit autant sur mes plates-bandes. Mais je comprends que pour un bourreau de travail comme lui, ça doit être frustrant de rester tout le temps à glander ici.
Et en plus mon travail consiste à rendre son séjour ici moins pénible, voilà pourquoi j’ai accepté sa demande absurde. Pour rien d’autre…